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  • 10/06/2025
Michel Barnier, ancien Premier ministre, était l'invité de France Inter mardi 10 juin, à l'occasion de la parution de "Ce que j'ai appris de vous" (4 juin, Calmann Levy).

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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Transcription
00:00France Inter
00:02Nicolas Demorand
00:05Le 7-10
00:07Et l'invité du grand entretien ce matin est un ancien Premier Ministre
00:11Poste qu'il occupa après une longue carrière politique en France et en Europe
00:16où il eut notamment à négocier les conditions du Brexit
00:20Il publie ce que j'ai appris de vous, chronique pour demain chez Calman Levy
00:26et vous pouvez dialoguer avec lui dès maintenant au 01 45 24 7000
00:31et sur l'application Radio France
00:33Michel Barnier, bonjour
00:35Bonjour M. Demorand
00:35Et bienvenue sur France Inter
00:37Alors ce livre, vous en aviez commencé l'écriture avant d'être appelé à Matignon en septembre dernier
00:44et vous l'avez achevé après la censure en décembre dernier
00:49Au fil des pages, on revit des moments de votre longue vie politique
00:54Mais vous écrivez qu'il serait prétentieux de parler de mémoire
00:59Vous refusez aussi le terme de confession
01:02Alors quoi, Michel Barnier ?
01:04Qu'est-ce qui vous dérange dans le terme de confession, de mémoire
01:07qui sont des genres nobles, marqués par la sagesse
01:11Sagesse dont on pourrait avoir besoin aujourd'hui ?
01:16Oui, on peut être sage et en même temps humble, M. Demorand
01:19Moi, j'ai trouvé que le mot de mémoire...
01:21C'était immodeste
01:22C'était un peu trop orgueilleux
01:24C'est le récit d'une longue route, un peu singulière, que j'ai tracé depuis longtemps
01:29Mon premier engagement en Savoie, j'étais au lycée Jean Moulin
01:32J'avais 15 ans, date de l'admiration que j'ai eue d'être très tôt pour le général de Gaulle
01:37Et je ne l'ai jamais regretté, ça reste ma grande fierté
01:40Et puis de cet engagement d'élus locaux très tôt
01:43Et jusqu'à Matignon en passant par Bruxelles et plusieurs postes gouvernementaux, le Parlement
01:48Et donc j'ai voulu faire deux choses dans ce livre
01:51Dire que la France était formidable
01:52Malgré les cassures, les fractures, les injustices très nombreuses, trop nombreuses
01:59Les actes antisémites ou racistes qui se multiplient, les violences
02:03La société est très fracturée actuellement, je trouve ça très grave
02:06Malgré tout ça, il y a sur le terrain, partout, j'étais hier en Bretagne
02:12Des initiatives, du bénévolat, des entreprises petites et grandes qui créent
02:17Il y a plein d'énergie positive qu'il faut remettre en mouvement, auquel il faut donner une chance
02:23Ça c'est la première leçon que je voulais dire, j'ai toujours constaté ça
02:26Et puis pour les élus, chaque fois que j'ai été élu, et je l'ai été souvent, à différents mandats
02:32Je me suis dit, est-ce que je peux laisser la situation meilleure à la fin qu'au début ?
02:36Je me suis toujours dit ça, depuis mon premier mandat de conseiller général, conseiller départemental en Savoie
02:41J'ai toujours essayé de créer du progrès, c'est pas un mot désuet, c'est pas un mot archaïque le mot progrès
02:47Donc ce que je veux dire, mon deuxième message, il est pour les jeunes
02:51Engagez-vous, occupez-vous de politique, parce que si vous ne vous occupez pas de politique, c'est la politique qui s'occupe de vous
02:56Vous le dites et le redites, ce ne sont pas des mémoires, vous revenez tout de même sur votre longue expérience politique
03:03Vous avez connu tous les mandats, conseiller général, président de département, député sénateur, député européen
03:10Plusieurs fois ministre, commissaire européen, négociateur en chef du Brexit pour l'Union Européenne, premier ministre donc
03:17On sent tout de même dans ces lignes, à travers tout ce livre, une forme de nostalgie pour le monde politique d'avant
03:28Vous écrivez, force est de constater que la qualité, le niveau, le sens des responsabilités des hommes politiques se sont effrités
03:37Le niveau baisse tout simplement ?
