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Jeudi 26 juin 2025, retrouvez Julian JACOB (Fondateur, Wyncor) dans MANAGER L'ODYSSÉE, une émission présentée par Alix Nguyen.
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00:00...
00:00Bienvenue dans Manager l'Odyssée, votre rendez-vous hebdomadaire sur BeSmart4Change.
00:13Un tête-à-tête de 28 minutes en immersion dans le quotidien d'un manager.
00:17Devenir un bon manager ne s'improvise pas.
00:20Aujourd'hui, focus sur un parcours hors cadre, celui de Julian Jacob,
00:25entrepreneur autodidacte.
00:26Il quitte l'école à 16 ans, ouvre une pizzeria à 20, puis part seule aux Etats-Unis
00:31avant de fonder Wincor, une Toystech qui bouscule l'industrie du jouet.
00:36Mais derrière cette success story, c'est un management à inventer,
00:40basé sur l'intuition, le collectif et une vision singulière de l'entreprise.
00:44Julian a construit ses réflexes loin des écoles de commerce.
00:48Alors comment encadrer, structurer, responsabiliser quand on n'a jamais appris les bonnes pratiques ?
00:52Comment créer une culture managériale quand on démarre seul et que tout va très vite ?
00:56Julian nous raconte.
01:02Bonjour Julian.
01:03Bonjour.
01:03Bienvenue.
01:04Merci.
01:05Et merci d'avoir répondu présent.
01:07Julian, pour commencer, vous avez quitté l'école à 16 ans.
01:11Ce choix, j'imagine, a dû vous isoler ou du moins vous confronter à beaucoup de doutes.
01:17Qu'est-ce que vous gardez de cette période ?
01:18Aujourd'hui, avec beaucoup de recul, j'en garde de très bons souvenirs.
01:24Mais c'est vrai que c'est toujours la même discussion lorsque je suis avec mes parents.
01:29Je leur en ai toujours voulu.
01:31En fait, je ne sais pas comment je pourrais vous l'expliquer.
01:35De ne pas avoir insisté.
01:36Oui, exactement.
01:36De ne pas avoir insisté.
01:38Et parce que peut-être que pour mes enfants, j'en voudrais autre chose.
01:42Mais maintenant, ça s'est fait.
01:45Et disons que l'école de la rue est un très bon exercice.
01:51Donc, je ne vais pas m'en dépleindre.
01:52Et cette part de regret, elle est liée au fait que vous vous êtes rendu compte à mesure,
01:57je veux dire, au fur et à mesure de vos expériences,
01:59qu'il y a pu y avoir un manque, que ça vous aurait apporté quelque chose de supplémentaire.
02:03Parce que quand on voit où vous en êtes, on se dit, bon, bah...
02:06Non, mais bien sûr.
02:07Mais vous savez, moi, j'ai arrêté l'école très tôt.
02:11Et en fait, je pense que ce qui m'a vraiment le plus manqué, c'est les langues.
02:15En fait, je trouve qu'en France, on n'inculpe pas assez l'apprentissage des langues.
02:24On est plutôt très bon sur plein de secteurs.
02:28Mais aujourd'hui, dans un monde où on est de plus en plus en plus mis en avant
02:34dans l'industrialisation des process, et dans la mondialisation de la distribution, etc.
02:41C'est un incontournable.
02:42Oui, là, c'est un incontournable.
02:44Et c'est vrai qu'on m'a mis en cours d'allemand,
02:47parce qu'il n'y avait plus de place en cours d'anglais.
02:50Et bon, je ne vais pas dire que je n'aime pas l'allemand, mais disons que...
02:54C'est parce qu'il vous sert aujourd'hui, en tout cas, quoi.
02:56Oui, disons que c'est un peu moins inspirant que l'anglais.
02:58Et en fait, on l'utilise beaucoup moins.
03:00Donc c'est sûr que ça aussi, je pense, énormément accélérer mon souhait de quitter l'école.
03:06Peut-être que j'aurais continué...
03:07Ça vous fait dégoûter, en fait.
03:08Oui, vous savez, avec un peu de recul.
03:10Bon, en fait, quand vous commencez à apprendre une langue,
03:15ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est qu'on démarre au même niveau.
03:17Donc on démarre à zéro.
03:19Donc on n'a pas les 5 ans, 10 ans ou 15 ans de retard sur des cours d'histoire ou géographie, etc.
03:26Donc on démarre à zéro.
03:27Moi, en plus, j'aime bien ça.
03:28J'aime bien apprendre, même si je ne suis pas fan du système scolaire.
03:33Et donc, c'est ce qui me manquait le plus, c'est certainement les cours d'anglais.
