- il y a 4 jours
Mercredi 18 juin 2025, retrouvez Gilles Duqueine (Fondateur, Duqueine Composites), Thibault Baldivia (Cofondateur, Ascendance), Luc Kaes (Directeur Général, Radiall) et Thomas Pinhède (Directeur technique adjoint, Ametra) dans SMART INDUSTRIES, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.
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00:00...
00:00Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle émission de Smart Industries en direct du salon du Bourget,
00:14le salon international de l'aéronautique et de l'espace.
00:17Nous sommes ici au centre d'Ametra pour aborder une émission sur le thème de l'innovation,
00:22donc quels sont les axes de développement les plus prometteurs pour le secteur spatial et aéronautique,
00:26mais surtout comment transformer ces innovations en réalité industrielle dans un univers marqué par des exigences extrêmes en termes de sécurité et de certification
00:34et aussi dominé par des grands groupes très structurés.
00:38Ce sont les thématiques que nous allons aborder avec mes invités, c'est Smart Industries.
00:44Et pour aborder ce sujet, je suis ravie d'être entourée de quatre invités.
00:49Thibaut Baldivia, vous êtes cofondateur d'Ascendance, une start-up engagée dans la décarbonation de l'aviation autour d'un système de propulsion hybride électrique.
00:56Merci d'être avec nous.
00:57Merci beaucoup.
00:58Gilles Duquen, vous êtes fondateur de Duquen Composite.
01:01Merci d'être avec nous.
01:03Luc Caisse, vous êtes directeur général de Radial, un connecticien français.
01:08Bonjour, merci.
01:08Bonjour, merci.
01:09Et Thomas Pinette, directeur technique adjoint d'Ametra, spécialiste de l'ingénierie et de l'intégration de systèmes mécaniques, électriques et électroniques dans l'aéronautique et la défense.
01:18Merci d'être avec nous.
01:19Merci, bonjour.
01:20Et Thomas Pinette, je reste avec vous.
01:21Vous avez la spécificité dans votre entreprise d'avoir créé une cellule de R&D il y a seulement cinq ans.
01:28Pourtant, votre entreprise a 40 ans.
01:31Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi il y a cinq ans, vous avez choisi de développer, de mettre l'accent sur la R&D ?
01:37Oui, tout à fait. Alors en fait, on a des bureaux d'études en interne, on est sous-tête générienne avec beaucoup de bureaux d'études et on avait toujours un petit peu la frustration des équipes d'avoir des intuitions et de jamais avoir le temps ni l'opportunité de développer des idées.
01:49Et donc, c'est vrai qu'il y a cinq ans, il y a eu une possibilité de se dire, en recrutant des docteurs, en amenant aussi d'autres façons de réfléchir que de l'ingénierie classique, comment on pourrait mettre à profit des idées, des intuitions qu'on proposerait ensuite à des donneurs d'ordre.
02:08Là où d'habitude, en ingénierie, on fait exactement l'inverse. On attend l'opportunité pour pouvoir le faire.
02:11Donc, ça a été monté il y a cinq ans sur trois docteurs et chaque année, on essaie de renouveler des projets comme ça.
02:17Et donc là, entre ces cinq dernières années, quels sont les sujets phares d'études qui sont importants aujourd'hui pour Ametra ?
02:24Alors, il y a le premier sujet qu'on a eu beaucoup de chance, c'est qu'effectivement, ça a amené des brevets et il y a eu des bonnes retombées derrière.
02:31C'était sur l'hybridation de l'avion électrique, ce qui va peut-être rejoindre effectivement mon collègue,
02:38où on a travaillé avec un docteur sur l'énergie de puissance, par rapport à des données qu'il avait,
02:45sur comment on pouvait mettre en face des lois de comportement, en vraiment travaillant sur ce côté hybride
02:51de l'avion électrique demain aura encore besoin de kérosène.
02:54Et donc, ça a donné ensuite jusqu'à des intérêts de Safran et de Flying Wallace.
02:59On a déposé avec eux des brevets et sur lesquels on continue à travailler encore.
03:03Donc, à la base, c'était vraiment comment on fait ces lois de comportement de ces composants pour l'énergie de puissance.
03:09Et qu'est-ce qu'on en fait ? On en a parlé et ensuite, on a pu développer des programmes avec nos clients.
03:13Donc, ça, c'est le premier sujet historique.
03:16Et le tout dernier, c'est sur les métamatériaux.
03:19C'est donc les matériaux qui ont des structures très particulières sur lesquelles on va pouvoir beaucoup mieux développer
03:25des puces, de l'énergie de contraintes et autres.
03:31Ou sur lesquelles, avec la fabrication native, on fait des matériaux beaucoup plus complexes.
