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  • 06/06/2025
Aujourd'hui à 8h20, notre invité est Jean-Yves Le Drian, représentant personnel du président de la République pour le Liban, et ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00France Inter, Alibadou, Marion Lourdes, le 6-9.
00:07Le grand entretien de France Inter avec Marion Lourdes.
00:10Nous recevons ce matin un ancien ministre de la Défense,
00:13ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
00:16et représentant personnel du président de la République, Emmanuel Macron, pour le Liban.
00:22Vos questions, réactions, chers auditeurs, au 01 45 24 7000
00:26ou sur l'application Radio France.
00:29Jean-Yves Le Drian, bonjour et bienvenue.
00:31De très nombreux dossiers internationaux à aborder avec vous
00:35avant de partir pour le Proche-Orient.
00:37Regardez ce qui se passe en ce moment à Gaza et en Israël.
00:41Vous serez vous-même au Liban dès lundi.
00:44Regardons aux Etats-Unis Trump et Musk qui se déchirent en public.
00:48Leur alliance était spectaculaire et intense.
00:51Vous connaissez parfaitement les rouages de la politique et la question diplomatique.
00:57Mais la rupture entre Trump et Musk est sidérante et spectaculaire.
01:02Donald Trump s'est déchiré publiquement jeudi avec son ancien allié l'accusant d'ingratitude.
01:10Elon Musk, lui, l'accuse de folie.
01:13Qu'est-ce que ça vous inspire, Jean-Yves Le Drian ?
01:14C'est la rupture entre deux éléments d'une alliance.
01:18Elle était prévisible.
01:20C'est la rupture entre le populisme de Trump, que l'on avait déjà constaté lors du premier mandat
01:26et qui s'est manifesté dans les urnes,
01:28et l'alliance entre ce populisme-là et l'ensemble des acteurs de la haute technologie américaine
01:35qui pensaient y voir leurs propres intérêts.
01:39Mais leurs intérêts sont divergents.
01:41D'autant plus que la high-tech américaine vit de l'interdépendance économique mondiale,
01:47tandis que la politique de Trump, c'est le repli.
01:49Et donc à un moment donné, ça casse.
01:50Ça casse plus vite que prévu, mais les conséquences seront sans doute très importantes.
01:53Voilà Jean-Yves Le Drian, justement.
01:54En fait, est-ce que cette escalade, parce qu'on peut parler d'escalade,
01:58je veux dire, Musk accuse carrément Trump d'être un pédophile en quelque sorte,
02:03puisqu'il le lie au scandale de Jeffrey Epstein.
02:06Il menace de mettre hors service son vaisseau dragon qui emmène les astronautes dans l'ISS.
02:11Donc ça a une portée carrément mondiale.
02:13Est-ce que nous, Européens, nous, Français, on peut pâtir de cette escalade
02:17entre deux géants, l'homme le plus riche du monde et le président d'une des premières puissances mondiales ?
02:22Je ne sais pas quelles vont être les conséquences.
02:25En tout cas, inévitablement, ça va affaiblir Donald Trump.
02:29Mais il a une capacité de rebond réel et puis il a en plus un soutien populaire.
02:32Parce que je rappelle qu'il a été élu alors qu'on pensait les uns et les autres
02:38qu'il y avait déjà eu Trump 1 et qu'il n'y aurait jamais eu Trump 2.
02:40Donc il y a au sein des Etats-Unis une profondeur de réaction qui dépasse la personnalité de Trump.
02:48C'est moins d'interventions extérieures, moins d'inflation, moins de désindustrialisation,
02:56moins de remise en cause des valeurs historiques du peuple américain.
03:00Tout cela reste très profond aux Etats-Unis.
03:03Nous ne nous occupons pas des affaires du monde, occupons-nous de nous-mêmes.
03:07Ça, c'est là-dessus que surfe Trump depuis le début.
03:10Donc cette rupture avec Elon Musk, à mon avis, ne va pas changer cette réalité américaine.
