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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:03Toujours avec Alexandre Malafaille et avec Gilles Boutin pour évoquer l'actualité.
00:08Elle est bien sûr aussi internationale, l'actualité avec ce Donald Trump décidément qui change d'avis toutes les 5 minutes.
00:18Hier, souvenez-vous, il lançait le slogan MIGA, Make Iran Great Again, et aujourd'hui il dit il ne faut surtout pas changer de régime.
00:26Et puis surtout il y a eu cette affaire de cesser le feu, cesser le feu imposé par les américains, disruptif quand on sait qu'à son arrivée au pouvoir et toute la campagne de Donald Trump en 2024 a été de celui qui ne voulait plus être le gendarme du monde.
00:42Le voilà qui à nouveau prend la parole, à nouveau décide, à nouveau ordonne.
00:47Écoutez, Donald Trump parlait de cette rupture du cesser le feu, il a pris la parole ce matin avant de prendre l'avion pour le sommet de l'OTAN.
00:58Dès que nous avons conclu l'accord, Israël a largué une quantité de bombes comme je n'en avais jamais vu auparavant.
01:05C'était les frappes les plus lourdes que j'ai pu constater, donc je ne suis pas satisfait d'Israël.
01:10Vous savez, lorsque j'annonce un cesser le feu de 12 heures, vous ne pouvez pas sortir dans la première heure et leur envoyer tout ce que vous avez.
01:17Donc je ne suis pas content, je ne suis pas non plus satisfait de l'Iran, mais je suis véritablement mécontent de l'action d'Israël.
01:23Nous avons là deux pays qui se battent depuis si longtemps et si durement qu'ils ne savent même plus ce qu'ils foutent.
01:28Vous comprenez ?
01:31Voilà, très très énervé.
01:33Et ensuite, il y a eu une autre prise de parole qu'on en écoutera tout à l'heure.
01:36Gilles Boutin, cette déclaration de Donald Trump.
01:40C'est un exemple de mégalomanie, comme on ne pensait pas en voir.
01:44Mais je pense qu'aussi cette guerre vient nous confirmer à quel point Donald Trump n'a aucune ossature idéologique.
01:51Comme vous l'avez rappelé, dans la même journée, il était capable de changer de position, simplement au gré de l'évolution sur le terrain.
02:00Et également, peut-on supposer des discussions qu'il a eues avec les différentes personnes ?
02:06C'est toujours la question de quelle est la dernière personne à avoir quitté le bureau Oval.
02:09Mais autant sur les droits de douane, tout ça, on a bien compris qu'il y avait un jeu, que c'était un businessman, que c'était un homme d'affaires, il faisait monter les enchères.
02:18Mais là, il s'agit quand même de l'avis de Jean, de changer des régimes ou pas, de faire assesser le feu ou pas.
02:24Et là, il change d'avis diémétralement.
02:26Oui, mais je pense qu'il est tiraillé entre sa grande fascination pour les hommes puissants, dont il sait qu'il fait partie, mais où il aimerait partager un peu plus l'audace, par exemple, d'un Vladimir Poutine,
02:40dont il a dit qu'il était extrêmement astucieux, extrêmement... Il avait utilisé le terme « savvy », c'est-à-dire un mélange d'intelligence et d'audace lorsqu'il avait envahi l'Ukraine.
02:50Il est aussi, je pense, fasciné par d'autres coups d'audace, les coups d'audace légitimes, pour le coup, quand les Israéliens font en sorte de détruire l'appareil du Hezbollah et également de s'en prendre aux Iraniens.
03:06Et il est donc tiraillé entre cette fascination pour la puissance et la capacité à exécuter quelque chose, un plan, de la même manière qu'il signe des directives à tout va,
03:16et dans le même temps, il est tenu par les institutions américaines, par la démocratie, par les adultes, si tant est qu'il en reste encore autour de lui,
03:25mais les adultes dans la pièce, comme on dit. Et donc, il aimerait bien, mais il est empêtré, je pense, et il a une approche assez adolescente, je dois dire,
03:38des capacités qui sont entre ses mains.