03:35Oui. Et comment ce départ précoce a-t-il façonné votre rapport aux responsabilités ?
03:46En fait, je pense que... Et ça, je remercie mes parents tous les jours.
03:50Mes parents nous ont beaucoup responsabilisés dès le plus jeune âge.
03:53Et en fait, ils ne nous ont pas donné d'argent.
03:56C'est-à-dire que...
03:57Donc c'était « Ok, tu quittes l'école, mais débrouille-toi ».
03:59Exactement. Et mes copains qui étaient en école de commerce ou qui faisaient des études,
04:05bon, voilà, ils avaient de l'argent de poche, ils partaient en vacances.
04:10Bon, c'était l'adolescence, quoi.
04:12En plus, moi, j'ai eu très peu d'enfance, voire pas d'enfance,
04:15parce que je suis un ancien obèse.
04:17Même si aujourd'hui, je suis encore un peu en bon point,
04:18mais je posais plus de 130 kilos, je suis né hypersensible.
04:22Donc j'étais un peu le garçon isolé de l'école qu'on aimait bien,
04:25mais un peu le garçon isolé parce que, voilà, j'étais avec ma personnalité.
04:31Et si vous voulez, on se rend compte qu'avec le temps,
04:35c'est quelque chose qu'on porte tout au long de notre vie.
04:37Moi, je le porte encore.
04:38Qui nous conditionne.
04:40Oui, qui nous conditionne, qui nous façonne,
04:41mais qui est aussi une très bonne source d'inspiration et un très bon moteur.
04:45Mais aujourd'hui, dans quelle mesure est-ce que ça vous inspire ?
04:48Et que ça vous imprègne ?
04:50Aujourd'hui, vous savez, dans mon quotidien, je suis un hypersensible.
04:57Donc dans mes décisions, dans mes réactions aussi,
05:00qui peuvent paraître parfois émotives ou excessives.
05:05Même dans le cas de... en tant que manager, en fait ?
05:08Surtout.
05:09Surtout dans le management au sein du groupe que je dirige.
05:15Voilà, c'est très différent.
05:17Je l'ai souvent dit, il y en a qui fonctionnent avec leur tête,
05:21il y en a qui fonctionnent avec leur poche.
05:23Moi, je fonctionne avec mon cœur.
05:25Ça ne veut pas forcément dire que c'est très bien.
05:27Je ne sais pas si c'est bien.
05:28Mais on va y revenir.
05:29On verra plus tard, mais...
05:30Beaucoup d'intuition, quoi.
05:31Quelle intuition.
05:32OK.
05:33À 20 ans, vous ouvrez votre première pizzeria.
05:36Quelles compétences en management est-ce que vous avez dû développer sur le terrain ?
05:42Et quelles sont celles que vous gardez aujourd'hui, qui vous ont marquées ?
05:45Alors en tout cas, une chose est sûre, c'est qu'il faut...
05:48Si on veut être dans le commerce, il faut aimer les gens.
05:50Voilà.
05:50Il faut aimer être au contact de son client,
05:53offrir du bon moment, des bons moments à sa clientèle.
05:57Et ça a été pour moi une école merveilleuse.
06:01Vous savez, je parle d'immobilier commercial,
06:03mais c'était avant tout de la restauration rapide.
06:06Après, on dit que c'était l'immobilier commercial
06:07parce qu'il y a eu des transformations de destination pour les locaux.
06:13Mais la pizzeria, ça a été une école extraordinaire
06:15parce que vous êtes au contact du client.
06:17Vous êtes dans l'improvisation au quotidien
06:19parce qu'on voit les pizzas qui sont très bonnes,
06:21mais on ne voit pas celles qui ont été grillées ou qui ont été servies trop tard.
06:24Et oui, ça a été une très grande école.
06:26En tout cas, moi, ça m'a permis de me responsabiliser.
06:29Et ça m'a aussi permis de gagner un regard que je n'avais jamais eu avant.
06:33Le regard où les gens vous aiment bien, les gens viennent vous voir.
06:37Et ça, je pense que c'est troublant quand ça n'arrive pas.
06:40C'est là que vous avez compris que vous aviez peut-être quelque chose de spécial à ce niveau-là ?
06:44Non, c'est là que je me suis rendu compte
06:45qu'il peut y avoir des gens qui vous voient peut-être plus beaux que vous l'êtes.
06:52Quelle est la plus grande difficulté que vous avez rencontrée pendant cette expérience entrepreneuriale ?
07:00L'expérience entrepreneuriale en elle-même, ça a été de l'apprentissage sur le terrain.
07:07Vous étiez guidé à ce moment-là ?
07:08Pas du tout. Je n'étais pas du tout guidé.