03:14Alors dans les affaires du monde, il y a différents dossiers.
03:18L'un des plus brûlants, c'est évidemment la situation à Gaza, Jean-Yves Le Drian.
03:22La distribution d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne est devenue un piège mortel.
03:29Je cite le chef de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.
03:34Une distribution d'aide humanitaire a tourné au drame mardi.
03:38C'était déjà le cas deux jours plus tôt.
03:40Quels sont vos mots ce matin pour décrire la situation à Gaza, Jean-Yves Le Drian ?
03:44Je pense qu'on a dépassé les limites de l'inacceptable.
03:48Le fait d'utiliser l'arme humanitaire, l'arme de la famine, comme un outil d'action militaire est absolument dramatique.
03:57Je pense que Netanyahou, par sa politique, aboutit au fait qu'Israël aujourd'hui est un peu au bord de l'abîme.
04:04C'est le contraire des fondamentaux qui avaient permis la construction d'Israël.
04:08Parce qu'Israël c'était la démocratie, Israël c'était le respect du droit, Israël c'était le respect des valeurs humaines.
04:14Or aujourd'hui ce pays est en faillite morale.
04:17Il est en train de devenir, du fait de l'action de Netanyahou, une espèce d'état paria au niveau international.
04:23C'est une situation extrêmement dramatique et je ne vois pas aujourd'hui d'autres issues que le fait que le peuple israélien lui-même marque l'arrêt de cette dérive considérable
04:36qui va entraîner Israël dans les années qui viennent dans une situation à mon avis dramatique.
04:40Et puis en plus le côté un peu inacceptable je trouve, c'est le fait que lorsque l'on critique la politique du gouvernement de M. Netanyahou,
04:51on est accusé immédiatement d'antisémitisme. Ça ce n'est pas possible, cet amalgame-là est tout à fait condamnable.
04:56Lorsque le président de la République fait une intervention en demandant est-ce que l'aide humanitaire arrive, il est taxé de complices du Hamas.
05:03Ça ne va plus, c'est plus possible, c'est inacceptable.
05:05Alors vous dites, vous avez des mots très forts, vous dites paria, vous dénoncez un scandale.
05:10Je dis faillite morale.
05:11Faillite morale, donc c'est très fort. Ce matin on en parlait sur France Inter, une grand-mère a porté plainte après la mort de deux enfants français à Gaza fin 2023.
05:21Elle a porté plainte pour génocide. Vous, vous ne prononcez pas ce mot de génocide ?
05:25Non, parce que le mot génocide a une connotation à la fois historique, mais aussi juridique.
05:31Et moi je préfère, pour décrire cette situation tragique, utiliser un mot qui est utilisé par le premier ministre,
05:38l'ancien premier ministre israélien, M. Olmert, d'ailleurs dans la presse française d'hier.
05:43Nous allons vers un nettoyage ethnique. Ce qui est aussi dramatique, c'est-à-dire des crimes de guerre, c'est-à-dire des crimes contre l'humanité.
05:50Mais la définition d'un génocide, c'est intention de détruire totalement ou partiellement un groupe et mise en œuvre de cette intention.
05:55Oui, mais c'est décidé par un juge. Et donc je dis, je n'utilise le mot que lorsqu'il y a validation par un juge.
06:02Parce qu'autrement ça ne marche pas. Donc j'utilise le mot, on va vers un nettoyage ethnique aujourd'hui.
06:07Chacun peut le constater.
06:09Thibault Lefebvre nous en donnait quelques clés de compréhension ce matin depuis Jérusalem.
06:13Situation absolument sidérante, Jean-Yves Le Drian, où l'on découvre que le gouvernement israélien fournit des armes à un groupe de criminels et de malfaiteurs à Gaza.
06:23Des groupes identifiés à l'État islamique sur ordre du premier ministre.
06:27La déclaration a fait l'effet d'une bombe en Israël.
