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  • 13/06/2025
Pendant près de 15 ans, Inès s’est battue sans relâche pour faire arrêter l’assassin de son frère, Mehdi, poignardé en pleine rue en 2011.
Entre faux acte de décès, cavale à l’étranger et arrangement proposé contre de l’argent, elle raconte son combat. Un témoignage bouleversant.

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Transcription
00:00Et là, il se met à cheval sur lui, il lui met le dernier coup dans le thorax et il lui perce le cœur et le poumon.
00:04Ils annoncent que Hassan est décédé, que le frère a ramené un acte de décès.
00:11Moi, je ne vais pas vous mentir, dès qu'on m'a dit ça, au téléphone, je me souviens, j'ai dit « moi, je n'y crois plus ».
00:17Il peut me donner autant d'argent qu'il veut. Je ne veux rien d'eux. Je ne vends pas le sang de mon frère.
00:22C'est clair, net et précis. Je ne veux pas un centime d'eux. C'est de l'argent sale.
00:26Et je ne vendrai pas le sang de mon frère. Je me suis battue pour rendre justice à mon frère.
00:42Bonjour à tous, je suis Pauline Robert pour Le Nouveau Détective.
00:45Aujourd'hui, je suis avec Inès qui va nous raconter le combat qu'elle a mené pendant près de 15 ans pour rendre justice à son frère Mehdi,
00:51qui s'est fait assassiner en pleine rue en 2011 par Hassan Ben Hamza.
00:57Bonjour Inès.
00:58Bonjour.
00:59Est-ce que vous pouvez d'abord nous parler de votre frère Mehdi ? Quel genre de personne était-il ?
01:05C'était un jeune garçon, c'était un bon vivant. Il était gentil, il aimait les gens, il était très serviable.
01:15C'était pas quelqu'un de rancunier. Il aimait la vie.
01:20C'est votre petit frère, c'est ça ?
01:22Oui, c'est mon petit frère.
01:23Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé en mars 2011 ?
01:27D'après ce que je sais, c'est que la veille, mon frère a fait sortir le chien.
01:32C'était le chien de ma voisine.
01:34C'était pas le sien.
01:34Donc il s'est proposé, comme c'est un gentil garçon, il a proposé à ma voisine,
01:42écoute, il fait nuit, il fait froid, si tu veux.
01:45Et puis comme il a l'habitude avec le chien, d'après ce que je sais, c'est que Hassan embêtait le chien.
01:55Donc Mehdi lui a dit d'arrêter, il continuait.
01:58Et puis d'un coup, il voulait gazer le chien.
02:01Sauf que mon frère ne l'a pas laissé parce qu'il avait la responsabilité du chien.
02:05Et donc ils se sont disputés qu'avec les mots.
02:08Et puis il prend sa gazeuse et il gaze Mehdi au niveau de son visage.
02:14Il dit, après qu'il s'est un peu refroidi, il lui a juste donné un coup de poing.
02:19Et il est tombé.
02:20Sauf que Hassan, quand il s'est relevé, il lui a dit, je vais te tuer, je vais te tuer.
02:24Mais bon, après c'était peut-être sur un coup de nard, donc on n'y croyait pas.
02:29Mehdi, toute la nuit, il était, enfin, comment vous expliquez,
02:34Mehdi était un peu pas très content de lui avoir donné ce coup de poing, en fait.
02:40Il s'en est voulu.
02:42Un de ses amis lui a dit, écoute, ce n'est pas grave.
02:45Demain, vous allez vous parler.
02:47Et puis comme si de rien n'était.
02:48Donc voilà.
02:50Le lendemain, Mehdi, il a reçu un coup de téléphone.
02:55Il est descendu.
02:57Et il y avait Hassan qui avait un couteau derrière.
03:00Et apparemment, il a dit à mon frère Mehdi, viens, on va discuter.
03:04Donc Mehdi, il s'est dit, il va y avoir une discussion.
03:08Et puis c'est fini, c'est terminé.