07:11Vous avez fait ça seul, pas d'associé ?
07:12Oui. Alors, à ce moment-là, je m'étais associé avec des gens qui avaient de la restauration rapide.
07:18Mais en fait, c'était des partenaires totalement silencieux.
07:22C'était mon fournisseur.
07:24Donc, ils n'étaient pas du tout dans l'opérationnel.
07:26Ils n'habitaient même pas en France.
07:29En fait, c'était un partenariat slash association.
07:32Mais dans l'opérationnel, ils n'existaient pas.
07:34Ils n'étaient pas présents.
07:36Et ça a été une très grande école.
07:38Mais c'est à ce moment-là qu'en fait, vous vous rendez compte que les personnes qui vous avez en face de vous
07:42sont juste des personnes incroyables et merveilleuses
07:44parce que les gens sont tolérants par rapport à vos erreurs.
07:49Et ça, c'est quelque chose qu'on oublie très souvent.
07:52Et moi, les gens, je disais, je n'arrêtais pas de m'excuser, je suis désolé
07:55parce que la pizza était trop cuite ou la pizza n'était pas assez cuite.
07:59Et les gens rigolaient, ils disaient, non, mais ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de problème.
08:02Et voilà, ça a été une grande école.
08:04Et l'aventure dure combien de temps ?
08:05L'aventure dure trois ans, un peu plus, à peu près, plus ou moins trois ans.
08:10Donc là, c'est les prémices de votre apprentissage en termes de manager.
08:13J'imagine que vous aviez...
08:15On a démarré, j'ai démarré seul.
08:16Après, on a eu plusieurs dizaines de collaborateurs, etc.
08:19Donc oui, ça a été le tout début.
08:22C'est là où j'ai commencé à comprendre ce que c'était qu'un bail commercial,
08:25qu'une convention collective, qu'une fiche de paie, qu'un expert comptable.
08:29Et oui, ça a été un très grand apprentissage.
08:32Et à l'échelle d'une pizzeria, vous aimiez à l'époque manager des personnes ?
08:35Est-ce que vous sentiez que vous aviez quelque chose ?
08:38Eh bien, pour être très audite avec vous, non.
08:41Voilà, je n'aimais pas du tout parce que je n'aime pas ce rapport de supérieur.
08:45Un peu vertical.
08:46Je n'aime pas me sentir supérieur à quelqu'un en face de moi, surtout quand ça fait partie de mes équipes.
08:52C'est pour ça que j'ai instauré le vouvoiement.
08:53Parce qu'à ce moment-là, j'avais demandé à un de mes collaborateurs qui était beaucoup plus âgé que moi une consigne.
08:58Et je le tutoyais.
08:59Cette personne avait été licenciée juste avant.
09:02Et j'ai eu un sentiment de culpabilité par la suite de me dire,
09:05« Waouh, il a pris un ordre, on va appeler ça un ordre, une consigne, d'un petit jeune de 20 ans. »
09:11Et ça m'a mis mal à l'aise.
09:12Et à la suite de ça, j'ai demandé à tous mes collaborateurs de les vouvoyer.
09:15Et ça, c'est quelque chose qui perdure ?
09:17À tous mes collaborateurs, aujourd'hui, je les vouvois tous.
09:19Même ceux, même les plus fidèles avec qui je travaille depuis presque 10 ans.
09:22Même ceux qui ont mon âge.
09:23Même ceux qui sont plus jeunes que moi.
09:25Je les vouvois.
09:25Il y en a qui me tutoient.
09:26Mais moi, je continue de les vouvoyer par respect envers eux.
09:29Vous décidez ensuite de partir aux États-Unis.
09:31C'est ce que je disais.
09:32Seul, sans réseau.
09:33Pourquoi ce choix radical ?
09:37À l'âge de 23 ans, entre 23 et 24 ans, j'ai eu un problème de cerveau.
09:41J'ai eu un accident cérébral.
09:44Je suis un miraculé.
09:46J'aurais pu être paralysé.
09:49Les médecins m'ont dit que j'aurais pu finir comme l'acteur de Superman.
09:52Je ne savais pas ce que c'était.
09:55Et donc, vous savez, quand vous avez ce genre de choses qui interviennent dans votre vie,
10:00en fait, vous vous dites toujours la même chose.
10:02Vous vous dites, si je m'en sors, je ferai ça.
10:05Et j'avais des envies, des fantasmes.
10:10C'est quoi le rêve américain ?
10:12Oui, le rêve de partir loin.
10:15En même temps, je venais de sortir d'une rupture amoureuse très longue avec une personne
10:19avec qui je suis resté presque 8 ans.
