- 24/06/2025
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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie nationale ?
00:20Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Je lui donnais environ 35 ans.
01:04Elle était mince, avait des attaches fines, les cheveux noirs, ne manquait pas entièrement de charme,
01:11mais faisait quand même partie de ces femmes qui sont atteintes d'une timidité maladive.
01:18Devant la porte de l'étroit kajibi que j'appelle mon bureau,
01:23elle a hésité, m'étudiant de ses yeux couleur noisette.
01:29Monsieur Malek ?
01:31Oui, c'est moi.
01:33Je me suis levé et j'ai mis de côté les journaux du soir tout en remarquant qu'elle ne portait pas d'alliance.
01:39Je lui ai montré la chaise destinée à mes clients et je lui ai demandé
01:43« Voulez-vous vous asseoir, Miss... »
01:46« Christy, Alice Christy. »
01:50m'a-t-elle répondu, ce qui me confirmait dans mon opinion qu'elle n'était pas mariée.
01:56Elle s'est assise sur la chaise toute raide, le dos bien droit, les chevilles et les genoux serrés.
02:02Elle portait un petit tailleur bleu marine sans prétention très classique.
02:06Le sac de tissu bleu qu'elle tenait dans ses mains serrées, sur ses genoux, paraissait plutôt fatiguée.
02:14« Que puis-je faire pour vous, Miss Christy ? »
02:17« Voilà, j'ai trouvé votre adresse dans l'annuaire des professions, monsieur Malek. »
02:22M'a dit-elle en me regardant avec timidité.
02:25« Je crois que vous faites des enquêtes sur des gens. »
02:30« Oui, c'est bien ce à quoi me donne droit ma licence. »
02:35« Quels sont vos tarifs, monsieur Malek ? »
02:38« Mon tarif habituel est de 100 dollars par jour plus les frais. »
02:41« Je n'avais aucune raison de faire un rabais. »
02:44« Cependant, j'ai estimé, je ne savais pas trop pourquoi, qu'une somme pareille serait trop élevée pour cette cliente. »
02:52« Il faut dire aussi que Miss Alice Christy avait l'allure d'une petite oie blanche et qu'elle m'intriguait. »
03:01« Bah, mes tarifs, Miss Christy, ça dépend. Quel est votre problème ? »
03:07Elle a cessé de me regarder pour fixer des yeux le coin de mon bureau.
03:12« Je... c'est assez difficile à dire. »
03:16« Ah, c'est toujours difficile à dire, Miss Christy. Vous n'avez qu'à commencer par le commencement. »
03:22« Oui, sans doute. Enfin... »
03:24Tout à coup, elle s'interrompit, fouilla dans son sac et, sans dire un mot,
03:30me tendit une feuille de papier pelure pliée en quatre d'un rouge vif.
03:34En ouvrant cette feuille, je vis qu'il s'agissait d'une sorte de bulletin,
03:39de feuille d'annonce avec des photos d'hommes et de femmes de tous les âges,
03:43avec leurs caractéristiques et les numéros de leur boîte postale.
03:48Le bulletin était intitulé « Le courrier de l'amour. »
03:54« Que pensez-vous de quelqu'un qui ose s'abonner à un bulletin comme celui-ci, M. Malek ? »
04:00« Ce que je pensais des divers clubs de solitaires ? »
04:04« Bah, qu'ils sont hantés par des névrosés, par des amateurs de sensations troubles,
04:10par d'habiles chasseurs d'aventures. »
04:13De quelque manière que je lui réponde, je n'aurais pu que la contrarier.
04:19J'évitais donc de répondre directement.
04:22À vrai dire, je n'ai jamais pensé à ça, Miss Christy.
04:27« Moi, si, » me dit Alice Christy.
04:30« Je sais bien ce que pensent les gens, et ils ont probablement raison.
04:34Seulement, sa voix se brisa, puis elle se reprit comme si elle n'avait plus la moindre hésitation.
04:42Elle regardait maintenant son sac qu'elle avait posé sur ses genoux.
04:46Ses mots sortaient sans peine, sans la moindre trace de passion,
04:50quoique avec un certain désenchantement.
04:53Monsieur Malek, j'ai 34 ans.
04:59Mon père s'est tué dans un accident d'auto l'année où j'ai quitté le collège.
