- 15/06/2025
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00:00Bien, monsieur, vous avez bien dit crise. J'apprécie bien ce concept, car beaucoup parlent de pénurie de liquidités, de pan de liquidités, mais le bon terme, c'est bien la crise.
00:11La crise s'est installée. Mais moi, je prends la parole, je reprends votre invitation, pas pour tirer sur l'ambulance, mais simplement pour éclairer la lanterne des uns et des autres,
00:23afin que nous puissions trouver des solutions palliatives pour permettre au pays de se sortir de cette crise-là.
00:30Aujourd'hui, le pays est dans une dynamique à saluer. Les Guinéens ont retrouvé l'espoir sous la gouvernance du président Dombouya, mais cependant, il y a des petits couacs.
00:43Et actuellement, c'est sûr que le président est en train de se demander quelles sont les causes de cette crise-là. Et je suis certain que les gens ne vont pas dire la vérité.
00:52C'est pourquoi je prends la parole, pour l'alerter, pour l'informer sur des causes profondes de cette crise, dans le but exclusif de trouver une solution urgente à cette crise-là.
01:05Bien, les causes de cette crise de liquidité peuvent être multifactorielles.
01:12Mais la cause, en mon sens, principale, la cause essentielle de cette crise-là, il faut avoir un œil regardant, il y a deux ans, il y a un peu moins de deux ans,
01:31sur la levée des 5 000 milliards procédés par le ministère des Finances.
01:36Pour la petite histoire, le ministre des Finances d'alors, M. Moussa Sissé, pour faire face au manque de trésorerie de l'État,
01:49a trouvé une subterfuge, une fuite en avant, pour pallier au manque de trésorerie, afin de financer le besoin de l'État dans la réalisation des infrastructures,
02:02pour financer les infrastructures de l'État.
02:05Et donc, l'artifice trouvé était quoi ?
02:09C'était de mettre les banques commerciales à contribution, en ponctionnant les réserves obligatoires des banques commerciales détenues par la Banque Centrale.
02:22Le mécanisme est un peu sophistiqué, mais vous me permettrez de l'expliquer brièvement.
02:26Je vous parle du marché monétaire.
02:29Le marché monétaire, c'est ce grand marché de court terme qui réunit, qui a deux compartiments, le marché interbancaire et le marché des titres de créances négociables.
02:42Le marché interbancaire, c'est ce marché qui réunit la Banque Centrale et les banques commerciales, dans lequel marché, les banques se retrouvent pour faire le système de compensation bancaire.
02:55La Banque A encaisse les chèques de la Banque B, les banques B encaissent les chèques de la Banque C, et chaque jour au soir, les banques se retrouvent pour rembourser les uns et les autres des chèques encaissés.
03:07À l'issue de l'opération, certaines banques vont se retrouver en excédant les liquidités, d'autres vont se retrouver en déficit de liquidités.
03:13La logique voudrait que les banques, en excédant les liquidités, prêtent aux banques en déficit de liquidités.
03:20Cependant, dans ce marché, les banques peuvent faire des anticipations pessimistes sur l'avenir économique et refuser de se prêter entre elles, les titres de l'argent qui peuvent arriver dans les banques.
03:32C'est à ce moment que la Banque Centrale peut intervenir pour dire ce qu'on appelle le rôle de prêteur en dernier ressort, en prêtant l'argent aux banques en déficit de liquidités.
03:44C'est comme ça que ça fonctionne le marché interbancaire.
03:47Et en cas de crise de liquidités dans le marché interbancaire, le premier matelas financier dans lequel la Banque Centrale s'appuie pour faire face à la période de liquidités,
03:56c'est d'abord les réserves obligatoires des banques commerciales détenues par la Banque Centrale.
04:03Je rappelle que ce taux obligatoire, c'est le deuxième instrument de politique monétaire le plus essentiel, après le taux directeur, c'est bien le taux de réserve obligatoire.
04:14Malheureusement, l'État a procédé à ponctionner ces réserves obligatoires-là au niveau de la Banque Centrale.
04:20Et aujourd'hui, il y a une pente de liquidités, il y a une pénurie de liquidités, mais malheureusement, la réserve obligatoire n'est pas encore reconstituée.
04:28Le taux d'exercice actuellement est abaissé. Avant, il était à 15% il y a deux ans, il est descendu à 13%. Aujourd'hui, il est à 12,25%.
