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00:00Vous écoutez Le Siffleur, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:16Ce soir, je vous emmène dans l'espace et dans le temps,
00:20puisque l'histoire que je vais vous raconter s'est passée à Binley,
00:24dans le Grand Nord canadien, au début de l'hiver 1902.
00:28A cette époque-là, les papiers d'identité n'existaient pas.
00:33On connaissait plus ou moins le nom de ses voisins,
00:35mais pour plus de commodité, on les désignait par des surnoms.
00:40Quand on disait Willy l'Albinos, Jeff le Boiteux ou Jackie le Balafré,
00:46on savait de qui on parlait.
00:49Au bord de la rivière Mackenzie, dans l'océan glacial arctique,
00:53Binley n'était encore qu'une agglomération de cabanes en rondin
00:57qui servait de base aux chasseurs de fourrure.
01:00Ce soir-là, à la veillée, deux trappeurs causaient autour d'un poêle.
01:07Dis donc Joe.
01:07Oui.
01:08J'y pense, ces gens-là, ils viennent probablement de Desson.
01:13D'où est-il qu'ils viennent ? C'est la ville la plus proche d'ici.
01:16Je te rends compte.
01:16600 kilomètres à faire en chariot.
01:20C'est une drôle de valette pour une petite femme comme ça.
01:23Une petite femme ? Il y a une femme ?
01:24Oui, avec deux hommes.
01:26Des gaillards taillés comme ça, avec du poil noir,
01:29qu'on ne leur voit même plus les yeux.
01:31Et encore, il y en a un qui est mort.
01:32Je m'en fous. Parle-moi de la femme.
01:35Bon, un ange, à ce qui paraît.
01:37Non.
01:37Des cheveux blonds comme des blés,
01:40des yeux bleus comme élac qu'on voit par ici.
01:42Et un corps.
01:44À se relever la nuit pour en causer.
01:47C'est la femme à l'un des deux ?
01:49Oui, au bord.
01:50C'est à vous dégoûter d'être beau gars.
01:52Je ne sais pas pourquoi tu parles.
01:54L'autre, qui c'est ?
01:57Le cousin au mari.
01:59Comment tu les as vus puisqu'ils ne viennent jamais par ici ?
02:02Ils ont construit leur cabane de l'autre côté de la rivière
02:04et ils ont tout amené de leur patelin.
02:05Ils n'achètent rien ?
02:06Si, Morrison.
02:08Tu sais, Morrison, qui s'en est retourné hier à Québec,
02:10il leur a vendu son traîneau, puis c'est chien.
02:13C'est lui qui m'a appris tout ça.
02:15En tous les cas, les deux gars,
02:17c'est des bons trouvages.
02:19Mais à la première occasion,
02:21je leur voudrais ça.
02:22Pourquoi ?
02:23Parce que pas plus tard qu'hier,
02:26en revenant de la pêche,
02:27je me suis approché peut-être un peu trop près de leur cabane.
02:30Oh, mon ami.
02:31C'est une balle qui me passe à ça de l'oreille.
02:34Ils t'ont tiré dessus ?
02:35Oui.
02:37Tu n'as pas répondu ?
02:38Non, mais ça pourrait venir.
02:39L'hiver fut très rude
03:02et personne ne s'occupa des trois inconnus
03:05qui vivaient de l'autre côté de la rivière.
03:09Vers la mi-décembre,
03:10Patrick, le cousin,
03:12se luxa l'épaule
03:13et Christian, le borgne,
03:15dut aller seul à la chasse.
03:17Un matin,
03:18qu'il y avait 47 au-dessous de zéro,
03:20le mari eut tellement froid
03:22qu'il rentra plus tôt que prévu.
03:25La neige étouffait ses pas.
03:26Soudain,
03:29il s'arrêta pour écouter à travers la porte
03:31ce que disaient sa femme
03:33et le cousin.
03:35Je te répète, mon chéri,
03:36que cette situation ne peut plus durer.
03:38Jusqu'ici, tu t'en contentais ?
03:39Maintenant, c'est au-dessus de mes forces.
03:42Je t'aime trop
03:43pour accepter plus longtemps
03:44de nous cacher comme nous le faisons.
03:46Ma chérie.
03:46Et d'ailleurs, nous courons à la catastrophe.
03:48Quoi ?
03:48Tu crois qu'il se doute de quelque chose ?
03:50Christian est borgue,
03:50mais pas aveugle.
03:51Mais pourtant,
03:51nous n'avons jamais été aussi prudents.
