Luc Briard, ambassadeur de France : « elle n’est ni actrice ni commentatrice de la scène politique locale »

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14/07/2025

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00:00Mesdames et Messieurs les membres du Céléré,

00:03M. le ministre des Affaires étrangères de l'intégration africaine et des kinéens établies à l'étranger,

00:09Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,

00:11Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs de mission diplomatique consulaire

00:14et représentants des organisations et institutions internationales accréditées en République de Guinée,

00:20Mesdames et Messieurs, distingués invités, en vos rangs, titres, grades, respectifs.

00:25Nous vous souhaitons, avec ma femme Solène, qui est ici,

00:30la bienvenue pour ce jour particulier de la fête nationale française.

00:34Je commence par la remercier, elle qui travaille toute la journée dans mon équipe,

00:37notamment sur la diplomatie féministe, cher à votre cœur, M. le ministre,

00:41d'avoir su prendre la charge mentale de la parentalité pour me laisser affronter cette première année très dense.

00:47D'autant plus que ce matin, comme on reste un peu gaulois,

00:50on a vraiment cru que le ciel allait me tomber sur la tête.

00:52Et donc, je remercie les équipes de la résidence, et notamment Alexandre,

00:58d'avoir su gérer ce stress supplémentaire.

01:01C'est un moment d'émotion pour moi, puisque c'est la première fois que j'ai prononcé un discours en tant qu'ambassadeur.

01:07Le lendemain de mon arrivée, M. le ministre,

01:10vous me disiez que le métier le plus difficile à Conakry était celui d'ambassadeur de France.

01:14On y est ce soir, je sais ce discours attendu.

01:17Je veux en profiter pour vous convaincre que la France est un partenaire privilégié de la Guinée,

01:23non pas parce que nous avons une histoire commune, mais parce que nous avons un avenir à partager.

01:29Cet avenir de la relation, il est fondé sur trois piliers.

01:32Le plein respect de la souveraineté de la Guinée,

01:35notre engagement indéfectible dans la défense du droit international,

01:39et la volonté chevillée au corps de co-construire des solutions avec nos partenaires institutionnels

01:44et ceux de la société civile, pour répondre aux besoins et aux défis globaux.

01:50Le premier est celui de la prospérité partagée.

01:53Elle n'existe pas sans l'engagement du secteur privé.

01:57Et donc je veux commencer par remercier nos mécènes, très nombreux ce soir,

02:02et qui ont décidé d'investir dans cette soirée.

02:05J'y vois une marque de confiance, et vous pouvez tous compter sur l'équipe France.

02:10Ce sont bien plus que des mécènes.

02:11Ce sont des acteurs de notre souveraineté, de nos souverainetés économiques,

02:17qu'ils soient accompagnés par nos outils, de mes pays France, de la DG Trésor ou du groupe AFD,

02:22ou qu'ils aient la capacité en propre d'investir ici en Guinée,

02:26parce qu'ils ont confiance dans la Guinée.

02:29Comme les autorités guinéennes, que je remercie ce soir,

02:33en ont eu dans notre savoir-faire,

02:35et ont accepté d'essayer des prêts avec des pays France.

02:38Ce sont des acteurs de la relation, parce qu'ils créent au quotidien des co-entreprises,

02:43ils co-industrialisent le pays, et je sais que c'est la priorité des autorités guinéennes.

02:49Ils sont aussi des défenseurs de nos principes économiques et démocratiques,

02:53participant à la fiscalité, finançant des politiques publiques,

02:57ayant une RSE robuste et accompagnant la formation professionnelle.

03:01Ce sont des acteurs de la souveraineté économique dans plusieurs domaines.

03:06La souveraineté alimentaire, notamment avec la question de la chaîne logistique,

03:11qui passera pour l'agriculture par le désenclavement rural,

03:15et je veux ici saluer les projets entre matière et IC Transport,

03:19pour construire ces ponts métalliques.

03:21C'est aussi celui dans la filière Avicaol, entre Sonoco et NTD.

03:25Et c'est aussi le groupe Castel-Sobraghi, qui ouvrira bientôt sa deuxième usine,

03:30en avril 2026, à Saint-Louis.

03:33C'est évidemment la souveraineté industrielle,

03:35avec ce projet d'usine de transformation de la bauxite en alumine à boquets,

03:39par Alteo UMS.

03:41Ce n'est pas simplement la souveraineté industrielle de la Guinée,

03:45respectant ainsi ses obligations d'industrie minière,

03:48mais c'est aussi la nôtre, puisque UMS, une entreprise guinéenne,

03:52a racheté Alteo en France, ainsi que Niche, une petite entreprise de la Tarentaise.

03:58Ici, en Guinée, se joue une grande partie de l'approvisionnement mondial des minerais

04:02et des produits de la transformation.

04:05C'est clairement une carte que vous avez su exploiter, vous, membres du CNRD.