03:40Si je l'ai écrit, c'est que je le pense
03:42Je doute, monsieur Demorand, que ce livre, je l'ai fait aussi, non pas comme des mémoires ou des confessions
03:48Mais pour raconter des moments que j'ai vécu, des rencontres avec des citoyens, célèbres ou passionnés
03:51Oui, citoyens ou grands hommes, des grandes femmes
03:54Les gens les plus modestes et les plus humbles sont les plus intéressants
03:57Où chaque fois, même si ces événements sont passés, au long de ma route
04:01Les leçons que j'ai reçues sont toujours d'actualité
04:03Ce sont des chroniques pour demain, parce que les leçons sont toujours valables
04:06Quelles que soient ces leçons, j'en ai 130 chroniques courtes
04:10Ces leçons sont toujours valables pour...
04:12Mais le niveau baisse en politique ?
04:14D'abord, je pense qu'une des raisons, c'est l'interdiction du cumul des mandats
04:17Où beaucoup d'élus, qui sont des gens valables, solides
04:21Préfèrent l'action concrète, des résultats plus rapides
04:25En étant maire ou élu local plutôt que parlementaire
04:28Et j'observe à l'Assemblée nationale une situation impossible
04:31Avec des partis qui ne sont pas à la hauteur
04:33Le comportement que j'ai vécu
04:37Et je n'ai pas de nostalgie ni de rancune
04:41Le comportement que j'ai vécu de certains partis politiques
04:45Y compris d'un parti soi-disant responsable comme le Parti Socialiste
04:48N'était pas à la hauteur de la situation du pays
04:51De la gravité de la situation qui exigeait
04:53Non pas des compromissions
04:54Mais des compromis dynamiques
04:56La capacité de travailler ensemble
04:57Comme on le fait si souvent au niveau européen
04:59Vous savez, monsieur Demand, au niveau européen
05:00J'ai bien connu Bruxelles avec tous les défauts
05:03Et les avantages aussi
05:04Les qualités
05:06Et les opportunités de travailler ensemble
05:09Au Parlement européen, il n'y a jamais de majorité absolue
05:11Mais il y a un compromis nécessaire entre des partis politiques
05:15La culture de la coalition
05:16La culture du dialogue et la culture du compromis
05:18Il y a d'autres cultures dont on manque aussi chez nous
05:20C'est la culture d'évaluation aussi
05:22Il y a de la politique politicienne
05:25Des responsables qui font parfois passer leur agenda personnel
05:28Par-dessus l'intérêt général
05:29Je l'ai observé tout au long de ma carrière
05:31Récemment à Matignon
05:32Où le microcosme parisien
05:34Chercher davantage à se positionner
05:36Pour les échéances électorales futures
05:38Qu'à faire progresser le pays
05:40Mais c'est nouveau ça, vraiment ?
05:43C'est nouveau et c'est plus grave
05:44Quand il n'y a pas de majorité du tout
05:46Quand vous avez trois blocs qui ne se parlent pas
05:49Et qui se combattent
05:50Et qui sont dans le court terme
05:51C'est Pierre Madès France qui disait
05:52Il ne faut jamais sacrifier l'avenir au présent
05:54Moi j'ai vu beaucoup d'hommes politiques
05:56Dans les mois passés
05:57Et de femmes politiques aussi
05:58Qui ont sacrifié l'avenir du pays
06:01A leur présent, à leur petit présent
06:03Michel Barnier, à votre arrivée à Matignon
06:06Vous avez donné cette consigne à vos équipes
06:08Soyez pro
06:09Soyez pro
06:10Et sympa
06:11Pro et sympa
06:12Voilà selon moi
06:13La formule qui résume le mieux
06:15Ce qu'on est en droit d'attendre
06:17D'un décideur public
06:20Il faut de l'affect
06:21Voir de l'affection
06:23Pour bien gouverner
06:24C'est d'abord une aventure humaine
06:26La politique faite de chemins croisés
06:28Entre des gens qui n'ont pas les mêmes idées
06:30Qui ne viennent pas du même endroit
06:31Qui ne vont pas forcément au même endroit
06:32Mais qui sont le temps d'un moment
06:34De l'action ensemble
06:36Donc il faut se respecter
06:38Et moi j'ai toujours considéré
06:40Que ça donnait dans une équipe
06:41Et j'en ai animé beaucoup d'équipes
06:43Plurielles
06:44Ça donnait une efficacité
06:45Qu'on ne peut pas écrire
06:46Qu'on ne peut pas chiffrer
06:47Celle d'être bien ensemble
06:49D'être fier d'être ensemble
06:50Le premier sentiment que j'ai eu
06:52C'est quand j'ai organisé
06:52Avec Jean-Claude Quilly
06:53Les Jeux Olympiques d'Alberville
06:54Il y a plus de 30 ans
06:55J'ai observé une chose très simple
06:57Que j'ai souvent observée après
06:58On a observé aussi avec les Jeux de Paris
07:00Qui ont été une formidable réussite
07:02Avec Tony Estanguet
07:02C'est que tous ceux qui participent
07:04A n'importe quelle tâche
07:06Les plus modestes
07:07Ils sont fiers
07:08Ils ont le sentiment
07:09De progresser individuellement
07:11En participant
07:12Peut-être modestement
07:14A la réussite d'un projet collectif
07:15Ça c'est ce qu'il faudrait
07:16Pour notre pays
07:17Quand vous voyez la défiance des Français
07:19Envers les politiques
07:20Qui atteint des niveaux stratosphériques
07:2226% des Français
07:24Déclarent avoir confiance dans la politique
07:27C'est une enquête sévipof
07:28Parue en février
07:30Ça vous ézone ?
