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Ils avaient prévu l’ordre, la convergence, la rationalité. Et voilà que surgissent Trump à la suite de Poutine, Xi Jin Ping. Trois hommes, trois visions, trois coups de massue sur les illusions européennes. L’Amérique se provincialise, la Chine s’impose sans complexe, la Russie menace l’Europe. Les grandes prophéties géopolitiques sont en miettes. Le réel ne se laisse pas enfermer dans un rapport de think tank. [...]

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00:00Ils avaient prévu l'ordre, la convergence, la rationalité et voilà que surgissent Trump à
00:14la suite de Poutine et Xi Jinping. Trois hommes, trois visions, trois coups de massue sur les
00:21illusions européennes. L'Amérique se provincialise, la Chine s'impose sans complexe, la Russie menace
00:27l'Europe. Les grandes prophéties géopolitiques sont en miettes. Le réel ne se laisse pas enfermer
00:34dans un rapport de think tank. Henry Kissinger croyait que l'équilibre des puissances pouvait
00:41stabiliser le monde. Ce sont ses disciples qui, en manipulant les régimes faibles et en soutenant
00:47les dictatures utiles, ont mis le feu aux poudres. L'Ukraine, c'est le contre-coup d'une politique
00:53de fuite en avant. Taïwan, une conséquence logique à terme. Et Trump, l'effet boomerang
01:00d'un cynisme devenu système, quand la réel politique et les coups de poker contaminent
01:05la démocratie elle-même. Avec le choc des civilisations, Huttington avait figé le monde
01:11dans des blocs culturels hostiles. L'Islam contre l'Occident, la Chine contre l'Amérique. Une vision
01:18rigide, presque anthropologique, où les identités deviennent des murs. Mais Xi Jinping
01:25n'est pas Confucius. Et Poutine ne défend pas l'orthodoxie. Il défend des intérêts
01:31blessés, des récits d'empires, des humiliations anciennes. Ce n'est pas un choc de civilisation,
01:37c'est le retour des ambitions impériales. Fukuyama croyait à la victoire définitive de
01:44la démocratie libérale. Mais l'histoire n'est pas une success story. L'Amérique s'est
01:49fragmentée, la Chine a imposé son autoritarisme high-tech, la Russie a exorcisé sa vulnérabilité
01:55par la brutalité. Le dernier homme de Fukuyama, apaisé et rationnel, a été remplacé par
02:02l'homme inquiet, anxieux, prêt à suivre n'importe quel démagogue pourvu qu'il promette de restaurer
02:08une grandeur perdue. Kissinger, Huttington, Fukuyama, trois penseurs pour une illusion,
02:15celle d'un monde post-historique, ordonné et pacifié. Mais l'histoire ne suit pas une
02:22trajectoire rectiligne, ni un schéma prévisible. Elle déjoue les équilibres, revient là où on ne
02:28l'attend pas, et rappelle que les passions, les humiliations et la quête de puissance pèsent
02:33toujours plus que la raison. Penser l'histoire reste nécessaire, croire qu'elle se laisserait
02:39stabiliser, c'était une hypothèse de laboratoire. Un nouvel ordre ne semble devoir se construire
02:45que dans le chaos.

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