06:30Révélation faite par l'ancien ministre de la Défense, Lieberman,
06:35à la suite d'une commission parlementaire dont les conclusions étaient jusque-là restées secrètes.
06:41On apprend que c'est une idée des services secrets intérieurs, pas de démenti de Benyamin Netanyahou.
06:47Qu'est-ce que ça vous inspire ? Dans la guerre, tous les moyens sont permis ? La fin justifie les moyens ?
06:53Ça m'inspire la constatation d'une certaine forme de continuité de ce que veut M. Netanyahou depuis le début.
07:01C'est-à-dire qu'il favorise les groupes les plus extrémistes pour éviter l'émergence d'un État palestinien
07:07et pour combattre indirectement l'autorité palestinienne.
07:10Et cela se sera révélé lorsque la justice israélienne mettra au jour les actions décidées par Benyamin Netanyahou
07:21lors de la période antérieure, avant le 7 octobre.
07:24Il a favorisé manifestement les plus radicaux.
07:26Si on regarde les choses d'un point de vue totalement cynique,
07:28est-ce que ça a une chance de fonctionner, cette stratégie-là, pour affaiblir le Hamas ?
07:32Je ne sais pas comment on sort de la crise de Gaza.
07:36Le but de guerre n'est pas vraiment identifié, sauf à dire qu'on élimine tout le monde.
07:41Mais à ce moment-là, c'est de la déportation.
07:44Le but de guerre affiché, c'est la destruction du Hamas.
07:48Mais comment est-ce qu'on détruit le Hamas au milieu de 2,5 millions d'habitants ?
07:51Il fallait qu'il y ait une riposte, il fallait que le droit à la légitime défense puisse se mettre en œuvre.
07:58Aujourd'hui, il faut trouver une sortie politique.
08:00Il n'y a pas d'autre solution que d'une sortie politique.
08:02Et c'est la raison pour laquelle l'initiative prise par le président de la République
08:06et par le prince héritier d'Arabie Saoudite de réunir à New York, au cours de ce mois,
08:12les instances internationales pour essayer de voir comment est-ce que la solution à 2 États peut se mettre en œuvre
08:18est une bonne réponse.
08:19Alors justement, le président français Emmanuel Macron envisage de reconnaître l'État de Palestine.
08:23Lors de cette conférence, Emmanuel Macron n'a pas donné plus de précisions
08:28depuis qu'il avait évoqué cette reconnaissance.
08:32Est-ce que la France doit reconnaître l'État de Palestine dans deux semaines, Jean-Yves Le Drian ?
08:37Et qu'est-ce que ça changerait ?
08:39Le premier point, c'est que la conférence, elle est faite pour essayer d'étudier
08:43comment est-ce qu'on arrive à la solution à 2 États.
08:46Et elle n'est pas faite pour recueillir des adhésions ou des proclamations.
08:51C'est d'abord ça.
08:52Mais le président de la République ?
08:52Mais je vais vous répondre.
08:54Ensuite, pour ma part, ça fait plusieurs mois que je dis qu'il faut reconnaître l'État palestinien.
08:59Nous avons toujours dit, depuis de nombreux gouvernements, depuis de nombreux présidents de la République,
09:04que la seule solution, c'était une solution à deux États et qu'il fallait tout engager pour cela.
09:08Il y a eu les accords d'Oslo, il y a eu dans le passé des initiatives fortes qui ont été prises.
09:13Il y a même récemment le plan proposé précisément par le Premier ministre Olmert
09:18et l'ancien ministre des Affaires étrangères de l'autorité palestinienne
09:21qui propose une démarche pour aboutir à cela.
09:25Travaillons là-dessus et reconnaissons l'État palestinien.
09:29C'est en tout cas ce que je souhaite et ce que je pense.
09:31Mais je parle à titre personnel.
09:32Mais justement, vous êtes en contact, vous, avec le Président de la République,
09:34puisque vous êtes son envoyé spécial pour le Liban.