10:21Donc, quand vous en avez 23, ça fait beaucoup.
10:23Et donc, il y a tout ça qui arrive en même temps.
10:26Et en fait, on veut partir pour oublier.
10:29On veut partir pour recommencer sa vie, même si elle ne venait que de démarrer.
10:33Donc, il y avait un peu une dimension fuite en avant, quoi.
10:36Ah, mais totalement.
10:37Il y avait vraiment l'envie de tout effacer, de recommencer.
10:42Et quelle était votre vision à ce moment-là ?
10:44Vous arrivez sans projet en tête ?
10:47Qu'est-ce qui se passe ?
10:48Pour être très honnête avec vous, il n'y avait pas de vision.
10:51Il y avait de l'intuition.
10:53C'était j'y vais et on verra bien, quoi.
10:54Exactement.
10:55Et puis, si vous voulez, moi, je venais de vendre mes pizzerias.
10:59J'en ai fait plusieurs.
11:01Et je suis parti en me disant, bon, ce sera un congé forcé.
11:07Je venais de sortir d'un très gros problème de santé.
11:08Donc, vous avez compris que j'avais vraiment envie de voir ailleurs.
11:12Et je voulais aller le plus loin possible.
11:14Parce que malheureusement, suite à ma rupture amoureuse et à mon problème de santé,
11:17je voulais aller le plus loin possible aux États-Unis.
11:20Donc, je suis allé vraiment de l'autre côté des États-Unis, sur la côte ouest.
11:24Et donc, du coup, je suis arrivé à Los Angeles.
11:26Et alors, comment est-ce que vous vous êtes reconstruit personnellement, professionnellement,
11:31dans cet environnement inconnu ?
11:33Est-ce qu'il y a des liens que vous avez tissés, des rencontres qui ont été déterminantes ?
11:38Bien sûr.
11:38Vous savez, je pars du principe où tout est une histoire de rencontre.
11:43Et c'est toujours pareil.
11:45C'est ce que je vous disais tout à l'heure, c'est d'être ouvert sur le monde.
11:47Moi, la première chose que j'ai fait quand je suis parti, j'ai pris des cours d'anglais.
11:51C'était comme si c'était…
11:53Est-ce que là, vous arrivez, vous ne parliez pas un mot d'anglais ?
11:54Je ne parle pas du tout un mot d'anglais.
11:57J'ai quelques mots en allemand, mais personne ne parle allemand à Los Angeles.
12:00Donc, c'était courageux.
12:01Je ne sais pas si c'était courageux.
12:04En tout cas, pas très confortable.
12:06Très inconfortable.
12:07Mais je pense que de partir à l'autre bout du monde, ce n'est pas une question de courage,
12:10c'est une question d'envie, de folie.
12:12Et puis moi, si vous voulez, c'était comme un renouveau sur ma vie de me dire, j'ai eu un problème de santé,
12:16j'ai eu ce qui m'est arrivé.
12:18Bon, je pars et puis je verrai bien.
12:19Et je pars quelques mois et on verra comment les choses évoluent sur place.
12:22Et je pense que c'est quelque chose que peut-être j'enseignerai à mes enfants plus tard.
12:25À un moment donné, il faut se dire les choses, c'est qu'on ne peut pas dicter sa vie.
12:30Et quand on a 20 ans, on ne doit pas dicter sa vie.
12:34On doit avoir des idées, on doit avoir des envies,
12:36mais il faut faire ce qu'on a dans la tête et ce qu'on a dans le cœur.
12:40C'est-à-dire ne pas s'écrire un chemin tout tracé.
12:42Mais de toute façon, le chemin n'arrivera pas comme vous l'avez écrit.
12:45Et c'est là aussi que vous découvrez l'univers du licensing dans des salons professionnels à Las Vegas et à Londres.
12:52À Londres notamment.
12:53Qu'est-ce qui vous a attiré dans cet univers ?
12:57En fait, depuis que je suis enfant, je regarde un programme télévisé
13:01qui passe tous les dimanche soir et qui montre des industries.
13:04C'est mon programme préféré, c'est le programme capital.
13:07Et depuis que je suis enfant, j'adore.
13:10Et depuis que je suis vraiment jeune, j'adore les salons professionnels.
13:16Vous savez, les fameux salons qui sont à Villepinte, etc.
13:18Et c'est comme ça notamment.
13:19Oui, c'est une drôle de passion.
13:19C'est ma passion.
13:20J'adore les salons.
13:21J'en ai fait beaucoup, pour ne pas dire tous, mais j'en ai fait énormément.
13:24Sur votre temps libre.
13:25Oui, j'adorais ça.
