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00:00Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'ancien président de l'Assemblée Nationale, Bernard Acoyer.
00:05Bonjour Bernard Acoyer.
00:06Bonjour.
00:06Bienvenue sur Europe 1, président aujourd'hui de l'association PNC France, PNC pour patrimoine nucléaire et climat.
00:12Vous êtes partie des défenseurs de l'atome dans le débat très vif qui a lieu en ce moment à propos de notre politique énergétique.
00:18Alors je vais résumer la situation, Bernard Acoyer, pardonnez-moi si je suis un peu long, mais c'est nécessaire pour la clarté du débat,
00:24pour respecter nos engagements climat, pour réduire nos dépendances aussi.
00:27La France veut massivement s'électrifier.
00:30L'électricité, en gros, c'est un quart de notre consommation d'énergie aujourd'hui.
00:33L'objectif, c'est de monter à 50% d'ici 2050, 50% d'énergie électrique.
00:38Alors pour l'atteindre, on a le nucléaire principalement et les renouvelables.
00:41Comment les articuler ? C'est tout l'enjeu de la PPE 3, la troisième programmation pluriannuelle de l'énergie.
00:48C'est le document qui fixe notre trajectoire énergétique.
00:52Le gouvernement la fixe par décret depuis 10 ans, on l'a déjà fait à deux reprises.
00:56Mais cette fixation par décret est perçue comme une manière pour le gouvernement d'imposer ses vues.
01:01Un sénateur, le sénateur à l'air des Vosges, Daniel Gremillet, a donc déposé, en accord avec le gouvernement,
01:07une proposition de loi pour que le Parlement s'empare du sujet.
01:09La loi Gremillet, texte qui était à l'Assemblée depuis 10 jours.
01:13Et alors là, les débats, ça a tiré dans tous les sens ces derniers jours.
01:17Le texte a été rejeté hier après-midi.
01:19Un amendement a retenu votre attention Bernard Acoyer, on en a beaucoup parlé sur Europe 1 aussi,
01:24celui du RN imposant un moratoire aux autorisations de nouveaux champs éoliens et photovoltaïques.
01:30Alors vous soutenez, vous souteniez cette proposition Bernard Acoyer ?
01:33C'était un amendement du groupe de la droite républicaine.
01:37De la droite républicaine, voilà.
01:38Mais effectivement défendu et largement porté par le Rassemblement National.
01:41Ça veut dire quoi Bernard Acoyer ?
01:43Que vous, défenseur du nucléaire, vous êtes forcément un anti-éolien, un anti-photovoltaïque ?
01:47Non, pas du tout, pas de préjugé.
01:49L'électricité, c'est de la physique.
01:52Et c'est pas de la politique ni de l'idéologie, et c'est tout le problème.
01:56Parce que si on revient, comme vous venez de le faire un petit peu en arrière,
02:01la France disposait jusqu'à une grosse dizaine d'années d'une électricité fiable, bon marché et décarbonée.
02:09C'était l'héritage de la décision gaulliste, du plan Mesmer, face au premier choc pétrolier,
02:17de construire ce qui est devenu le deuxième parc nucléaire au monde.
02:22François Mitterrand avait d'ailleurs veillé au développement de ce parc.
02:27Et puis, il y a eu un changement qui est intervenu, sous la pression de l'anti-nucléarisme contre le nucléaire,
02:34et il a été décidé, dans plusieurs étapes, de développer des énergies renouvelables, éolien et solaire,
02:43qui ont pour caractéristique d'être intermittentes.
02:46Quand il y a du solaire, 13% du temps, ça fonctionne à fond.
02:50Quand il y a du vent, c'est 20%.
02:51Alors ça, c'est bien intégré, les gens ont compris que le nucléaire, c'était pilotable, pas les renouvelables.
02:55Mais justement, allez-y maintenant.
02:58Du coup, il faut deux parcs.
03:00Il faut le parc des énergies renouvelables, qui va produire ou ne pas produire.
03:06Et puis, à côté, un autre parc qui répond quand il n'y a pas de vent, quand on est en période...
03:11Qui est la police d'assurance du parc renouvelable.
03:13En période anticyclonique, en hiver quand il fait froid.
03:15Et donc, la France a une caractéristique unique au monde, c'est qu'elle a une électricité qui a été produite à 75%.
03:24Maintenant, on est autour de 70% par du nucléaire.
03:27Donc, le nucléaire, ça tourne en permanence.
03:29Qu'on utilise l'électricité ou qu'on ne l'utilise pas, ça ne coûte pas plus cher, parce que le combustible a une très faible incidence.
03:36Donc, en réalité, on est en train de remplacer, de vouloir remplacer ce qui est idéal au plan de la décarbonation,
03:43c'est-à-dire de la nucléaire, par des énergies renouvelables, qui certes sont décarbonées, mais ne produisent que de temps en temps.
