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  • 22/06/2025
Bernard Guetta, député européen du Groupe Renew et membre de la commission des Affaires étrangères, était l'invité de 8h20 ce vendredi sur France Inter.

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Transcription
00:00Et un grand entretien ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons un député européen,
00:04Renew, membre de la commission des affaires étrangères au Parlement européen,
00:11fin connaisseur des relations internationales en ce huitième jour de guerre entre Israël et l'Iran.
00:17Vos questions, vos réactions, vos inquiétudes, chers auditeurs, au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France.
00:25Bonjour Bernard Guetta.
00:26Bonjour.
00:27Bonjour.
00:27Et bienvenue. Si vous deviez prendre un peu de recul, même si l'on est encore à chaud dans une guerre
00:34qui semble ne pas vouloir se terminer, comment vous qualifieriez la situation dans laquelle nous sommes
00:40entre Israël et l'Iran et à quel point est-ce une menace existentielle comme on l'a entendu et comme on va y revenir ?
00:49Écoutez, je vais vous surprendre, mais il y a ce matin peut-être une chance que la raison l'emporte.
00:56Une toute petite chance, vraiment très très fragile.
00:59Mais il faut la mentionner.
01:01Cette chance, c'est que les Iraniens, je veux dire le régime iranien, comprennent enfin qu'il doit faire de vraies concessions,
01:09de vrais gestes sur son programme nucléaire et qu'à ce prix-là, il pourrait faire cesser le conflit,
01:18faire cesser les bombardements et l'intervention israélienne.
01:22Pourquoi ? Parce que Trump, qu'il n'a pas envie d'entrer en guerre, parce que cela contredirait ses promesses électorales
01:31et l'image qu'il a voulu se construire.
01:34Les Européens qui sont extraordinairement actifs en ce moment, la rencontre de Genève,
01:40On va en parler.
01:41On va en parler, mais j'en parle. La rencontre de Genève, c'est eux qui l'organisent.
01:45Il y a donc, en ce moment, aussi bien à Washington qu'en Europe, une volonté d'essayer de faire triompher la voie diplomatique.
01:56Et peut-être. C'est très fragile, mais peut-être.
01:59Alors, prenons les choses dans l'ordre. Vous l'entendiez dans la chronique de Pierre Haski.
02:03Il y a le nouveau chancelier allemand, Frédéric Merch, qui parle lors du G7 au Canada d'une position où Israël faisait,
02:13je le cite, le sale boulot pour nous tous.
02:15Qu'est-ce que vous avez ressenti en entendant ces mots-là ?
02:20J'ai ressenti qu'il était extraordinairement maladroit parce qu'un chancelier allemand, chef d'État,
02:30ne doit pas dire à haute voix ce que tout le monde pense à voix basse.
02:34Mais effectivement, c'était...
02:36Vous, vous le pensez à voix basse ?
02:38Je n'ai pas dit moi, j'ai dit tout le monde.
02:40Tout le monde, ça vous inclut ?
02:41Non, tout le monde, je veux dire par là, toutes les capitales.
02:45Toutes les capitales savaient, occidentales en tout cas, mais aussi arabes, mais aussi, mais aussi,
02:50beaucoup, beaucoup de gens à travers le monde et certainement pas les seuls Israéliens bien loin de là,
02:55pensaient qu'il fallait donner un coup d'arrêt au programme nucléaire iranien et que ça devenait une urgence.
03:01Bon, Merch le dit avec des mots extraordinairement maladroits et plutôt vulgaires, en effet plutôt vulgaires.
03:10Mais sur le fond, ils disent ce que pensaient beaucoup de capitales.
03:15Alors, Bernard Guetta, si par exemple on entend les propos d'Emmanuel Macron,
03:19quand est-ce qu'il a raison ?
03:20Quand il dit qu'Israël a le droit de se défendre, c'est ce que dit aussi la présidente de la Commission européenne,
03:24ou quand il dit qu'il ne faut pas faire tomber ce régime des mots-là par les armes parce qu'on risquerait le chaos ?
03:30Mais en quoi est-ce qu'il y aurait une contradiction dans ces deux affirmations ?
03:34Je ne comprends pas.
03:35Israël a le droit de se défendre, bon, ça c'est très discutable.
03:38Mais enfin, en tout cas, le président...
03:39C'est lui qui a attaqué.