07:31Ou vous les comprenez ?
07:32Oui je comprends
07:33Mais c'est pas juste
07:34Et puis c'est pas bien
07:34Il faut absolument lutter
07:36Contre cette indifférence
07:38Ou cette hostilité
07:40Qui d'ailleurs explique
07:40Les extrêmes
07:42La poussée populiste
07:43Donc il faut que les politiques
07:45Retrouvent la confiance
07:46Et pour ça
07:47Vous savez en politique
07:48Il vaut mieux être aimé
07:49C'est assez rare
07:50Il faut être soutenu
07:51C'est mieux
07:51Mais il faut au moins être respecté
07:53Et ça
07:54Aujourd'hui
07:56Et ça c'est de plus en plus rail
07:58Les gens se disent
07:59Tiens
08:00On n'est pas d'accord
08:01Avec ce qu'ils proposent
08:02Mais au moins je le respecte
08:03Parce que ça paraît juste
08:04Enfin il fait des choses justes
08:05Voilà
08:05L'ancien Premier ministre
08:07Edouard Philippe
08:08Était à ce micro
08:09La semaine dernière
08:10Pour parler de son nouveau livre
08:11On parlait d'affect
08:14À l'instant
08:15Soyez pro et sympa
08:16Lui assume pleinement
08:17D'être guidé en ce moment
08:19Par un affect
08:20Qui est la colère
08:22Je suis en colère
08:23Écrit-il en ouverture
08:25De son livre
08:26Colère face à l'état du pays
08:28Colère face à l'état du débat public
08:30Face à l'état de la justice
08:32De l'école
08:33Vous aussi êtes-vous en colère
08:35Quand vous voyez l'état de la France ?
08:37Non je pense que ce sont les français
08:38Qui sont en colère
08:39Un homme politique
08:40Qui peut avoir des sentiments
08:42Mais je ne crois pas
08:42Qu'on doit passer trop de temps
08:44À exprimer sa colère
08:45Je connais bien Edouard Philippe
08:46Et ce n'est pas une critique
08:47Mais ce n'est pas mon état d'esprit
08:49Moi je suis déterminé
08:50Je pense qu'il faut être déterminé
08:52Et vous disiez
08:53Que j'appartenais
08:54À un long parcours passé
08:56Mais je me sens pleinement
08:57Dans le débat politique d'aujourd'hui
08:59Déterminé
09:00Ni optimiste
09:01On n'a pas beaucoup de raisons
09:02Ni pessimiste
09:03Il ne faut jamais céder au fatalisme
09:05Ni à la nostalgie
09:06Mais la colère
09:07Je comprends
09:08Mais ce sont les français
09:09Qui sont en colère
09:09Plus qu'on le croit
09:10Contre les injustices
09:12Contre le sentiment d'exclusion
09:13L'absence de services publics
09:14Contre l'impunité
09:15D'un certain nombre de voyous
09:17Qui se permettent de tout détruire
09:18Et même de porter atteinte
09:20À la vie des autres
09:21Les français ont des raisons
09:23D'être en colère
09:24Mais nous on doit apporter des réponses
09:26Et je recommande
09:27Qu'on cherche à tous les niveaux
09:28Les bonnes réponses
09:29Au niveau local il y en a
09:30Au niveau des services de santé
09:31Par exemple
09:32Des transports
09:33Au niveau régional
09:34Au niveau national
09:35Et au niveau européen
09:36Gardons-nous de laisser filer les choses
09:39Comme elles ont filé au Royaume-Uni
09:40Vous parliez du Brexit
09:41Je me suis occupé pendant 4 ans
09:42Si les Britanniques ont voté
09:44À 52% contre l'Europe
09:46Ce qui était insensé
09:47Contre l'intérêt national britannique
09:48C'est qu'il y a des raisons
09:49Ne pas confondre le sentiment populaire
09:51Que je viens d'exprimer
09:52Avec le populisme qui exploite
09:54Mais la colère est stérile
09:56La colère pour un homme politique
09:58Elle ne dit rien
09:59Ce n'est pas un programme la colère
10:02Le programme c'est d'apporter des solutions
10:05Au niveau national quand on veut être président de la République
10:07Ou ministre ou député
10:08Au niveau local aussi
10:09Au niveau européen
10:10Tout au long du livre
10:11Michel Barnier
10:12Vous tirez des leçons
10:13De votre passage à Matignon
10:15On va y venir
10:15Mais d'abord
10:16Avez-vous des regrets ?