03:11Sauf que Mehdi, quand il s'est retourné pour composer le code pour entrer dans l'immeuble de ma maman,
03:16il s'est acharné sur lui, il lui a donné trois coups.
03:20Donc Hassan, il est bien gentil de dire qu'il n'avait pas l'intention de tuer.
03:26Donc pour moi, tu lui as donné trois coups, tu te sauves.
03:30On est d'accord.
03:31Sauf que comme la porte s'est refermée,
03:36donc Mehdi a couru jusqu'au bout de la rue.
03:38Et comme il a perdu trop de sang, il est tombé avec la tête relevée.
03:42Sauf que Hassan est parti le rejoindre.
03:46Il l'a trouvé par terre avec la tête relevée.
03:48Et là, il prend son élan.
03:50Il lui donne un gros coup de pied sur le visage.
03:51Donc Mehdi étant faible,
03:54et là, il se met un cheval sur lui.
03:55Il lui met le dernier coup dans le thorax.
03:57Et il lui perce le cœur et le poumon.
03:58Ensuite, il s'est sauvé.
04:01Des gens, des passants ou je ne sais pas qui ont appelé le secours.
04:05Et en fin de compte, Mehdi est décédé tout de suite.
04:11Mais ils ne nous l'ont pas dit tout de suite.
04:14Donc il l'a emmené à l'hôpital.
04:15On a tous été à l'hôpital.
04:17Et il nous a annoncé son décès à l'hôpital.
04:19Donc d'après ce qu'on sait,
04:21c'est qu'Hassan, ils ne l'ont pas retrouvé.
04:24Ensuite, on a su qu'il s'est réfugié au Maroc
04:26avec l'aide de sa famille.
04:29Et trois mois après,
04:31ce fameux acte de décès
04:34que le papa a remis à un de ses fils
04:37et lui demandait de le remettre à la police française.
04:42Et c'est ce qui s'est passé.
04:43Pour revenir sur la relation entre votre frère et Hassan Benhamza,
04:48ils se connaissaient bien ?
04:50Ils étaient amis ?
04:51Ou quel était leur relation ?
04:52Oui, je pense.
04:53Après, moi, Hassan, je ne le connais pas personnellement.
04:59Il n'a pas mon âge.
05:01Donc voilà, je sais que c'était un ami à mon petit frère.
05:04Personnellement, moi, je n'ai rien compris le pourquoi.
05:08Pourquoi il a fait ça ?
05:09Et pour un chien ?
05:11C'était juste une petite dispute toute banale.
05:13Il n'y avait rien.
05:14Vous ne le connaissiez pas personnellement, Hassan ?
05:17Non, je ne vais pas vous dire de bêtises.
05:19On n'a pas le même âge, quoi.
05:20Donc, ce n'était pas du tout…
05:22Et puis, il faut qu'ils arrêtent de dire que…
05:24Apparemment, moi, j'ai dit que c'était quelqu'un qui était gentil,
05:27qui n'était pas violent.
05:29Non, je n'ai jamais dit ça.
05:30Je ne le connais pas.
05:32Je ne connaissais pas sa personnalité, en fait.
05:35Je ne sais pas s'il est gentil, il est méchant.
05:37Et puis, nous, depuis le 27 mars 2011, on a été en souffrance.
05:47Comment vous avez appris ce qui s'est passé entre Mehdi et Hassan
05:51et ensuite le déroulé des choses quand Hassan est parti ?
05:54Comment vous l'avez vécu ?
05:56Moi, je n'étais pas là.
05:58J'ai reçu un coup de téléphone.
05:59C'était ma fille qui m'avait appelée.
06:01Et quand je lui ai répondu,
06:02elle m'appelait d'un numéro que je ne connaissais pas.
06:04Donc, ça m'a appelé deux, trois fois d'affilée.
06:08Et puis, d'un coup, j'ai répondu.
06:09Et j'ai la femme de mon cousin qui m'a appelée.
06:12Et qui me dit, oui, Inès, est-ce que tu es chez ta maman ?
06:15Je lui dis, non, je ne suis pas là, je suis loin.
06:17Donc, elle ne voulait rien me dire.
