00:00Les transports en commun grenoblois, la qualité de service, est-ce que tout ça se dégrade ?
00:05Est-ce que vous comprenez la grève qui se prépare des agents en fin de semaine ?
00:090-4-76-46-45-45.
00:11Oui, car on l'a vu, une grève se trame dans les transports grenoblois vendredi et samedi.
00:15Bonjour Georges Garcia.
00:17Bonjour à tous, bonjour à vous, aux auditeurs, aux auditrices.
00:19Merci d'être en studio avec nous ce matin.
00:21Vous êtes représentant syndicale Force Ouvrière chez MTAG, secrétaire du CHSCT également.
00:26Cette grève en fin de semaine, elle s'annonce très suivie ?
00:29Elle s'annonce très suivie, oui. On a les premiers chiffres où on est à 70%.
00:32Grève suivie horizontalement et verticalement, c'est-à-dire que même les maîtrises et les cadres vont suivre par rapport au projet d'entreprise qui nous est présenté.
00:43Ça veut dire des transports très perturbés aussi pour la fête de la musique. Vous assumez de gâcher un peu la fête ?
00:50Bien sûr qu'on assume. Malheureusement, on a un projet qui est très ambitieux de la part de notre employeur
00:54et qui met à mal l'ensemble des conditions de travail pour l'ensemble du personnel, maîtrise compris.
00:59Le personnel mouvement ainsi que l'ensemble des petits services que nous avons à l'intérieur même de la MTAG.
01:05Donc on est désolé bien évidemment par rapport aux usagers. Nos employeurs appellent ça des clients.
01:10Mais malheureusement, on est bien obligé de s'exprimer et on a conscience que tout de même que ces usagers sont pris en otage.
01:15Mais à un moment donné, il faut bien s'exprimer.
01:17Venons-en au fond, justement, dans votre viseur. Il y a une nouvelle organisation du travail, c'est ce que vous dites.
01:22C'est une nouvelle organisation qui veut instaurer la direction. Ça se traduit par quoi ? Notamment par des pauses un peu réduites, c'est ça ?
01:29Oui, c'est pas que ça.
01:31C'est plus large que ça, mais il y a notamment ça.
01:32Si vous parlez des pauses, c'est-à-dire que vous parlez du personnel mouvement, personnel de conduite, mais ça touche l'ensemble de l'entreprise.
01:38Il y a une sorte d'optimisation pour essayer d'économiser des coûts financiers assez faramineux.
01:44Donc là, j'ai des documents qui font partie et qui m'ont été donnés par l'employeur.
01:48Vous avez le contrat d'obligation de service public, c'est-à-dire le cahier des charges est un contrat à risques et périls avec contribution forfaitaire.
01:53Ce qui veut dire qu'en l'occurrence, il y a une coquille vide, les transports en commun sur l'agglomération grenobloise, l'offre est en diminution.
02:02Et pour nous, les cadences vont être augmentées, oui, donc c'est moins de pauses pour le personnel mouvement, avec toutes les conséquences qui vont avec.
02:09Et malheureusement, on est limité par notre activité, c'est-à-dire qu'on ne transporte pas.
02:12Alors je sais que ça va offusquer nos politiques, on ne transporte pas de la viande froide, on transporte des usagers.
02:16Donc on est très important sur le bassin grenoblois.
02:19Et il est hors de question qu'à un moment donné, nos conditions de travail diminuent par une cadence qui est augmentée.
02:27Donc il y a des problèmes de sécurité, il y a des problèmes de qualité de service public.
02:30Et ça tousse toute la hiérarchie, parce qu'on a des régulateurs qui vont être débordés, avec des agents de maîtrise qui vont être débordés.
02:38Et voilà les conséquences de ce projet.
02:39Vous dites des cadences plus importantes, vous craignez aussi un effet sur l'attention, la concentration des conducteurs.
02:46Ça peut avoir ces effets-là ?
02:48Eh bien, il y a un problème de risques psychosociaux, puisque vous êtes sous tension continuellement.
02:52Et à un moment donné, quand vous transportez des usagers, c'est-à-dire des personnes humaines, pour les amener au travail ou pour les amener sur un voyage de dilettante,
02:59vous ne pouvez pas vous permettre de conduire une heure en centre-ville, avoir six minutes de pause, repartir une heure en centre-ville, avoir six minutes de pause,
03:07sans vous parler de l'insécurité qui règne sur ce réseau-là.