05:03Ma mère est restée infirme et condamnée à vivre dans un fauteuil à roulettes à la suite du même accident.
05:09Depuis ce moment, c'est-à-dire depuis 15 ans, j'ai été toute seule pour m'occuper de ma mère.
05:14Je l'ai soignée sans arrêt.
05:15Je lui ai sacrifié ma vie.
05:18Oh non, remarquez, je ne me plains pas.
05:20Je n'ai fait que mon devoir.
05:22Je n'ai jamais eu aucune vie mondaine.
05:25Je n'avais que très peu d'amis.
05:27Il m'a toujours fallu d'abord penser à ma mère.
05:30Enfin, il y a huit mois, elle s'est éteinte.
05:36J'étais de plus en plus intrigué,
05:38puis je me rendis compte qu'avant de m'engager,
05:42Alice Christie avait décidé que je devais être parfaitement au courant de son état.
05:48Je commençais à avoir une petite idée de ce qu'elle allait me demander.
05:53Et alors, si je comprends bien,
05:55vous avez fait la connaissance de quelqu'un par l'intermédiaire de ce club.
06:01Elle hocha la tête sans essayer de feindre.
06:04« Oui, quelqu'un avait oublié ce bulletin dans un restaurant et je l'ai ramassé.
06:10J'y ai trouvé cette annonce, surtout concernant un monsieur d'âge moyen.
06:15J'ai été intéressé.
06:19Je me suis mis en rapport avec le club et nous avons commencé à nous écrire. »
06:25Elle s'interrompit un instant, puis continua avec simplicité.
06:29« Il s'appelle Homer Ackerman.
06:32Il est veuf et vit dans une ferme dans le Kansas.
06:37Il désire que j'aille le rejoindre pour l'épouser.
06:40Il m'a appelé de là-bas la nuit dernière pour me le demander une nouvelle fois. »
06:45Oui, tout était clair pour moi maintenant.
06:50Alice Christie avait été sevrée de relations masculines.
06:53Elle désirait qu'un homme voit en elle une vraie femme.
06:57Elle voulait désespérément remplir le vide de son existence,
07:01mais elle se rendait compte de sa faiblesse, de son inexpérience.
07:06Elle n'osait pas s'engager.
07:08Et c'était là que commençait mon rôle.
07:13J'ai alors mis les points sur les i.
07:15« Mais vous n'êtes pas sûr de vous, n'est-ce pas ?
07:18Vous aimeriez que j'aille voir ce monsieur Ackerman et que je vous donne mon avis, c'est ça ? »
07:25Elle hésita un peu.
07:27« Oui, je crois que c'est ça, monsieur Malek. »
07:32« Ah, vous croyez seulement, monsieur Christie. »
07:37« Oui, ce que je veux dire, c'est que maintenant que je suis ici... »
07:43Elle s'interrompit, tout intimidée.
07:47« Vous devez penser que je suis un peu folle, monsieur Malek. »
07:51« Non, ça n'était pas du tout ce que je pensais. »
07:54Je lui répondis donc tout simplement « Non, pas du tout, mademoiselle, bien au contraire.
07:58Vous avez parfaitement raison d'engager un détective privé. »
08:03« Bien, maintenant, si vous me donniez d'autres détails. »
08:07Elle prit une profonde inspiration avant de m'indiquer où se trouvait la ferme d'Ackerman,
08:13selon les renseignements que celui-ci avait donnés.
08:16« Quant à votre tarif, monsieur Malek ? »
08:19« Non, non, nous en reparlerons le moment venu, mademoiselle. »
08:23« Nous sommes aujourd'hui mardi. »
08:25« Je vous propose de revenir me voir vendredi après-midi. »
08:29Je lui adressai mon sourire le plus rassurant.
08:32« Du service rapide, telle est ma devise. »
08:36Menton léger ramena un rapide sourire sur ses lèvres.
08:41« Je vous remercie, monsieur Malek. »
08:44Puis elle se leva et partit pour un instant seulement,
08:47car quelques secondes plus tard,
08:49elle s'arrêtait sur le seuil de mon bureau comme la première fois.
