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  • 18/06/2025
Raymond Domenech a côtoyé Bernard Lacombe, décédé mardi à 72 ans, avec qui il a joué à Lyon, en équipe de France et à Bordeaux, avant de le retrouver dans le staff technique de l'OL. L'ancien sélectionneur des Bleus exprime toute son émotion.

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Sport
Transcription
00:00Raymond, évidemment, je viens vous voir parce que vos mots m'ont touché quand j'ai lu ce que vous aviez déclaré sur Bernard Lacombe.
00:06Qu'est-ce que vous pouvez dire du joueur déjà qu'il était et puis de l'homme qu'il était ?
00:11Le joueur, d'abord j'ai une pensée pour toute sa famille.
00:15Bien sûr.
00:16Cette photo est absolument magnifique.
00:18Le joueur Bernard était un joueur atypique parce qu'il n'avait pas de qualité dominante.
00:26On ne pouvait pas dire qu'il sautait haut, on ne pouvait pas dire qu'il courait vite, on ne pouvait pas dire qu'il avait un bon pied particulier.
00:33Mais il avait cette capacité à associer tout ça et faire un joueur complet, extraordinaire, un buteur qui sentait toutes les situations.
00:43Il était costaud parce que dans les duels, il était méchant.
00:47C'était lui qui souvent faisait mal aux défenseurs.
00:51La casette a pris de lui un petit peu dans cette capacité à bloquer l'adversaire, à se tourner autour et à enclencher et à se positionner pour empêcher le défenseur de partir.
01:04Il sentait le football et il sentait ça.
01:07Et presque c'est pour tous les jeunes à qui on ne prédit pas quelque chose de se dire, tu n'as pas une qualité dominante, tu ne vas pas à 200 à l'heure, tu n'as pas une frappe extraordinaire, tu n'es pas grand.
01:18Mais Bernard, il était comme ça et cet amalgame, il a réussi.
01:24Moi, je me rappelle de lui alors qu'en étant à Bordeaux aussi à l'époque, quel type de joueur, quel mot vous diriez sur son caractère ?
01:32Est-ce que c'était un armieux ? Est-ce que c'était un quelqu'un, alors il sentait le foot, vous l'avez dit, quelqu'un qui était toujours bien placé, un renard des surfaces ?
01:38Est-ce que c'était un instinctif ? C'est quoi l'adjectif qui lui correspondait le mieux sur un terrain ?
01:43Déjà, c'était un vrai combattant.
01:45C'est quelqu'un qui ne lâchait rien, qui pouvait faire mal aux défenseurs, qui résistait à tous les chocs.
01:51Et oui, et qui sentait, je me souviens de l'époque quand il jouait avec Lyon, avec Floridinalo et Serge Chiesa, pour les anciennes générations, c'était des joueurs exceptionnels.
02:04Des fois, on les regardait.
02:06Ah oui ?
02:06Ah oui, oui, parce qu'il y avait un lien.
02:08Et c'était un leader dans le vestiaire aussi, ou c'était plutôt un taiseur ?
02:10Non, non, non, non, non, c'était pas...
02:12Il participait, mais c'était pas...
02:14C'est pas lui qui entraînait.
02:16Il était...
02:17Comme il était tellement superstitieux, il était avec ses chaussettes, son arrivée au stade au même moment, la place du vestiaire au même moment.
02:26Non, non, il était dans sa bulle, complètement.
02:28Et alors, évidemment, il a connu cette carrière de joueur magnifique, buteur extrêmement prolifique.
02:33Il a remporté l'Euro 84 dans ce groupe France, qui a fait rêver tout le monde avec ce carré magique, évidemment.
02:41Et puis après, il est devenu, j'allais dire, entraîneur et conseiller du président.
02:45Un homme qui n'était plus sur le terrain, mais extrêmement influent dans le cercle lyonnais.
02:50Il a commencé avec moi.
02:52On a commencé quand je suis arrivé.
02:54Il était adjoint, on n'appelait pas ça adjoint à l'époque.
02:57Comment ça s'appelait ?
02:58Il était là, il était...
02:59Avec vous.
03:00Voilà, il était là.
03:01Et il participait...
03:02Ça vous semblait évident ?
03:03Oui, oui, il participait à tout.
03:05Moi, quand je suis arrivé, quand M. Lasse m'a demandé de venir, il voulait un ancien lyonnais.
03:09Le premier, je veux dire, voilà.
03:11Il fallait recréer l'esprit lyonnais.
03:15Il fallait remettre de l'ADN.