09:37Mais est-ce que vous savez s'il a l'intention de reconnaître l'État palestinien à la mi-juin, comme il l'avait dit ?
09:45Vous êtes très aimable, mais le Président de la République, quand il a quelque chose à dire, il le dit.
09:48Et ce n'est pas par un monde intermédiaire.
09:50Encore une question à propos d'Israël et de Gaza.
09:53Révélation du média d'investigation Disclose, Jean-Yves Le Drian,
09:57la France devait livrer des équipements pour mitrailleuses vers Israël.
10:00Cette semaine, il y a eu une mobilisation des dockers qui ont refusé de les acheminer.
10:06Est-ce que c'est compréhensible, alors même que le Président français condamnait fermement les bombardements sur l'enclave palestinienne ?
10:14Oui, mais j'ai lu aussi les déclarations du ministre de la Défense, que j'ai tendance à croire.
10:19Donc, selon lesquelles ces pièces sont envoyées en Israël, puis réexportées ensuite.
10:25C'est une chaîne industrielle, je le crois.
10:27On ne devrait pas plutôt les assembler en France, puisqu'il est question de réindustrialisation.
10:31Vous avez été ministre de la Défense.
10:33L'entreprise, peut-être que l'entreprise en question va s'y employer.
10:36En tout cas, dans cette affaire-là, j'ai tendance à croire le ministre Le Cornu.
10:40Bonjour Dominique, et bienvenue sur France Inter.
10:43Vous avez une question pour notre invité, Jean-Yves Le Drian.
10:46Oui, bonjour.
10:47Écoutez, moi je demande au ministre comment la France peut-elle se fourvoyer,
10:52en plus de façon aussi consciente, en plus elle le sait très bien,
10:56en vendant des armes à des pays qui ne sont pas tout à fait démocratiques,
11:01comme l'Inde, comme également aussi à des pays qui ont encore des liens très très étroits avec la Russie,
11:11historiquement, de toute façon, comme la Serbie, avec des transferts de technologies.
11:16Et je considère que c'est vraiment une aventure très très dangereuse
11:22que d'accepter de se fourvoyer de la sorte.
11:26Merci pour votre question et votre analyse, Dominique.
11:29Est-ce que vous la partagez, Jean-Yves Le Drian,
11:31considérant que des rafales vont être assemblées en Inde
11:34et que vous êtes l'homme qui a réussi à exporter les rafales à d'autres pays ?
11:39Et effectivement, l'Inde de maudit aujourd'hui n'est plus l'Inde démocratique qu'elle était.
11:43Oui, mais elle est toujours démocratique.
11:45On peut évidemment protester ou s'interroger sur l'évolution du Premier ministre maudit.
11:52Mais il n'empêche qu'en Inde, il y a un Parlement qui fonctionne,
11:54il y a des élections qui ont lieu.
11:57Les Indiens votent pour maudit, c'est leur choix et c'est leur liberté.
12:00Moi, je n'ai pas de procès à faire là-dessus.
12:02Et je trouve un peu facile de porter des jugements sur l'évolution de tel ou tel pays
12:08en fonction de ses propres sentiments sur le territoire national.
12:12Ceci étant, chaque pays a le droit de se défendre.
12:17Il a le droit d'assurer sa propre sécurité.
12:20Il a même le devoir d'assurer sa sécurité.
12:22Et si l'Inde assure sa sécurité en achetant des armes françaises,
12:26c'est une coopération qui me paraît très utile.
12:29Sinon, je dis à notre interlocuteur, je pense que l'Inde achèterait des armes russes.
12:33Est-ce que c'est ce qu'il veut ? Je ne le crois pas.
12:36Donc, il faut s'assurer que les armes sont utilisées à bon escient pour la sécurité nationale des pays concernés.
12:41Et en ce sens-là, la France joue son rôle.
12:43Jean-Yves Le Drian, vous êtes, on le disait, le représentant spécial du président de la République au Liban.