03:40C'est lui qui a attaqué cette guerre entre l'Iran et Israël, enfin pardonnez-moi, entre le régime iranien et Israël,
03:49dure depuis 46 ans.
03:51Depuis 1979, la création sur les cendres du régime impérial du Shah de la République islamique.
03:58Il déclare la guerre immédiatement.
04:01Pas formellement parlant, il n'y a pas une lettre envoyée avec « on vous déclare la guerre ».
04:05Mais il déclare la guerre à Israël en disant que cet État, l'antité sioniste, doit être anéanti, doit être détruit.
04:13Il n'y avait pas d'échange de tir ?
04:15Attendez, il n'y avait pas d'échange de tir.
04:17Mais le nouveau régime iranien de l'époque, en 1979, commence à mettre en place dans toute la région ces fameux relais de pouvoir,
04:28projection de la puissance iranienne, avec un but qui est effectivement l'agression contre Israël, bien entendu.
04:36Et dès 1979 se déclare un vrai conflit.
04:40Il y a le conflit israélo-palestinien, mais il y a le conflit irano-israélien en parallèle.
04:46Parfois, ça ne se superpose parfois pas.
04:49Il y a eu déjà plusieurs offensives israéliennes par le passé contre le territoire iranien,
04:53et notamment contre des centrales nucléaires ou des centres d'enrichissement d'uranium.
04:58Qu'est-ce qui change aujourd'hui, puisque l'on frappe la capitale, puisqu'il y a des civils qui sont touchés,
05:03et qu'il est question, alors comme le pensaient ou le voulaient les néo-conservateurs,
05:07de faire tomber le régime ? Lorsque vous entendez le ministre israélien des Affaires étrangères,
05:15le ministre de la Défense iranien, appeler à l'élimination de l'Ayatollah Khamenei,
05:23est-ce que c'est ça le but de guerre israélien ? Et qu'est-ce que vous en pensez ?
05:27Écoutez, d'abord, éliminer le guide suprême, je pense que ce serait,
05:33ou que ce serait un assassinat, donc un crime,
05:35ce serait une erreur politique majeure. Si vous voulez bien, on y revient après.
05:39Mais vraiment, une erreur politique majeure aujourd'hui que de faire cela.
05:43Mais à part cela, la situation est complètement différente des précédentes frappes
05:49ou assassinats ciblés israéliens, qui ont été très nombreux,
05:53notamment contre les scientifiques du nucléaire.
05:55La situation est complètement différente. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui,
06:00les Israéliens ont saisi une fenêtre d'opportunité parce que le régime iranien
06:05était considérablement affaibli par trois choses.
06:09L'augmentation considérable de son impopularité depuis trois ans,
06:13à cause de l'assassinat de cette jeune femme qui avait mal mis son voile.
06:17Vous vous souvenez de toutes les manifestations qui avaient suivi,
06:20la violence de la répression, véritablement l'apogée,
06:24l'apogée de l'impopularité de ce régime, c'est maintenant.
06:27Deuxièmement, la situation économique est absolument catastrophique.
06:31L'inflation est gravissime, les gens n'en peuvent plus économiquement
06:34et socialement, ils n'en peuvent plus politiquement,
06:36ni économiquement, ni socialement.
06:38Et troisièmement, l'Iran a perdu depuis 20 mois
06:42tous ses relais régionaux.
06:43Il n'y a plus le Hamas comme force militaire,
06:46il n'y a plus le Hezbollah au sud-Liban comme force militaire,
06:49les Houthis au Yémen sont considérablement affaiblis,
06:52le régime de Bachar el-Assad s'est écroulé.
06:54Mais ce n'est pas au nom de la mort de Masha Amini
06:56que les Israéliens ont attaqué l'Iran ?
06:59Certainement pas, je ne vous ai certainement pas dit ça.
07:02Le régime doit changer, mais comment ?
07:03Non, non, non, je vous dis que les Israéliens ont attaqué,
07:08je répondais là à votre question,
07:09mais ils ont attaqué parce qu'il y avait une fenêtre d'opportunité,
07:14l'impopularité, l'économie, etc.
07:17Mais vous aviez une autre question peut-être, je ne sais pas.
07:19Non, mais du coup, pourquoi dites-vous que ce n'est pas le moment
07:22de faire tomber ce régime ?
07:25Expliquez-nous pourquoi ça serait une erreur.
07:26Alors, voilà, je...
07:27Il n'est pas défendable.
