Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 24/06/2025
L'ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin était l'invité de France Inter mardi 24 juin. Il apporte son analyse sur la guerre entre l'Iran et Israël, après les frappes américaines puis l'annonce d'un cessez-le-feu par Donald Trump. Il publie "Le pouvoir de dire non".

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00France en Terre, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:06Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un ancien Premier ministre, ancien ministre des Affaires étrangères.
00:14Il publie « Le pouvoir de dire non » chez Flammarion, livre qui sera en librairie demain.
00:19Vos questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:27Dominique de Villepin, bonjour.
00:28Bonjour.
00:29Et bienvenue au micro d'Inter, vous publiez donc « Ce pouvoir de dire non », un texte à votre image,
00:35enflammé, lyrique, habité, où vous analysez les bouleversements mondiaux,
00:41la décomposition des sociétés occidentales et l'entrée dans le nouvel âge de fer de la guerre.
00:49Ce texte résonne évidemment avec l'actualité au Proche-Orient,
00:53avec l'embrasement du conflit entre Israël et l'Iran,
00:56avec l'entrée spectaculaire des États-Unis dans la guerre.
01:00Vous écrivez que nous sommes entrés dans un monde où la guerre n'est plus un accident,
01:05mais un outil ordinaire, une méthode banalisée du rapport de force.
01:10Qu'est-ce qui se joue en ce moment selon vous, Dominique de Villepin ?
01:14Un embrasement mondial durable. Il va falloir s'habituer à la guerre partout, tout le temps.
01:21La guerre est-elle devenue la continuation de la guerre par d'autres moyens ?
01:26En effet. Et c'est tout le danger de la situation, à la fois sur le plan de la stabilité du monde,
01:34sur le plan militaire, mais nous en parlerons peut-être aussi sur d'autres seuils.
01:37Je pense au domaine écologique, je pense au domaine éthique, je pense au domaine social.
01:42Nous franchissons des seuils sans nous en rendre compte et sans ticket retour.
01:47Le paradoxe ce matin, quand on se réveille, c'est que si chacun peut se réjouir de voir le régime des Mollah affaibli,
01:56si chacun peut se réjouir de voir le programme nucléaire iranien retardé,
02:02nous sommes néanmoins dans un monde plus dangereux parce que nous sommes désormais dans un monde sans règles et sans droits internationaux.
02:10C'est-à-dire que la loi de la jungle, la loi du plus fort, c'est ce qui prévaut partout dans notre monde.
02:18Et ce qui s'est passé dans les derniers jours au Moyen-Orient peut se répéter dans d'autres continents.
02:24Et le fait que nous, occidentaux, nous soyons parmi les initiateurs à travers les États-Unis,
02:32à travers les initiatives d'Israël, doit nous concerner au premier chef.
02:36Parce que cela accroît la fracture contre laquelle la France a lutté depuis le début des années 2000.
02:43Et c'était le combat de 2003.
02:45Éviter cette fracture entre l'Europe, les États-Unis et le reste du monde et le sud global.
02:50Avec ce risque donc d'embrasement, ce risque de guerre infiniment plus dangereuse,
02:56compte tenu des moyens dont disposent aujourd'hui les arsenaux dont disposent les différents pays.
03:00Mais vous ne cessez de vouloir défendre le droit international contre cette nouvelle ère où règne effectivement la loi du plus fort.
03:06Ce qui avait marché il y a 20 ans, vous vous rappelez souvent votre discours à l'ONU contre la guerre en Irak,
03:11est-il encore pertinent aujourd'hui, Dominique de Villepin ?
03:13Encore même possible avec des Trumps, des Netanyahou, des Poutines, des Chi ?
03:16Que pèse le droit international aujourd'hui ? N'est-il pas la voie de l'impuissance ?
03:20Madame Salamé, en 2003, nous avons défendu la voie de la sécurité collective.
03:27En 2003, juste après le drame irakien, j'ai lancé une initiative sur l'Iran.
03:34Déjà à l'époque, j'étais inquiet du programme nucléaire iranien, avec mon collègue allemand et mon collègue britannique.
03:40Et cette négociation que nous avons été menée à Téhéran, avec M. Rouhani, qui est devenu président par la suite, elle a marché.
03:49Nous avons signé le premier accord.