12:48Le Liban qui dénonce ce matin une violation flagrante du cessez-le-feu
12:53après une série de frappes israéliennes sur la banlieue sud de Beyrouth.
12:57Est-ce que vous partagez cette analyse libanaise ?
12:59J'ai tendance à rejoindre les positions du président Aoun concernant la situation au Liban.
13:08Le président Aoun a été élu après une période d'une transition extrêmement longue, perturbante pour les Libanais.
13:16Il représente le Liban, il assure l'intégrité, il a la responsabilité d'assurer l'intégrité territoriale du Liban.
13:22Qu'est-ce qu'il en reste de l'intégrité territoriale lorsqu'Israël bombarde encore cette nuit des positions du Assad au Liban ?
13:31Pour revenir à ce que vous dites sur la déclaration des autorités libanaises, il y a eu un cessez-le-feu au mois de novembre.
13:37Ce cessez-le-feu a été articulé autour d'un mécanisme de surveillance
13:43qui aboutissait à plusieurs étapes, en particulier le retrait de toutes les milices armées
13:49d'une zone qui s'appelle la zone du sud de l'Italie, à la frontière avec Israël.
13:53Il faut le faire respecter.
13:55Et il est indispensable pour cette région que le Liban garde sa propre intégrité.
14:00Le président Aoun a indiqué que seul l'État libanais avait le monopole des âmes
14:07et qu'il entendait bien mettre en œuvre cette posture et cette position.
14:11Il est en train de le mettre en œuvre, laissons-lui le temps de le faire.
14:13Mais comment faire respecter cessez-le-feu Jean-Yves Le Drian ?
14:15Vous voyez bien que l'armée israélienne, le gouvernement israélien n'écoute pas la communauté internationale
14:20si tant est qu'elle existe encore, comme le disait Pierre Haski tout à l'heure.
14:24On en revient aux constatations qu'on faisait tout à l'heure sur l'espèce d'hubris et d'ivresse militaire destructrice
14:31qui s'est emparée du président Netanyahou et qui risque de mettre en perturbation l'ensemble de la région.
14:37Mais ça, ça ne peut être qu'une réponse interne à Israël. C'est votre réponse.
14:40Je pense que les Israéliens sont en train de se rendre compte que leur État est en train d'être mis à part
14:47de l'ensemble de la communauté internationale, dénoncé par l'ensemble des nations, une grande partie des nations.
14:55Enfin, sauf par les Etats-Unis au Conseil de sécurité.
14:57Écoutez, même les Etats-Unis, ce n'est pas si simple.
15:01Ils ont mis leur veto hier au Conseil de sécurité des Nations Unies pour une résolution qui concernait justement la bande de Gaza.
15:08Oui, mais par ailleurs, les Etats-Unis ont ouvert des négociations avec l'Iran contre la vie d'Israël.
15:15Par ailleurs, les Etats-Unis ont ouvert des négociations avec les autorités syriennes contre la vie d'Israël.
15:20Donc ce n'est pas si simple parce que le président Trump ne voit d'abord et avant tout que son propre intérêt.
15:25On entend une colère qui est rare dans votre bouche, Jean-Yves Le Briand, qui mesurait en général vos mots.
15:31Il y a une dépêche qui vient de tomber.
15:32Israël continuera de frapper Beyrouth si le Liban ne désarme pas le Hezbollah.
15:36C'est le ministre de la Défense israélien qui vient de s'exprimer.
15:40C'est une dépêche AFP.
15:42Il est habitué aux propos extrêmes, ce ministre-là.
15:46Moi, ce que je dis, c'est que le Liban est sorti d'une crise grave.
15:50Il est en train de reconquérir sa propre autonomie, sa propre intégrité.
15:54Il faut l'aider en ce sens.
15:55L'aider en ce sens, c'est le respect intégral du cessez-le-feu du mois de novembre.
16:03Et c'est aussi le renforcement des moyens militaires de l'armée libanaise sous l'autorité du président Aoun.