07:29Non, certainement pas.
07:30Non, mais ce n'est pas ça.
07:31Ce n'est pas ça.
07:31Mais simplement, si on crée une situation
07:35dans laquelle le régime pourrait s'écrouler brutalement
07:39du jour au lendemain,
07:41à ce moment-là, on crée un danger d'anarchie durable
07:45dans ce pays qui n'est certainement pas souhaitable,
07:48ni pour les Iraniens,
07:49ça va à soi parce que c'est une guerre civile,
07:52ni pour la région, ni pour la stabilité du monde.
07:55Ce qui serait souhaitable, à mes yeux, en tout cas,
07:58c'est qu'émergent du sein de ce régime
08:01des réformateurs...
08:03Ils existent ?
08:03Ah ben bien sûr que oui.
08:04Il y en a énormément qui ont été mis dans l'ombre...
08:07Dans le régime des Mola, il y a des réformateurs.
08:09Mais comment ?
08:10À chaque élection présidentielle,
08:12il y a une bataille entre le camp réformateur
08:14et le camp conservateur.
08:16C'est toujours, ou presque toujours, hélas,
08:18le camp des conservateurs mené par le guide suprême...
08:22Ça reste une théocratie ?
08:24Attendez, attendez.
08:25C'est presque toujours le camp des conservateurs
08:27qui l'emportent.
08:28Mais les réformateurs, non.
08:31Beaucoup, beaucoup souhaiteraient faire évoluer les choses.
08:35Alors, ils ne peuvent pas le dire ouvertement.
08:37Vous savez, je peux vous donner un exemple historique.
08:39Oui.
08:40Khrouchov.
08:41Vous vous souvenez de Khrouchov ?
08:42Qui met un terme au stalinisme.
08:45Le XXe Congrès, le rapport Khrouchov, etc.
08:48C'était vraiment l'un des principaux organisateurs,
08:53juste avant la Deuxième Guerre mondiale,
08:54de la famine organisée en deux crènes.
08:57Ça avait été véritablement un monstre.
09:00Véritablement un monstre.
09:01C'est cet homme-là qui a permis à l'URSS de sortir,
09:04non pas du communisme, mais de sortir du stalinisme.
09:07C'était en 1956, Bernard Guetta.
09:09On va revenir à l'actualité.
09:10C'est pour ça que je vous disais un exemple historique.
09:12Oui, mais justement, est-ce que Donald Trump a, lui aussi,
09:15l'intention de faire tomber le régime,
09:17ou est-ce qu'il ne s'agit que d'arrêter un programme nucléaire en cours ?
09:20Ça change la donne avant de filer au Standard d'Inter ?
09:24Si vous arrêtez, que ce soit les Américains et les Israéliens,
09:29ou les Américains et les Israéliens,
09:30bref, si un coup d'arrêt est donné à ce programme nucléaire iranien,
09:34évidemment que le régime tombe.
09:36Pourquoi ? Parce que ce programme nucléaire doté, l'Iran,
09:41de l'arme nucléaire, c'est le grand oeuvre de ce régime.
09:44Donc s'il n'y a plus le grand oeuvre,
09:46ce régime a failli et ce régime tombe.
09:48Qui n'a pas abouti, puisque s'il y avait bombes nucléaires chez les Iraniens,
09:52il n'y aurait pas guerre et agression d'Israël contre l'Iran.
09:56Qui n'a pas abouti, mais qui était véritablement en train de progresser à vitesse grand V.
10:01Mais on le dit depuis 2012 au moins.
10:02Mais on le dit depuis 2012, parce que depuis 2012,
10:05il progresse à vitesse grand V.
10:07Et aujourd'hui, on est arrivé à un point inquiétant.
10:12Bonjour Alain, et bienvenue dans le grand entretien d'Inter avec Bernard Guetta.
10:15Bonjour à l'équipe de France Inter, bonjour à M. Guetta.
10:19Bonjour monsieur.
10:20Ma question est la suivante.
10:22Le président Trump s'octroie donc une quinzaine de jours, grosso modo,
10:26avant de décider de faire rentrer les États-Unis dans le conflit directement avec l'Iran.
10:32Ce laps de temps ne constitue-t-il pas une possibilité très nette pour Israël
10:39de parachever son offensive donc auprès, au détriment effectivement de l'Iran ?
10:46Voilà, c'est ma question.