10:18Est-ce que vous êtes blessé
10:20De rester comme le plus éphémère
10:23Des premiers ministres de la Vème République ?
10:26Quand vous refaites le film
10:27Vous vous dites que vous auriez pu
10:29Ou dû faire autrement ?
10:31Toujours
10:31Je parlais de la culture d'évaluation
10:33Je m'évalue évidemment
10:34Je regrette beaucoup
10:35Et j'ai été très frustré
10:38De devoir partir si vite
10:39Au moment même où mon cabinet
10:40Qui était formidable
10:41Le gouvernement qui était très homogène
10:42Et soudé par une vraie morale de l'action
10:44Et qui était opérationnelle
10:46Et où l'État s'était arrêté
10:48Pendant plusieurs mois
10:48Et on l'avait remis en route
10:49Pour trouver des solutions
10:51Et j'ai cherché des solutions
10:53Après le budget
10:53Ce ne sont pas forcément
10:55Des projets de loi
10:55Mais par exemple
10:56Nous pourrions parler
10:57De la santé mentale
10:58Qui est une grande cause pour moi
10:59Mais le livret d'épargne industrielle
11:02Aussi le texte enfin
11:06Sur une assurance sociale unique
11:10Pour éviter la fraude aussi
11:13Et qu'on encourage davantage le travail
11:16Il y avait plein de sujets
11:17Sur lesquels nous étions en train de travailler
11:19Et on a été empêchés
11:20Tout le monde sait pourquoi
11:20Je suis tombé
11:22Je suis tombé
11:23Parce que le parti socialiste
11:24A été irresponsable
11:25Et parce que le Front National
11:26Pour des raisons qui n'ont rien à voir
11:28Avec le budget
11:28A baissé le pouce
11:29Et ce jour-là
11:30Il n'y avait plus de majorité
11:30Donc je n'ai pas d'état d'âme là-dessus
11:32Vous racontez le 6 septembre
11:34François Hollande
11:35Olivier Faure
11:36Boris Vallaud
11:37Vous disent
11:37Nous considérons
11:38Que tu n'es pas légitime
11:40Et pour cette raison
11:42Nous voterons la censure
11:44La question de votre légitimité
11:47A être Premier ministre
11:48Elle ne se posait pas à vos yeux
11:50Un Premier ministre
11:51LR
11:51Quand votre parti a seulement 49 députés
11:54A l'Assemblée nationale
11:55Est-ce qu'il n'y a pas tout de même
11:56Un petit problème ?
11:58Je ne crois pas
11:58Parce qu'on parlait
11:59D'un esprit de compromis
12:00Qui fait tant de défaut
12:01A notre pays
12:02Précisément
12:03Mon parti
12:04Les Républicains
12:05Qui sont en train de se reconstruire
12:07Après une longue convalescence
12:08Et on revient de loin
12:09Avec Bruno Rotaillot
12:11Ce parti décide de rejoindre
12:13L'action du gouvernant
12:14De prendre ses responsabilités
12:15Plutôt que d'être
12:16Spectateur du déclin
12:18Nous avons choisi
12:19D'être acteur de notre destin
12:21Donc de prendre nos responsabilités
12:22Je crois qu'on a bien fait
12:23Ce parti rejoint
12:26L'action commune
12:27Le Sénat
12:28Pour la première fois
12:29Sous l'impulsion de Gérard Larcher
12:30Soutient le gouvernement
12:31Depuis 12 ans
12:31Ça ne s'était pas produit
12:32Et nous avons une légitimité
12:35Sans doute
12:35Monsieur Demorand
12:36Une majorité relative
12:37Mais moins relative
12:39Que le bloc de gauche
12:40Et moins relative
12:41Que le bloc d'extrême droite
12:43Donc on avait une majorité
12:43Il n'y avait que des majorités
12:44Relatives possibles
12:45La mienne était
12:46La moins relative
12:47De toutes
12:48Voilà ma légitimité
12:49Elle était relative
12:50Hier 9 juin
12:53Marquait le premier anniversaire
12:55De la dissolution
12:56Décidée par Emmanuel Macron
12:58Vous la qualifiez
13:00D'insensée
13:01Cette dissolution
13:03Dans votre livre
13:04Le pays depuis
13:08Il est dans quel état ?
