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On entend souvent dire que notre mode de vie ne tient que parce que nous aurions des « esclaves » énergétiques à notre service. Ces « esclaves », automobile, équipements ménagers, ordinateurs nécessitent énormément d’énergie et des matériaux divers, en nombre croissant avec les progrès de la technologie.  Ce constat, sous-entend que nous vivons au-dessus de nos moyens grâce à l’exploitation de ces machines gourmandes en énergie et en ressources. [...]

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Transcription
00:00On entend souvent dire que notre mode de vie ne tient que parce que nous aurions des esclaves énergétiques à notre service.
00:17Ces esclaves, automobiles, équipements ménagers, ordinateurs, nécessitent énormément d'énergie et des matériaux divers en nombre croissant avec les progrès de la technologie.
00:30Ce constat sous-entend que nous vivons au-dessus de nos moyens grâce à l'exploitation de ces machines gourmandes en énergie et en ressources.
00:39C'est une condamnation morale qui reste bien impuissante à nous faire changer de trajectoire.
00:46Mais l'utilisation fréquente de cette référence à l'esclavage s'appuie sur une justification de notre situation qui n'a en réalité aucun sens.
00:55Pour au moins deux raisons.
00:57La première, c'est que le développement de la consommation de masse durant le XXe siècle, qui implique cette référence à nos esclaves, n'est pas le résultat d'un choix démocratique.
01:11Ces esclaves nous ont été proposés par des politiques publiques et industrielles sur lesquelles la plus grande partie de l'humanité n'a eu aucune prise.
01:20Et s'il fallait parler d'esclaves, il faudrait bien plutôt renverser la causalité.
01:25C'est nous qui sommes devenus esclaves de ces prothèses sans lesquelles nous n'imaginons pas pouvoir vivre.
01:31Car ce qui est produit, il faut le vendre, sinon du temps de travail aurait été dépensé en vain.
01:39C'est Ford qui a compris qu'en multipliant le salaire de ses ouvriers par cinq, il pouvait vendre ses voitures à une clientèle devenue solvable.
01:49Loin d'être l'expression de besoins fondamentaux, le développement de la consommation de masse n'est que le résultat de la mise en condition du consommateur que l'on persuade à grands coûts de milliards qu'il doit acheter ce qui est produit, même si c'est inutile.
02:06La seconde raison, encore plus fondamentale, concerne l'incompréhension de ce qu'est le rapport social esclavagiste par ceux qui utilisent cette image.
02:18En propageant cette idée, il passe sans solution de continuité des esclaves, au sens propre, aux machines de toute nature, industrielles, domestiques et aujourd'hui aux robots.
02:30C'est une conception qui voit l'histoire comme un progrès sans limite, assimilé à la croissance permise par la technologie et l'augmentation perpétuelle de l'efficacité énergétique, oubliant de fait la seconde loi de la thermodynamique.
02:47Le dénominateur commun à cette représentation d'une société, allant des esclaves aux robots, en passant par les machines, c'est de le concevoir comme un système purement énergétique,
02:58et pas comme une succession de rapports sociaux différents, ce qui revient à tout naturaliser.
03:05Tout ramener à une dépense d'énergie, c'est ne pas voir qu'utiliser dans un mode de production esclavagiste, et dans un autre capitaliste, ce n'est pas du tout la même chose.
03:16C'est ne pas voir que le travail n'est pas une notion inhistorique.
03:20En réalité, les sociétés sont des constructions sociales, qui reposent sur des bases matérielles et symboliques, qui constituent autant de rapports sociaux structurants.
03:32Ce sont ces rapports sociaux qui disparaissent dans l'image de l'esclave énergétique, et avec elles, la responsabilité du capitalisme.
03:39C'est le capitalisme.

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