03:51Et cet accord, il a été confirmé, étendu en 2015.
03:54Depuis, ils ont continué à enrichir leur uranium, ils connaissaient les rapports qui disent qu'ils n'étaient pas loin de la voir.
04:00Les Américains étaient à la veille du sixième round de négociations avec l'Iran, et donc il y avait la possibilité de régler par la diplomatie.
04:09Et nous voyons bien, au lendemain, des frappes, puisqu'on ne va pas refaire l'histoire, nous sommes au lendemain des frappes.
04:15La diplomatie doit reprendre ses doigts, la négociation doit reprendre ses doigts.
04:18Comment s'assurer que ce programme nucléaire iranien, il est bien retardé ?
04:23Comment s'assurer que ces 400 kilos d'Iranium enrichi qui se baladent aujourd'hui en Iran vont bien être éliminés ?
04:29Nous avons besoin d'inspections pour vérifier sur place que ce programme ne franchit pas un certain nombre de minimums qui doivent être respectés.
04:40Il est fallait ces frappes.
04:41Le chancelier allemand Friedrich Schmerz dit que c'est le sale boulot qu'Israël fait pour nous.
04:46Vous êtes d'accord ?
04:47Je suis d'accord avec Emmanuel Macron quand il rappelle hier que ces frappes sont illégales.
04:51Nous n'avons pas aujourd'hui...
04:54Il ne fallait pas les faire.
04:55Il ne fallait pas les faire dans la mesure où la diplomatie permettait d'avancer.
04:58Vous savez, il y a deux chemins.
05:00C'est toujours pareil.
05:00On en revient à cela.
05:01Il y a deux chemins.
05:02Il y a le chemin que l'on croit le plus court qui est le chemin de la guerre.
05:06Et on se rend compte très vite en avançant que ce chemin y mène à beaucoup plus de drame encore et souvent à du chaos.
05:11Et puis il y a le chemin de la diplomatie.
05:12Et il faut que l'Europe soit consciente qu'elle ne doit pas lâcher cet objectif.
05:18C'est notre devoir.
05:19C'est notre vocation.
05:20Et c'est ce qui nous permettra d'avoir un monde mieux organisé et plus stable.
05:24Donald Trump, Dominique de Villepin, est une figure importante de votre livre.
05:29Le trumpisme n'est pas la maladie du monde.
05:32Il en est le symptôme, écrivez-vous.
05:34Alors comment analysez-vous le revirement spectaculaire de Trump sur sa politique étrangère ?
05:41Il fait campagne en disant « je serai le pacificateur, grâce à moi il n'y aura plus de guerre dans le monde ».
05:48Et en un week-end, il devient chef de guerre qui bombarde des sites nucléaires iraniens, avec donc un pays derrière lui.
05:58Sur des choses aussi graves, l'image que je vais prendre est terrible.
06:01Nous sommes dans un match de football américain.
06:03Et Donald Trump a reçu un très beau ballon, pour parler comme lui, un très très beau et gros ballon de la part de M. Netanyahou.
06:11Et à partir de là, il a eu le sentiment qu'il pouvait marquer un essai.
06:14Et il l'a marqué.
06:15Il l'a marqué sans savoir du tout quelles seraient les conséquences.
06:18Et s'il pourrait y avoir un engrenage ce matin, il crie victoire.
06:22Il crie que, bien évidemment, tout ça n'ira pas plus loin.
06:26Et qu'il y aura cessez le feu.
06:27Et qu'il y aura cessez le feu.
06:28Mais en vérité, personne n'en sait rien.
06:30Personne ne sait quelle est la nature du risque qui est aujourd'hui devant nous.
06:35Et c'est pour cela qu'il faut être vigilant.
06:37C'est pour cela qu'il faut enclencher un mécanisme diplomatique.
06:41Il faut revenir à la table des négociations si nous voulons garantir et sécuriser la situation actuelle.
06:47Il ne faut pas rentrer dans une zone qui est dangereuse,
06:51qui est celle où la force seule devient l'acteur, le principe des relations internationales.
06:57L'escalade en Iran fait oublier la situation à Gaza.
07:01Vous avez des phrases très fortes sur la guerre à Gaza dans votre livre.