10:47Écoutez, je crois que ce qui irait définitivement, et ce que souhaite M. Netanyahou,
10:52mais ce qui irait définitivement complètement les Israéliens,
10:55ce serait que les Américains entrent en scène maintenant.
10:58Non, si Trump, on en parlait à l'instant, si Trump se donne officiellement parlant,
11:04parce qu'on verra ce qu'il fera, mais si Trump dit se donner quinze jours,
11:09c'est, je crois, pour laisser une place à une solution diplomatique
11:14à laquelle œuvrent qui ? Les Européens.
11:17Alors justement, sur la solution diplomatique à laquelle vous semblez croire concernant les Européens...
11:21Je crois très très timidement, je vous l'ai bien dit.
11:24Il n'y a pas de ligne commune à ce stade, parce que mardi dernier, il y a eu une réunion
11:27qui était organisée par Kayakalas, par la chef de la diplomatie européenne,
11:32à peu près la moitié ont soutenu Israël, et il y en a eu autant qui ont critiqué
11:37la position de la présidente de la commission qui parlait de droit à Israël à se défendre.
11:41Donc clairement, l'Europe est coupée en deux là-dessus.
11:43Non. Vous savez, le pays qui est coupé en deux aujourd'hui, c'est les Etats-Unis.
11:48Les Etats-Unis sont véritablement coupés en deux, je veux dire l'équipe de Trump.
11:52Là, véritablement, il y a le combat.
11:54Sur les Européens, il y a évidemment des différences très importantes
11:58de jugement, d'appréciation politique, etc.
12:02Mais sur les conséquences à en tirer, il n'y a pas de divergence.
12:07Regardez qu'à Genève, aujourd'hui, il y aura les ministres français et allemands et britanniques.
12:13Et britanniques.
12:14Et britanniques, absolument.
12:15Des affaires étrangères.
12:17Ça veut dire que l'Allemagne et la France au sein de l'Union Européenne,
12:20plus la Grande-Bretagne à l'extérieur, sont d'accord, totalement d'accord, sur le fait...
12:26De se voir ?
12:27Mais pas du tout.
12:28Sur le fait qu'il faut favoriser à tout prix la possibilité d'une solution diplomatique.
12:35Et donc, mais oui, mais écoutez...
12:36Mais laquelle ?
12:37Mais comment laquelle ? C'est très simple, c'est évident.
12:40C'est un accord sur le nucléaire qui serait acceptable par l'ensemble des Européens,
12:48des Américains, des pays arabes, et pas seulement du Golfe, des pays arabes et Israël.
12:53Mais qui a quitté les accords et les négociations sur le nucléaire ?
12:56Donald Trump.
12:56Donald Trump lui-même en 2018, et c'est une question qui est posée aujourd'hui.
13:00Pourquoi demander aux Iraniens de négocier là où on a rompu les négociations avec lui il y a maintenant quelques années ?
13:06Non, pas où on a rompu, où Trump a rompu contre l'avis des Européens.
13:11Mais vous avez entendu Pierre Haski, il y a trois parties, il y a les Etats-Unis, l'Iran et Israël.
13:16Mais nous n'avons pas de désaccord sur la vision des choses.
13:23Trump a commis pire qu'une erreur quand il a rompu cet accord.
13:30Évidemment qu'il est l'un des grands responsables de cette guerre aujourd'hui, bien entendu.
13:36Mais la solution, c'est la négociation de Genève,
13:38ou est-ce que c'est la super bombe américaine qui permettrait d'aller frapper l'un des centres nucléaires ?
13:44Mais enfin, qu'est-ce que je vous dis depuis un quart d'heure ?
13:46Je vous dis depuis un quart d'heure que la solution c'est la diplomatie.
13:49Oui.
13:49Bien sûr que oui.
13:50Mais quand on voit que, effectivement, vous le disiez tout à l'heure,
13:53le président des Etats-Unis fait face à deux camps, en fait.
13:56Les faucons interventionnistes d'un côté, les partisans de l'isolationnisme de l'autre côté.
14:00Vous qui connaissez bien, Bernard Guetta, les relations internationales.
14:03Quelle ligne, d'après vous, a le plus de chances de l'emporter aujourd'hui ?
14:06Ça, je ne sais pas.
14:07Le risque ?
14:07Je ne sais pas et je pense que personne ne le sait, pas même Trump.
14:11Pas même Trump, très évidemment.