03:34Et comment on est capable de les calculer ?
03:36Qu'est-ce qu'on a comme gain en termes de contraintes mécaniques et de dissipation thermique ?
03:40Et là, on est vraiment au tout début.
03:41On se lance sur est-ce qu'on est capable.
03:43Et on commence à en parler pour voir ensuite des applications qu'il pourrait y avoir dans l'aéronautique,
03:46Chametra.
03:47Gilles Dutken, vous êtes aussi sur cette innovation dans les matériaux, dans les composites.
03:53Quels sont les axes de vos travaux dans votre entreprise ?
03:57Et à quels besoins ça répond dans l'aéronautique ?
04:01Alors, au niveau de la transformation des composites, la R&D et l'innovation, c'est mandatorie.
04:08C'est indispensable.
04:09J'ai l'habitude de dire le métallique à plusieurs millénaires, le plastique plusieurs siècles.
04:13Le composite, c'est très récent, 50-60 ans.
04:16Donc, on doit travailler en permanence aussi bien sur la conception des pièces, des process, des matériaux et de l'industrialisation.
04:25Donc, dans le groupe du Ken, la R&D et l'innovation, ça fait partie de l'ADN.
04:31Mais sur quels matériaux, sur quels composites vous travaillez là spécifiquement ?
04:37Alors, on a trois axes.
04:39Le premier axe, c'est on a des lignes de production.
04:42Et la production des composites, c'est assez complexe.
04:45Il y a plusieurs phases.
04:47Et donc, on commence à faire des...
04:49On travaille sur des développements incrémentaux pour améliorer l'industrialisation.
04:53Essayer de supprimer les phases à faible valeur ajoutée en mettant des robots, des machines spéciales.
04:59Donc, ça, c'est une grosse part de la partie R&D innovation.
05:04Après, on travaille aussi sur les pièces.
05:08On essaye, en travaillant sur les pièces, de faire des pièces de plus en plus complexes qui intègrent des fonctions.
05:15Donc, ça, c'est une grosse partie de la R&D.
05:18Et la dernière, c'est sur les process, aussi bien matériaux que les process, puisqu'on essaye de s'affranchir du tout autoclave.
05:29Et nos donants d'ordre sont très friands d'innovation pour essayer d'avoir des process plus industriels.
05:35Lucas, comment ça se passe au sein de votre cellule ?
05:38Donc, vous, vous avez un peu plus de...
05:40Vous avez un temps long, un historique un peu plus long.
05:43Je crois, 70 ans, vous me disiez.
05:44Oui, c'est ça.
05:45Société de 70 ans fondée par des ingénieurs.
05:47Voilà.
05:48Donc, l'innovation a toujours été au cœur de la société.
05:51Et donc, au sein de vos cellules de R&D, comment est-ce que ça fonctionne ?
05:53Comment est-ce que c'est organisé ?
05:55Surtout, notamment, par rapport à l'échange avec les donneurs d'ordre.
05:58Est-ce que c'est vous qui allez à l'innovation, vous proposez quelque chose ou c'est l'inverse ?
06:02Alors, en fait, c'est un échange qui est long.
06:06On s'est structuré à différents niveaux entre, d'une part, des ingénieurs de haut niveau qui sont en contact avec les clients,
06:14plusieurs clients qui comprennent leurs problématiques, qui sont capables de comprendre toutes les technologies qu'on a en interne.
06:21On a une R&T très amont qui travaille sur les nouvelles technologies.
06:24On parlait des matériaux, c'est très important.
06:26On simule beaucoup de choses pour accélérer le développement, parce qu'aujourd'hui, il faut aller de plus en plus vite, faire bon du premier coup.
06:32Et puis, cette relation avec les donneurs d'ordre et aussi, notre spécificité, c'est qu'on est multimarché.
06:37Donc, on est autant sur l'aéronautique, la défense, le spatial, mais aussi les télécoms, le ferroviaire.
06:43Et on voit en fait des méga-trends qui se propagent.
06:47Les matériaux, l'énergie, la data, on fait beaucoup de choses en fibre optique.
06:51Et puis, réduire notre impact, l'environnement et donc beaucoup de recherches également sur avoir des traitements,
06:58des process beaucoup plus, comment dire, durables.
07:02Et tout ça, avec des équipes pluridisciplinaires, nous permet d'offrir des solutions.
07:08En fait, on se présente comme des enablers de technologies.
07:10On est là pour résoudre les problèmes des clients.
07:13C'est comme ça qu'on se différencie.
07:14Donc, c'est plutôt eux qui vont venir vers vous aussi avec leurs besoins.
07:18Voilà, ils viennent avec leurs besoins, mais on vient aussi avec nos connaissances du marché.