07:04Gaza n'est pas un simple conflit local, isolé sur la carte du monde, déjà en flamme.
07:10C'est un symbole et un avertissement.
07:13Avertissement de quoi là encore ?
07:15Avertissement de ce que nous avons l'obligation de traiter les injustices et la malheur du monde.
07:22Parce qu'on ne peut pas mettre son bonnet sur les injustices
07:26et penser qu'on étouffera ainsi les flammes, les passions qui ne manquent pas de surgir.
07:32Aujourd'hui, Israël se retrouve dans une nouvelle étape qui n'est pas facile.
07:36Et nous devrons accompagner, encourager Israël dans cette voie, qui est une étape politique.
07:43Qui est celle de la domination de la région ?
07:46Israël se retrouve en situation de domination, certains diront d'hégémonie,
07:50qui était hier une hégémonie iranienne.
07:53Mais ça crée des devoirs, la domination.
07:55Et en particulier, Israël doit maintenant non plus traiter militairement les problèmes,
08:00pas seulement militairement, mais doit les traiter politiquement.
08:02Quelle est la réponse politique que Benjamin Netanyahou va apporter au drame de Gaza ?
08:08Nous savons que les otages, bien sûr, tout doit être fait pour les libérer.
08:11Mais quelles sont les initiatives politiques ?
08:13Quel est le jour d'après pour Gaza ?
08:15Quel est le jour d'après pour le Liban ?
08:17Quel est l'encouragement qu'Israël va donner à la reconnaissance de l'intégrité de chacun de ses États ?
08:24Est-ce qu'il va restituer une partie du Golan ?
08:26Est-ce qu'il va continuer à grignoter les territoires palestiniens pour annexer et déplacer la population ?
08:32Aujourd'hui, ces questions politiques, elles sont sur la table.
08:36Et il appartient à l'Europe, il appartient aux États-Unis de jouer tous leurs rôles
08:41pour que nous sortions de l'escalade militaire
08:44et que nous rentrions dans l'âge de la responsabilité dans cette région
08:47sur le plan politique, sur le plan humanitaire.
08:50Parce que nous voyons bien que ce sont les populations civiles
08:53qui sont l'impensé de ces drames militaires.
08:58Et puis, il faut aussi penser à l'avenir économique.
09:00Et c'est sans doute la seule façon de rallier les monarchies du Golfe, l'Arabie Saoudite,
09:04et de normaliser.
09:06Parce qu'Israël a le choix soit de maintenir en permanence cette domination militaire
09:10sans véritablement l'asseoir sur le plan politique.
09:15Je pense qu'il faut passer à un nouvel âge
09:17qui sera celui de la normalisation.
09:20Mais tout cela à un prix politique.
09:22Dominique de Villepin, on n'a pas fini d'en parler de toutes ces questions
09:24de la situation au Moyen-Orient, du trumpisme en général
09:28et de la redéfinition du monde.
09:29Mais ce matin, on vous a aussi invité parce qu'il y a donc ce livre,
09:33ce livre où vous parlez beaucoup de la France.
09:35On a été frappé en lisant votre livre d'une symétrie de ton
09:38avec un autre livre politique paru il y a trois semaines,
09:40celui d'Edouard Philippe.
09:42Dans votre livre, vous vous appelez, je vous cite,
09:43à se réveiller, à déchirer les voiles d'illusions qui recouvrent les réalités.
09:47Dans le sien, Edouard Philippe fait un appel à la lucidité
09:49appelant à en finir avec la liste des mensonges français.
09:52Il assume d'être en colère.
09:54Comment rester calme en ce moment ?
09:55Comment ne pas s'emporter face à l'indigence de l'époque ?
09:58Comment ne pas voir que notre pays recule,
10:00qu'il est bousculé, contesté, même parfois humilié ?
10:02Ces phrases d'Edouard Philippe, vous auriez pu les écrire dans votre livre ?
10:05Oui, sauf que je m'efforce de les appliquer à la réalité d'aujourd'hui.
10:09Prenons un exemple, la réforme des retraites.
10:13La réforme à points était une bonne idée.
10:15Elle était sur la table.
10:17Edouard Philippe a saboté cette réforme.
10:19Et le rêve de porter l'âge de la retraite à 67 ans a mis à mal.
10:25Ce projet qui était un bon projet pour la France.