14:13Ça va dépendre de l'évolution, fondamentalement de l'évolution à Téhéran.
14:18C'est-à-dire qu'est-ce qu'il y aura un camp assez fort au sein du régime iranien
14:26pour imposer aux vieilles, aux vieux guides suprêmes,
14:30qui est un peu sénile par parenthèse et très très malade, de surcroît,
14:33pour lui imposer les concessions politiques et diplomatiques nécessaires pour éviter une guerre.
14:39Alors de nombreuses questions...
14:40Enfin, pour éviter, excusez-moi, la démultiplication de la guerre.
14:43Bien sûr, puisqu'il y a Marc qui vous demande sur l'appli d'Inter pourquoi tous les commentateurs,
14:49alors on va dire de nombreux commentateurs, pensent qu'un Iran nucléaire serait plus dangereux qu'un Israël nucléaire.
14:55La question revient régulièrement.
14:56Pour une raison très très simple.
14:58Israël est nucléaire grâce à la France, par parenthèse, depuis les années 50.
15:02Depuis les années 50.
15:04Bon, ça ne se dit pas.
15:07Israël ne le reconnaît pas.
15:09Mais c'est un fait.
15:09Bon, ça n'a jamais, comment dire, ça n'a jamais fait craindre que d'autres pays de la région se dotent de l'arme nucléaire.
15:23Si demain, l'Iran est nucléaire, dans les deux ans qui viennent, peut-être, qui suivent, peut-être même dans l'année qui suit,
15:31l'Arabie Saoudite, la Turquie, peut-être même l'Égypte se dotent de la bombe nucléaire parce qu'ils auront peur, eux,
15:39beaucoup plus que les Israéliens d'un Iran nucléaire.
15:43À ce moment-là, vous avez le Proche-Orient presque totalement nucléarisé.
15:49L'homme d'État qui permettrait cela serait un fou.
15:53Quid du rôle de la Chine vis-à-vis de l'Iran, est-ce qu'elle pourrait intervenir l'Iran qui est une source d'approvisionnement majeure en hydrocarbures pour la Chine ?
16:04Question que pose Bastien.
16:06Écoutez, je peux me tromper, évidemment, tout le monde peut se tromper, mais non, je ne crois pas que la Chine soit au bord d'intervenir militairement.
16:12Est-ce que le droit international existe encore, Bernard Guetta ?
16:14De moins en moins. Nous sommes, hélas, sortis d'une période dorée, celle de l'après-guerre, des sept ou huit décennies de l'après-guerre, et nous revenons...
16:32Une période dorée ?
16:33Ben oui.
16:34Si vous songez à la guerre de Corée, à la guerre du Vietnam, je ne vais pas faire la liste jusqu'à celle d'Irak.
16:40Mais j'y songe.
16:40Quelle période dorée ?
16:42J'y songe, mais si vous faites la comparaison avec ce que peut devenir un retour au XIXe siècle et au siècle précédent, c'est-à-dire l'affrontement permanent des puissances, je répète, des décennies dorées.
16:57On a besoin de comprendre également, guerre préventive, est-ce que cette expression a un sens pour vous ?
17:06Écoutez, en l'occurrence, non.
17:08Elle la remonte à 2003, mais en l'occurrence, est-ce qu'elle s'applique aujourd'hui ?
17:12En l'occurrence, dans l'affrontement israélien ou iranien d'aujourd'hui, je ne le crois pas, parce qu'encore une fois, cette guerre a été ouverte par le régime iranien en 79, et elle n'a jamais cessé.
17:26Elle n'a jamais cessé.
17:27Donc il n'y a pas d'atteinte aux droits internationaux quand Israël mène les attaques qu'elle a menées il y a huit jours ?
17:32Il y a une atteinte, pour être parfaitement claire, quotidienne et même multi-quotidienne, hélas, aux droits internationaux et à la décence, simplement, humaine, à Gaza, matin, midi et soir.
17:45En revanche, la bataille irano-israélo-iranienne d'aujourd'hui, je crois que c'est véritablement une autre chose.
17:57Je vous le disais tout à l'heure, depuis 79, il y a en parallèle un affrontement à rebond israélo-palestinien et une guerre permanente entre Israël et l'Iran.
18:08Puisque vous parlez de Gaza, la France espérait, vous le savez, ouvrir la voie à la reconnaissance d'un État palestinien cette semaine aux Nations Unies, vous l'espériez aussi.