06:19Elle me dit, ah, d'accord.
06:20Et puis, je voyais un numéro qui m'appelait sans arrêt.
06:23Et quand j'ai décroché, en fait, c'était ma fille qui criait, qui pleurait.
06:27Maman, ils ont tué Mehdi.
06:28Maman, ils ont tué Mehdi.
06:29Je dis, mais qu'est-ce que c'est ?
06:30Parce qu'en fait, moi, dix, on va dire dix, quinze minutes avant,
06:36il m'avait appelée, comme tous les jours, pour demander si ça va.
06:41Donc, pour moi, je n'y croyais pas.
06:42Je me dis, ce n'est pas possible.
06:43Dix, quinze minutes, je l'ai eu au téléphone.
06:46Donc, de là, je suis partie en catastrophe.
06:49Et puis, on m'a dit de les rejoindre directement à l'hôpital.
06:53Donc, j'étais à l'hôpital.
06:55Je ne comprenais rien.
06:56On ne nous avait pas encore annoncé son décès.
06:59Et puis, à un moment, il y avait des policiers.
07:03Il y avait beaucoup de choses.
07:04On ne comprenais rien.
07:06Et puis, nous, on attendait aux urgences.
07:08Et à un moment, ils ont fait descendre mon père pour lui dire,
07:12venez avec nous.
07:12Donc, nous, on a demandé le pourquoi.
07:14Ils nous ont simplement dit non, c'est pour lui donner du sang.
07:17Et mon père, quand il est descendu, il avait compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas
07:22parce qu'ils lui ont dit, asseyez-vous, vous voulez un verre d'eau, vous voulez quelque chose.
07:26Et puis, il m'a dit non, mais attendez, qu'est-ce qui se passe ?
07:28On m'avait fait descendre pour donner du sang à mon fils.
07:31Et de là, il a compris.
07:33Et donc, mon père, sous le choc, n'a pas identifié le corps tout de suite.
07:37Ils ont voulu aller chercher ma maman.
07:41Et ma maman, elle croise mon père.
07:42Et puis, de là, mon père, elle a vu sa tête.
07:44Donc, elle n'a pas pu descendre non plus.
07:46Et de là, mon père, quand il sort des urgences, il nous dit que Mehdi est mort.
07:53Et de là, on était choqués.
07:54On était perdus.
07:56On était comme des fous, comme des folles.
07:58On savait, on n'arrivait pas à y croire.
08:01On est arrivés en bas de chez ma mère.
08:03C'était encerclé parce que, ce qui est normal, donc, ils faisaient leur enquête.
08:07Et voilà.
08:08Et donc, après, on a attendu que la police fasse leur travail.
08:12Ensuite, on a su qu'ils ne l'avaient pas retrouvé.
08:14Et puis, c'est de là qu'après, on a su qu'ils s'étaient réfugiés au Maroc.
08:19Quelques mois après, donc, eh ben, on nous annonce que Hassan est décédé, que le frère a ramené un acte de décès.
08:28Moi, je ne vais pas vous mentir.
08:30Dès qu'on m'a dit ça, au téléphone, je me souviens.
08:33J'ai dit, moi, je n'y crois pas.
08:35On m'a posé la question de pourquoi.
08:37Je n'y crois pas.
08:37Et de là, j'ai décidé de faire mon combat.
08:42Est-ce que vous étiez au courant de la dispute qu'il y avait eu la veille du décès de votre frère entre Mehdi et Hassan ?
08:47Est-ce que Mehdi, vous en aviez parlé ?
08:49Non, parce que Mehdi, ce n'était pas quelqu'un qui racontait des choses comme ça.
08:53Ce n'était pas quelqu'un qui parle ou qui raconte ou qui dit.
08:57Non, on n'était pas au courant.
08:59Et puis, il savait très bien que nous, on s'inquiète tout de suite pour un rien.
09:03Vous avez appris la mort de Hassan.
09:08Et que vous, directement, c'était sûr pour vous qu'il n'était pas mort ?
09:11Oui.
09:12Enfin, je ne sais pas.