10:28Et donc se pose la question aujourd'hui de reprendre les choses.
10:31On voit que nous continuons à payer le prix d'une réforme qui est passée en force
10:34contre le peuple, contre les salariés, contre les travailleurs.
10:36Le conclave a échoué. Quel est votre regard ?
10:38Souhaitons d'abord que ce matin, François Bayot puisse rattraper les choses.
10:42L'avenir de son gouvernement en dépend sans doute.
10:45Donc le conclave a échoué.
10:46Ce qui montre bien que le problème est beaucoup plus profond que nous le croyons.
10:50fondamentalement, la réforme des retraites a cassé l'esprit de réforme dans ce pays
10:56et créé une défiance des Français vis-à-vis des projets portés par les politiques.
11:01Et c'est pour cela que je proposerai dans la perspective de 2027
11:06que nous fassions trois avancées.
11:09La première, c'est que nous reprenions le projet de la réforme à points
11:14puisque c'est une réforme qui peut être plus lisible et plus juste.
11:18Pardon, ça veut dire que vous seriez au pouvoir aujourd'hui ?
11:21Vous arriveriez au pouvoir en 2027 ?
11:22Vous abrogez la réforme des 64 ans ?
11:24Absolument.
11:24Et je crois qu'il faut arrêter de parler d'un âge légal, 64 ans,
11:31pour se concentrer sur le respect d'un certain nombre d'années,
11:36d'un certain nombre d'annuités et donc sortir de ce traumatisme.
11:40Vous reprenez la retraite à points de la CFDT ?
11:41Je reprends la retraite à points.
11:43Avec de la capitalisation ou pas ?
11:45Parce que je crois que cette retraite à points introduit plus de lisibilité et plus de justice.
11:49Aujourd'hui, si vous êtes un CAP fleuriste par exemple,
11:54eh bien, si vous avez commencé à 18 ans, vous partez à 44 ans.
11:58Et si vous êtes un cadre bancaire, eh bien, vous partez à 43 ans.
12:02Cette injustice a été inacceptable.
12:04Et, par ailleurs, il faut que nous introduisions le respect de critères de pénibilité.
12:10Emmanuel Macron a sorti un certain nombre de critères.
12:12On voit bien que, dans le calcul de l'âge de départ, eh bien, cette pénibilité, elle doit être prise en compte.
12:18Et la capitalisation ?
12:19La capitalisation peut apporter quelque chose.
12:22Mais, à la marge du système de répartition, qui est le système qui a la confiance des Français.
12:28Donc, que nous introduisions un peu de capitalisation, c'est une bonne chose, en titre complémentaire.
12:33Et s'il n'arrive pas à rattraper le coup, comme vous dites, François Bayrou doit-il partir ?
12:38Je souhaite la stabilité pour notre pays, jusqu'en 2027.
12:42Donc, vous souhaitez qu'il reste jusqu'en 2027 ?
12:44Oui.
12:45Quitte à ce qu'il y ait de l'immobilisme total ?
12:48Mais, l'immobilisme, il faut tout faire pour essayer de l'amender.
12:51L'immobilisme, il ne date pas de 2024.
12:53Et la grande erreur qu'on fait quand on regarde la vie politique, c'est qu'il y a des processus, il y a des seuils.
12:59L'immobilisme, il date de 2022, quand le premier gouvernement de Mme Borne, et à la suite de cela, celui de M. Attal,
13:06ont choisi de ne pas solliciter la confiance de l'Assemblée nationale.
13:11Il faut créer les conditions de la recherche d'un consensus, d'un compromis possible.
13:16Et il faut que la vie politique apprenne le consensus.
13:19Donc, il ne faut pas censurer François Bayrou ?
13:22Nous sommes revenus à la République des partis, celle-là même que condamnait le général de Gaulle.
13:27Et nous devons tout faire pour revenir à une situation plus sereine.
13:31Alors, il y a une thèse, Dominique de Villepin, dans votre livre.
13:33C'est que Jacques Chirac a été le dernier président de tous les Français.
13:37Et que, depuis 20 ans, nous vivons une forme, disons, de décadence politique.
13:43Chez Nicolas Sarkozy, chez François Hollande, chez Emmanuel Macron,
13:46jamais je n'ai retrouvé cette patte commune qui part de la leur différence, sautée aux yeux.