03:53C'est précisément ce qui m'exaspère.
03:55De sentir là,
03:56tout près de moi
03:57et subir cette brute.
03:59Pourquoi l'as-tu épousée ?
04:00Je sortais du couvent,
04:01je ne connaissais pas la vie.
04:03Il était beau garçon,
04:04il m'a fait des compliments,
04:05je me suis sentie flattée.
04:06J'ai cru que c'était ça, l'amour.
04:08On s'est mariés,
04:10puis il a eu son accident.
04:12Je n'ai jamais pu m'habituer
04:13à cet oeil
04:13qui manquait dans ce visage d'homme.
04:16Et presque tout de suite,
04:17son caractère a changé.
04:19Il a compris que je ne l'aimais pas.
04:21que je ne l'avais jamais aimé.
04:24Il dirait qu'il veut m'en punir.
04:27Embrasse-moi.
04:30Chérie.
04:32Heureusement que je t'ai rencontrée.
04:34Que faire, bon Dieu, que faire ?
04:36N'importe quoi.
04:37Pourvu que je ne le revoie jamais.
04:39Jamais.
04:40Partir.
04:41En cette saison, ce n'est pas possible.
04:43Et quand bien même.
04:45Ce n'est pas ça que je pense.
04:47Parle.
04:49Patrick.
04:49La meilleure défense,
04:52c'est l'attaque.
04:53Je ne comprends pas.
04:55Tu es plus fort que lui.
04:57Et tu auras l'avantage de la surprise.
04:59Quoi ?
05:00Tu ne veux pas dire que...
05:01Si.
05:02Tu voudrais que je...
05:03que je le tue ?
05:04Il n'y a pas d'autre moyen.
05:05Ah, Nina !
05:06Mais jamais l'occasion ne sera meilleure.
05:09Nous sommes isolés.
05:10Et avant le printemps,
05:11nous avons des mois devant nous.
05:13On dira qu'il a eu un accident.
05:17Qu'il a été massacré par un ours
05:19ou que, blessé, les loulons attaqués.
05:23On peut mourir ici de 20 façons
05:25parfaitement incontrôlables.
05:26Oui, je sais.
05:27Imagines-tu notre bonheur ?
05:30Tous les deux.
05:32Seuls.
05:34Enfin.
05:36C'est moi qui le provoquerai.
05:38Il faudra seulement que je trouve un prétexte.
05:41Et il ?
05:42Moi, je vais t'étriper.
05:43Christian !
05:43Toi, je ne m'occupe pas de toi après.
05:45Tu ne les toucheras pas.
05:46Sans blague !
05:47Tiens !
05:48Et maintenant ?
05:57Maintenant, tu es moins fière, hein ?
05:58Nina !
05:59Nina, le couteau, là !
06:00Tiens !
06:02Christian !
06:03Arrête-toi !
06:04Ah non, non !
06:05Non, pas Christian !
06:06C'est l'auvage !
06:08Et voilà.
06:14Voilà.
06:15Maintenant, regarde-le comme il est beau, hein ?
06:17Je l'ai fait borgne, comme moi.
06:20Il est mort ?
06:23Oui.
06:24Oui, quand tu penseras à lui,
06:26tu ne pourras plus jamais repousser la vision
06:27de cet autre borgne.
06:29Tu es abominable !
06:31Il m'a enfoncé son couteau dans l'épaule.
06:33Ce couteau que toi, ma femme, tu lui as tendu.
06:35Je te hais !
06:36Oui, ça va.
06:37Allez, passe-moi l'autre vie.
06:39Passe-moi l'autre vie que je nettoie la plaie.
06:41Allez, vite !
06:43Aïe !
06:44Ouh là !
06:46Bon.
06:47Bon, et maintenant, j'ai faim.
06:49Allez, prépare à manger.
06:51Et n'oublie plus que je suis ton mari.
06:54Et que tu...
06:55Tu ne peux rien contre moi.
06:57J'étais dans mon droit.
06:59Si tu parlais,
07:00je serais acquitté.
07:01Pas sûr.
07:03Si tu bouges,
07:05ce sera ton tour.
07:06Un soir de printemps,
07:31le sergent Honnel,
07:33le sergent Honnel,
07:33de la police montée canadienne,
07:36arriva à Binley en tournée d'inspection.
07:38Un petit coup d'eau de vie,
07:40sergent ?
07:41Volentier.
07:42Alors,
07:43toujours pas marié ?
07:45Eh non !