09:12J'avais une intuition.
09:14Je ne sais pas.
09:15Je n'y ai pas cru.
09:16Qu'est-ce que vous avez fait ensuite ?
09:18Alors, de là, j'ai essayé d'avoir des contacts.
09:23J'ai cherché des contacts.
09:24J'ai cherché de parler à des gens, de poser des questions.
09:29Et puis, petit à petit, j'ai commencé à avoir des renseignements.
09:32En sachant déjà, la première chose que j'ai su est de là, quand la petite amie est tombée enceinte.
09:39Donc, je l'avais même dit à la police.
09:40Petite amie d'Hassan ?
09:41Oui.
09:41J'ai dit, attendez, il y a une chose que je ne comprends pas.
09:44Elle n'est pas marocaine.
09:45C'était une étudiante.
09:47Comment on peut faire pour aller au Maroc ?
09:48Rester des trois mois.
09:50On n'a pas de famille là-bas.
09:51Elle ne travaille pas.
09:52Enfin, je ne sais pas ce qu'elle fait.
09:54Et elle revient trois mois après, enceinte.
09:58Donc, moi, quand je l'ai su, j'ai dit, attendez, il y a un problème.
10:02Elle est en ce moment d'un fantôme, puisque lui, il est déclaré mort.
10:05Donc, je ne comprends pas.
10:07Effectivement, j'avais raison.
10:09Ensuite, ils ont fait croire qu'ils allaient, quand ils ont su que Hassan, leur frère ou
10:17leur fils qui était décédé, donc ils décident de partir au Maroc pour, soi-disant, pour
10:24les obsèques.
10:25Mais ce que je ne comprends pas, ça, j'ai su.
10:28Après, c'est que comment on peut partir ? On perd un fils ou un frère.
10:32On prend l'avion pour aller aux obsèques.
10:36On était joyeux.
10:37Il y a un problème.
10:38Nous, quand on est partis pour enterrer mon frère, on était dans un état.
10:43C'était incroyable.
10:45Alors, on ne comprenait pas.
10:47Après, moi, j'ai continué mon enquête.
10:50J'ai continué à chercher par tous les moyens.
10:53J'ai appelé partout.
10:54Je me suis renseignée partout.
10:56Et ce que j'avais trouvé bizarre, c'est que j'avais contacté des avocats au Maroc,
11:02à Rabat.
11:03Ils me disent, oui, il n'y a pas de problème.
11:05Donc, je leur donne le nom de mon frère, le nom du meurtrier.
11:10Je leur donne tout.
11:11Et puis, tout d'un coup, plus de nouvelles.
11:13Dont il y en a un, je m'en rappellerai très bien.
11:15Il s'est déplacé en France.
11:18Il a même été avec moi au cabinet de maître Sabrina Goldmann.
11:23Et on a discuté avec cet avocat.
11:26Et dès qu'il est parti au Maroc, pouf, plus de nouvelles.
11:30Alors, j'ai trouvé ça un peu bizarre.
11:33Et puis après, écoutez, je me suis dit de médiatiser.
11:39Le Monde, Le Parisien, les réseaux sociaux, BFM TV.
11:46On était même passé, je crois, M6, si je ne dis pas de bêtises, France 2.
11:53J'ai médiatisé partout.
11:54Je n'avais toujours pas de nouvelles, en fait.
11:56Et un jour, je reçois un message sur Facebook.
12:02Par contre, je ne me dirai pas qui c'est.
12:05Je me rappellerai toujours de ce jour-là parce que j'étais avec ma belle-sœur,
12:09la femme à mon frère.
12:10Et je regarde, je lis le message.
12:13Donc, j'appelle ma belle-sœur, je lui dis, regarde ce que j'ai reçu.
12:16Elle me dit, c'est bizarre.
12:18Donc, on a décidé d'appeler cette personne.
12:21Donc, c'est ma belle-sœur au début qui a parlé avec elle.
12:24Et on lui demande comment déjà elle a eu mes coordonnées.
12:30Qu'est-ce qui se passe ?
12:31D'où elle nous connaît ?