13:26Et c'est comme ça d'ailleurs que je suis tombé dans la restauration parce que j'avais été faire le salon, le Cial à Paris-Ville-Pinte.
13:32Et après, je suis parti au salon de Las Vegas faire le salon de la pizzeria.
13:36Et c'est là, à ce moment-là, que j'ai décidé d'ouvrir la pizzeria.
13:37Et comme j'adore les salons, le salon de la cosmétique, le salon du jouet, je suis arrivé dans l'univers du licensing, qui est le salon de tout.
13:46Parce que c'est de la licence.
13:47Est-ce que vous pouvez, pour ceux qui nous regardent, expliquer d'une phrase, si possible, ce qu'est le licensing ?
13:51Bien sûr, le licensing, c'est de mettre une marque, la propriété intellectuelle, sur des objets.
13:55Donc, vous pouvez mettre une marque sur un saladier, vous pouvez mettre une marque sur un caleçon ou une marque sur une chaussette.
14:02C'est aussi bien sur des marques fashion, que des marques destinées à l'entertainment.
14:07Donc, des marques de cinéma, de films de cinéma, sur un caleçon ou une chaussette, comme on l'a tous fait.
14:13Et donc là, qu'est-ce que vous vous dites ? Ça fait tilt d'emblée ?
14:17Je me dis, c'est impensable qu'il y ait tout ça qui fonctionne, alors qu'on ne s'en rend pas compte.
14:24C'est un univers très confidentiel, c'est énorme, ça représente plusieurs centaines de milliards,
14:30et en même temps, c'est toujours les mêmes acteurs, et ça devient comme une famille.
14:34Et en fait, c'est ce que j'ai aimé dans cette industrie, c'est qu'il n'y avait pas de nouvelles personnes, entre guillemets,
14:40de jeûneaux petits français qui arrivaient dans cette industrie.
14:44Parce que c'est largement dominé par quoi ? Par les Américains ?
14:46C'est largement dominé par les Américains, et il y a très peu de nouveaux acteurs.
14:48C'est toujours les mêmes personnes depuis 40 ans, un coup, aller dans cette marque.
14:52On peut citer des marques ou non ?
14:54Trois.
14:54Trois.
14:55Trois à chaque fois ?
14:56Si vous en citez une, il faut en citer trois.
14:57D'accord, donc un coup, aller chez Paramount, un coup, aller chez Hasbro, un coup, aller chez Warner.
15:02Et en fait, c'est ça que j'ai aimé, et c'est toujours le même circuit avec les mêmes personnes que vous rencontrez,
15:09et je trouve ça incroyable.
15:11Et du coup, qu'est-ce que vous avez voulu casser avec Wincore ?
15:15Alors, à la base, moi, j'avais monté ma première société de consultants.
15:20On appelle ça consultants parce qu'en fait, c'est la façon dont vous devez opérer aux États-Unis pour facturer.
15:24Donc, j'ai dit, bon, je vais servir d'apporteur d'affaires, et je vais voir si je peux présenter des gens dans la licence.
15:29L'avantage que vous avez dans la licence, c'est que vous pouvez présenter quelqu'un qui vend des saladiers
15:32avec quelqu'un qui fait de la propriété intellectuelle.
15:34Donc, en fait, les possibilités sont infinies.
15:38Il n'y a pas véritablement d'avoir de science infuse.
15:43Rappelez-moi votre prénom.
15:44Alix.
15:44Alix.
15:45C'est comme vous, Alix, vous présentez un ami qui fabrique des t-shirts avec Warner Bros ou Paramount ou une autre marque.
15:55C'est ce que j'ai aimé, si vous voulez.
15:57Donc, j'ai tout simplement au début présenté des gens, et le fait de présenter des personnes, ça a initié des deals, et c'est comme ça que j'ai appris.
16:05Mais là, vous aviez tout appris sur le tas, et vous n'aviez pas de compétences particulières sur le sujet.
16:11Il n'y a aucun syndrome de l'imposteur à ce moment-là ?
16:14Ah, il n'y a que des syndromes de l'imposteur.
16:15OK. Et comment vous luttez contre ce syndrome de l'imposteur ?
16:17Mais je l'ai toujours, le syndrome de l'imposteur.
16:19Mais vous composez avec ?
16:20Oui, je compose avec.
16:21Jamais il ne vous paralyse ou ne vous a empêché de faire des choses ?
16:26Écoutez, vous savez, il y a toujours le syndrome de l'imposteur quand vous arrivez dans une industrie.
16:30Et au fur et à mesure que vous avancez dans cette industrie, vous gagnez de la légitimité.
16:35Mais c'est quoi ? C'est le réseau ? C'est le fait d'être adoubé par ses pairs ?