03:41Alexandre Malefail, est-ce que vous avez la même vision que camarade Boutin du Figaro ?
03:45Je serais un peu moins dans le domaine de la psychanalyse du camarade Trump, mais moi je crois qu'en fait, il est sincère quand il dit qu'il ne veut pas faire la guerre,
03:54dès le départ, il l'a montré sur son premier mandat, ce n'est pas son chemin de vie, ce n'est pas sa façon de faire.
03:59Comment vous expliquez l'accompagnement avec le bombardement ?
04:03Je pense qu'on peut l'expliquer très bien. Il a consacré ses premiers mois de mandat à essayer de faire des deals sur toute une série de sujets compliqués,
04:10il s'est rendu compte des limites, notamment avec la Russie et l'Ukraine, de cette capacité-là.
04:14Ensuite, le dossier israélien a évolué dans des proportions absolument extraordinaires.
04:19Et là, il a dit, bon là, je ne peux pas rester inerte, je suis obligé de faire quelque chose, parce que ça devient très grave.
04:24Et peut-être qu'il a pris lui aussi la mesure de la problématique de cet Iran nucléaire.
04:29Et il se souvient lui aussi que les Américains ont tracé des lignes rouges, la fameuse ligne rouge de Barack Obama avec la Syrie.
04:37On a vu ce qu'il en a résulté à la force de ne pas faire les choses.
04:41Et donc là, il s'est dit, qu'est-ce que je fais ?
04:43Il a fourni en fait un outil que les Israéliens n'avaient pas, pour pouvoir frapper en profondeur, et notamment un fort d'eau.
04:51Mais il fallait le faire avec une certaine finesse.
04:55Alors, en effet, sans doute, en ajustant le tir, si je puis dire, avant de taper sur le plan de je fais, je fais comment, et j'entretiens le suspense,
05:01mais la voie était très étroite, parce qu'il fallait faire le strict nécessaire, mais quand même le nécessaire pour que ce soit efficace,
05:08pour mettre le nucléaire iranien KO, semble-t-il, sinon je pense que ça continuerait.
05:11Là, vraisemblablement, ils ont dû mettre un vrai coup d'arrêt, voire un coup fatal au programme nucléaire.
05:16Il fallait le faire sans que la Chine se sente obligée de remonter au créneau.
05:19Il fallait le faire sans provoquer l'embrasement avec le détroit et le blocage avec le terminal qui est de cargues, etc.
05:28La nation arabe n'était pas totalement favorable à cette intervention.
05:31Son propre corps n'était pas favorable, son entourage n'était pas favorable, donc il ne fallait pas se planter.
05:36Donc, il jouait très très gros sur ce coup-là.
05:37Et là, pour le coup, pour ça qu'il est en colère ce matin, il impose un cessez-le-feu.
05:41Globalement, il a créé les conditions de dire, maintenant, là c'est réglé, donc maintenant on arrête, ça repart.
05:47Il dit, si jamais les Iraniens le prennent au mot, en prenant le risque du kamikaze,
05:51il dit, tant pis, on va se faire défoncer, mais on va faire perdre la face au président américain, il se passe quoi ?
05:55Il est obligé de remettre une pièce dans la machine ?
05:56Bien sûr.
05:57Et là, c'est très très grave pour lui, parce que là, pour le coup, il ne veut pas aller plus loin, parce qu'il en a les moyens.
06:01Mais on sait comment...
06:01Tout ça est savamment calculé.
06:03Moi, je pense qu'il a très bien joué, il a eu peut-être de la chance, mais je dirais chapeau l'artiste,
06:07on ne peut pas en permanence dire qu'il ne fait pas le job ou qu'il est immature.
06:10C'était sans doute très compliqué, et il fallait, pardon, il fallait les avoir, pardonnez-moi,
06:15vraiment bien accrochés pour faire ce qu'il a fait.
06:17Je suis d'accord que c'était compliqué, et ça se voyait justement dans toutes ces hésitations,
06:20on voyait à quel point cet homme qui se présente comme extrêmement décidé, était face à un vertige.