12:33Et elle m'explique.
12:33C'était quoi l'intitulé du message ?
12:36Est-ce que vous êtes la sœur de midi ?
12:40Qui s'est fait assassiner par Hassan Ben Hamza ?
12:44En détail, je ne me souviens plus parce que ça date de plusieurs années.
12:47Et puis, on l'a appelé.
12:49On lui a dit, oui, effectivement, je suis née, c'est la sœur de midi.
12:54Vous êtes qui ?
12:55Qu'est-ce qui se passe ?
12:56Et là, elle me confirme qu'en fait, il est bien vivant.
12:59Il fait sa vie.
13:01Et qu'il a beaucoup de problèmes avec tout le monde.
13:02Que c'est quelqu'un de très violent.
13:04J'ai dit, ah bon ?
13:05Et puis, voilà.
13:07Donc, après, quand j'ai eu tout ça,
13:10après ce qui est normal, les personnes avaient peur en fait.
13:14Mais à un moment donné, je leur ai dit, mais je ne comprends pas.
13:16Vous avez peur de quoi ?
13:17Il ne faut pas avoir peur.
13:19C'est quand même quelqu'un qui a tué un être humain.
13:21Bon, après, je les comprends.
13:22Il n'y a pas de problème.
13:24Et donc, elle m'a donné ses coordonnées.
13:26Et puis, bon, on s'appelait de temps en temps.
13:29Et puis, elle m'a raconté beaucoup de choses.
13:31Et là, ça m'a ouvert un peu les portes.
13:34Je ne vais pas vous mentir.
13:34Et un autre jour, j'ai une autre personne, dont je ne dirai pas le nom non plus,
13:41qui, pareil, m'a contactée sur Facebook.
13:43Bonjour, voilà.
13:45Il me raconte à peu près quelques histoires.
13:48J'ai dit, ok.
13:49Cette personne-là, je l'ai rencontrée.
13:52Il m'a tout raconté.
13:53Il m'avait même donné l'adresse où il habitait.
13:55Enfin, tout, quoi.
13:57Moi, bien sûr, je l'ai signé à la police.
14:00De là, ils ont continué leur enquête.
14:02Et ce n'est pas moi qui ai été vers eux.
14:04C'est eux qui sont venus vers moi.
14:05Ils m'ont vu dans les médias.
14:07Ils ont vu qu'il y avait…
14:08Et apparemment, Hassan leur fait du mal.
14:11Après, je ne sais pas ce que c'est.
14:12Ce que c'est pas, je ne sais pas.
14:13Je n'en ai aucune idée.
14:16Et un jour, je reçois une photo et une vidéo de Hassan.
14:22En vie, donc ?
14:23En vie, en train de faire une bagarre.
14:25En train de menacer.
14:27Je ne vous dirai pas qui.
14:29Et j'ai encore médiatisé.
14:30J'ai continué, j'ai continué.
14:32En fait, je n'ai pas lâché.
14:33Je posais des questions.
14:35J'ai essayé d'appeler des gens.
14:36J'ai essayé d'appeler le Maroc.
14:38J'ai essayé de me renseigner.
14:39Bien sûr, en faisant les choses correctement, quoi.
14:43Un jour, on reçoit un appel d'une amie à nous,
14:47qui est d'origine marocaine.
14:48Je pense qu'elle a appelé ma fille ou ma soeur.
14:50Je ne m'en souviens plus.
14:52Elle me dit, écoute, j'ai lu un article.
14:56Et dans cet article, il parle d'une personne qui s'est fait arrêter.
15:00Et cette personne-là était déjà recherchée
15:05parce qu'il avait tué une personne en 2011.
15:08Mais on n'avait pas de nom, on n'avait rien.
15:11Elle dit, je suis sûre que c'est l'histoire de midi,
15:13ça doit être Hassan.
15:14Alors, ma fille m'appelle en panique.
15:17Elle me dit, maman, ils ont attrapé Hassan.
15:20Moi, je ne comprenais pas.
15:22Et puis, je me suis renseignée.
15:25Pareil.