07:22Et comme on travaille avec tous les acteurs du marché, on est capable de comprendre quelles sont les méga-tendances
07:29et d'être toujours à la pointe et d'offrir des solutions les plus pratiques, bien sûr,
07:34les plus pertinentes et économiquement parlant, mais aussi les plus vertiveuses.
07:39Et enfin, spécificité aussi, c'est un groupe familial.
07:43Donc, on a le temps long et ça, c'est très important.
07:45En tant que connecticien, qu'est-ce qui serait la pointe de la technologie appliquée au monde aérospatial ?
07:53D'abord, l'aéronautique, c'est un marché qui investit beaucoup en R&D,
07:58qui doit opérer une transformation importante avec l'environnement
08:02et puis qui, par essence, a des produits durables.
08:05Nos connecteurs sont spécifiés pour fonctionner 25 ans.
08:08Et quand on parle d'une économie plus frugale ou d'une économie où les produits sont plus durables,
08:13nous, on a toutes les technologies.
08:15Nos produits n'ont pas d'obsolescence programmée.
08:18Donc, on a énormément de technologies de fiabilité qui sont intéressantes pour des marchés.
08:24Et l'aéronautique est plus innovante que notre marché
08:26et donc nous permet d'être en avance et de pouvoir disséminer, faire ruisseler ces technologies.
08:33Thibaut Baldivier, vous travaillez depuis 7 ans sur un produit de propulsion hybride.
08:38Est-ce que vous pouvez nous expliquer l'histoire ?
08:43Comment est-ce que ça s'est lancé ?
08:44Comment est-ce que vous avez travaillé sur ce produit ?
08:46Oui, absolument.
08:47Donc, nous, on est en fait pionniers dans la partie hybride électrique dans l'aviation.
08:50On travaille dessus depuis 2018, comme vous disiez.
08:53Donc, à son nom, c'est une start-up.
08:54Donc, notre raison d'être, c'est justement la R&D.
08:57Et j'allais dire même l'innovation.
08:59Et donc, à la limite, nous, on a le problème inverse.
09:01C'est-à-dire que maintenant, on est à un moment où cette phase d'innovation de R&D,
09:05on a pu dérisquer les technologies, on a pu avancer.
09:07Et là, maintenant, on est en train d'entrer dans la phase industrielle.
09:09Donc, c'est assez amusant aussi de voir que chez nous, finalement, la problématique s'inverse.
09:14Et on doit maintenant faire nos preuves d'un point de vue industriel, ce qu'on est en train de faire en ce moment.
09:19Donc, qu'est-ce qu'on fait quand on dit l'hybride ?
09:21L'hybride dans l'aviation, c'est rajouter finalement des batteries dans les avions.
09:26C'est garder un moteur qui fonctionne au carburant kérosène classique,
09:29mais aussi au carburant d'aviation durable, ce qu'on appelle les sustainable aviation fuel,
09:33les SAF en anglais, mais peut-être demain l'hydrogène,
09:35pour permettre d'optimiser les avions et de les rendre moins gourmands en énergie.
09:41Donc, en fait, grâce à la technologie hybride, on réduit la consommation de carburant.
09:44Selon les appareils, ça peut aller jusqu'à moins 50%.
09:46Et c'est ça qui va permettre aussi demain de pouvoir décarboner,
09:50ou en tout cas participer à la décarbonation de l'aviation.
09:53Et l'innovation là-dedans, en fait, où est-ce que ça se trouve ?
09:56Parce que batterie, propulsion, moteur à combustion, ça, c'est des choses que j'imagine qui étaient maîtrisées jusqu'à présent.
10:03Où se situe l'innovation dans cette propulsion hybride ?
10:07C'est une super question parce que souvent, on se dit hybride.
10:09Finalement, ça fait 20 ans que ça existe dans l'automobile.
10:11Donc, on a besoin de rien inventer dans l'aviation.
10:14C'est pas tout à fait vrai.
10:15Et je pense que mes collègues ici témoigneront.
10:18Quand on fait transposer une technologie depuis un marché qui est extérieur à l'aéronautique,
10:23il y a une grande marche à passer parce qu'on a des contraintes de certification.
10:27On a des contraintes de performance.
10:29Dans notre cas, on a des contraintes de masse, évidemment.
10:31Donc, il y a tout un travail là-dessus pour le développer.
10:33Nous, notre innovation, elle réside vraiment dans la partie...
10:37Donc, c'est batterie pour l'hybride qui sont les plus légères possibles
10:41parce que l'aviation est très sensible à la masse,
10:43qui sont les plus sûrs possibles,
10:44mais aussi tout ce qui est contrôle de cette énergie hybride.
10:47Comment est-ce qu'on fait pour l'utiliser dans l'avion ?