16:39Non, vous savez, c'est aussi une question de confiance en soi.
16:42Le syndrome de l'imposteur, il arrive parce que vous n'avez pas confiance en soi, en vous.
16:46Et c'est ça qui est merveilleux.
16:49C'est qu'en fait, au fur et à mesure de votre carrière, et au fur et à mesure des chemins que vous prenez,
16:53eh bien cette confiance en soi, vous commencez à la gagner, au fur et à mesure.
16:56Et vous voyez, moi, dans la vie, je n'ai pas du tout, du tout confiance en moi.
17:02Dans le travail, je n'avais pas du tout confiance en moi non plus.
17:06Et au fur et à mesure du temps, je commence à gagner confiance en moi dans le travail.
17:09Mais dans la vie personnelle, je n'ai toujours pas confiance en moi parce que je suis un ancien obèse, etc.
17:14Donc, je me vois comme si j'étais toujours très gros.
17:17Donc, c'est des choses que vous portez.
17:19Mais au fur et à mesure du temps, eh bien, vous avancez.
17:22Vous s'en accommode.
17:23Exactement.
17:23Et puis, les gens commencent à vous faire confiance.
17:25Et c'est à ce moment où les gens commencent à vous faire confiance que vous vous rendez compte de la responsabilité que vous avez.
17:32J'ai lu que vous compariez Wincor à Zara en termes de modèle.
17:36Pourquoi ?
17:37Wincor, si vous voulez, quand j'ai décidé de créer cette société qui est une société de fabrication et distribution de jouets,
17:43je me suis rendu compte que dans l'univers du jouet,
17:45il y avait très peu de nouveaux acteurs qui allaient plus vite que les usages et les coutumes.
17:50Et c'est ce que Zara avait chamboulé en faisant ce qu'on appelle la fast fashion.
17:55Et j'ai essayé de faire pareil.
17:57Je ne me prétends pas être Zara, mais j'ai essayé de reproduire cette rapidité d'exécution dans l'univers du jouet.
18:02Et comment est-ce que vous avez structuré vos équipes pour suivre ce rythme très soutenu ?
18:08Écoutez, au début, c'était le chaos.
18:09Aujourd'hui, vous êtes combien ?
18:10Aujourd'hui, on a à peu près une quarantaine de collaborateurs.
18:12Et avec plusieurs dizaines indirectes un peu partout dans le monde.
18:21Et si vous voulez, au début, c'était le chaos parce qu'il n'y avait pas véritablement de process.
18:26Et quand vous êtes le précurseur dans un domaine, vous n'avez pas de modèle.
18:30Et c'est là où c'est excitant, mais en même temps hyper effrayant.
18:33Parce que vous n'êtes pas sur un acteur où vous dites, ok, je le copie, je fais mieux que lui et j'optimise.
18:38Non, non, nous, on a tout créé.
18:39Vous êtes autodidacte. Qu'est-ce qui vous a le plus manqué dans votre montée en responsabilité ?
18:47Écoutez, il y a beaucoup de choses qui m'ont manqué et qui continuent à me manquer.
18:50Mais c'est pour ça que je me fais accompagner par les meilleurs dans chacun des secteurs qui m'accompagnent.
18:56Mais si vous voulez, je pense que c'est aussi ça qui est très important.
18:58C'est d'accepter de se faire accompagner par des personnes qui sont plus fortes que soi.
19:04Et aujourd'hui, quelles sont-elles, ces personnes ?
19:06Aujourd'hui, moi, je suis une poche trouée, donc je dépense plus que ce que je gagne.
19:12Donc, je dois embaucher quelqu'un.
19:13Enfin, j'ai dû embaucher quelqu'un qui est très dur à la dépense pour la gestion de la compagnie.
19:19Mais sur les sujets managériaux, est-ce que vous avez un mentor, un livre de chevet, un guide ?
19:25Non, je pense que le guide que j'ai, c'est les erreurs que je fais au quotidien.
19:29Évidemment, on fait tous les erreurs.
19:30Donc, vous acceptez d'en faire beaucoup ?
19:32Ça fait partie.
19:33Ça ne vous effraie pas ?
19:34Non, ce ne sont pas des choses qui m'effraient.
19:37On parle très souvent des erreurs, mais on doit aussi parler des réussites.
19:41Et à l'inverse, qu'est-ce que l'absence de cadre vous a permis de faire, vous pensez, ou d'inventer ?
19:46Je pense que c'est cette absence de cadre qui ne nous formate pas à faire des choses que tout le monde veut.
19:54Donc, c'est le fait de ne pas avoir véritablement d'encadrement, entre guillemets,
19:59c'est ce qui nous permet aussi de créer des choses qui sont un petit peu anticonformistes.