13:52Chez Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac.
13:56Ce respect presque sacré pour ce que signifie profondément la France.
14:01En écrivant ces mots, n'êtes-vous pas...
14:07Ne le prenez pas mal.
14:08Un homme du passé, qui dit que c'était mieux avant, se réclamer de Chirac, n'est-ce pas risqué d'apparaître comme un homme bloqué dans les années 2000 ?
14:19Qu'aurait fait Chirac en 2025, à l'heure des réseaux sociaux, de l'info en continu ?
14:25Vous pensez vraiment qu'il aurait fait mieux que Sarkozy, Hollande et Macron ?
14:29Je pense que notre système institutionnel a été dévoyé.
14:33C'est la lecture des institutions et de la Constitution que je critique.
14:37C'est l'idée d'un président qui veut tout faire.
14:39Nous sommes aujourd'hui, en 2025, encore davantage que précédemment,
14:44dans une situation où il faut des équipes, où il faut une capacité de mobilisation collective.
14:50Or, la verticalité présidentielle, l'idée d'un président qui devient une sorte de super Premier ministre
14:56avec un super collaborateur à côté de lui, ça, c'est le passé.
14:59Ça, c'est ce qui n'a pas marché depuis 2007.
15:02Et donc, il faut revenir à ce qui est l'essence de la fonction présidentielle.
15:06Un rôle d'arbitre, on aurait bien besoin en ce moment d'un président arbitre
15:10qui nous explique quelle est la situation, qui puisse fixer un certain nombre d'orientations.
15:14Un président garant de la continuité nationale, un président qui soit l'inspirateur de la nation.
15:19C'est justement cela, la fonction présidentielle.
15:22Un homme qui est préparé à la complexité des choix internationaux
15:25et qui ne découvre pas l'international le jour où il arrive à l'Élysée.
15:28Tout cela, il faut le renvoyer au passé.
15:33L'avenir, au contraire, la modernisation, c'est l'esprit d'une fonction
15:37qui est en phase avec les besoins des Français et du monde.
15:41C'est vous donc, si on lit le livre ?
15:43Mais c'est tous ceux qui peuvent, aujourd'hui, cocher les cases dont je parle
15:47et qui peuvent respecter cet esprit de nos institutions.
15:50Ça, c'est une réponse langue de bois.
15:51Non, je ne suis pas dans une démarche personnelle, vous l'avez compris.
15:54C'est pour cela que j'ai choisi de créer mon mouvement, un parti...
15:57La France humaniste.
15:58La France humaniste, qui sera présidée par Benoît Jiménez.
16:01Que vous venez de créer, là, aujourd'hui.
16:03Le maire de Garges-Légonès.
16:04Parce que je crois que c'est du terrain qu'il faut partir.
16:07Vous voyez, la vieille politique, elle part d'en haut
16:09et elle croit qu'elle peut tout changer toute seule.
16:11La vraie politique, elle part des Français.
16:14Et ce respect-là, il faut, aujourd'hui, repartir à l'écoute de ce qu'ils ont à nous dire.
16:19Qu'est-ce qui vous empêcherait d'y aller ?
16:22Si quelqu'un est mieux placé que moi,
16:25et mieux à même de défendre les idées que je porte...
16:28Donc c'est les sondages qui décideront ?
16:29C'est pour cela que ma démarche, elle est collective.
16:31Et c'est pour cela que j'ai décidé de prendre les choses en main,
16:34de me mobiliser, de créer...
16:36Nous avons déjà créé plusieurs dizaines de comités locaux partout en France,
16:40de rassembler. Je veux rassembler tous les élus qui le souhaitent.
16:43Et je veux le faire dans un esprit non-partisan.
16:46Ce n'est pas un mouvement partisan.
16:50Il est ouvert à tous, l'inscription est gratuite.
16:52Il y a véritablement le choix de rassembler.
16:55Vous refaites le Macron en 2017, en même temps.
16:57Ça n'a rien à voir.
16:57Ce n'est pas un mouvement partisan.
16:59On est au-dessus des partis, ni de droite, ni de gauche.
17:01On a déjà vu, on a déjà entendu.
17:03Oui, mais ça n'a rien à voir.