16:10Et si on renforce les moyens de l'armée libanaise, ça le permet de se déployer partout et d'assurer la sécurité interne et externe.
16:17C'est ce à quoi il faut aboutir.
16:19Le président brésilien Lula a demandé hier, il était en visite en France, il a demandé au président de la République, là je le cite,
16:25d'ouvrir son cœur à l'accord de libre-échange avec l'Amérique latine, l'accord sur le Mercosur, qui est bloqué en ce moment, notamment par la France au niveau européen.
16:33Et le président de la République, il lui a répondu qu'il fallait des clauses miroirs, comme on dit, des normes équivalentes en fait des deux côtés.
16:40Vu le contexte commercial mondial, est-ce qu'il a raison Emmanuel Macron de temporiser ?
16:46Oui, je pense parce qu'il faut en même temps garantir les normes, en particulier environnementales, dans le domaine agricole, parce que c'est ça le sujet principal.
16:55Vous voyez que le commerce mondial est en plein bouleversement avec Donald Trump, donc la réponse de Lula c'est de dire qu'il faut s'allier en quelque sorte.
17:01Il faut s'allier sur des bases qui sont objectives et qui respectent l'environnement.
17:05Ce n'est pas parce que le président Trump a décidé de rompre avec les accords de Paris que l'on doit passer des accords commerciaux qui négligent les enjeux environnementaux.
17:12Et le seul problème qui reste sur le Mercosur, c'est la réciprocité environnementale sur les produits agricoles.
17:17Problème, les Européens ne sont pas unis sur ce sujet-là, comme sur d'autres.
17:21Il y a un dossier que nous voulions aborder avec vous, puisque vous le connaissez bien, c'est celui de l'Ukraine, Jean-Yves Le Drian.
17:27Les présidents américains et russes se sont entretenus par téléphone cette semaine.
17:30Et Trump assurait à l'issue de leur conversation qu'il n'y aurait pas de paix immédiate en Ukraine.
17:36Et donc que Poutine ne voulait tout simplement pas la paix.
17:40Qu'est-ce que ça vous inspire ?
17:42Malgré ces bonnes conversations, pour reprendre les mots du président Donald Trump, rien n'avance.
17:49Et on a l'impression que l'Ukraine est de nouveau la grande oubliée de l'affaire.
17:52D'abord, une constatation, la politique des coups de menton déployée par le président Trump depuis son arrivée concernant l'Ukraine, ça ne marche pas.
18:03Même s'il y a une déclaration tous les matins.
18:07Ça ne suffit pas à faire la paix.
18:10Deuxièmement, le président Trump me fait penser à la fois à Ponce Pilate et à un petit télégraphiste.
18:16Parce qu'il s'en lave les mains ?
18:17Ponce Pilate, parce que je n'y arrive pas, j'avais promis la paix dans la semaine qui venait ou dans les 24 heures qui suivaient, je n'y arrive pas, débrouillez-vous.
18:24Oui, je m'en lave les mains.
18:25Ça, c'est Ponce Pilate.
18:26Et deuxièmement, le petit télégraphiste de Poutine.
18:30De Poutine.
18:30Bien sûr.
18:31Parce que lorsqu'il y a eu ces opérations considérables des Ukrainiens sur les bases aériennes russes, c'est le président Trump qui appelle Poutine.
18:42Et c'est lui qui fait les commentaires.
18:43Je fais les commentaires pour Poutine.
18:44Donc c'est à la fois Ponce Pilate et le petit télégraphiste.
18:48Ce n'est pas un soutien à l'Ukraine quand on refuse de distinguer l'agresseur de l'agressé, comme c'est le cas aujourd'hui.
18:53On est à ce moment-là du côté de l'agresseur.
18:55D'où la nécessité pour les Européens de continuer à soutenir impérativement, régulièrement et fortement l'Ukraine dans son combat exceptionnel aujourd'hui pour la liberté.