07:46Oh gars,
07:46comme vous êtes,
07:47qu'est-ce que vous attendez ?
07:49Eh,
07:49l'occasion.
07:50Ah,
07:50vous ne devez pas en manquer.
07:52Eh non.
07:53Alors ?
07:54Il faudrait,
07:55je ne sais pas moi...
07:57Eh,
07:57le coup de foudre !
07:58Oui,
07:58c'est bien ça,
07:59le coup de foudre.
08:01Non mais parlons de choses sérieuses.
08:03Alors,
08:03l'hiver s'est bien passé ?
08:04Pas trop mal.
08:05La fourrure a bien donné ?
08:07Bah,
08:07avec Tom,
08:08on a abattu quelques très belles pièces.
08:10Ah,
08:10vous avez poussé jusqu'aux montagnes rocheuses ?
08:12Oui,
08:12on a même rapporté quatre pots d'ours.
08:14Des grizzlies qui faisaient plus de deux mètres d'eau.
08:16Ah,
08:17ben,
08:17compliment.
08:19Et dans le coin,
08:20il y a de nouveau ?
08:21Ah si,
08:21trois citoyens.
08:23Ah,
08:24et où sont-ils ?
08:24De l'autre côté de la rivière,
08:26ils ne veulent voir personne.
08:28Oui,
08:28les jours après leur arrivée,
08:29ils m'ont même tiré dessus parce que
08:31je m'étais avancé trop près de chez eux.
08:33Ben,
08:33ben,
08:34voilà des manières.
08:35Et qui c'est ces gens-là ?
08:36Le mari,
08:37la femme et le cousin.
08:38On ne sait pas d'où ils viennent.
08:40Il paraît que la petite est une beauté.
08:42Ah !
08:43Regarde-le !
08:44Comme je vous connais,
08:46sergent,
08:46vous allez y filer tout de suite.
08:49Une belle fille dans ce bête,
08:50il faut aller voir sa mère.
08:51Ah,
08:51sacré sergent !
08:53Sacré sergent !
08:54Ne tirez pas !
09:04Police !
09:05Ah bon ?
09:07Alors,
09:08c'est avec un fusil que vous recevez les gens ?
09:10On n'a besoin de personne.
09:12J'aimerais quand même faire votre connaissance.
09:15Si vous y tenez.
09:17On peut entrer ?
09:18Allez-y.
09:24Madame.
09:25Sergent.
09:27C'est ma femme.
09:29Enchanté.
09:32Vous avez passé un bon hiver ?
09:33Oui.
09:35Ça n'a pas été trop pénible, madame.
09:38Pour qu'elle s'y fasse.
09:39Mais je me suis laissé dire que vous étiez trois.
09:44Eh oui.
09:45Oui, malheureusement,
09:47on ne reste plus que deux.
09:49Et qu'est-ce qui est arrivé ?
09:51Au mois de décembre,
09:53mon cousin est tombé dans un trou glacé du Mackenzie.
09:55J'ai tout essayé pour le sauver,
10:00mais rien à faire.
10:01Pouf Patrick.
10:03Quoi ?
10:04Pourquoi tu fais non derrière mon dos ?
10:06Bon Dieu, tiens !
10:07Non mais je tiens à un pont en fonte à la tête de votre femme.
10:10Non mais vous êtes cinglé !
10:11Vous l'avez assommé !
10:12Oh, vous la paix !
10:12Mais dites-donc, il ne faut pas me parler comme ça !
10:14Non mais foutez-moi le camp !
10:15Et ça !
10:17Tiens.
10:21Il est évanoui.
10:22Ça l'adressera.
10:25Tiens, les menottes tout de suite.
10:27Non mais qu'est-ce que c'est que cet énergumène ?
10:30Alors, madame ?
10:34Non ?
10:36Non, ça ne sert à rien.
10:38Mais attendez, je vais vous étendre sur ces faux rires.
10:40Venez.
10:42Voilà.
10:45Je vais vous mettre une compresse d'eau froide.
10:48Là.
10:50Là, comme ça.
10:52Merci, sergent.
10:56Tenez.
10:57Bevez-moi ça.
10:59Merci.
11:02Ça va mieux ?
11:03Oui.
11:07Pendant que je parlais à votre mari, vous m'avez fait non dans son dos.
11:11Pourquoi ?
11:12Parce que je ne suis pas sa femme.
11:17Il est le cousin de mon mari.
11:19Et il l'a assassiné.
11:20Pourquoi ?