10:49Est-ce qu'il faut que là, on utilise le moteur ?
10:51Est-ce que là, il faut qu'on utilise les batteries ?
10:52C'est ça que notre système qu'on a produit,
10:54qui s'appelle Hybrid Operating System,
10:56ce qu'on appelle un Hybrid Energy Management System,
10:59fait dans l'avion en temps réel.
11:01Et c'est cet ensemble-là qu'on a packagé ensemble,
11:03finalement, qu'aujourd'hui, on vend à des clients depuis des drones
11:06jusqu'à de l'aviation conventionnelle, 15 places,
11:09mais même au-delà, jusqu'à 80 places.
11:11Thomas Piden, on a évoqué quelques freins
11:14à ces développements d'innovation, que sont la sécurité.
11:18Vous, au sein de votre R&D,
11:20qu'est-ce qui vous empêche d'aller plus vite, d'aller plus loin ?
11:23Alors, chez Ametra, il va y avoir effectivement
11:26le côté humain et financier, malgré tout, qui sont quand même liés.
11:30En se lançant dans de l'innovation,
11:33notamment pour être en amont,
11:34on n'est pas certain d'arriver à un résultat.
11:36Or, dans l'innovation, dans la recherche,
11:38un échec est un résultat.
11:41Et il faut pouvoir le publier, l'exploiter,
11:43le rendre disponible à d'autres chercheurs pour pouvoir avancer.
11:45Et c'est vrai que ce n'est pas habituel,
11:48dans un bureau d'études qui a toujours le côté
11:52« il faut arriver à un résultat, quoi qu'il arrive »,
11:53de se mettre là-dessus.
11:56Dans la R&D, c'est d'arriver à comment on accompagne
11:59les docteurs pour dire
12:00« l'échec est autorisé du moment que ça apporte quelque chose »
12:04et « qu'est-ce qu'on en fait derrière ? »
12:06Donc ça, c'est un frein humain qui est important d'eux.
12:09Une manière de penser qu'il faut reculquer dès le début.
12:12Tout à fait.
12:12Donc là, nous, on a en partie résolu en disant
12:14que le mélange de docteurs et d'ingénieurs
12:17apporte peut-être une autre façon d'appréhender ce genre de sujet.
12:21Ça permet de voir des ingénieurs qui ont vu
12:24beaucoup d'autres domaines que l'aéronautique,
12:27qui vont avoir effectivement d'autres choses qu'à l'aéronautique,
12:29mais qui l'ont vu aussi.
12:30Et des docteurs qui ont l'habitude de mener en place
12:33une recherche vraiment de pure de recherche
12:34en disant « comment je vais pouvoir amener effectivement un résultat ? »
12:39Donc ça, c'est un des premiers freins.
12:42Le deuxième frein, il est financier quoi qu'il arrive
12:45parce qu'on se doute que pour l'aéronautique,
12:47il y a beaucoup de preuves à apporter,
12:48il y aura beaucoup de choses à faire plus tard.
12:51Est-ce qu'on est certain d'aller dans une direction
12:52qui va demain être intéressante ?
12:54Et donc c'est là où Chiametra, nous, on prend le pari de dire
12:57« tant pis, on y va quand même, on essaye, on essaye de voir,
12:59on communique, on fait des conférences.
13:01Les conférences permettent effectivement des rencontres
13:02qui permettent de trouver des financements aussi
13:04pour pousser effectivement cette recherche.
13:08Et voilà, c'est cet aspect communication
13:10qu'on rajoute aussi à notre salut à Rédé Amétra
13:11pour trouver des financements
13:14et se dire « on va pousser jusqu'au bout l'exercice de pensée. »
13:17Et du coup, j'imagine qu'il faut faire des choix.
13:20Et est-ce que les financements soutiennent plus particulièrement
13:24un axe d'innovation en particulier ?
13:27Alors le premier dont je vous ai cité tout à l'heure
13:29sur l'hybridation dans l'aéronautique,
13:31ça nous a permis de trouver des contrats ensuite derrière.
13:34Donc celui-là, effectivement, on maintient la compétence
13:36avec notre docteur et on sait que c'est quelque chose d'intéressant.
13:40Là, en ce moment, on va être sur les matériaux.
13:42On sait qu'il y a un besoin.
13:43Le besoin, il n'est pas que l'aéronautique.
13:45Il est sur la défense, il est sur l'automobile.
13:47Il est quand même beaucoup plus générique.
13:48Donc comme beaucoup de gens sont intéressés,
13:50on se doute qu'on va finir par trouver des choses intéressantes.
13:52Lucas, comment est-ce que vous gérez ça sur le temps long ?
13:55Parce que c'est vrai que vos investissements,
13:56il y a déjà plusieurs décennies,
13:58on commence à ressentir les fruits.