03:10Donc à un moment donné, pour conduire et avoir une qualité de service, il faut quand même qu'on ait le temps.
03:14Alors, bien évidemment, on ne roule pas comme des escargots, mais la vitesse commerciale qui est augmentée,
03:19les cadences qui sont augmentées, fait qu'à un moment donné, la qualité du service public va diminuer.
03:24Et on n'est pas des machines, ce n'est pas de l'esclavagisme.
03:27Je vous propose d'écouter ce que dit votre directeur, Michael Guthmuller.
03:31Il estime qu'il ne faut pas se fixer comme ça sur quelques minutes de pause en moins,
03:36mais que le projet global est bien de vous aider à prendre du repos tout au long de l'année.
03:40C'est ce qu'il dit. Écoutez, vous allez lui répondre juste après.
03:42Un des facteurs principaux qu'on traite actuellement, c'est le niveau d'effectifs.
03:45On est en train de le remonter avec des embauches particulièrement importantes,
03:49puisqu'on vise en gros 150 embauches dans l'année, dont 120 CDI,
03:53pour justement, par exemple, donner plus facilement les congés ou les repos.
03:57Et ça, je pense que c'est un élément très important pour l'absentéisme.
04:00Il y a tout un tas d'autres phénomènes qui jouent que juste les quelques minutes de travail par jour.
04:05Il parle de 150 recrutements dans l'année.
04:07Ça vaut bien peut-être quelques minutes de pause en moins ?
04:10Non, absolument pas. Le directeur oublie de nous dire que depuis, malheureusement, le Covid,
04:14nous sommes le seul réseau à avoir un taux d'absentéisme qui est quasiment à 13% sur l'ensemble des services.
04:20Avec des burn-out, on a eu un suicide.
04:23Malheureusement, les chiffres qui nous sont proposés dans ce projet,
04:26alors c'est toujours pareil, c'est les chiffres de mon employeur.
04:28Il n'y a aucun prosélytisme vis-à-vis de ça.
04:32En 2024, nous sommes 1 163 conducteurs.
04:35En 2030, c'est prévu 784 conducteurs.
04:38Donc, à un moment donné, l'an 250 recrutements, ce n'est pas le cas.
04:41Les recrutements sont faits par rapport à l'absentéisme pour compenser.
04:44On tourne avec 50 équivalents en plein intérimaires,
04:47plutôt que d'avoir des titulaires.
04:49Donc, on a bien évidemment invité notre employeur à embaucher ces intérimaires.
04:53Voilà ce qui se passe.
04:54Donc, c'est sûr que c'est paradoxal.
04:55Donc, il y a un recrutement à faire.
04:57Mais c'est par rapport à du retard que nous avons pris vis-à-vis de 2020.
05:01Et il y a quand même une baisse de l'effectif qui est prévue.
05:04Comme je vous dis, c'est 79 équivalents conducteurs sur 5 ans.
05:08La grève se prépare dans les transports grenoblois pour vendredi et pour samedi.
05:12On vous appelle à nous appeler ce matin pour participer à la discussion.
05:16Une grève pour dénoncer les dégradations de conditions d'accueil,
05:20de la qualité de service, du manque de moyens.
05:22Est-ce que vous trouvez vous-même que les transports grenoblois se dégradent ?
05:26Est-ce que vous comprenez cette grève ?
05:28Appelez-nous 0476 46 45 45.
05:31Et vous pouvez également passer sur notre page Facebook pour laisser vos réactions.
05:34Et ce matin, Christian nous laisse un message.
05:37Il est directement concerné puisqu'il a travaillé pendant 18 ans à la TAG.
05:42Et lui aussi, il nous parle de l'incivilité, des incivilités.
05:45Il nous écrit « Il était temps que j'arrête.
05:47Les chauffeurs ont la boule au ventre. »
05:49car déjà, il y a quelques années, il y avait des agressions sur le réseau.
05:53Et la direction fait la sourde oreille.
05:55Voilà, en tant qu'usager, votre point de vue, votre témoignage 0476 46 45 45.
06:00Il est 7h50.
06:00Notre invité ce matin, Georges Garcia, représentant syndicale Force Ouvrière,
06:05chez MTAG, secrétaire du CHSCT également.
06:07Alors, ce n'est pas le motif de la grève, mais on va en dire un mot quand même
06:10parce que ça ressort beaucoup de nos commentaires Facebook.
06:13Donc, la sécurité des transports, vous avez parlé vous-même aussi d'incivilité sur le réseau.