17:04Moi, je respecte les partis politiques.
17:06Ils ont leur rôle à jouer.
17:07Ils ont, en tant que partis, une responsabilité.
17:10Je ne cherche pas à bousculer les deux tours du World Trade Center,
17:13comme a voulu le faire Emmanuel Macron,
17:15pour se retrouver dans un grand désert, tout seul et incapable, finalement,
17:19de changer les choses en France.
17:21Je crois que les partis politiques ont leur rôle,
17:23mais je crois que le président de la République,
17:25celui qui doit diriger le pays, doit être au-dessus des partis.
17:29Mais avec qui pourriez-vous gouverner ?
17:33Qui serait votre Premier ministre, votre ministre des Affaires étrangères,
17:37votre ministre de l'économie, des gens de l'actuelle majorité,
17:41des gens du PS, des Insoumis ?
17:44Il faut faire avec ce qu'on a.
17:45Donc, je viens de décrire un paysage, là.
17:47Oui, oui.
17:48Vous venez surtout de me décrire un fond de casserole,
17:50ce qui n'est pas du tout l'approche que j'ai de la politique.
17:53Je crois que la politique, c'est d'abord de montrer qu'il y a un autre chemin.
17:56Je prends un exemple, ce matin,
17:57et c'était intéressant la présentation de la Moteo.
17:59Ou encore une journée chaude.
18:01On s'est habitué à des journées chaudes, à des épisodes caniculaires.
18:04On s'est habitué aux catastrophes naturelles.
18:06Mais aujourd'hui, l'exception devient la norme.
18:09Et cela, il faut le prendre au sérieux.
18:11Là encore, franchissement d'un seuil.
18:13Nous sommes en train de dépasser les 1,5 degrés pour aller vers les 3 degrés.
18:17Et c'est une catastrophe pour la planète.
18:19Et c'est pour ça que je propose que nous puissions nous fixer un objectif à 2050,
18:24d'inscrire dans la Constitution la neutralité carbone.
18:27Nous devons, nous Français, parce que nous devons donner l'exemple,
18:32être lucides sur le fait que nous changeons de monde.
18:36Respecter ses seuils.
18:37Être lucides et conscients des conséquences.
18:39C'est ça la citoyenneté.
18:40Et c'est en ça que nous pourrons faire nation.
18:43Vous voyez, aujourd'hui, si notre pays est divisé sur les relations internationales,
18:47c'est parce que la diplomatie ne joue pas son rôle.
18:49La diplomatie n'est pas à la hauteur des enjeux.
18:51Une diplomatie dont nous pourrions être tous fiers,
18:54qui ne change pas tous les matins de position,
18:56qui ne soit pas une diplomatie girouette.
18:58C'est cela l'exercice du pouvoir.
19:00Il nous reste trois minutes.
19:01Deux, trois questions courtes.
19:02Est-ce que vous avez, et est-ce que vous aurez les signatures ?
19:04Alors, si j'en crois le mouvement qui se crée aujourd'hui,
19:09je n'ai aucun doute sur le fait que nous aurons les signatures
19:11et la capacité de financer une campagne le moment venu.
19:15Sur votre ancienne famille politique, vous n'y allez pas de main morte dans le livre.
19:19Vous déploriez aussi en mai, je vous cite, l'évolution de ce parti politique
19:22que l'on appelait la droite républicaine.
19:24C'est en fait une droite réactionnaire, ultra conservatrice, identitaire
19:26qui fait la course avec le Rassemblement National.
19:28Quand j'entends M. Rotaillot sur bon nombre de sujets,
19:31j'ai du mal à faire la différence avec ce que dit le Rassemblement National.
19:33Ce à quoi Gérard Larcher vous a répondu à notre micro il y a quelques jours,
19:38avoir du mal sur un certain nombre de sujets à faire la différence
19:40entre vos propos et ceux tenus par Jean-Luc Mélenchon.
19:42Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
19:46Je ne suis en accord sur à peu près rien avec la France insoumise,
19:51que ce soit le changement de constitution,
19:53qu'il s'agisse de savoir ce qu'il en est de la montée de l'antisémitisme
19:58dans notre pays que je n'ai jamais qualifié de résiduel,
20:01qu'il s'agisse de la progération internationale
20:03où je ne crois pas qu'une France non alignée puisse être la solution.