11:22Pour m'obliger à devenir sa maîtresse.
11:24Il l'a tuée au mois de décembre.
11:26Et vous n'avez rien dit ? Vous n'êtes même pas allé au village ?
11:28Pour m'en empêcher, il a enlevé mes raquettes.
11:30Impossible de sortir.
11:33Vous dire ce que j'ai enduré.
11:35Un cauchemar.
11:37Il me rouait de coups.
11:38Tenez.
11:39Tenez.
11:41Regardez les marques.
11:42Là.
11:44Là.
11:45Et encore ici.
11:46Je...
11:47Découvrez-vous.
11:49Vous allez prendre froid.
11:52Et le cadavre, qu'en a-t-il fait ?
11:55Les loups l'ont dévoré.
11:57Oh, le salaud.
11:59Je vais l'emmener, il sera pendé.
12:02Vous viendrez avec nous pour faire votre déposition.
12:04Avec joie.
12:07Il fait nuit.
12:09Nous partirons demain matin à l'aube.
12:11Il y a une deuxième pièce.
12:14Venez, je vais vous montrer.
12:15Mais je ne compte pas...
12:16Vous n'avez pas regagné le village.
12:17Venez.
12:20Vous voyez ?
12:21Ici, vous serez très bien pour passer la nuit.
12:26Je vous remercie.
12:28Sergent.
12:30Je vous ai une très grande reconnaissance.
12:33Oui, je suis sûr que vous méritiez d'être heureuse.
12:36Vous êtes marié ?
12:38Pas encore.
12:40Fiancé ?
12:41Non.
12:43Vous devez pourtant plaire aux filles.
12:46Je ne sais pas.
12:48Allons donc.
12:49Vous n'êtes pas timide ?
12:51Non.
12:54Ne me regardez pas de cette façon-là.
12:59Comment vous appelez-vous ?
13:01Nina.
13:03Et vous ?
13:04Renel.
13:06Votre petit nom ?
13:09Johnny.
13:11Johnny.
13:16Cette nuit-là, Nina devint la maîtresse du sergent Honnel.
13:31Et à l'aube, menottes aux mains, il emmena le mari qu'il croyait être le cousin.
13:38Et avant le départ pour la grande ville, dans la cabane de Joe et du vieux Tom,
13:43ce fut l'interrogatoire.
13:46Je vous répète que le mari, c'est moi.
13:49Vous mentez.
13:50Mais enfin, regardez-moi, bon Dieu.
13:52On m'appelle Christian le Borgne.
13:54Vous voyez bien qu'il ne me reste plus qu'un oeil.
13:56Sergent, il dit la vérité.
13:57Le mari était Borgne.
13:58Et comment le savez-vous ?
13:59C'est Morrison qui est reparti pour Québec qui me l'a dit.
14:02Et lui, comment le savait-il ?
14:03Je lui ai acheté son traîneau et ses chiens.
14:05Le mieux serait d'interroger la femme.
14:07Elle est à côté.
14:08Venez.
14:09Dites-moi, madame, qui était Borgne ?
14:18Votre mari ou votre cousin ?
14:20Christian, mon mari.
14:23Ah.
14:23Mais quand ils se sont battus, Christian a terrassé Patrick.
14:28Il lui a enfoncé la paupière avec son pouce jusqu'à ce qu'il ait l'oeil crevé lui aussi.
14:32Oh, mais c'est ignoble !
14:33Oui, ça n'a d'ailleurs pas empêché Christian d'avoir le dessous et d'être frappé à mort quelques minutes après.
14:41Patrick est resté seul avec moi et c'est parce qu'il s'est trouvé Borgne lui aussi qu'il a eu l'idée de se substituer à mon mari.
14:50Vous dites bien la vérité ?
14:52Pourquoi mentirais-je ?
14:55Non, je vous crois.
14:56Allez jusqu'à l'auberge, nous vous rappellerons si nous avons encore besoin de vous.
14:59Le mari ne valait pas beaucoup plus cher.
15:05Il est mort, n'en parlons plus.
15:07Reste l'assassin, vous allez l'emmener au tribunal, sergent.
15:09Oui, il sera pendu.
15:12Comme se présente l'affaire, je ne crois pas.
15:14Mais à la vérité, il n'y a pas de preuve.
15:16De preuve matérielle.
15:17Mais pas me dire qu'on pourrait la quitter.
15:19Je le crois.
15:20Alors ça, sergent, ce n'est pas possible.