04:39Ce taux est là aujourd'hui. Mais malheureusement, le stock qui était là, la Banque Centrale, a été ponctionné par l'État pour faire face à ses dépenses d'investissement.
04:48L'opération en soi n'est pas illégale, mais le montant ne doit pas se focaliser sur les éves obligatoires.
04:55Là, ça a été une erreur. Je l'ai martelé en 2023 et j'ai même prédit cette pénurie de liquidités. Aujourd'hui, nous sommes dans cette situation.
05:04La deuxième conséquence, c'est la crise de confiance. Il faut le dire. La Banque Centrale a pris une série de décisions qui a fortement ébranlé la bonne collaboration avec le système bancaire, notamment l'imposition des frais de retrait de 1%.
05:25Vous savez, comme je l'ai dit tantôt, les banques commerciales ont leur compte à la Banque Centrale.
05:31La Banque Centrale n'est pas une banque commerciale. C'est un service public. Elle n'a pas vocation à faire du profit.
05:37Donc, à chaque fois que les banques commerciales viennent retirer leur argent auprès de la Banque Centrale, il n'y a pas lieu de facturation, il n'y a pas de frais à payer.
05:46Malheureusement, l'actuelle gouvernance de la Banque Centrale a décidé d'imposer un frais de retrait de 1% à chaque retrait.
05:53Là, également, ça a instauré une certaine méfiance des banques commerciales.
05:56Troisièmement, c'est un circuit. Le financement est un circuit. Les gens déposent leur argent dans la Banque Commerciale.
06:06La Banque Centrale perçoit une petite partie sous forme de réserve obligatoire.
06:10La Banque Centrale peut encore refinancer en croissance des banques commerciales et la machine tourne.
06:14Actuellement, la Banque Centrale injecte la liquidité, ça sort, mais la confiance du public étant ébranlée, le taux de bancarisation a baissé.
06:24Il n'y a pas de retour vers les banques. Les gens ne déposent pas leur argent à la banque.
06:28Il y a un système informel qui est en train de prendre le dessus à Madina, il faut le dire.
06:33Il y a des banques parallèles qui sont créées à Madina.
06:36Il y a un système de surachère, un système de profit indus qui est en train de se créer à Madina.
06:44Et c'est une menace pour notre économie, il faut le dire.
06:47Là, c'est également l'un des cocos de cette pénurie de liquidités.
06:53Il faut le dire aussi, comme cause, l'absence d'un marché interbancaire de liquidités également aujourd'hui dans le système bancaire est encore l'une des causes.
07:05Mais il faudrait que nous trouvions des solutions idoines le plus rapidement pour sortir de cette situation, car c'est très gravissime pour notre économie.
07:13Aujourd'hui, on a une croissance qui avoisine les 7%, 7,1%.
07:18Normalement, la lusure voudrait une croissance économique forte, la masse monétaire doit croître forcément.
07:27Donc, une croissance économique forte génère forcément une expansion de la masse monétaire et donc génère forcément de la surchauffe.
07:37La surchauffe, une croissance 7%, c'est la surchauffe, ça doit générer de l'inflation normalement.
07:43Mais aujourd'hui, vous avez un système économique où il y a une forte croissance de 7%, mais l'inflation est en train de réduire.
07:51L'inflation est à 3%, ce n'est pas un bon score.
07:54Contrairement à ce que j'ai entendu, le ministre des Finances s'est félicité du taux bas de l'inflation.
08:02Moi, je ne me peux pas apprécier dans un pays en dynamique transitoire où le taux de croissance est à 7,1% et qu'on a une inflation seulement à 3%.
08:12Les deux sont antinomiques.
08:14Donc, normalement, une croissance forte rime avec une inflation un peu élevée.
08:20C'est cela la norme.
08:22Mais si on ne fait pas attention, cette pénurie-là, l'inflation va continuer à baisser.
08:27Et ce qui nous guette, ce n'est pas une forte inflation, mais c'est la déflation qui nous guette.
08:32Et la déflation, c'est la baisse du taux d'inflation, la baisse continue d'inflation.
08:36Et ça, c'est encore plus néfaste qu'une augmentation de l'inflation.
08:41La déflation est plus grave que l'inflation.