20:03Tout à l'heure, vous le disiez, l'intuition est très forte dans vos prises de décision.
20:09C'est même majeur, j'ai l'impression.
20:11C'est assez intéressant parce que ça dissonne un peu des discours qu'on entend dans cette émission.
20:17Défendez votre point vraiment pour ceux qui nous regardent.
20:19C'est une grande responsabilité que vous me donnez.
20:23À l'échelle de votre entreprise, en tout cas.
20:25Oui, mais vous savez, il y a des choses qu'on ressent.
20:30Il y a aussi ce qu'on voit.
20:33Et parfois, il y a des choses qu'on voit qui ne se décrivent pas sur un tableau Excel.
20:37Est-ce que vous pouvez être concret et donner un exemple ?
20:39Bien sûr, on parle d'études de marché.
20:41Toute la journée, j'entends ce mot, études de marché, études de marché.
20:44Une étude de marché ne va pas me dire si l'idée que vous avez, elle est bonne ou elle est mauvaise.
20:49Google, quand il s'est lancé, il a fait une étude de marché.
20:52Mon avion, c'est tout, il faut vous moquer de lui.
20:53Pareil pour Amazon qui vendait des livres.
20:55Ce que je veux dire par là, c'est qu'on démarre toujours avec une idée et on pivote.
21:00Et c'est ce pivot qui est important.
21:01Et encore une fois, ce que je disais tout à l'heure, l'avenir n'est pas tracé.
21:06C'est nous qui décidons notre avenir et c'est nous qui décidons d'aller où est-ce qu'on veut aller.
21:10Et c'est nous qui créons notre trajectoire.
21:13Voilà, c'est ça qui est important.
21:14Néanmoins, quelles sont les limites de l'intuition ?
21:16Ça vous a forcément fait défaut parfois.
21:19Vous le dites volontiers, vous faites des erreurs.
21:22Où s'arrête l'intuition ?
21:25Parce qu'on a des biais ?
21:26Je pense que l'intuition l'a toujours.
21:31Mais les personnes qui nous accompagnent nous mettent un cadre, que vous avez dit tout à l'heure.
21:37Donc en fait, vous vous reposez sur le fait d'être très bien entouré.
21:41Mais un manager, un leader ne doit pas avoir de cadre.
21:45Je pense que sinon, il ne peut pas entreprendre.
21:48Entreprendre, c'est créer, c'est inventer, c'est transformer.
21:51Si vous ne créez pas et que vous ne faites que dupliquer ce qui se fait à côté,
21:56il n'y a pas de création d'entreprise.
21:57Comment est-ce que vous gérez les conflits au sein de votre équipe en tant qu'hypersensible vous-même ?
22:03Est-ce que ça veut dire que vous êtes plus tolérant aux frictions entre les personnes ?
22:09Comment est-ce que...
22:10Écoutez, moi j'ai de la chance parce que j'ai une équipe formidable.
22:13Et quand j'embauche les équipes avec lesquelles je travaille, je ne lis pas le CV.
22:17Pour moi, je ne lis pas le CV parce que...
22:20C'est-à-dire que vous leur demandez carrément de ne pas l'envoyer ?
22:22Non, quand je reçois leur candidature, enfin, ils m'envoient toujours le CV, c'est un réflexe.
22:28Mais après, je veux savoir ce que fait cette personne, si elle est en finance ou si elle est en opération ou si elle est en produit.
22:34Mais l'école, tout ça, peu importe.
22:35Mais bien sûr que non.
22:36Vous savez, vous avez...
22:37Tous les plus grands génies de ce monde n'ont pas fait d'école, excusez-moi de vous dire ça.
22:41Ils se sont créés eux-mêmes.
22:43Et par contre, ce que je vais juger, ça va être la personnalité que je vais avoir en face de moi.
22:46Et ça va être aussi où est-ce qu'ils se situent dans le temps.
22:49Et ça, pour moi, c'est très important.
22:50C'est-à-dire ?
22:52Est-ce que j'ai affaire en face de moi à une personne carriériste ou une personne qui est plus volage ?
22:55Est-ce que je sais que je vais pouvoir créer une histoire avec cette personne, écrire un chapitre ?
23:00Ou alors, est-ce que je vais avoir cette personne qui va rester 15 jours et qui va vouloir être chanteur dans la semaine d'après ?
23:05C'est ça qui m'intéresse.
23:06Et c'est aussi les erreurs que cette personne a pu faire.
23:09Et c'est la première chose que je demande aux personnes que je recrute, c'est de me parler de leur histoire.
23:13Et vous vous rendez compte que dans chacune des personnes que vous avez en face de vous, il y a plus ou moins toujours une histoire.