04:10Souveraineté sanitaire, avec la construction de quatre hôpitaux régionaux, des phages,

04:15qui permettra que les évacuations sanitaires coûtent moins d'argent au budget de l'État,

04:20et que les Guinéennes et les Guinéens puissent être soignés ici, en Guinée.

04:24Souveraineté régalienne, M. le ministre, avec le fait qu'une partie des redevances de l'espace aérien

04:29seront reversées grâce à l'exploitation du radar civil-automunitaire de Thalès.

04:34Souveraineté des imaginaires aussi, c'est très important, avec Thompson Broadcast

04:38et sa télévision numérique terrestre, qui permettra de diffuser des contenus en langue nationale.

04:43C'est aussi le choix de Canal+, qui a ouvert trois chaînes en langue nationale,

04:48et celle d'Orange, avec sa plateforme de contenus.

04:51Voilà, les groupes français sont prêts à venir rester, investir en Guinée,

04:56et nous nous réjouissons du dernier décret pris par son Excellence le Président de la République

04:59pour renforcer le rôle du SGG dans la conduite des contrats en Guinée.

05:05La Guinée n'a clairement plus besoin de l'aide publique au développement.

05:09Elle a besoin d'investissements solidaires et durables,

05:11et c'est pour ça que l'Agence française de développement est à vos côtés.

05:15Et je remercie la très dynamique directrice qui nous quitte, Jeanne Vanuxem,

05:19qui assure dans l'agriculture, dans l'énergie et aussi dans le capital humain,

05:22pilier de Simondou 2040, à travers notamment l'appui du Prodeg.

05:27Je veux aussi saluer tous mes collègues du service d'action de coopération culturelle,

05:31aussi bien dans la dimension universitaire que dans l'entrepreneuriat des créateurs,

05:36notamment le centre culturel franco-guinéen.

05:38Voilà, cette articulation entre les investissements et les investissements solidaires et durables,

05:43il y a un domaine dans lequel la Guinée excelle, c'est la santé.

05:47Et nous avons eu là la preuve avec deux immenses chercheurs guinéens,

05:50le docteur Keïta et le docteur Touré,

05:52qui ont remporté cette année le prix de la Fondation Mérieux,

05:56et qui, avec l'Institut Pasteur, mais aussi Expertise France,

06:00accompagnent toutes les politiques publiques de la Guinée en matière de santé.

06:03Et je salue nos deux collègues qui nous quittent, Pierre-Alain Rubaud, le conseiller régional de la santé,

06:08et notre experte qui est restée neuf ans en Guinée, Sandrine, qui va partir à Madagascar.

06:15Voilà, c'est un travail collectif, c'est un travail d'ambassade.

06:18Je ne peux pas remercier mon équipe pour justement aussi cibler votre cible prioritaire,

06:24celle de la jeunesse.

06:25Parce que nous croyons évidemment que l'histoire se crée avec les jeunesses.

06:29Alors plutôt que de faire un long discours sur la jeunesse,

06:31j'ai proposé ce soir de vous mettre en avant trois exemples de jeunesse guinéenne,

06:36dans l'agriculture, la tech et l'économie sociale et solidaire.

06:40Je voudrais remercier Amadouba, qui porte le CEDA, le Centre d'Occubation Agricole,

06:44qui va ouvrir juste derrière vous le premier jardin agricole pour la résidence,

06:49pour permettre à des jeunes guinéens de cultiver ici les produits qui seront cuisinés à la résidence de France.

06:55Il y a aussi plus loin le Orange Digital Center, avec Mohamed Labine Keïta et ses équipes,

07:02puisque le Orange Digital Center, c'est la fondation aussi Orange et Orange,

07:06qui trouve des solutions tech, notamment les premières lunettes pour des fissiens visuels

07:11qui ont été conçus ici en Guinée.

07:13Et puis, vous arborez peut-être l'éco-card, et en tout cas ma cravate,

07:18vient de l'atelier solidaire, qui est dirigé par Mohamed Doumbouya,

07:22et qui est au cœur de l'économie sociale et solidaire pour permettre à des jeunes d'avoir des emplois ici, en Guinée.

07:29C'est votre jeunesse, mais c'est aussi la nôtre, avec tous nos jeunes coopérants,

07:33nos volontaires internationaux, qu'ils soient ici à Conakry, à Bofa, à Labé, à Cancan, à Kindia, à Faurécaria.

07:40Car ce qui fait la force de notre relation, c'est nos histoires mêlées par l'histoire.

07:46Et c'est évidemment les alumnis de nos universités comme de nos grandes écoles, notamment de l'ENA.

07:50Et je voudrais ici remercier le travail exemplaire de l'Institut français de Guinée et de Djibadialo,

07:56qui porte ce groupe des alumnis de Guinée.

08:00Ce sont aussi nos diasporas, et vous êtes nombreux ce soir,

08:03membres des cabinets ministériels, entrepreneurs, acteurs de la société civile, repatriés,

08:09vous qui avez fait le choix du retour et de la confiance en la Guinée,

08:12après une, deux ou trois générations passées en France.