08:52« Je... je ne sais toujours pas vraiment ce que j'ai l'intention de faire. »
09:00« Ça, je l'avais compris. »
09:03« Je lui fais un petit geste rassurant. »
09:06« Une chose à la fois, Miss Christie. »
09:09« Vendredi après-midi, ok ? »
09:13« Vous ne vous moquez pas de moi, monsieur Malek ? »
09:16« Non, Miss Christie. »
09:18« Je ne me moque pas de vous. »
09:21« Non, je ne me moquais pas d'elle. »
09:23« Et c'était pourtant la mission la moins banale qui m'ait jamais été confiée. »
09:28« Mais j'allais m'y employer de mon mieux. »
09:31« Comme j'aurais voulu, moi aussi, ne plus être seul. »
09:39« Qui était donc Homer Ackerman ? »
09:42« Pourrais-je rassurer Alice Christie au sujet de son prétendant ? »
09:48« C'est ce que vous saurez dans quelques instants. »
09:58« Alice Christie est venue me demander de faire une enquête au sujet d'un homme
10:03avec qui elle a correspondu par l'intermédiaire d'un club de solitaires
10:07et qui lui a demandé sa main. »
10:12« Alice Christie est une vieille fille plutôt oie blanche
10:14qui hésite à épouser un inconnu,
10:16d'autant plus que celui-ci vit dans une région très éloignée. »
10:22« Je décidai d'aller sur place pour rencontrer Homer Ackerman. »
10:30« La ferme d'Homer Ackerman se trouvait aux confins d'une petite ville
10:33à quelques 60 kilomètres à l'est de Topeka. »
10:38« Avec l'avion à réaction du début de la matinée à destination de la capitale,
10:42puis à l'aide d'une voiture de location,
10:44j'avais pu atteindre le hameau le lendemain vers le milieu de l'après-midi. »
10:50Je n'avais pas imaginé de mener mon enquête par des moyens détournés.
10:54J'avais d'abord l'intention de faire le tour des divers commerçants,
10:59peut-être même d'aller voir le pasteur et les médecins,
11:02pour découvrir un peu au hasard ce que les gens pensaient de cet Ackerman.
11:07Si j'avais besoin d'une couverture,
11:09je me présenterais comme le représentant d'un organisme de crédit
11:12auprès duquel il aurait fait une demande d'ouverture de compte.
11:17Dans la matinée, j'irais voir Ackerman pour faire personnellement sa connaissance.
11:23Pour lui, je jouerais le rôle d'un agent d'un grand combinat national
11:27à la recherche d'une exploitation agricole bien définie.
11:31Certainement, mon enquête ne pourra être que superficielle.
11:34Elle reposerait surtout sur les opinions et les préjugés des personnes que j'allais interroger,
11:39et aussi sur l'opinion que je me ferais moi-même d'après ce que j'aurais appris.
11:44Ensuite, j'apprendrais moi aussi à connaître la véritable nature de Homer Ackerman.
11:52Au fur et à mesure que j'avançais,
11:56je m'aperçus que mes interlocuteurs n'avaient que du bien à me dire d'Ackerman.
12:00C'était vraiment un citoyen unanimement respecté, honnête, travailleur.
12:09Il était vrai cependant qu'un an plus tôt, à la mort de sa femme,
12:12il avait été fort déprimé qu'il s'était, pendant un certain temps, adonné à la boisson.
12:19Depuis quelque temps, cependant, il était redevenu sobre comme avant,
12:22et cela m'impressionnait d'autant plus que j'en connaissais la cause.
12:28Parmi les gens que j'avais interrogés se trouvait l'hôtelier du coin,
12:31et le lendemain, j'allais le revoir pour lui demander comment me rendre à la ferme d'Ackerman.
12:36« On aurait juré qu'il m'attendait. »
12:41Il me regarda avec une certaine solennité,
12:44mêlé de curiosité, comme s'il allait me faire part d'une importante nouvelle.
12:48« Je suis désolé, monsieur. »
12:53« Ah oui ? Pourquoi ? »
12:55« Monsieur Ackerman s'est tué la nuit dernière,
12:57et il a quitté la route avec sa voiture, et il a percuté un arbre.
13:01Il a eu la cage d'or, ainsi que défoncé par le volant. »
13:06Je restais pétrifié.