08:46Tenez-vous bien, la plupart des crises que l'humanité a connues,
08:49qui s'agit de la crise boursière de 1929, la crise de 2008,
08:53l'ensemble des crises, ce sont des crises de déflation où les prix baissent.
08:58Quand les prix baissent, la conséquence est que les agents économiques vont reporter leurs habitudes de consommation.
09:03Et tant et si longtemps que les gens ne consomment pas, le comité va être en crise.
09:07La déflation, c'est une grève contre la consommation.
09:12Et la consommation, c'est le carburant de l'économie.
09:15C'est le sens de l'économie.
09:17Si les citoyens ne consomment pas, le comité perd son essence.
09:20Parce qu'on produit pour vendre.
09:22Et si on ne vend pas, on va fermer, le chemin va s'installer,
09:27on va avoir une spirale de crise.
09:29C'est pourquoi nous devons chercher des solutions idoines le plus rapidement possible
09:33pour trouver des solutions palliatives à cette crise de liquidité.
09:39Aujourd'hui, il faut que nous, qu'il y ait une solution qui réunit tout le monde.
09:45La Banque centrale n'a pas la baguette magique pour trouver une solution à ce problème-là.
09:50Aujourd'hui, elle essaie.
09:51La Banque centrale fait son mieux pour injecter de la liquidité.
09:54Et ce n'est pas parce que la Banque centrale ne fait rien.
09:56La Banque centrale agit.
09:58À ce dernier temps-là, la Banque centrale a injecté plus de 3 000 milliards.
10:05Mais c'est devenu un puits sans fonds.
10:10Les liquidités sortent, la Banque centrale, vers la banque commerciale.
10:13Mais ça ne retourne pas.
10:15Les gens ne déposent plus leur argent dans les banques.
10:18Il y a une méfiance qui s'installe.
10:19Et les cambistes à Madina profitent de cette surenchère-là pour s'enrichir.
10:24Pour développer un système informel, un système de marché parallèle.
10:29Je n'aime pas le marché noir, mais c'est parallèle.
10:31Et par définition, le marché parallèle, c'est le marché de la demande insatisfaite.
10:36Il faut trouver une solution intelligente.
10:37Il s'agit le plus rapidement d'ouvrir une large concertation avec la Banque centrale,
10:44les banques commerciales, sous la coupole de l'APB,
10:46l'association des personnels de banque pour d'abord supprimer les fameux frais de 1%
10:53que les banques commerciales et les banques centrales.
10:55Supprimer cela.
10:56Et surtout, l'économie fonctionne sous la perception.
11:00Même si l'économie est bien gérée, si la perception est mauvaise, ça ne marche pas.
11:04Il faut rassurer, rétablir la confiance en mettant en place des dispositifs au niveau des banques commerciales
11:11qui rassurent les clients à venir déposer leurs dépôts dans les banques commerciales,
11:16les banques commerciales aussi vont faire des dépôts des réserves obligatoires.
11:21La banque centrale, la machine reprend, la locomotive reprend la marche normale.
11:25Mais tant et si longtemps que la confiance n'est pas rétablie, la crise va perdurer.
11:29C'est une fausse solution à un vrai problème.
11:32Mais comment il peut en faire autrement ?
11:35La banque centrale envoie la banque commerciale, l'injecte la liquidité.
11:38Donc on fait tourner la planche à bière.
11:40On fait tourner, tourner, ça sort, mais il n'y a pas de retour.
11:43Alors est-ce qu'il faut laisser la vanne ouverte, sans contrôle ?
11:47On ne peut pas, c'est normal qu'on rationne.
11:49En attendant que la poussière retombe, la poussière retombe, c'est tout ça.
11:53Mais si on ne le fait pas, on passe sur tout l'argent et puis finalement la crise va s'amplifier.
11:57Donc il est normal, vous avez vu, même dans les pays en guerre où la liquidité se rarifie,
12:01on rationne, c'est normal.
12:02Un problème exceptionnel, des mesures exceptionnelles.
12:07Et les conséquences peuvent être néfastes pour l'économie,
12:11aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers.
12:14Vous savez, nous avons un système de finances indirecte.
12:17Il y a deux formes de système de finances.
12:19La finance directe et la finance indirecte.
12:22La finance indirecte, c'est le système où la banque assure l'intermédiation financière
12:28entre les agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement.