13:10Il est bloqué
13:10Beaucoup de gens le disent
13:12Je vais reciter Edouard Philippe
13:13Un pays où il ne se passe pas grand chose
13:16Pas de grand projet
13:17Pas de grand souffle
13:18Vous partagez ce constat ?
13:20Oui parce que
13:21La dissolution était insensée
13:24Au sens où
13:24Personne ne l'a comprise
13:26Et si vous prenez une décision
13:28Si grave
13:28Sans que les gens la comprennent
13:29C'est une mauvaise décision
13:30De Jacques Chirac
13:31Il avait déjà fait ça
13:32En 97
13:32Je lui avais dit
13:33J'étais son ministre à l'époque
13:34Il faut expliquer l'agenda
13:36Il n'y avait pas de raison nationale
13:37Puisqu'on avait une majorité absolue
13:39Mais il y avait peut-être des raisons
13:40De l'agenda européen
13:41Qui exigeait d'avoir du temps
13:42D'avoir 5 ans devant soi
13:44Il n'a pas voulu expliquer ça
13:45Parce que c'était des questions européennes
13:47Et qu'ils pensaient
13:48Que c'était contre-productif
13:49Et de la même manière
13:50Cette dissolution
13:51De juillet dernier
13:53Était insensée
13:54Incompréhensible
13:54Donc depuis
13:56Le pays n'a pas de majorité
13:57Et c'est la pire des choses
13:58Parce que c'est l'instabilité
13:59Ça veut dire que
14:01Les gens qui veulent investir
14:02N'ont pas de vision
14:04N'ont pas d'horizon
14:05N'ont pas de prédictabilité
14:06Il n'y a pas de confiance
14:08La confiance c'est la clé
14:10De la croissance
14:10Et puis il n'y a pas d'action possible
14:12Donc on doit faire pour le mieux
14:15On doit tenter
14:16De faire ses compromis
14:17Quand tout le monde veut s'y prêter
14:19Mais c'est pas le cas
14:19Donc oui la situation est grave
14:21Parce que je pense
14:23Que l'instabilité est extrêmement grave
14:24Et que
14:24C'est pour ça aussi
14:25Monsieur Demorand
14:26Que je suis opposé
14:27Je le dis tranquillement
14:28Mais fortement
14:29A toute idée de proportionnel
14:30Parce que
14:31Là on n'a pas de proportionnel
14:32Mais on a l'instabilité
14:33Conjoncturelle
14:34Si on mettait la proportionnelle
14:36On aurait une instabilité
14:37Permanente
14:39Institutionnalisée
14:40C'est pas possible
14:41Emmanuel Macron a dit
14:42Michel Barnier
14:42Qu'il n'envisageait pas
14:44De dissoudre à nouveau
14:45Mais peut-on tenir
14:48Jusqu'en 2027
14:50Avec la même composition
14:51De l'Assemblée Nationale
14:52Dans ce statut
14:54Qu'au-là
14:54Vous n'êtes pas oracle
14:56Mais qu'en pensez-vous
14:57Moi je pense que
15:00Ou bien le gouvernement
15:02Réussit à passer ce budget
15:04Et à tenir
15:06Il y a des municipales
15:06L'année prochaine
15:07Et on s'approchera très vite
15:08Du moment important
15:09Qui est l'élection
15:10D'un nouveau président
15:11De la République
15:11Je l'espère
15:12Accompagné d'une nouvelle
15:14Majorité absolue
15:15Ce qui n'empêche pas
15:15Le dialogue avec les autres
15:16D'ailleurs
15:17C'est ça le moment important
15:18Mais si le gouvernement
15:19Devait tomber
15:21À nouveau
15:22À cause du budget
15:23Ou de cette irresponsabilité
15:24À l'Assemblée Nationale
15:25Des groupes d'extrême droite
15:26Des extrêmes gauche
15:28Ou de la gauche
15:29Alors
15:29Je pense qu'il faudra
15:30En revenir au peuple
15:31Il faudra demander
15:32Son avis au peuple
15:33Le peuple
15:33De Gaulle disait
15:34C'est le juste souverain
15:35Vous savez donc
15:36Il y a plusieurs manières
15:37De demander l'avis du peuple
15:38C'est ou un référendum
15:40Ou une élection législative
15:42Anticipée
15:43Ou une élection présidentielle
15:44Vous dites être convaincu
15:46Que l'issue des prochaines