13:10Pendant un instant, je ne pus penser à rien d'autre
13:13qu'à l'inévitable déception que ressentirait Alice Christie.
13:19L'hôtelier avait cependant d'autres renseignements.
13:22Ackerman était arrivé en ville vers le milieu de l'après-midi
13:24et s'était rendu dans une taverne fort populaire
13:27où il s'était mis à boire plus que de raison.
13:31Personne n'avait pu l'empêcher de boire.
13:36Il était en fort mauvais état quand il avait quitté la taverne
13:39au volant de sa voiture.
13:43J'étais encore tout secoué.
13:45« Mais je croyais qu'il s'était arrêté de boire, »
13:48dis-je assez maladroitement.
13:50« Mais je croyais que ce n'était pas un véritable ivrogne. »
13:54« Ah non, ce n'était pas un alcoolique, non.
13:57Hier soir, c'était l'anniversaire de la mort de sa femme.
14:01Ackerman l'avait beaucoup aimé, vous savez.
14:03Je pense qu'il a eu un coup de cafard
14:06et qu'il a voulu oublier, quoi. »
14:10« Oui, il devait avoir raison. »
14:14Vraisemblablement, en plus de ses souvenirs,
14:18Ackerman avait dû voir en Alice Christie
14:20une trahison à l'égard de sa défunte femme,
14:24un outrage à sa mémoire.
14:27C'était probablement cela.
14:30« Cependant... »
14:31« Oui. »
14:32Je suis tout à coup frappé par une idée
14:34qui me trottait dans la tête.
14:36Oh, un soupçon seulement,
14:37mais tout à fait plausible.
14:39Oui, il y avait une autre possibilité.
14:44Je ne savais vraiment pas
14:45comment je pourrais en toucher un mot à Alice Christie.
14:49Le choc risquait de la briser.
14:52Avant de quitter la ville,
14:53j'allais voir le shérif
14:55pour vérifier le renseignement
14:56dont l'hôtelier m'avait garanti l'exactitude.
15:00Le shérif était lui aussi
15:01l'un de ceux que j'avais interrogé auparavant.
15:04« Quelle honte ! » me dit-il.
15:07« Mais t'es vraiment quelqu'un de très bien ! »
15:10« Ben oui, il m'a en effet paru parfait, shérif, »
15:13répondis-je.
15:15Après cela, j'avoue que je n'avais plus grand-chose à dire.
15:18Je rentrais donc à New York,
15:20regagnais mon bureau
15:21et pensais à ce que j'allais dire à Alice Christie.
15:27Elle vint comme prévu le vendredi après-midi.
15:29Elle portait un autre tailleur marron foncé,
15:33mais tout aussi classique que le premier.
15:36Elle paraissait être moins hésitante,
15:38comme si elle avait répété son rôle.
15:42Quant à moi,
15:44je n'avais pas encore décidé de ce que je lui dirais.
15:46« Avant que vous ne me disiez quoi que ce soit,
15:50M. Malek, » me dit Alice Christie,
15:52avec un petit sourire coincé,
15:54« J'aimerais, moi, vous parler.
15:57Je crois qu'il y a une chose qu'il faut que vous sachiez. »
16:01« Ah oui, vraiment ? »
16:02« Oui, j'ai décidé de ne pas poursuivre cette aventure.
16:08Quoi que vous ayez appris,
16:10je ne veux pas épouser M. Ackerman. »
16:14Mes cheveux se dressèrent sur ma tête.
16:17Je me rappelais alors les mots hésitants d'Alice Christie
16:20quand elle était venue dans mon bureau lors du premier après-midi.
16:24« Je ne sais toujours pas vraiment ce que j'ai l'intention de faire. »
16:31m'avait-elle dit.
16:33« Mais, Miss Christie, je croyais. »
16:36« Je sais, je sais, » dit-elle.
16:39« Je sais fort bien ce que j'ai dit,
16:42mais voyez-vous, le jour même, enfin, un peu plus tard,
16:47j'ai retrouvé mes esprits.
16:48J'ai compris que je me conduisais comme une folle,
16:51que je n'avais pas du tout le sens des réalités. »
16:55Trente-quatre ans.
16:57Trente-quatre ans de solitude et de désirs inassouvis,
17:02et Alice Christie, après cette longue attente,
17:05après cette attente désespérée,
17:08ne pouvait pas se décider,
17:11même si mon rapport était bon.