12:32Notre système économique, les banques sont au cœur du système.
12:35Contrairement au système de finances directe, où les marchés financiers sont présents.
12:39Mais nous, à date, on n'a même pas de marché financier.
12:41Dans le système de finances directe, les banques sont le poumon de notre économie.
12:44Les banques qui financent l'entreprise, qui recueillent l'argent du public
12:48et qui le donnent en crédit aux autres, ils sont au cœur du système.
12:51Si le système bancaire-là est en panne,
12:55tenez-vous bien que le système est en difficulté.
13:02Et aujourd'hui, la dynamique, moi, je voudrais qu'on aide les autorités à trouver des solutions.
13:06Donc, les conséquences, c'est que les entreprises vont voir le financement s'achécher.
13:13Ils n'ont pas de financement au niveau des banques, parce qu'il n'y a pas de liquidités.
13:16Et ça, qui, par développement d'un pays, par développement des PME et des PMI,
13:21qui sont à la manette pour développer le pays, cacher la croissance économique.
13:24Mais si ces derniers-là n'ont pas de financement, c'est un problème majeur.
13:27Encore, venez encore aux particuliers, aux particuliers, monsieur, madame, tout le monde.
13:30Si ces derniers-là n'ont plus accès aux crédits liés à la consommation, pour faire leur maison, pour acheter leur voiture, pour acheter leurs besoins les plus immédiats,
13:40au niveau du prêt bancaire, c'est aussi un frein à l'économie, parce que la consommation peut être limitée.
13:45Et la consommation, également, c'est le carburant de l'économie.
13:47Si la consommation baisse, l'économie va prendre un coup.
13:50Donc, aujourd'hui, on a une dynamique de croissance très forte, à 7,1%.
13:54Mais si on ne trouve pas les mesures idoines sur cette crise-là, notre croissance risque de se plomber.
13:59Donc, la Guinée risque de desserrer sa croissance en retournant en récession.
14:07Et cela n'est pas souhaitable, parce que la récession est dommageable pour l'économie.
14:10C'est un genre de chômage.
14:11Et donc, il y a une dynamique globale.
14:13Moi, je suis...
14:14Rarement, les Guinéens ont gardé une certaine espérance.
14:21La gouvernance du président Doumbouya a rassuré les Guinéens.
14:24Mais ces petits couacs-là, on doit aider le président à trouver des bonnes solutions à cela.
14:29Je suis actuellement en train de se poser des bonnes questions pour qu'à la crise...
14:32Mais les gens ne vont jamais nous dire la vérité.
14:34C'est pourquoi nous, nous prenons la parole pour l'alerte, pour dire la vérité.
14:37Et nous sommes des Guinéens, nous sommes un groupe de réflexion, nous sommes des économistes.
14:41Nous devons prendre la parole, aider le président à trouver la solution à ces problèmes-là.
14:45Donc, nous sommes prêts à parler avec lui pour l'aider, pour l'aider en termes de conseils à sortir de cette situation de crise.
14:52Il n'y a pas une baguette magique sur laquelle on va appuyer.
14:55Il s'agit simplement de rétablir la confiance, de remettre la machine en marche.
14:59C'est tout.
15:00Sans la confiance, la confiance, c'est l'alpha et l'oméga de l'économie.
15:04Tant que si longtemps que la confiance est entamée, le système va être grippé.
15:09C'est ça la vérité.
15:11Aujourd'hui, il faut que la Banque centrale lâche du leste en ouvrant une large concentration avec l'ensemble des intervenants du système économique.
15:20Aussi bien les banques commerciales, l'APB, les opérateurs économiques, plein de tout le monde,
15:25essayer de rassurer tout le monde pour dire que oui, le système a commis des failles et on va corriger.
15:31Mais surtout, moi je l'ai dit, moi je suis très gêné qu'on ne m'a pas écouté en 2023 lors de mon émission à Mirador du 5 octobre.
15:40J'avais dit clairement que ce montage financier de 5 000 milliards, je ne suis pas compte, c'est tout à fait normal.
15:46Mais le modus operandi d'aller lever les réserves obligatoires des banques commerciales au niveau de la Banque centrale a été une erreur.
15:54Ça je l'ai dit, je le martyre aujourd'hui encore et à mon humble avis, c'est l'une des causes profondes de la crise.
15:59Je vous remercie.
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