15:48Élections présidentielles
15:50C'est soit la victoire
15:51Du Rassemblement National
15:52Soit la constitution
15:53D'une coalition
15:54De la droite et des centres
15:56Elle émerge comment
15:58Cette coalition
15:59Par une primaire
16:01Que beaucoup refusent
16:03Déjà par principe
16:05De manière magique
16:07D'où elle vient
16:08La coalition
16:08Il n'y a pas beaucoup
16:08De magie en politique
16:09Non
16:10Mais c'est pour ça
16:12Que vous posez la question
16:13Mais il peut
16:13On n'est pas
16:14Il n'est pas exclu
16:14Qu'il y ait de la lucidité
16:15De la part
16:16Ce dont la France
16:18Ne manque pas actuellement
16:19C'est des candidats
16:19Aux présidentielles
16:20Exactement
16:21Donc
16:21Est-ce que la France
16:23Ne manque pas de lucidité
16:24Je pense qu'il faut
16:25Que ces candidats
16:26Dans la situation
16:27Très grave où nous sommes
16:27Aient la lucidité
16:28De se poser trois questions
16:30Que je veux bien vous dire
16:31Parce que moi
16:32Je me les poserai peut-être
16:33Est-ce que je suis à la hauteur
16:34Pour être présent dans la République
16:36Est-ce que je suis à la hauteur
16:37De la fonction
16:37Question qu'il faut se poser
16:39De
16:39Est-ce que j'ai le bon projet
16:41Pour mon pays
16:42Et puis
16:42Est-ce que je suis capable
16:43De rassembler
16:44Bien au-delà de mon camp
16:46Si un candidat
16:47De la droite républicaine
16:48Est en mesure d'être candidat
16:49Est-ce qu'il est capable
16:50De rassembler le centre
16:51Comme j'ai essayé
16:52De le faire
16:52Difficilement
16:53Mais finalement
16:54De manière constructive
16:55Pendant tout ce mandat
16:56De Premier ministre
16:57Voilà les questions
16:58Qu'il faut se poser
16:58Bonneur Retailleau
17:00Nouveau patron DLR
17:01Correspond au portrait robot
17:04Que vous venez de faire
17:04Mais lui-même
17:05Dit avec beaucoup de sagesse
17:07Lucidité et sagesse
17:09Qu'il ne faut pas
17:10Se poser la question maintenant
17:11Personne n'a les éléments
17:12Pour poser cette question
17:14C'est trop tôt
17:14Laissons-le agir
17:16Et puis nous verrons bien
17:16Si c'est lui
17:17Ou quelqu'un d'autre
17:17En tout cas
17:19Il a un rôle très important
17:20C'est un bon ministre
17:20Je le trouvais extrêmement
17:22Négatif
17:24Mais comme toujours
17:24Madame Le Pen
17:25Et ses amis
17:26Ils cherchent à utiliser
17:27Le chaos
17:28Les problèmes
17:29Les incidents
17:30Les difficultés du pays
17:32Pour exploiter
17:34L'impopularité
17:35Je trouve que
17:36Ce n'est pas responsable
17:37Non plus
17:37Il fait du bon travail
17:38Monsieur Retailleau
17:39Il a
17:40A condition qu'on lui donne
17:41Les moyens
17:42Et il faut qu'il puisse continuer
17:43Et vous ?
17:46Et moi je suis là
17:47Devant vous
17:47Monsieur Demorand
17:48Je vous parle
17:49Je participe au débat d'idées
17:50Trois critères
17:51Oui les trois questions
17:53Ah oui
17:53Trois questions
17:54Les trois questions barniers
17:55Non c'est pas les questions barniers
17:57C'est les questions
17:58Que tout candidat potentiel
18:00Et je vous ai dit
18:00Qu'il y en avait beaucoup
18:01Peut-être trop
18:02Devrait se poser
18:03Si je dois me les poser
18:05Je me les poserai
18:05Mais moi je me suis toujours
18:06Posé une question
18:07Avant chacun des mandats
18:09Qu'on m'a confié
18:10Que les citoyens m'ont confié
18:11Tout au long de mon parcours
18:12C'est
18:12Est-ce que je suis capable
18:14De faire que la situation
18:15A la fin de mon mandat
18:16C'est meilleure qu'au début
18:17Est-ce que j'ai créé du progrès ?