18:18Et en fait, ça a été reporté, s'inédié, pour des raisons logistiques et sécuritaires d'après l'Elysée, mais on voit bien le rapport que ça peut avoir avec cette guerre ouverte entre Israël et l'Iran.
18:28Est-ce que cette guerre, elle signe la fin de cette initiative portée par la France et l'Arabie Saoudite ?
18:33Je ne crois pas, mais ça la compromet, ça la retarde au minimum, oui, bien sûr.
18:38Ça affaiblit, évidemment, le président de la République française dans sa volonté de reconnaître l'État palestinien et de créer une situation nouvelle.
18:49Mais je pense, enfin moi, je défends depuis 25 ans la reconnaissance de l'État palestinien.
18:55Et pendant la campagne européenne, il y a exactement un an, je ne sais pas si vous vous en souvenez, j'étais deuxième sur la liste et j'ai défendu à l'époque la création d'un État palestinien.
19:05Il y a un an, exactement.
19:07Bon, mais...
19:09Pourquoi repousser cette reconnaissance alors que c'est un geste qui pourrait être fait par la France comme d'autres pays européens l'ont fait, de manière individuelle ?
19:17Écoutez, je regrette que ce soit repoussé. Il y a une raison...
19:21Qu'est-ce qui empêche Emmanuel Macron de faire...
19:22Il y a une raison, il y a une raison objective, réelle. C'est vrai qu'ils ne pouvaient pas, les uns et les autres, les Saoudiens, etc., arriver à Genève avec les tirs, etc.
19:32L'espace aérien est plus ou moins fermé dans toute la région. Mais en tout cas dangereux, en tout cas très dangereux.
19:38Mais soyons honnêtes, soyons lucides, il n'y a pas que le problème du transport aérien.
19:44Il y a le fait que la situation est devenue tellement mouvante que prendre l'initiative de la reconnaissance de la Palestine est devenue plus difficile pour le chef de l'État français.
19:57Mais je le regrette profondément, profondément.
20:00Quittons le Proche-Orient pour cet article du Monde magazine ce vendredi qui raconte le plan de conquête de l'Europe par le laboratoire d'idée Trumpiste, The Heritage Foundation.
20:08Alors il raconte comment Kevin Roberts essaye d'infuser un peu partout, comment ils ont présenté notamment un rapport pour démanteler l'Union européenne de l'intérieur en suivant les priorités de Trump.
20:18Est-ce que vous qui êtes eurodéputé, vous la sentez ? Est-ce qu'elle est palpable, cette offensive de la droite radicale américaine dans l'Union ?
20:24Écoutez, oui, bien entendu. La droite américaine soutient tout à fait ouvertement.
20:29D'ailleurs, ils ont donné cette interview au Monde. Ils ne craignent pas de dire ce qu'ils veulent faire.
20:34Mais on le voit dans toutes les capitales européennes. Ils soutenaient l'extrême droite pro-russe en Roumanie.
20:41Ils ont soutenu l'extrême droite en Pologne, etc. Bien sûr que oui. Ils font tout ce qu'ils peuvent...
20:48En Allemagne ?
20:48En Allemagne, évidemment, la FD. Ils font tout ce qu'ils peuvent faire pour affaiblir les Européens et casser, briser l'Union européenne.
21:01Pour l'instant, ils n'y parviennent pas, mais Dieu sait qu'ils s'y mettent.
21:06Un mot quand même de politique française. Quel regard portez-vous sur l'état de la démocratie française ?
21:11L'absence de majorité au gouvernement fait que le pays est ingouvernable et que le président est empêché ?
21:18On pourrait dire les choses comme ça ?
21:21Si vous les dites comme ça, je ne vais pas vous contredire.
21:24J'ai mis un point d'interrogation.
21:25C'est pour ça que je vous dis, si vous les dites comme ça, je ne vais pas vous contredire.
21:28Et comment se sortir de l'impasse ?
21:31Je ne sais pas.
21:31Dissoudre ?
21:32Non, je ne crois pas que ce serait la meilleure des solutions, mais je ne vois pas que quiconque voit la solution.
21:41Merci. En tout cas, c'est sur ce constat qu'on en restera pour ce grand entretien.
21:46Merci Bernard Guetta d'avoir été l'invité de France Inter ce matin à suivre la revue de presse.
21:50Merci.
21:51Merci.
21:52Merci.
21:53Merci.

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