23:19Et c'est cette histoire qui m'intéresse parce que c'est cette personne et c'est cette histoire qui va me permettre de...
23:24De trancher ensuite.
23:25Oui, de trancher et de réfléchir.
23:27C'est-à-dire si cette histoire va pouvoir se connecter avec la mienne et avec la vision que je veux mettre en exécution.
23:34Et justement, comment vous accompagnez vos collaborateurs dans leurs échecs à eux ?
23:39Professionnels.
23:41Oui, bien sûr.
23:42Écoutez, je pense que ce qui est très important, c'est de...
23:48La grande leçon à avoir, c'est de savoir si la personne qui est en face de moi et qui a fait des erreurs a compris quelles étaient ses erreurs.
23:54Si j'ai en face de moi une personne qui a fait des erreurs, mais qui ne les comprend pas ou qui ne les accepte pas,
24:00je ne peux rien faire avec cette personne parce que ça voudrait dire qu'elle va les reproduire.
24:05Par contre, une personne qui connaît ses défauts, c'est une personne qui va pouvoir s'améliorer et aller de l'avant et se faire encadrer là où elle en a besoin.
24:13Exactement de la même façon que je le fais moi avec mes équipes.
24:16Est-ce qu'il y a des rituels ou un outil managérial que vous utilisez tous les jours ?
24:23Des réunions, des échanges individuels pour prendre le pouls de l'entreprise ?
24:27Écoutez, moi, je pars du principe où mes équipes connaissent toute ma vie.
24:31Donc, c'est un livre ouvert, ma vie.
24:33Oui, c'est vrai.
24:33Et c'est ce que j'aime.
24:35Ça, ça ne vous a jamais fait douter, par exemple ?
24:38Pas du tout.
24:38Ce niveau de transparence, en aucun cas, il ne vous fait défaut en interne ?
24:42Écoutez, jusqu'à présent, jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais eu de prud'homme, je n'ai jamais eu de problème avec aucun...
24:48Non, mais en termes de crédibilité, plus j'entends.
24:50Il y a quand même cette idée que le leader, il y a tout un mystère autour du dirigeant, ce n'est pas vraiment...
24:57Non, moi, je pars du principe où l'autorité ne fonctionne pas.
25:02En tout cas, je n'aime pas ça.
25:03Par contre, j'aime gagner le respect de mes équipes.
25:05Mais le respect, pas un respect autoritaire, un respect d'admiration.
25:11Et c'est ce que j'aime et c'est ce que j'ai...
25:12Donc, c'est presque du storytelling, en fait.
25:15Oui, et puis c'est de l'exécution.
25:16C'est-à-dire que quand on marque sur une page blanche où est-ce qu'on sera la semaine prochaine
25:22et qu'on arrive à mettre en place sur des visions très court terme au début,
25:26ce que vous avez évoqué,
25:27eh bien, avec le temps, vos équipes vous regardent avec des yeux qui sont plus grands
25:34qu'avec lesquels ils étaient venus au début.
25:37Et est-ce que vous avez des indicateurs pour suivre vos collaborateurs en termes de bien-être,
25:44d'énergie d'équipe ?
25:46Est-ce qu'ils adhèrent toujours à la culture d'entreprise ?
25:48Écoutez, les valeurs de l'entreprise, je pense que ce sont les choses les plus importantes.
25:52Chez Wincor, et moi, dans ma vie personnelle,
25:54j'apporte...
25:56Enfin, il est très important de travailler avec certaines valeurs.
26:00Wincor est associé à la recherche contre le cancer.
26:03Wincor reverse une partie de ses bénéfices
26:04et va faire beaucoup plus dans les prochains mois qui vont suivre.
26:09Ça fait partie des valeurs et ça fait partie des drivers et des moteurs de votre entreprise.
26:13C'est important que les personnes qui soient au sein de notre groupe,
26:16elles y adhèrent et que ça les motive de la même façon
26:20et que ça les inspire de la même façon que nous, ça nous inspire.
26:24Julienne, c'est passé beaucoup trop vite.
26:25C'est déjà la fin.
26:27Néanmoins, j'ai une dernière question.
26:28Quel conseil donneriez-vous à un jeune de 16 ans
26:31qui hésite à suivre sa propre voie ?
26:35Alors, sans aucune hésitation, c'est de se lancer.
26:38C'est le bon moment.
26:39Merci beaucoup.
26:40Merci, Julienne.
26:42Julienne Jacob, fondateur de Wincor.
26:45Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine
26:47pour un nouvel épisode de Manager l'Odyssée.
26:48Merci.
26:49Merci.
26:50Merci.
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