08:15Parce qu'en effet, 7 millions de Français ont une ascendance africaine,

08:20beaucoup de Français vivent en Afrique,

08:22et chers compatriotes, chers alumnis,

08:24vous êtes les ponts, les passerelles entre la France et la Guinée.

08:28Vous êtes entre ces deux espaces, et cette résidence est votre maison.

08:32C'est important parce que nous, France, nous avons les Sud en nous.

08:38Nous parlons d'histoire, en ayant cette histoire à porter,

08:42mais aussi par la géographie, à Mayotte, aux Antilles ou en Nouvelle-Calédonie.

08:46Nous sommes aussi le Sud.

08:47Et donc ce n'est pas l'Occident contre le Sud,

08:50c'est une jeunesse hybride qui veut sauver la planète

08:52et s'emparer de notre bien commun pour la faire fructifier.

08:56Et c'est le dernier aspect.

08:57Ce monde qui vient et que nous voulions, il faudra le laisser en paix.

09:01Et la France est puissamment attachée au droit international

09:04comme garant de la stabilité.

09:07Et nous nous félicitons tous les jours de l'engagement

09:09des autorités guiléennes, M. le ministre,

09:11dans l'architecture internationale de paix,

09:14à travers les organisations de maintien de la paix.

09:17Très important dans ce temps de multilatéralisme fragilisé,

09:21de défendre des solutions collectives de sécurité.

09:25Cet attachement au droit, il fait partie des principes

09:28hérités de l'histoire en France.

09:30Le 14 juillet 1789, la France s'émancipait de l'arbitraire royal.

09:37C'était, c'est l'aspiration à la liberté et à l'égalité en droit.

09:43Le 14 juillet 1790, elle faisait le choix du vivre ensemble

09:47en envoyant des délégués sur le champ de Mars à la fête de la Fédération.

09:51C'était et c'est la fraternité.

09:55Nous n'avons pas toujours été à la hauteur de ces grands principes.

09:58Il y a 140 ans, à Berlin, la conférence sur le partage inique et violent de l'Afrique

10:03par les puissances européennes le rappelle.

10:06Mais parce que nous connaissons notre histoire,

10:08nous savons désormais que l'Union fait la force.

10:12Et je tiens ici à remercier Jolita, notre ambassadeur de l'Union européenne,

10:15qui va nous quitter,

10:16et tous mes collègues des États membres de l'Union,

10:18Allemagne, Belgique, Italie et Espagne,

10:21parce qu'aujourd'hui, l'Union européenne et ses États membres,

10:24c'est un espace de droit.

10:26Nous sommes allés deux fois sur le terrain ensemble,

10:28pour des immersions diplomatiques,

10:30un peu comme les immersions gouvernementales,

10:33pour voir un petit peu si nos réponses de terrain

10:35étaient les bonnes solutions.

10:37Et c'est très important, je crois, que nous continuons.

10:40Nous n'avons aucune leçon à donner, ni de conseil.

10:43La France en Guinée n'est pas chez elle.

10:46Elle n'est ni actrice, ni commentatrice de la scène politique locale.

10:50Nous sommes confiants sur le retour à l'ordre constitutionnel,

10:54et nous nous réjouissons désormais qu'un texte soit proposé

10:56au suffrage de toutes les Guinéens et de tous les Guinéens.

11:00Nous ne renonçons à rien de nos principes.

11:03La France parle à tout le monde.

11:04C'est, je crois, une singularité aussi de la Guinée.

11:07Nous parlons évidemment aux autorités, à l'opposition,

11:09y compris en exil, à la société civile,

11:12qui comptent sur nous pour faire passer des messages

11:14dans le silence des portes closes.

11:17Ce que nous savons, nous, Français,

11:19c'est que dans les 3000 pages de notre histoire,

11:22nous avons toujours su écouter les paroles critiques,

11:25qui aujourd'hui complètent le panthéon de nos auteurs-socles,

11:29sans lesquels il manquerait quelque chose à la France.

11:32Quand l'esclavage était une pratique courante,

11:34Condorcet s'est élevé, reprenant le flambeau de Montaigne.

11:38Quand les eaux humains de l'exposition coloniale de 1931,

11:41abaissaient violemment notre seuil moral,

11:45les surréalistes organisaient une contre-exposition.

11:49Nous avons besoin de toutes les voies pour faire société,

11:51pour faire nation ensemble.

11:54La France n'est pas au-dessus, dans un universalisme de surplan.

11:58Nous ne sommes pas non plus en dessous,

12:00dans une sorte de déversoir,

12:01où confluraient toutes les rancunes et les abertures.

12:05Monsieur le ministre, la France souhaite être ce partenaire privilégié,

12:10pour l'avenir, en étant dans une relation symétrique et réciproque,

12:15à côté, à vos côtés, aux côtés de nos jeunesses,

12:19qui veulent fabriquer leurs propres récits,

12:21et que nous avons soif d'attendre et d'entendre.

12:25Vive l'amitié franco-guidéenne,

12:27vive la République, vive la France.

12:29Merci.

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