06:26C'est-à-dire que quand il disait, peut-être que je vais y aller, peut-être que je ne vais pas y aller,
06:29c'était surréaliste comme moment.
06:31Et toute cette succession, et puis même ce moment où ensuite il se prend à croire à un changement de régime,
06:38en disant « make Iran great again »,
06:40tout ça témoigne qu'il ne savait pas spécialement où les choses allaient.
06:46Et en revanche, là où je vous rejoins, c'est qu'il a à sa disposition des outils,
06:50et notamment des plans qui sont prévus de longue date.
06:54Donc ce scénario de frappe, il était sur l'étagère, si je veux dire.
06:57Il n'a eu qu'à se servir et à le choisir.
06:59De toute façon, un président américain n'a pas 36 000 options,
07:01qui se présente à lui.
07:02En tout cas, il a choisi, mais au mépris de ce que pensait sa garde rapprochée
07:06que ce soit pité de sec ou J.D. Vance.
07:08Donc en tout cas, il y est allé.
07:09Je vous propose d'écouter Donald Trump qui,
07:12alors encore une fois, pour prolonger ce que vous dites,
07:15il a lancé le slogan « miga » hier.
07:18Eh bien aujourd'hui, il dit « ah non, on ne va pas changer de régime des mots-là,
07:22puisque ça provoquerait le chaos. »
07:24Je ne veux pas de changement de régime.
07:26Je souhaite juste que la situation se calme le plus vite possible.
07:29« Les changements de régime entraînent du chaos,
07:32et idéalement, nous ne voulons pas de chaos. »
07:34Les Iraniens sont de bons hommes d'affaires, ils ont beaucoup de pétrole,
07:37donc ils devraient être capables de tout reconstruire.
07:40Ils n'auront jamais l'arme atomique, mais ils peuvent faire du bon travail.
07:45À moins, Alexandre et Gilles, qu'on ait mal compris.
07:48C'est-à-dire qu'hier, on se disait « peut-être qu'il va prolonger cette affaire
07:53avec les Israéliens », alors qu'encore ce soir,
07:56le chef d'état-major d'Israël, qu'est-ce qu'il dit ?
07:58Il dit que l'opération n'est pas terminée,
07:59que la campagne israélienne contre l'Iran n'est pas terminée.
08:02Oui, il y a un cessez-le-feu, mais la campagne n'est pas terminée,
08:04le job n'est pas terminé.
08:05Donc, peut-être qu'hier, on s'est dit « du coup, il va les accompagner ».
08:08En fait, pas du tout.
08:09Il dit « ils vont se débrouiller, et les Iraniens,
08:12s'ils veulent changer de régime, ils le feront,
08:14mais ils le feront tout seuls sans moi. »
08:16C'est de la pression.
08:17Quand il déclare ça, c'est une forme de mettre de la pression supplémentaire
08:20sur le régime pour créer les conditions,
08:22peut-être de la négociation, qui fait qu'au bout du compte,
08:24les Iraniens disent « bon, ok, on lâche l'affaire ».
08:26Parce qu'il a en effet les moyens
08:28d'être extrêmement plus offensifs
08:30et d'être beaucoup plus destructeurs
08:32que ne l'ont été les Israéliens depuis 12 jours.
08:34Après, lui...
08:35Il y a 2-3 jours, il disait « je vais peut-être éliminer Ramenei,
08:38mais pas tout de suite ».
08:39Mais là encore, c'est de la négo, c'est de la pression,
08:41c'est de l'intimidation.
08:42Il joue, en Trougmé, il joue très bien sa partie.
08:44Je serai à sa place, je ferai globalement la même chose,
08:46je soufflerai le chaud et le froid.
08:47Vous aimeriez bien être à sa place.
08:49Ah oui, vous y pensez bien, bien sûr.
08:50Le président m'a la faille.
08:52Aujourd'hui, on en a 2 qui savent ce qu'ils veulent.
08:55C'est-à-dire, Donald Trump est assez explicite,
08:57dans l'immédiat, je vais dire.
08:58C'est-à-dire que si jamais la situation évoluait sur le terrain,
09:00il se reprendrait à rêver d'un changement de régime.