15:26J'ai des coups de téléphone.
15:28J'ai eu des indics.
15:30Et de là, on m'a confirmé que c'était bien Hassan.
15:34Et quand on m'a confirmé que c'était Hassan,
15:37j'ai eu un soulagement sans ayant un soulagement.
15:41Pourquoi ?
15:41Parce qu'Hassan, il s'est déjà fait interpeller plusieurs fois au Maroc.
15:45Pendant sa cavale ?
15:46Pendant sa cavale.
15:48Apparemment, il s'est fait interpeller une fois.
15:52Avec la sécurité de la plage, il les a menacés.
15:55Avec pareil, couteau et bombes à gaz.
15:58Soi-disant, par rapport à sa copine, je ne me souviens plus.
16:02Donc déjà, il y avait ça.
16:03Il y a eu une autre plainte contre lui.
16:06Mais j'ai trouvé ça bizarre parce qu'il ressortait.
16:10Et la justice française collaborait avec la justice marocaine, j'imagine, à partir du moment ?
16:14Alors, je ne sais pas s'ils continuaient à…
16:18Je pense, parce que franchement, la France, ils ont très bien fait leur travail.
16:24Ils ont été jusqu'au bout.
16:25Il n'y a pas que moi.
16:27Moi, j'ai fait ce que j'ai pu.
16:28Mais eux, ils n'ont pas lâché.
16:30Ils n'ont pas lâché non plus.
16:31C'était vraiment une équipe.
16:34Ils ont bien fait leur travail.
16:35Je le dis vraiment parce que j'ai vu leur travail.
16:39J'étais au courant de tout ce qu'ils faisaient parce que moi, je me renseignais bien sûr.
16:44Je leur demandais.
16:45Il y avait des choses qu'ils pouvaient me dire.
16:47Il y avait des choses qu'ils ne pouvaient pas me dire.
16:48J'ai même rencontré la juge qui s'occupait de cette affaire.
16:53Justement, quand vous commencez à avoir des doutes sur le fait qu'Hassène soit vivant,
16:59quand vous en parlez à la police, j'imagine, dès que vous avez des premiers éléments,
17:04eux, ils ont pris ça au sérieux tout de suite ?
17:06Oui, oui.
17:08Oui, oui, oui.
17:08Mais aussi, ils ne se sont pas dit, on a eu l'acte de décès, c'est bon, Hassan est mort.
17:12Moi, je pense que eux aussi, ils n'y croyaient pas.
17:17En fait, je pense que quand ils ont eu l'acte de décès, ils n'allaient pas s'en arrêter là.
17:24Ce qui est normal, ils vont faire leur enquête pour voir si c'est vraiment réel ou pas.
17:27Ce qui est normal, effectivement, on a eu raison.
17:30Que ce soit du côté de la police ou de mon côté, on a eu raison.
17:34Au bout de quelques mois, je ne sais pas ce qu'il m'a appris.
17:38Et je me suis dit, il faut que je prenne un avocat au Maroc pour voir en fait ce qu'il en est,
17:45s'il a été relâché, s'il est en prison, qu'est-ce qui se passe.
17:50On m'a dit, il ne faut pas prendre un avocat arabe.
17:53Après, moi, je me le suis dit aussi dans ma tête.
17:57Le papa, il connaît du monde là-bas.
17:59Le père de Hassan ?
18:01Oui, puisque moi, j'ai déjà fait appel à 3-4 avocats au Maroc et je n'ai plus eu de réponse.
18:05Et ils étaient à Rabat.
18:06Donc, j'ai pris un avocat qui est complètement à l'opposé, à Oujda.
18:11Et donc, j'ai parlé avec cet avocat.
18:14Il m'a compris.
18:16Et il m'a dit, je vais aller à Rabat et je vais voir ce qu'il se passe.
18:19Effectivement, il a été à Rabat.
18:22Et là, ça me fait rire parce que quand il a été, il m'a appelé.
18:26Il m'a dit, mais madame Inès, il y a un souci.
18:29Je lui ai dit, qu'est-ce qui se passe ?