06:19Il y a une brigade de sécurisation des transports qui a été renforcée ces derniers temps.
06:23Est-ce que vous voyez une amélioration, vous ?
06:25Pas spécialement.
06:26Malheureusement, il y a une volonté de la part des pouvoirs publics,
06:29dans leur activité régalienne, de pouvoir renforcer nos effectifs.
06:33Mais ils sont limités par le budget.
06:36Après, bien évidemment, vous savez qu'il y a une grève pour vendredi, samedi.
06:38C'est pour ça que je suis là.
06:40C'est bien un échec de la négociation.
06:43Notre employeur nous doit la sécurité, mais à un moment donné, c'est que du chiffre.
06:46On n'a plus d'agents de prévention, puisqu'il y a eu une réforme aussi à ce niveau-là en interne.
06:50On a perdu nos agents de prévention qui sont devenus des contrôleurs voyageurs.
06:54La situation ne s'améliore pas particulièrement.
06:57Et l'acte de déloyauté de notre employeur, vous nous aviez reçu à ce moment-là,
07:02c'est que nous avions effectué, suite à une arme à feu, un droit de retrait le 5 octobre.
07:06La seule chose que notre employeur a su faire avec l'autorité tutelle qui est le SMAG,
07:11et qui est constituée d'hommes politiques, c'est de ne pas rémunérer ses salariés.
07:15Et de condamner le fait de s'être mis en retrait en sécurité à l'intérieur du dépôt.
07:20Donc pour vous, il n'y a pas assez de choses qui sont faites sur la sécurité aujourd'hui ?
07:25Bien sûr, il y a une insuffisance manifeste, et il n'y a aucune volonté de la part de notre direction,
07:31qui nous doit encore la sécurité physique et mentale, de pouvoir bouger des lignes,
07:36plutôt que de vouloir nous réformer, à nous optimiser et à augmenter nos cadences.
07:40Alors, effectivement, c'est le point principal, en tout cas, de votre appel à la grève pour vendredi et pour samedi.
07:46En même temps, Georges Gastien, vous connaissez le contexte budgétaire.
07:49La direction estime qu'il faut faire 6 millions d'euros d'économies de fonctionnement d'ici 2030.
07:55Comment faire aujourd'hui avec ce contexte ?
07:57On a quand même l'impression que là, c'est des mesures qui tentent de faire des économies,
08:03tout en vous impactant au minimum quelques minutes de pause en moins.
08:07Est-ce qu'au fond, ce n'est pas indispensable aujourd'hui, vu le contexte budgétaire ?
08:11Indispensable, non.
08:12À partir du moment où ça touche nos conditions de travail, et donc notre état de santé,
08:16comme je vous dis, on ne produit pas des yaourts,
08:18donc s'il y a une augmentation des cadences par le biais d'une technologie peut-être qui est nouvelle,
08:22pourquoi pas, pour travailler mieux avec des coûts qui sont moins chers.
08:25Mais là, je vous dis, on transporte des usagers,
08:28et à un moment donné, la cadence, elle a une limite.
08:30Il y a une barre à ne pas dépasser.
08:32On ne peut pas être des machines, on n'est pas des transporteurs de viande d'agneau qui sont suspendus,
08:37ou on peut rouler à 130 km heure.
08:39C'est une conduite en centre-ville avec tout ce qui va avec,
08:41plus les incivilités.
08:44Il y a un moment donné, il y a une barre qui ne peut pas être franchie,
08:47et cette barre est franchie dans ce projet d'optimisation.
08:50Très rapidement, qu'est-ce que vous dites aux usagers ce matin, en perspective de cette grève ?
08:54Qu'ils prennent conscience que, par rapport aux nouveaux politiques qui nous dirigent,
08:58le SMAG, avant, c'était le SMTC,
09:00que par rapport à l'avant-Covid, il y a une diminution de l'offre,
09:03et nous concernant, alors si l'offre est diminuée,
09:06on dirait pourquoi pas, et encore, ce ne serait pas un avantage pour les usagers,
09:11mais à condition qu'on travaille d'une manière sereine et correcte,
09:14et ce qui ne sera pas le cas à partir de septembre de cette année.
09:16Et c'est pour ça que vous êtes en grève, donc vendredi et samedi notamment.
09:19Merci beaucoup Georges Garcia, responsable syndicale chez Force Ouvrière à MTAG,
09:24et secrétaire du CHSCT.
09:26Merci et belle journée.
09:27Merci à vous pour votre invitation et pour la cause.