14:00Donc vous gérez ça comment dans l'entreprise ?
14:03Alors effectivement, c'est la question cruciale
14:05parce que c'est des risques.
14:06Et plus on est en recherche, plus on est en amont,
14:08plus on a des TRL, des technologies readiness level bas,
14:11plus il y a le risque.
14:12Et donc ça fait partie de la stratégie de l'entreprise.
14:15Pouvoir investir sur le temps long
14:16et se rassurer avec les succès qu'on a eus.
14:20Des technologies, je pense à l'optique,
14:22qu'on a mis 15 ans à développer,
14:23mais qui sont maintenant à la pointe de la technologie.
14:27Et c'est la connaissance,
14:28c'est les échanges qu'on a avec nos clients,
14:30les clients avec lesquels on arrive à échanger,
14:32non pas sur notre roadmap produit,
14:33mais sur notre roadmap technologique.
14:35Là, on a atteint vraiment une intimité très intéressante
14:38puisque c'est eux qui peuvent nous dire,
14:40ben oui, tiens, vous nous donnez des idées,
14:42vous êtes sur les bons créneaux.
14:45Et c'est en étant toujours en amont.
14:47Puis on a la chance en France d'être bien accompagnés
14:50avec le crédit d'impôt recherche,
14:51qui est quand même très, très, très intéressant
14:53et qui nous permet de prendre des risques,
14:55de miser sur le long terme
14:58et d'avoir des technologies de pointe.
15:01Et franchement, on peut être fier en France
15:04d'avoir des niveaux d'abord de formation
15:07et technologique très amassés.
15:08Regardez ce salon, la filière aéronautique française,
15:12elle est au top niveau mondial.
15:14Et vous me disiez qu'au niveau du financement,
15:17vous consacriez toujours une part de votre chiffre d'affaires.
15:20Oui, c'est le cas, effectivement.
15:22Ça fait partie de la stratégie de l'entreprise.
15:24Quoi qu'il arrive, on a au moins 7% de notre chiffre d'affaires.
15:28Et même en période de crise,
15:29on a maintenu un effort de recherche très important
15:33parce que c'est l'avenir.
15:34C'est comme ça que nous différencions,
15:36c'est comme ça qu'on prépare l'avenir
15:37et ça a toujours fait partie de notre culture.
15:39Donc, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement.
15:42Gilles Duquenne, vous qui travaillez justement
15:45sur cette mise en place industrielle de l'innovation,
15:51vous, en fait, le temps long, c'est presque une force.
15:54Ça pourrait penser être un frein pour le secteur aéronautique,
15:57mais c'est plutôt une force pour vous
15:58parce que ça vous soutient dans vos investissements
16:00et ça fait que toutes les innovations sont pérennes aussi,
16:04ou deviennent pérennes.
16:05Oui, on a l'avantage que les programmes aéronautiques
16:08sont des programmes sur très long terme.
16:10Donc, quand on passe du temps R&D
16:14en développement sur l'innovation,
16:16on a la chance, si le projet est élu,
16:19si le process est intégré,
16:21de pouvoir l'amortir sur du long terme.
16:24Mais c'est quand même relativement complexe
16:28parce que l'aéronautique, ce sont des programmes très longs.
16:32Donc, il faut garantir de la constance de procédés,
16:36de production et en même temps,
16:38proposer à nos clients des innovations.
16:40Mais ces innovations, elles sont très frileuses.
16:43Il faut vraiment démontrer qu'il y a un step intéressant,
16:47que ce soit gain de masse, gain de performance ou gain de coût.
16:52Mais si on arrive à allier les trois,
16:54au bout d'un moment, on arrive à qualifier l'innovation
16:57et l'introduire soit sur des programmes actuels,
17:01soit sur des nouveaux programmes.
17:03Donc, l'avantage, c'est qu'une fois que c'est introduit,
17:07la récurrence fait qu'on peut amortir nos coûts de développement.
17:11Oui, c'est ça.
17:12Et Thibaut Balivia, vous évoluez aussi dans un secteur,
17:15vous parliez de la sécurité.
17:16Il y a aussi des très grands groupes qui sont dominants.
17:19Comment est-ce que vous arrivez à être agile,
17:23à être ouvert à l'innovation,
17:24peut-être à pousser un petit peu les idées fixes ?
17:29Il y a plusieurs points.
17:30Déjà, je pense que dans l'aviation, on a la chance,
17:32ça a déjà été dit, d'être dans un milieu
17:33où les acteurs sont intrinsèquement innovants.
17:35Tout le monde est en train de chercher
17:37parce qu'on a toujours cet objectif d'augmenter la sécurité,
17:39la fiabilité des appareils.