03:16Voilà.
03:16Et lui, il représentait ça.
03:18Je veux dire, on était les deux, on pouvait être les représentants de ça.
03:21Et comme il est resté jusqu'au bout, il a marqué toute cette époque et toute cette génération de l'Olympique lyonnais.
03:30Parce qu'effectivement, il a été adjoint, il a été entraîneur, il a été directeur sportif.
03:34Il a été commentateur, même.
03:35Parce qu'il commentait...
03:36Ah oui, il commentait de manière un peu naturelle, dirons-nous.
03:40Il n'y avait pas de filtre sur ses propres joueurs.
03:42Il n'y avait pas de filtre.
03:43En plus, les joueurs...
03:44T'es nul, oui, d'accord.
03:45Les joueurs avaient, pendant les soins, ils avaient le match, ils repassaient le match.
03:49Mais ils voulaient tous écouter.
03:50Il dit, qu'est-ce qu'il a dit sur moi aujourd'hui ?
03:52Oui, bien sûr.
03:52Mais il leur disait, ça passait.
03:55Et quelque part, ça avait un impact d'une manière ou d'une autre.
03:59Il a eu une grande influence auprès de Jean-Michel Olaz dans le succès de l'Olympique lyonnais.
04:02L'Olympique lyonnais de Jean-Michel Olaz, ces grandes périodes de titres et de conquêtes européennes ?
04:07Après, je pense, oui.
04:08Parce que le foot, il connaissait, il le sentait.
04:12Donc, dans les choix, dans les orientations, dans la vie lyonnaise.
04:16Je veux dire, pour s'implanter dans la vie lyonnaise, Bernard, je veux dire, connaissait tout le monde à Lyon.
04:22Il était vraiment intégré.
04:24Et il avait cette qualité, cette capacité.
04:27C'est que, quel que soit le niveau de personnes, de joueurs avec qui il avait joué,
04:34il a gardé les mêmes relations avec ses copains de Fontaine
04:37ou avec ceux avec qui il a joué en équipe de France.
04:42Il est fabuleux.
04:43Il a même été copain avec des Stéphanois.
04:44Mais il a même joué à sa fois.
04:45Oui, il a joué.
04:46Non, on ne peut pas faire tout parfait.
04:49Bernard, tu m'entends ?
04:50Oui, bien sûr.
04:51Comme vous, il a marqué Bordeaux aussi.
04:54Oui, il a marqué l'époque.
04:56Il y restait trois ou quatre ans avec un titre.
05:00Il a marqué sa génération.
05:02Il a marqué son époque.
05:05Quand je dis qu'il sentait le jeu, j'aime bien raconter cette anecdote.
05:09C'est un match à Bordeaux.
05:11Je vais pour centrer.
05:13Je centre et je le vois lui.
05:16Il est parti, mais complètement à l'envers de ce que demandait apparemment ce que j'allais faire.
05:21Et Marc.
05:22Et à la fin, on en discute.
05:27Et il me dit, mais j'ai vu que tu allais le foirer.
05:30Mais tu rigoles.
05:31Il me dit, il n'y a que nous deux qui avions vu.
05:33Lui, il l'avait vu.
05:34J'ai dit, oui, je l'ai foiré, le sens.
05:36Mais complètement.
05:37Il avait senti le temps.
05:38Il avait senti que j'allais le foirer à cet endroit-là.
05:42Et ça vous a fait une passe décisive en plus.
05:43Oui, mais à l'époque, on les comptait pas.
05:45Oui, bien sûr.
05:46Par contre, les buts, on les compte.
05:48Pour revenir sur le formidable buteur qu'il était, c'est une légende de notre championnat de France.
05:54Première division.
05:54Le gain.
05:55Vous vous rendez compte, c'est le deuxième meilleur buteur de l'histoire.
05:57Encore aujourd'hui, avec 255 buts marqués dans notre championnat de France.
06:02Et aujourd'hui, quand on voit que Kian Mbappé, pour ceux qui sont plus jeunes, est dans ce classement.
06:08Mais qu'il y a d'autres grandes légendes, comme Piantoni, comme Réveli, qui sont là.
06:12Alors, on restait plus longtemps.
06:14Oui, mais ce que je veux dire, c'est que ça marque quand même.
06:16Bien sûr, je ne diminue pas l'histoire.
06:17Et c'est le meilleur buteur français, en fait, du championnat de France.
06:19Ça va rester encore très longtemps.
06:21Il aura toujours cette marque indélébile.
06:22C'est le meilleur buteur français.

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