18:31Il m'a dit, il y a déjà eu deux audiences.
18:33Il y en a eu dans une semaine.
18:35Comment ça se fait ?
18:36Après, je ne sais pas si c'était les audiences par rapport à...
18:39Il s'est fait interpeller pour une bagarre ou je ne sais pas.
18:42Et ils me disent, mais le dossier, il n'est pas très gros, en fait.
18:47Et lui, donc, quand on lui demande qu'est-ce qui s'est passé, lui, il n'y l'est fait.
18:53Il dit qu'il ne l'a pas tué.
18:55Il dit que...
18:56C'est sûr, des mensonges, comme d'habitude.
18:59Il dit que la veille où il devait partir en vacances, il était avec sa petite amie.
19:05Il voulait dire au revoir à sa tante.
19:07Et il s'est fait agresser par des Tunisiens.
19:09C'est marrant parce qu'il ne connaît plus le prénom Mehdi.
19:12Et que mon frère, qui l'appelle le Tunisien, voulait lui kidnapper sa copine.
19:19Enfin, une petite histoire comme ça.
19:20Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
19:22En fait, il essayait d'inventer plein d'histoires.
19:25Et ça, il le raconte, donc, lors de son audience au Maroc ?
19:29Apparemment.
19:29Quand il s'est fait...
19:30Voilà.
19:31Et moi, je n'étais pas au Maroc.
19:34Donc, voilà.
19:34Après, ce que mon avocat me dit.
19:36Je dis, mais qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
19:38J'écoutais, je dis là.
19:39Il va falloir quelque chose.
19:41Le problème, c'est que, d'après ce que m'a dit mon avocat,
19:44ils n'avaient pas beaucoup d'éléments.
19:46Mais la France a tout renvoyé au Maroc.
19:48Donc, c'est ça que je ne comprenais pas.
19:50Et bien, donc, il a été à l'audience une semaine après.
19:55Et de là, il est arrivé dans la salle d'audience.
19:58Donc, il y avait le meurtrier, sa famille, les avocats du meurtrier.
20:04Et c'est marrant parce qu'il n'en avait qu'un, au début.
20:06Et bien sûr, les juges et mon avocat sont rentrés.
20:09Donc, il s'est présenté.
20:11Et il a dit que, voilà, il a été désigné par la famille
20:13et qu'il est là pour défendre le dossier de métier.
20:16Ils sont tombés de haut.
20:18Ils ne s'attendaient pas à ça.
20:19Donc, il a dit, moi, je viens d'être désigné.
20:20Donc, je reporte pour étudier le dossier, ce qui est normal.
20:24Donc, il a étudié le dossier.
20:26Ils ont donné une date de jugement.
20:28Il a été.
20:29Et de là, c'est les juges qu'ils ont reportés.
20:34Pourquoi ?
20:36Alors, il y a la justice marocaine plus mon avocat,
20:41maître Joseph Cohen-Saban,
20:42qui ont fait le nécessaire pour que la justice française,
20:48déjà, dès qu'ils l'ont su,
20:49ils ont renvoyé un CD de tout le dossier à la justice marocaine.
20:55Et donc, d'après ce que m'en raconte mon avocat,
20:59il a dit, on va reporter.
21:00Donc, les avocats adversaires ne comprenaient pas.
21:02Même mon avocat, il ne comprenait pas au début.
21:04Il a dit, écoutez, nous venons de recevoir un CD,
21:08CD, qui vient de la justice française.
21:11Et de là, apparemment, d'après ce que m'en raconte mon avocat marocain,
21:15on me dit, les avocats adversaires, ils ont dit,
21:18non, ce n'est pas possible.
21:19C'est truqué, c'est faux.
21:22Donc, le juge lui a dit, écoutez,
21:24ça vient de la justice française, c'est CD.
21:26Nous allons étudier ce CD.
21:28Vous n'avez rien à dire.
21:30Et c'est ce qui s'est passé.
21:32Et de là, ils ont donné une date de jugement.
21:34Il a été condamné à 20 ans.
21:36Ils ont fait appel.