19:03Jean-Yves Le Drian, je voulais vous parler de l'océan puisque le sommet des Nations Unies sur l'océan s'ouvre lundi.
19:09Vous êtes breton, vous avez présidé la région bretonne.
19:12Vous avez été il y a très longtemps ministre de la mer.
19:15Oui.
19:16Et vous êtes bien sûr rompu à la diplomatie puisque vous avez été ministre des affaires étrangères.
19:20Est-ce que vous espérez que ce traité sur la haute mer qui doit préserver notamment des aires marines protégées, 30% de la surface de l'océan,
19:29il soit ratifié par 60 États ?
19:31C'est l'objectif pour rentrer en vigueur.
19:32C'est l'enjeu, c'était un combat très long pour aboutir à cette régulation de l'océan parce que jusqu'à présent les océans étaient libres, chacun y faisait ce qu'il voulait,
19:41y compris des pollutions intensives.
19:43Ce n'est plus le cas si on arrive à mettre en oeuvre ce traité.
19:47La France a été l'initiative de cette action, en particulier lors d'un sommet qui s'est tenu à Brest il y a relativement peu de temps,
19:53qui anticipait avec cette réunion de Nice.
19:55J'espère qu'on va aboutir à ce résultat parce que cette lutte pour la protection des océans, c'est un enjeu majeur pour notre propre survie sur la planète, dans l'avenir.
20:04Mais ce sera pour la semaine prochaine ?
20:06Ce n'est pas exclu.
20:07Une question malgré tout avant de revenir en France rapidement.
20:10Il y a la chronique de Pierre Aski tout à l'heure qui faisait froid dans le dos lorsqu'il décrivait la situation en République démocratique du Congo
20:17et cet appel lancé par 75 prix Nobel.
20:21Est-ce que l'idée qu'il concluait que la communauté internationale, ça n'existe plus, c'est un constat que vous partagez ?
20:29Oui, le monde a changé.
20:31La communauté internationale est complètement fragmentée.
20:35On peut la ressusciter par différents biais.
20:38Je pense que ce qui se passera sur les océans à Nice va permettre aussi à la communauté internationale de se retrouver sur des enjeux communs.
20:45Mais en ce qui concerne les affrontements armés en Afrique en particulier, c'est vrai qu'il y a une impéritie de la communauté internationale qui est manifeste.
20:55Mais il y a aussi une impéritie des Africains.
20:58Parce qu'à un moment donné, les Africains, dans le cadre de l'Union africaine, avaient dit
21:02on va constituer des forces d'intervention pour faire notre ONU à nous en Afrique, pour essayer d'éviter les conflictualités.
21:09Ce n'est pas le cas et je pense qu'il faut aider les Africains à assurer eux-mêmes leur propre sécurité.
21:13Mercredi 4 juin, l'Assemblée nationale a majoritairement rejeté la motion de censure signée en grande partie par des députés de la France insoumise.
21:21Est-ce que pour vous, le gouvernement Bayrou, il voit un peu la fin de l'immobilisme ?
21:26Ou est-ce que c'est un gouvernement empêché, entravé aujourd'hui, Jean-Yves Le Drian ?
21:31J'ai pris pour principe de ne plus commenter la vie politique nationale.
21:35C'est dommage ?
21:36Peut-être.
21:36En tout cas, j'espère que le minimum de stabilité qui existe aujourd'hui va pouvoir se poursuivre jusqu'à la fin de ce mandat.
21:42Vous ne voulez pas non plus nous parler du Parti Socialiste, votre ancien parti où vous avez...
21:46Il est en marche vers le groupuscule.
21:50La marche vers le groupuscule se poursuit.
21:51Il est moribond.
21:53J'ai dit ce que j'avais à dire.
21:54Eh bien c'est très clair.
21:55Merci beaucoup Jean-Yves Le Drian d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
21:58Merci.
21:59Merci.
22:00Merci.
22:01Merci.
22:02Merci.

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