20:06Je ne suis à peu près d'accord sur rien.
20:08Qu'on puisse se retrouver sur un constat, une analyse, c'est une chose.
20:12Mais là, il y a une formidable mauvaise foi.
20:15La vérité, c'est qu'aujourd'hui, ce mouvement, les Républicains, avec M. Retailleau,
20:20il est entraîné dans une dérive identitaire.
20:22C'est-à-dire qu'il entraîne notre pays dans une course-poursuite
20:27avec le Rassemblement national,
20:29en essayant de cocher un certain nombre de classes
20:30qui toutes n'ont aucun effet sur le plan national,
20:34aucun effet sur l'amélioration de la situation sécuritaire,
20:37mais qui ouvrent un certain nombre d'incendies.
20:40Alors, c'est facile d'avoir un nouveau débat sur le voile.
20:43C'est facile d'avoir un débat sur le contrôle dans les gares,
20:46comme à la gare du Nord, avec des contrôles au faciès.
20:49On divise les Français, on stigmatise,
20:52mais ça ne rend pas la France plus forte,
20:53ça ne l'arme pas pour faire face aux difficultés du monde.
20:56Sur le voile et la laïcité, vous en parlez dans le livre.
20:59Vous dites que nous avons fait de la laïcité un filtre
21:03pour repérer et détruire tout ce qui dévie de notre vision du monde.
21:05Qu'est-ce que ça veut dire ?
21:07Concrètement, ceux qui veulent interdire le voile dans les compétitions sportives
21:09ou à l'université ont tort, à vos yeux ?
21:11Mais dès lors qu'on fixe une règle,
21:13qui est que les fédérations décident,
21:16et une règle claire,
21:17et que ce n'est pas au coup par coup,
21:19et qu'à chaque fois on ne cherche pas à grignoter un peu plus,
21:23la laïcité, c'est une loi sereine.
21:27Ce n'est pas une arme qu'on peut tourner
21:28contre telle et telle catégorie de Français.
21:30Et c'est là où la République doit retrouver son sens.
21:34Rassembler tous les Français dans la République
21:36sans chercher à considérer qu'il y a des citoyens de deuxième zone.
21:40Ça c'est la théorie sur les compétitions sportives.
21:42Le voile dans les compétitions sportives, vous êtes pour ou contre ?
21:46À partir du moment où les fédérations considèrent
21:48que dans leur fédération, il y a un problème
21:52et qu'il y a une exigence qui doit conduire à cette interdiction,
21:56j'accepte parfaitement cette décision.
21:59Mais je ne veux pas que ce soit un sujet de politique politicienne
22:03qui nous conduise en permanence à la surenchère
22:06et à placer notre pays dans cette situation de division.
22:09Nous le voyons aujourd'hui.
22:10Nous sommes dans un monde plus dangereux.
22:13Et si nous ne sommes pas capables de nous unir,
22:15malheureusement le risque terroriste,
22:17qui est une maladie opportuniste du monde,
22:19s'accroît, s'accroît et visera tout particulièrement notre pays.
22:23Donc faisons en sorte d'être responsables.
22:25Et quand nous sommes aujourd'hui devant des situations
22:27où un ministre de l'Intérieur est en même temps président des Républicains,
22:31eh bien je souhaite qu'il soit ministre de l'Intérieur à plein temps
22:34et n'utilise pas les plateaux pour semer la bonne parole au bénéfice de son parti.
22:39Vous souhaitez qu'il quitte soit son poste au gouvernement,
22:41soit la présidence des Républicains ?
22:43Je suis pour l'esprit de responsabilité.
22:45Nous sommes dans un moment difficile.
22:47Nous avons besoin de paroles sereines
22:49et nous avons besoin de ministres qui marquent des points pour la France.
22:53Pas pour leur parti.
22:55Pas pour leurs militants.
22:56Pas pour leurs idées.
22:57D'autant que ces idées sont souvent dangereuses pour notre pays.
23:02Eh bien merci Dominique de Villepin.
23:04Le pouvoir de dire non.
23:06Votre livre chez Flammarion sera en librairie demain.
23:10Merci encore d'avoir été au micro d'Inter ce matin.
23:13Merci.

Recommandations