15:23Moi, je ne connais que la loi du Nord, le sang par le sang.
15:26S'il n'y avait que moi, je vous jure qu'il ne ferait pas long feu.
15:28Comment ?
15:29Nous avons 600 kilomètres à faire, il faut que je m'occupe de trouver un chariot et un cheval.
15:32Je serai de retour dans deux ou trois heures.
15:35Je vous confie le prisonnier.
15:36Ne vous inquiétez pas, ne craignez rien.
15:37Après cette nuit passée avec Nina, le sergent Honnel s'était mis à l'aimer comme un fou.
15:59Et puisque son mari était mort, peut-être pourrait-il l'épouser.
16:07Seulement, il restait ce Patrick.
16:11Si on la quittait, il reviendrait sûrement à la charge.
16:15Au fait, pourquoi l'avoir laissé à la garde du vieux Tom ?
16:20Pourquoi ?
16:22Johnny Honnel n'osait s'avouer à lui-même ce qu'il espérait.
16:28Trois heures plus tard, il se trouvait devant le fait accompli.
16:32Tom !
16:33Tom, qu'avez-vous fait ?
16:35Ben, ce voyou a réussi à couper ses cordes, il a fait chulcant.
16:38Je lui ai crié de s'arrêter, il n'a pas obéi, il s'est tiré.
16:41C'est vrai, je suis témoin.
16:42Deux balles dans le dos.
16:44Je voulais seulement le blesser.
16:46Ma main a dû trembler, ça me fait vieux.
17:11Qu'est-ce que tu fais, chéri ?
17:12Ben, je nettoie mes fusils et mes revolvers.
17:16Serge Honnel, est-ce que vous m'aimez ?
17:20Sinon, ma petite Nina, est-ce que je t'aurais épousée ?
17:24Je suis fière d'être ta femme, tu sais.
17:27Il y a des gens de la ville qui me saluent parce que je suis Madame Honnel.
17:31Heureuse ?
17:33Délicieusement.
17:36Il est beau, ce revolver.
17:37Oui, c'est un gros calibre que j'ai gagné à un concours de tir à Montréal.
17:42Mais dis-moi, tu sais au moins de servir d'une arme ?
17:45Tu veux parier que je tire aussi bien que toi ?
17:47Tu ne me crois pas ?
17:49Non.
17:50Je ne sais peut-être pas qu'un jour, j'ai surpris un ours grizzly qui tenait mon mari entre ses griffes.
17:55Je l'ai battu d'un coup de fusil.
17:57D'un seul.
17:58C'est merveilleux.
18:00Oui.
18:03Qu'est-ce que tu as dit ?
18:04Ton mari un jour a été attaqué par un grizzly ?
18:08Oui, je suis arrivée à temps.
18:10Il avait le dos atrocement labouré.
18:12Il avait deux mois d'hôpital.
18:14Et le cousin Patrick ?
18:16Il n'a jamais eu le dos labouré par des griffes d'ours ?
18:18Non.
18:19Pourquoi me demandes-tu ça ?
18:21Parce que j'ai assisté à la dernière toilette de Patrick.
18:25Tué de deux balles par le vieux Tom.
18:26Et quand on lui a mis sa chemise blanche, j'ai remarqué sur son dos d'affreuses cicatrices.
18:34Les cicatrices laissées par les énormes pattes d'un ours grizzly.
18:38Johnny.
18:38Ainsi, l'homme que j'ai laissé tué par le vieux Tom, ce n'était pas Patrick, mais bien ton mari.
18:46Et s'il a tué Patrick, c'est parce qu'ils vous avaient trouvé ensemble, Patrick et toi, n'est-ce pas ?
18:50Mais réponds !
18:52Tu te trompais avec Patrick !
18:54Mais vas-tu répondre ?
18:55Oui.
18:56Oui.
18:57Et tu savais que si ton mari était arrêté, il serait acquitté.
19:01On acquitte toujours pour un crime passionnel.
19:04Et tu voulais te débarrasser de lui n'importe comment et tu as fait de moi ton complice.
19:07Non, non, je n'ai pitié.
19:08Oh la garce !
19:09Vous venez d'écouter Le Siffleur, un podcast issu des archives de Repin.
19:39Réalisation Julien Tarot
19:41Production Romy Azoulay
19:43Patrimoine sonore Sylvaine Denis, Laetitia Casanova et Antoine Reclus
19:48Promotion Marie Corpet
19:50Le Siffleur est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
19:56Écoutez aussi l'épisode suivant en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.
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