Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Dans une enquête publiée mardi 24 juin, le Défenseur des droits Claire Hédon met en lumière une hausse des contrôles d'identité avec une persistance des discriminations en 2024. Elle révèle que les jeunes hommes "noirs, arabes ou maghrébins" ont un risque quatre fois plus élevé d'être contrôlés. Une situation qui génère une "érosion de la confiance" envers l'institution policière pouvant mener à "une escalade des tensions". Écoutez le point de vue de Dominique Sopo, président de SOS racisme.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 24 juin 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h45, officiellement ils sont interdits, mais si l'on en croit le dernier rapport de la défenseur des droits,
00:09Claire Edon, les contrôles au facieste ont toujours cours, les personnes perçues comme je cite Arabes, Noires ou Maghrébines
00:16ont quatre fois plus de chances d'être contrôlées que le reste de la population
00:20et douze fois plus de risques de connaître un contrôle poussé avec fouilles ou palpations.
00:24Des pratiques discriminatoires toujours bien ancrées comme en témoignent ces jeunes parisiens au micro de Nina Vallette.
00:30J'ai déjà eu de nombreux contrôles, parfois je faisais rien du tout, on venait me contrôler comme ça tout simplement.
00:37Parfois il y a des policiers qui sont très professionnels, il y en a d'autres un peu moins.
00:41On a même déjà confondu mon frère, vu parce qu'il est noir, avec un autre individu qui avait fait quelque chose
00:47et du coup ils l'ont ramené au poste de police.
00:49Moi j'ai la chance, je suis blanc déjà, c'est déjà arrivé qu'on contrôle des amis à moi qui étaient à côté
00:53parce qu'ils étaient noirs ou arabes ou je ne sais quoi.
00:57Selon ne serait-ce que le style vestimentaire ou l'origine ethnique, on va dire l'apparence, ça peut être plus ou moins sec.
01:05On voit clairement que des fois il y a une sélection qui est entre certains et pas d'autres.
01:09Bonsoir Dominique Sopo.
01:11Bonsoir.
01:11Vous présidez SOS Racisme, merci de nous rejoindre dans RTL Soir.
01:16Nous sommes en 2025, comment expliquez-vous ces chiffres et les témoignages que l'on vient d'entendre ?
01:22Déjà ces chiffres sont des chiffres qu'il ne faut que confirmer toutes les études précédentes
01:28puisqu'il faut quand même avoir conscience qu'à chaque fois que des chercheurs, des sondeurs, des militants
01:35se sont penchés sur le sujet, à chaque fois la conclusion a été la même, il y a du contrôle au faciès.
01:40On peut penser au testing de Lévi et Jobard en 2007 à Châtelet et à Gare du Nord,
01:45à l'étude du défenseur des droits déjà en 2017 qui là donnait un ratio de 20 fois plus de risques d'être contrôlés
01:53quand on est noir ou arabe, les travaux de Sébastien Rocher
01:56et toute une série d'autres travaux de sociologie, qu'ils soient quantitatifs ou qualitatifs,
02:01qui montrent l'ampleur de ce phénomène.
02:04Ce phénomène s'explique par le fait qu'il y a des stéréotypes, des préjugés raciaux,
02:09et même racistes on pourrait dire, qui existent et qui vont pousser de fait les policiers ou les gendarmes
02:15à avoir un biais discriminatoire dans les contrôles qu'ils vont effectuer.
02:21On peut aussi l'expliquer évidemment plus généralement par un fonctionnement,
02:26une logique de la sécurité publique qui va aussi quand même beaucoup s'orienter
02:31sur les populations d'origine immigrée, qui vont être beaucoup démonisées dans le débat public.
02:37Et ça perdure parce que vous remarquerez que cette étude est sortie,
02:42comme toute une série d'autres études.
02:43Pour autant, nous avons constamment une forme de déni par la négation ou par l'abstention de réaction
02:51de la part des autorités en charge de la sécurité publique.
02:55Un rapport est sorti dit qu'il y a des citoyens qui sont davantage contrôlés
02:59et beaucoup plus, massivement plus, que d'autres citoyens en raison de leur couleur de peau.
03:04Je pense que nous n'avons pas eu le droit à la moindre réaction du ministère de l'Intérieur, par exemple.
03:09Pour la moitié d'entre eux, le rapport affirme que le contrôle n'est pas justifié.
03:13Ça veut dire que le contrôle d'identité qui s'appuie en fait sur un cadre légal
03:16est encore pratiqué à tort et à travers dans notre pays ?
03:22Oui, il y a un problème de toute façon dans les contrôles d'identité en France.
03:25C'est qu'il y a un cadre légal qui notamment pose un problème lorsqu'on parle de ce que l'on va dire
03:31les contrôles préventifs.
03:33C'est-à-dire qu'il y a des contrôles d'identité qui sont liés au fait que vous avez fait une infraction
03:37et que donc vous allez être contrôlé parce qu'on a vu que vous aviez fait une infraction.