18:19Voilà
18:19Je vous répète
18:20C'est pas un mot désuet
18:21Ou archaïque le progrès
18:22Vous racontez cette anecdote
18:23Hallucinante
18:25À Notre-Dame de Paris
18:26Où vous veniez d'être censuré
18:29Donald Trump
18:30Vous demande
18:31Si vous allez continuer
18:32La vie politique
18:33Pas sûr monsieur le président
18:35J'ai 73 ans
18:37Lui répondez-vous
18:38Il vous dit
18:40Ça n'empêche rien
18:40Moi j'en ai 78
18:42Et puis vous êtes grand
18:44Vous êtes solide
18:45Vous vous tenez droit
18:46Il faut continuer
18:48Et c'est quoi ?
18:50C'est au dîner qui a suivi
18:52Comment vous avez reçu ça ?
18:54C'est au dîner qui a suivi
18:56J'avais été invité
18:57Comme premier ministre encore
18:58Par le président de la République
19:00À ce dîner des chefs d'État
19:01À l'Élysée
19:02Après la cérémonie
19:03Et c'est là que nous avons eu
19:04Ce dialogue très bref
19:05Vous savez
19:06J'ai écouté
19:08Monsieur Trump
19:09Comme je l'écoute
19:10Mais c'est tellement erratique
19:11C'est tellement
19:12Tout et n'importe quoi
19:14Et des changements
19:14Tous les jours
19:15Qu'il faut en prendre
19:16Ça m'a amusé
19:18De rapporter ce dialogue
19:19Ça reste une anecdote
19:20Ce qui n'est pas une anecdote
19:22C'est le comportement
19:23De Monsieur Trump
19:23Son agressivité économique
19:25Et commerciale
19:26Je ne parle pas
19:26De ce qui se passe
19:27Aux Etats-Unis actuellement
19:28Mais je parle de son agressivité
19:29À l'égard de ses alliés
19:31Et je ne vois pas
19:32Comment les Etats-Unis
19:33Peuvent s'en sortir
19:33Avec cette agressivité
19:35On voulait aussi vous entendre
19:36Vous en avez dit un mot
19:37Michel Barnier
19:38Sur la santé mentale
19:39Vous disiez
19:40En octobre 2024
19:41Un Français sur cinq
19:43Est touché par cet enjeu
19:45Et je voudrais
19:46Que la première priorité
19:47De cette cause
19:48Serve à déstigmatiser
19:52Les maladies mentales
19:53Donc année 2025
19:57Année de la santé mentale
19:58C'était votre projet
20:00Qui a été maintenu
20:01On est mi-2025
20:03Estimez-vous
20:05Que des choses
20:06Ont été faites ?
20:07On n'en fait jamais assez
20:08Sur un sujet aussi grave
20:09Qui touche une famille sur cinq
20:11Qui a touché ma famille
20:12Et donc je souhaite
20:16Que la ministre en charge
20:18Madame Vautrin
20:18Le ministre de la santé
20:19Monsieur Noder
20:20Continue à prendre
20:21Ce sujet à bras-le-corps
20:24Et à bras-le-coeur
20:25Mais l'est-il vraiment aujourd'hui ?