17:13J'avais le cœur serré en lui posant ma prochaine question.
17:19Ainsi, vous avez téléphoné à Homer Ackerman pour le lui dire.
17:26Elle écarquilla ses yeux noisettes.
17:30« Comment le savez-vous, M. Malek ? »
17:33« Après ce que vous venez de dire,
17:35j'ai compris que vous lui aviez téléphoné. »
17:39« Oui, c'est vrai.
17:41Je l'ai appelé mercredi soir.
17:43Je lui ai dit que je m'étais conduite comme une écolière,
17:46que j'étais vraiment désolé,
17:47mais que pour commencer,
17:49je n'aurais jamais dû lui écrire.
17:51J'espérais qu'il me comprendrait.
17:53Je lui ai dit que plus jamais je ne lui écrirai,
17:56ni ne lui téléphonerai. »
18:00Est-ce qu'il vous a comprise ?
18:02« Non.
18:04Enfin, pas tout de suite.
18:07Il a d'abord cru que je le taquinais,
18:09et puis il a essayé de me convaincre.
18:11Quand il a enfin compris que je parlais sérieusement
18:14et que je ne changerais pas d'avis,
18:16il...
18:17Enfin,
18:18il a raccroché. »
18:22Oui.
18:23Je voyais le tableau.
18:26Ackerman avait raccroché plein de tristesse et de désillusions,
18:30et c'est après ça qu'il avait pris sa voiture pour aller en ville,
18:34pour noyer son chagrin à la taverne.
18:36Alice Christie me regardait.
18:41« À propos de vos honoraires, M. Malek,
18:44je comprends bien.
18:46Vous êtes allé là-bas et... »
18:47Je respirais profondément.
18:50Il fallait que j'indique un chiffre.
18:52Un peu au hasard, je répondis
18:54« Cinquante dollars suffiront pour tout couvrir,
18:57Miss Christie. »
19:00« En êtes-vous certain, M. Malek ? »
19:03« Tout à fait certain, Miss Christie. »
19:06« C'est parfait.
19:08Je vous remercie. »
19:10Elle prit les billets dans son sac,
19:12puis, tout en se préparant à me quitter,
19:15elle sembla m'interroger du regard.
19:17« Vous savez, M. Malek,
19:22cela n'a pas vraiment d'importance,
19:24mais je suis quand même un peu curieuse.
19:26Comment avez-vous trouvé M. Ackerman ? »
19:30J'avais prévu sa question.
19:33Jusqu'à ce moment,
19:34je ne savais pas vraiment ce que je lui répondrais,
19:37et je m'entendis lui dire presque machinalement
19:39« Miss Christie,
19:42vous avez sans doute agi d'une manière intuitive,
19:45involontaire,
19:46mais je crois que vous avez pris la bonne décision. »
19:50D'après les renseignements que j'ai pu glaner,
19:52M. Ackerman n'aurait pas été un mari très souhaitable.
19:57C'est un joueur invétéré
19:58qui ne s'occupe que de sa ferme,
20:00que lorsqu'il y est obligé,
20:02il a la réputation de courir les jupons,
20:04et en plus,
20:06il boit.
20:09Elle parut respirer plus facilement,
20:11comme si mon rapport la justifiait après coup
20:14d'avoir eu le courage de rompre.
20:17« Il me semble alors
20:18que tout soit pour le mieux.
20:21Ne trouvez-vous pas M. Malek ? »
20:24me dit-elle avec un pauvre sourire un peu contraint.
20:29« Oui,
20:30comme vous le dites,
20:32Miss Christie,
20:33tout est pour le mieux. »
20:36Vous venez d'écouter
20:43Au cœur du crime,
20:44un podcast issu des archives d'Europe 1.
20:47Réalisation,
20:48Julien Taro.
20:49Production,
20:50Romy Azoulay.
20:51Patrimoine sonore,
20:53Sylvaine Denis,
20:54Laetitia Casanova,
20:55et Antoine Reclus.
20:56Promotion,
20:57Marie Corpé.
20:59Au cœur du crime,
21:00est disponible sur le site
21:01et l'appli Europe 1.
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21:07Sous-titrage Société Radio-Canada
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