03:42Il y a des contrôles préventifs où là, c'est beaucoup plus flou puisque ce qui est dit,
03:47c'est que le contrôle peut être fait si on pense que la personne est susceptible d'avoir commis
03:54ou d'être sur le point de commettre un délit.
03:57Évidemment, là, on est dans quelque chose...
03:59Une interprétation, une projection.
04:00Ou les stéréotypes peuvent...
04:03Oui, une projection extrêmement puissante et qui se traduit par les chiffres que vous rappiez.
04:07Je pense qu'il faut quand même que les gens comprennent.
04:09Quand on dit que des personnes noires, arabes ou maghrébines ont 12 fois plus de chances
04:15d'être contrôlées que le reste de la population,
04:18il faut quand même se rendre compte de ce que cela veut dire.
04:20Et pour un contrôle poussé, comme vous le disiez, avec palpation, fouille, etc.
04:26Il faut quand même se rendre compte qu'il y a une catégorie de citoyens
04:29qui se trouvent dans une situation extrêmement dégradée par rapport aux autres citoyens
04:33dans l'expérience qu'ils vont avoir avec la police
04:36qui est quand même une des figures de la République et de son autorité.
04:41Dominique Sopo, je vous propose d'écouter ce que répond Anne-Lise L'Absolu,
04:46porte-parole du syndicat policier Alliance, au micro de Cindy Hubert.
04:49La police travaille avec un cadre légal,
04:51selon le code de procédure pénale et sous l'autorité du magistrat.
04:54Les contrôles d'identité se font sur des éléments objectifs.
04:57La police nationale, il faut le rappeler, c'est un décor qui compte le plus de diversité.
05:01Nous avons des collègues de toutes confessions, de toutes origines.
05:04Ces propos sont totalement infondés.
05:07Que pensez-vous de ces explications ? C'est un dialogue de sourds ?
05:11Non, ce n'est pas un dialogue de sourds, c'est une négation d'un problème que tout le monde connaît.
05:17D'ailleurs, vous remarquerez que la personne ne dit pas que les Noirs et les Arabes ne sont pas plus contrôlés.
05:23Elle vous explique que c'est sur des éléments objectifs,
05:26c'est-à-dire une position qu'on pourrait qualifier de pas très loin du racisme,
05:32quand même, sans vouloir être désagréable.
05:34Donc, nous avons un phénomène qui est reconnu par tout le monde, par toutes les études.
05:39Et nous avons des représentants de la police, en tout cas de syndicats policiers,
05:45qui ont expliqué que tout ça soit n'existe pas, soit est tout à fait normal.
05:51C'est quelque chose d'assez affligeant, parce que là, on est quand même en train de parler d'un corps qui représente la République,
05:57dans la question de la sécurité publique, de la sérénité publique,
06:02et qui, en fait, va organiser ce déni, et qui va avoir des conséquences très graves,
06:08évidemment pour les personnes qui vont être contrôlées de façon abusive et grossièrement discriminatoire,
06:14et qui va avoir des conséquences beaucoup plus larges,
06:16puisque le rapport du défenseur des droits, comme d'autres rapports,
06:20note que l'expérience que vous avez dans le rapport à une institution,
06:24en l'espèce ici la police, va marquer votre perception, évidemment, de cette institution,
06:30et donc de votre capacité à collaborer avec cette institution.
06:34Or, qu'est-ce que c'est qu'une police efficace en matière de sécurité publique ?
06:37Qu'est-ce que c'est qu'une police qui est capable d'aller chercher des informations
06:40en étant plongée dans la population ?
06:43C'est une police qui a la confiance de la population.
06:45Quand vous érodez le lien de confiance entre la police et la population,
06:50ça a aussi des conséquences en matière d'efficacité du travail policier.
06:55Et là, on voit bien, d'ailleurs, quelque chose de très déconnant, si je puis me permettre,
07:00c'est un syndicat de policiers qui répond, comme d'habitude, d'ailleurs, dans ce genre d'affaires.
07:05Pourquoi ça n'est pas le ministre ?
07:06Est-ce que, lorsqu'on dit qu'il y a un dysfonctionnement en matière d'éducation nationale,
07:11je suis enseignant ? Le ministre ne réagit pas ? Le ministre ne répond pas ?
07:15Le ministre n'est pas interrogé, même par les médias ?
07:18Là, c'est mis en place un système dans lequel le ministère ne répond jamais.
07:23Ce sont les syndicats de policiers qui viennent dire, de toute façon,
07:25si vous dites cela, c'est que vous êtes contre la police, que vous crachez sur la police,
07:29que vous méprisez la police, ce qui n'est absolument pas le cas,
07:33parce que les personnes que vous entendez dans les interviews,
07:36vous voyez bien qu'il n'y a pas d'animosité.
07:38Elles font état d'une expérience discriminatoire, massive, évidente,
07:44sans pour autant expliquer qu'elles sont contre la police.
07:47Merci beaucoup Dominique Sopo, président de SOS Racisme,
07:50d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
07:52Dans un instant, nous allons retrouver Marc-Antoine Lebré pour le Breaking News.

Recommandations