20:27On n'en fait jamais assez
20:28Et je voudrais bien
20:29Que ça ne soit pas seulement
20:29Une question de communication
20:30Bien sûr
20:31Le premier enjeu
20:32Vous le savez bien
20:33Monsieur Demorand
20:33Puisque vous avez eu
20:35Le courage de vous exprimer
20:36C'est la déstigmatisation
20:38Que moi j'ai vécu ça
20:39Dans ma propre famille
20:40Qu'on soit seul
20:41Isolé
20:41Qu'on ne sache pas
20:42A qui parler
20:43Qu'on garde les choses
20:44Pour soi
20:44Et donc
20:46C'est comme ça
20:47Que ma propre mère
20:48Qui est là-haut
20:49Au ciel
20:49J'espère qu'elle m'écoute
20:50A passé 35 ans de sa vie
20:53A présider l'association nationale
20:55Des amis et familles
20:56De malades mentaux
20:57On s'envoie qu'elle a créé
20:58Il y a d'ailleurs un foyer
20:59Qui porte son nom
21:00Denise Barnier
21:01Aix-les-Bains
21:01Pour malades mentaux
21:02Donc je
21:03J'ai fait ça aussi
21:05En pensant à elle
21:06Et à combattre
21:07Tous ces bénévoles
21:07De toutes ces associations
21:08Après il faut
21:09Des services publics
21:11Il faut des associations
21:11Il faut des élus locaux
21:12J'ai visité par exemple
21:14Quand j'étais Premier ministre
21:15A Poitiers
21:16Tout ce qui se fait
21:17Sur ce sujet
21:18Qui se fait bien
21:19Entre le CHU
21:20Les services psychiatriques
21:22Les élus locaux
21:23Ou un bus
21:23Qui va dans les villages
21:24Où les gens peuvent parler
21:25En toute discrétion
21:26En toute confiance
21:27Là j'ai trouvé
21:28Que c'était un réseau
21:30Qui répondait
21:31A la hauteur de l'enjeu
21:32Dans cette région de Poitiers
21:33Il faudrait que ce soit
21:33Le cas partout en France
21:34Un dernier mot
21:35Sur l'international
21:36Emmanuel Macron
21:37A récemment estimé
21:38Que la création
21:39D'un État palestinien
21:41N'était pas simplement
21:42Un devoir moral
21:43Mais une exigence politique
21:45Il pourrait procéder
21:46A la reconnaissance
21:48De l'État de Palestine
21:50En marge de la conférence
21:51Organisée avec l'Arabie saoudine
21:53A New York
21:54Dans quelques jours
21:55La France doit-elle le faire ?
21:58Doit-elle reconnaître
21:59Un État de Palestine ?
22:00Quelle est votre position ?
22:01C'est une position
22:02Traditionnelle de la France
22:04J'ai été le ministre français
22:05Des affaires étrangères
22:06Je suis allé voir à l'époque
22:07M. Charon
22:08Deux fois
22:09M. Arafat
22:10Avant qu'il ne disparaisse
22:11A Ramallah
22:13Je suis allé à Gaza aussi
22:14Et donc nous savons bien
22:16Que si on regarde les choses
22:18A moyen ou long terme
22:19Dans cette région
22:20Tellement troublée
22:20Et tellement
22:21Tragiquement troublée
22:22La seule solution
22:24C'est de garantir
22:25Que ces deux peuples
22:26Le peuple d'Israël
22:27Dont la sécurité
22:29L'existence
22:30N'est pas négociable
22:31C'est pour ça
22:32Que nous avons été
22:32Aux côtés d'Israël
22:33Mais là maintenant
22:33Le faire tout de suite
22:35Dans 15 jours
22:35Il y a quelques conditions
22:36Qu'il faut remplir
22:37Et qu'Israël
22:38Et qu'Israël doit remplir
22:39Et que les Palestiniens
22:41Doivent remplir
22:42Il faut libérer
22:42Tous les otages
22:43D'abord
22:43Tous les otages
22:44Depuis le 7 octobre
22:45Qui sont encore prisonniers
22:47Il faut éliminer
22:49Le Hamas
22:50Qui a provoqué
22:51Cette tuerie
22:51Cette barbarie
22:52Du 7 octobre
22:53Il faut que
22:54L'autorité palestinienne
22:55Soit consolidée
22:57Réformée
22:58Il faut aussi
22:59D'ailleurs
22:59Je pense que
23:00Israël
23:01Cesse cette fuite
23:02En avant
23:03Et qu'on retrouve
23:04Les moyens
23:04D'une négociation politique
23:06Voilà les conditions
23:07Mais la clé
23:08La clé
23:09C'est que ces deux peuples
23:10Vivent côte à côte
23:11En sécurité
23:11En se reconnaissant mutuellement
23:12Et donc sur le principe
23:13Vous n'y êtes pas hostile
23:14Non la France
23:15A toujours été favorable
23:16A cette solution
23:17Des deux états
23:18Et bien merci infiniment
23:19Michel Barnier
23:20D'avoir été à notre micro
23:21Ce matin
23:22Ce que j'ai appris de vous
23:24Ni des mémoires
23:25Ni des confessions
23:26Mais des chroniques
23:27Pour demain
23:28Un livre publié
23:30Chez Calman Levy
23:31Merci encore
23:32D'avoir été à ce micro
23:338h45
23:34C'est

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