17:40Donc, quand on arrive en tant que start-up
17:42pour aller parler à des grands groupes,
17:44on a un bon accueil, généralement.
17:46Les gens voient l'intérêt de travailler dans l'innovation,
17:48ce qui est super.
17:49Nous, dans nos technologies,
17:50on travaille avec des grands groupes aussi
17:53qui sont nos partenaires, qui sont nos fournisseurs.
17:56Des partenaires, par exemple, motoristes.
17:57Parce que, comme je le disais tout à l'heure,
17:58dans notre système hybride, on a besoin de moteurs.
18:00On a des gens établis, que ce soit en Europe ou outre-Atlantique,
18:03qui font déjà des choses très, très bien.
18:04Donc, on travaille avec ces gens-là.
18:07Ce qu'on a, en revanche, qui est radicalement différent,
18:10c'est que, malheureusement,
18:12je n'ai pas encore la trésorerie d'Airbus.
18:13Et donc, n'ayant pas la trésorerie d'Airbus,
18:15on est obligé d'avoir des résultats très court terme
18:17et, justement, on n'a pas le temps long.
18:20Donc, ça, ça nous force...
18:21On est forcés d'être innovants,
18:24parce que c'est notre raison d'être,
18:25mais on est obligés de venir faire des étapes intermédiaires,
18:28des prototypes, des bancs d'essai,
18:29pour démontrer vraiment et, j'allais dire,
18:31cranter à chaque étape du processus d'innovation.
18:33Et ça, c'est vraiment quelque chose qui est très différent,
18:35lié à ces contraintes-là, finalement.
18:38Ce qui nous force à avancer
18:39et à se focaliser, j'allais dire,
18:41avec une vision très produit.
18:42On ne peut pas se permettre, en fait,
18:44de faire de la R&D trop prospective,
18:46parce que, malheureusement,
18:47on ne pourra pas tenir jusqu'à l'avoir arrivé sur le marché.
18:50On est obligés d'en faire des produits très rapidement
18:51et de les vendre.
18:53Et c'est ce qu'on fait, d'ailleurs, chez Ascendance.
18:54On a, justement, ces technologies hybrides
18:57qu'on vend depuis le drone jusqu'à l'aviation.
18:59C'est des moyens, en fait, d'accéder au marché
19:01à différents moments.
19:02On a aussi un appareil nous-mêmes qu'on développe
19:04qui s'appelle ATA,
19:04qui est un appareil décollage et atterrissage vertical
19:06pour adresser un marché à un autre moment.
19:09Donc, cette roadmap produit est vraiment
19:10au cœur de nos préoccupations.
19:12Donc, je dirais que c'est innovation
19:13au cœur de notre stratégie,
19:16mais qui doit forcément être,
19:17ce que moi, j'appelle productifié,
19:18si je puis dire,
19:19pour vraiment faire la raison d'être,
19:22finalement, de la société.
19:23Et votre prototype,
19:25qui va faire ses premiers essais,
19:27fin 2025 au 2026,
19:28est-ce que vous pensez déjà
19:30à sa mise en application industrielle ?
19:33Parce que c'est quand même ça,
19:34le fondamental de l'innovation,
19:35c'est après son développement industriel.
19:37Absolument, absolument.
19:38Ça, c'est vraiment quelque chose pour nous,
19:40c'est majeur.
19:40C'est-à-dire qu'on peut faire
19:42des étapes intermédiaires
19:43qui n'ont pas la vocation d'un produit,
19:44mais c'est toujours dans une réflexion plus globale
19:46sur comment est-ce qu'on arrive au marché.
19:48Et donc là, d'ores et déjà,
19:49on travaille avec des systèmes
19:51qu'on imagine demain,
19:52avec des concepts qu'on imagine demain
19:53sur l'avion,
19:55avec des contraintes déjà de réglementation,
19:56de certification,
19:57parce que demain, il faudra s'y frotter.
19:59Donc voilà, l'objet en lui-même
20:00va peut-être changer,
20:04un administrateur technologique, un prototype.
20:06Mais finalement, la finalité,
20:07c'est vraiment de tout ce qu'on fait,
20:09essayer de le faire
20:09pour que ça vienne servir
20:11la vision produit à la fois.
20:12Gilles Duquesne,
20:13comment ça se passe, du coup,
20:13cette mise en application industrielle ?
20:16Est-ce que vous avez soit des conseils à donner ?
20:17Est-ce que vous accompagnez certaines personnes
20:20pour les aider à mettre en application
20:23leur innovation au sein de l'industrie ?
20:26Comment ça se passe, cette transition ?
20:29Alors, on travaille beaucoup en interne
20:31pour nos lignes de production
20:33et pour nos produits futurs,
20:34mais en même temps,
20:35on travaille avec des nouveaux clients
20:36et on travaille avec Ascendance
20:40sur le nouveau produit.