09:03On peut le supposer.
09:04Mais là, il sait ce qu'il veut.
09:05Il veut la paix, il veut que ça reprenne,
09:06il veut faire du business avec les Iraniens apparemment.
09:08Abstraction faite.
09:09C'est mieux ça, il y a des très bons hommes d'affaires iraniens.
09:11Mais le régime, l'argent n'est jamais loin.
09:13Abstraction faite du programme destructeur de l'Iran
09:18à l'égard d'Israël et plus largement de l'Occident.
09:21Donc ça, c'est assez comique, dirons-nous.
09:25L'Iran, je pense que le régime iranien s'en tira à bon compte
09:30parce qu'il faut quand même voir,
09:32ils ont perdu à peu près tous leurs proxys.
09:33Il n'y a que les outils qui sont à peu près préservés.
09:35Et encore, ils se font frapper régulièrement.
09:39Ils ne sont pas passés loin du terrain.
09:40Ils ont perdu toute leur capacité balistique en grande partie.
09:43Tous leurs leaders sont partis se sauver à la montagne ou à l'étranger.
09:48Donc, leur survie, ils en sont assez satisfaits.
09:51C'est-à-dire qu'effectivement, le leader aurait pu,
09:53l'ayatollah ramener, aurait pu être tué.
09:56Ils ne s'en tirent pas trop mal.
09:57On ne voit pas de changement intérieur,
09:59malgré les espoirs que ça a nourris
10:00parmi une partie de la population et de la diaspora iranienne.
10:04Et c'est ce qui nous amène finalement,
10:07on a envie de résumer tout cela.
10:09C'est-à-dire qu'à l'arrivée, c'est le peuple iranien
10:10qui a eu une saute d'espoir
10:13et qui se retrouve à payer les pots cassés.
10:16C'est-à-dire qu'ils sont encore plus appauvris.
10:19L'avenir ne s'éclaircit pas.
10:21Et peut-être que ça reprendra dans dix ans à nouveau.
10:25Une fois qu'Israël aura décidé à nouveau
10:27que l'Iran a repris de la puissance.
10:30Ce qui est certain, c'est que peut-être que soit Israël d'un côté
10:33ou les Etats-Unis d'autre se disent
10:35que le régime est suffisamment affaibli
10:37comme un arbre qu'on a coupé aux deux tiers,
10:39il finira par tomber.
10:40La pression, il y a déjà eu des révoltes.
10:42Il ne s'est quand même pas passé rien depuis douze jours.
10:44le nombre d'infrastructures, le nombre de chefs,
10:47le nombre de sous-chefs.
10:48Ça va être quand même compliqué pour le régime
10:50de se remettre à fonctionner
10:50même si la terreur fonctionne en revanche très bien.
10:53Ce qui est en revanche certain,
10:54c'est que les Iraniens ne voient pas ce que nous voyons.
10:57La très grande majorité du peuple iranien
10:59n'a pas du tout la perception du conflit,
11:01de la guerre et de ce qui s'est passé.
11:03Et même de la façon dont le deal s'est opéré
11:05avec les Américains,
11:06la façon dont finalement les bombardements d'hier
11:08ont touché des bases américaines
11:09mais sans faire de dégâts.
11:10Mais ça, ils ne voient pas.
11:11Eux, ils voient les missiles décoller.
11:12Ils n'ont pas accès aux mêmes images,
11:13ils n'ont pas accès aux mêmes médias
11:15sauf pour une petite partie d'entre eux.
11:16Donc la dissémination de ce qui s'est vraiment passé
11:18prendra sans doute du temps.
11:20Mais je veux dire que peut-être,
11:21c'est un peu la chance pour le peuple iranien,
11:23c'est que le verre pour le coup
11:24est peut-être vraiment dans le fruit
11:25et que peut-être dans quelques semaines,
11:26quelques mois,
11:27en poussant un peu,
11:28sans forcément faire ce qu'ont fait les Israéliens
11:30de manière extrêmement brutale depuis douze jours,
11:32l'arbre iranien de ce régime des Mola
11:34finira peut-être par tomber.

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