03:50Et donc, on affaiblit notre nucléaire en dépensant, on a quand même dépasse déjà 150 milliards pour développer les énergies nucléaires,
03:56d'où conséquence, explosion du prix de l'électricité.
03:59Les énergies renouvelables, 150 milliards, c'est 15 dernières années pour développer les énergies renouvelables.
04:03Vous pouvez m'excuser.
04:03Et donc, si vous voulez, ces 150 milliards, c'est la facture des Français.
04:07Et la PPE 3, et là nous en arrivons à l'actualité, prévoyait de multiplier par 4 le solaire, par 2 l'éolien sur terre,
04:18et par 10 à 30 l'éolien flottant.
04:22Donc, ça veut dire que ce qui a créé cette hausse des prix allait continuer.
04:27Donc, heureusement, il a été décidé qu'il y aurait un débat.
04:31Ce débat, il a eu lieu, que la proposition de loi Grémillet serait mise à l'ordre du jour, elle l'a été,
04:38mais l'Assemblée fonctionne de façon, on va dire, disruptive, tout à fait désordonnée actuellement,
04:43c'est extrêmement grave et très regrettable.
04:45Donc, il est sorti un texte qui était effectivement, un texte où il y avait des amendements intéressants,
04:50et d'autres qui étaient inacceptables, donc finalement, il n'a pas été voté.
04:53Il va aller au Sénat, et j'espère bien que là, ça s'arrangera.
04:55Vous espérez ce moratoire sur les énergies renouvelables pour leur développement,
05:00c'est-à-dire, on met en pause la délivrance d'autorisation pour la création de nouveaux champs photovoltaïques et éoliens.
05:06Pourquoi il faudrait faire une pause, d'après vous ?
05:08Parce qu'on a déjà construit des puissances en énergie renouvelable considérables,
05:13presque égales aujourd'hui à la puissance dont on dispose au point de vue nucléaire.
05:17Ah bon ?
05:18Et, comme vous l'avez, je viens de vous le dire...
05:20Le solaire et les éoliens, aujourd'hui, en production énergétique absolue, ça...
05:24C'est théorique, théorique, mais ça ne produit pas.
05:26Mais ça ne produit pas, puisqu'il n'y a pas de vent ou pas de soleil, assez souvent.
05:30Et par conséquent, on a construit deux systèmes.
05:32C'est pour ça que ça coûte les yeux de la tête, sans parler que les énergies renouvelables
05:37exigent d'avoir des capacités de stockage.
05:40On ne sait pas stocker l'électricité de façon massive.
05:43Elle est injectée prioritairement sur le réseau.
05:46Du coup, il faut arrêter le nucléaire.
05:48Ça coûte, évidemment, ça rehausse le prix de l'électricité nucléaire.
05:53Puis, ça affaiblit le parc, qui n'est pas fait pour changer, sans arrêt, même s'il est modulable.
05:57Pour le dire en une phrase, les renouvelables, aujourd'hui, sont un handicap pour le nucléaire.
06:01Pourquoi on ne se passerait pas du nucléaire et on ne garderait pas que les renouvelables...
06:04Parce que le nucléaire est un atout fantastique pour la France.
06:08C'est notre troisième filière industrielle.
06:10C'est un atout unique que beaucoup voudraient nous voir perdre.
06:13C'est 220 000 emplois.
06:14C'est une maîtrise de toute la filière, par des techniciens, des ingénieurs, des ouvriers spécialisés.
06:21C'est ce qui est précieux au moment où la filière automobile va souffrir terriblement
06:26en raison d'une décision, elle aussi largement politique, de la sortie des moteurs thermiques en 2035 au niveau européen.
06:33Tout ça s'impose.
06:34Donc, nous ne sommes pas contre les énergies nouvelles.
06:37Nous avons dit qu'il faut qu'il y ait une part dans la production d'électricité
06:40qui soit contenue à une proportion gérable.
06:43Et pour la déterminer, il faut enfin faire des études qui n'ont jamais été conduites,
06:48c'est-à-dire des études où on ne fixe pas un objectif politique à ceux qui vont faire les études.
06:53On leur dit, vous étudiez tout, y compris une large part dans cette production,
06:58autour de 70%, c'est ce que nous avons encore aujourd'hui, de nucléaire.
07:02Le reste étant des énergies renouvelables et quelques centrales, probablement thermiques,
07:07inévitables pour assurer les pointes.
07:08Merci Bernard Acoyer.
07:10Sujet éminemment complexe, cette politique énergétique de la France.
07:13On en reparlera évidemment sur l'antenne d'Europe 1.
07:15C'est trop important pour passer à côté.
07:17Merci d'être venu ce matin sur Europe 1.

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