20:42On est en train de fabriquer
20:43le premier démonstrateur.
20:44Donc c'est un exemple
20:45et il y a déjà des petits steps d'innovation
20:49sur ce produit dans la conception.
20:51Et on vous en remercie d'ailleurs
20:52parce que le prototype prend forme,
20:55est en train de prendre vie
20:56grâce aux équipes de Duquesne,
20:58justement, qui travaillent sur le proto.
20:59Donc un grand merci.
20:59Lucas, est-ce que vous pourriez nous donner un exemple
21:02d'une innovation qui est vraiment partie
21:05de votre bureau R&D
21:07et qui a fait tout son chemin
21:09jusqu'à son application industrielle
21:11et qu'on pourrait retrouver peut-être ?
21:13Écoutez, on a plusieurs exemples.
21:16Ce que je voudrais illustrer,
21:18c'est l'interdépendance entre les marchés.
21:20On a beaucoup accompagné l'aéronautique
21:22pour adapter des solutions fibre optique
21:25qui étaient télécoms,
21:25mais pas du tout adaptées à l'aéronautique
21:28en fiabilité, en contraintes thermiques.
21:30Et on a pu développer des solutions complètes
21:32jusqu'à des composants très avancés, actifs
21:35qui ont permis des gains de masse importants
21:38et qui sont de plus en plus nécessaires maintenant
21:41parce qu'il y a de plus en plus de capteurs
21:42sur les avions pour les optimiser,
21:45pour les fiabiliser.
21:47Je peux prendre des exemples
21:48plutôt dans l'aéronautique et le spatial
21:49où c'est des marchés dans le spatial disruptés
21:53avec des nouveaux acteurs qui changent complètement
21:55la façon de travailler.
21:57Alors, ça nous challenge aussi.
21:58C'est très, très intéressant.
21:59Et là aussi, on a déployé, par exemple,
22:01la fibre optique dans le milieu spatial
22:03avec une approche beaucoup plus en POC
22:06qu'on avait l'habitude.
22:09Moins de développement et de tests,
22:12plus d'essais directs.
22:14Des transferts de technologies très simples,
22:16de systèmes de verrouillage
22:18qui, finalement, on a développés pour d'autres marchés,
22:22qui facilitent la montée en cadence,
22:24qui permet d'avoir un montage sécurisé
22:27et qui, donc, fiabilisent au niveau de la production.
22:31Donc, l'innovation, elle est partout
22:32parce qu'il y a un besoin d'améliorer la fiabilité.
22:35On a énormément de contraintes.
22:37Et c'est des marchés qui sont très porteurs,
22:40qui sont très, très, très motivants.
22:42Oui, c'est vraiment cet aspect monté en cadence.
22:44J'ai l'impression qu'il y a quand même le point de rupture
22:46aussi de l'innovation dans ce monde aéronautique et spatial.
22:51Oui, le secteur aéronautique est un secteur très porteur en ce moment
22:55puisque pratiquement tous les programmes commerciaux sont en hausse.
23:00Donc, l'innovation permet de répondre à ces problématiques
23:06de montée en cadence, en industrialisant, en robotisant
23:11et en mettant des matériaux plus intelligents
23:14avec des cycles plus courts.
23:17Donc, ça répond à la demande qui est croissante
23:20sur ce secteur d'activité.
23:22Thomas Pined, est-ce que vous travaillez aussi
23:24en lien avec d'autres entreprises ?
23:27Parce que j'imagine que l'innovation, c'est aussi croiser
23:30des innovations avec d'autres secteurs d'activité,
23:35mais aussi d'autres acteurs.
23:36Comment vous faites pour travailler en collaboration
23:39avec d'autres acteurs ?
23:40Chez Métran, on a la chance d'avoir un panel client
23:43très large et très varié, où justement, on arrive à mener
23:46en disant que nos bureaux d'études ont la capacité.
23:48Et donc, c'est ça qui nous permet de travailler
23:50aussi bien avec des grands donneurs d'ordre
23:53que des industriels, que des start-up.
23:55Et j'aime bien, moi, le côté multisectoriel
23:58parce qu'en ayant beaucoup travaillé sur l'aéronautique,
24:01parfois, on prend des mauvaises habitudes
24:03qui ne favorisent pas l'innovation.
24:05Alors, justement, d'avoir des ingénieurs capables
24:08de faire les deux, c'est ça qui nous a permis de...
24:10Donc, le multisecteur est toujours très intéressant
24:14pour nos bureaux d'études, pour justement être capable
24:18de se remettre en cause et trouver d'autres façons
24:20et de ne pas être dans les carcans de tel ou tel secteur.
24:23Oui, Lucas, est-ce qu'il y a des innovations
24:25que vous avez pêchées dans un secteur
24:27et ramenées au niveau aéronautique ou aérospatial ?
24:31Oui, écoutez, on a parlé de l'optique
24:33qu'on a beaucoup développée dans les télécoms.
24:38Je parlerais, alors, l'inverse, par exemple,
24:39ce qu'on a développé dans le spatial,
24:41dans les milieux très, très froids,
24:42on l'utilise beaucoup dans le quantique.
24:45Donc, il y a aussi un secteur très, très innovant
24:47qui travaille à très faible température,
24:51proche du zéro absolu.
24:53La puissance, on en parlait,
24:55la puissance qu'on développe,
24:58les solutions qu'on développe pour le ferroviaire,
24:59alors, on doit les adapter parce que le phénomène physique
25:02n'est pas du tout le même en aéronautique.
25:04La masse est un enjeu,
25:06mais le principe de convoyer du courant
25:09à très haute tension ou très fort ampérage,
25:12il y a des solutions qu'on essaie de transférer.
25:15Et puis, la course vers la densité,
25:19les problématiques d'avoir des calculateurs
25:21de plus en plus puissants, plus en plus petits
25:23et qui chauffent de plus en plus,
25:24ça, ça va être quelque chose qui va être multimarché.
25:26Donc, on regarde beaucoup ce qui se passe
25:27dans les datacom, dans l'intelligence artificielle
25:29pour pouvoir transférer ça.
25:32Et puis, le dernier point, c'est les matériaux
25:33où là, c'est la course à trouver
25:35des nouveaux matériaux innovants, plus recyclables.
25:38Et là, tous les marchés sont intéressés
25:40par ce type d'innovation.
25:43Et Thibault, ma dernière question,
25:44c'est quand même, est-ce que vous voyez
25:45le développement de l'hybride
25:47dans le secteur aéronautique ?
25:50Ça va se développer de quelle manière
25:52et jusqu'à quel point, à votre avis ?
25:54Vous faites une super boucle
25:55avec la toute première chose qui a été dite.
25:57L'aviation doit se décarboner.
25:59Toutes les industries doivent se décarboner.
26:01Et aujourd'hui, l'aviation ne fait pas exception.
26:03Il y a vraiment beaucoup d'efforts qui sont mis.
26:05On sait que les feuilles de route,
26:07elles misent beaucoup sur le carburant d'aviation durable,
26:09le sustainable aviation fuel.
26:11Moi, je pense que l'hybride va aider
26:15à cette introduction de ces technologies-là
26:16parce qu'on va réduire la consommation à la source.
26:20On va décarboner l'énergie qu'on utilise
26:22grâce au sustainable aviation fuel.
26:24Donc, vous voyez, l'hybride pour réduire la consommation,
26:26le sustainable aviation fuel
26:27pour utiliser des énergies décarbonées,
26:29ça marche main dans la main.
26:30Et je pense que c'est vraiment la combinaison
26:32de ces deux technologies qui va permettre justement
26:34de faire passer l'aviation finalement
26:35dans ce prochain chapitre,
26:37qui est celui d'une aviation que je vais qualifier
26:38de plus durable, c'est-à-dire qui fait attention
26:41à ses émissions et qui le fait avec
26:44pas que seulement une promesse technologique,
26:47mais avec vraiment des équipements
26:48qui sont intégrés dans les avions dès maintenant
26:50puisqu'on connaît le besoin d'avoir des résultats concrets
26:54maintenant plutôt que de préparer uniquement l'avenir.
26:56Et idéalement, ça pourrait s'appliquer
26:57à tout type d'avions ?
26:58Absolument, c'est là justement la beauté
27:00de la partie hybride, c'est que ça nous permet
27:02de pouvoir vraiment aller depuis le drone
27:04jusqu'à la grande aviation, si je peux dire,
27:06les liners, donc on a l'habitude de voir
27:08chez Airbus et Boeing, avec différents niveaux
27:11de maturité technologique, il faut bien le dire,
27:14mais à terme, oui absolument, c'est l'objectif.
27:16Il nous faut de toute façon quelque chose
27:17qui soit capable d'adresser toute l'aviation.
27:19Merci beaucoup Thibault Beldivier,
27:21je rappelle que vous êtes cofondateur d'Ascendance,
27:22Gilles Duquen, fondateur de Duquen Composite,
27:25Luc Es, directeur général de Radial,
27:27et Thomas Pina, directeur technique adjoint d'Ametra.
27:29Et merci à vous tous et toutes de nous avoir suivi,
27:32c'était Smart Industries.
27:33Sous-titrage Société Radio-Canada
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