21:39Pour, justement, cet appel,
21:41ils ont donné une date.
21:43Et à chaque fois qu'il y avait l'appel,
21:46ils rajoutaient un avocat.
21:46Chaque nouveau avocat a le droit de dire,
21:50je reporte, je viens d'être désigné,
21:52je ne connais pas le dossier.
21:54Donc, il y a eu un deuxième avocat,
21:58une autre date, troisième avocat,
22:01une autre date, quatrième avocat.
22:04Bref, je pense qu'ils étaient six ou sept avocats.
22:06J'ai dit, waouh !
22:10Et donc, ça a duré à peu près
22:12un an, un an et demi.
22:15Report, report, report.
22:16Je ne comprenais plus rien.
22:19Et le papa cherchait par tous les moyens
22:24de prendre du temps
22:26pour faire un arrangement avec nous.
22:29Avec vous, avec votre famille ?
22:30Ma famille, avec nous.
22:32Nous proposer de l'argent
22:34pour qu'on se désiste,
22:38qu'on pardonne.
22:40C'est une blague.
22:42Vous avez tué mon frère.
22:45Mon père s'est laissé mourir de chagrin.
22:48Ma mère est dans un état,
22:49elle est très malade.
22:51Toute la famille en a souffert.
22:53Ensuite, vous avez fait un faux acte de décès.
22:59Vous avez fait un faux enterrement.
23:02Vous avez continué votre vie normalement.
23:04Et vous voulez qu'aujourd'hui...
23:06Alors, c'est ce que disait aussi ma maman.
23:10Elle disait,
23:12pourquoi ils ne sont pas venus dès le début
23:13pour s'excuser ?
23:15Pourquoi ils sont venus
23:17quand Hassan s'est fait interpeller
23:19et que Hassan a eu 20 ans de prison,
23:23et que là,
23:24c'était chaud pour eux ?
23:27Pourquoi ils ne l'ont pas fait avant
23:28de demander pardon ?
23:30Justement, il n'y a pas eu des conséquences
23:32vu qu'ils ont quand même fait
23:34un faux acte de décès.
23:35J'imagine que c'est quand même condamnable,
23:38que c'est pénalement répréhensible.
23:39Il n'y a pas eu de conséquences
23:40justement pour la famille
23:42qui ont simulé la mort de leur fils ?
23:44Qu'est-ce que vous appelez les conséquences ?
23:46Je ne sais pas.
23:46Par exemple,
23:47ce n'est pas légal
23:49de faire un faux acte de décès.
23:51Alors, le problème justement
23:53par rapport à ça,
23:55la seule chose,
23:56c'est que le meurtrier
23:57qui a été condamné
23:57pour le meurtre de Médie.
24:00D'accord.
24:01Le reste,
24:03donc en France,
24:05il y a eu
24:05les deux frères,
24:07la petite amie
24:08et la maman
24:08qui a été jugée
24:09que du sursis.
24:12Ils ont été jugés
24:13pour complicité du coup ?
24:14Pour faux usage de faux.
24:16Ok.
24:16Ils n'ont eu que du sursis.
24:21On était...
24:22Et ils n'ont pas donné...
24:24Enfin, je ne sais pas,
24:25il n'y a pas vraiment
24:25d'explication à donner,
24:26mais ils n'ont pas essayé
24:27de se justifier
24:28concernant cet acte de décès ?
24:29Ils ont...
24:31Alors, la mère,
24:33qu'elle repose en paix
24:34parce qu'apparemment
24:35elle est décédée,
24:37disait que c'était
24:38son mari.
24:39Alors, on ne comprend plus rien
24:42parce que la mère dit
24:43que c'était son mari
24:44qui lui a fait ça,
24:45qui lui a demandé
24:46de faire ça.
24:49Un des frères,
24:50si vous avez vu
24:51dans 7 à 8,
24:52il y a l'avocate du frère
24:53qui parle,
24:53qui dit que le frère a dit
24:54c'est mon père
24:55qui m'a demandé
24:56de ramener l'acte de décès,
24:58c'est mon père
24:59qui m'a dit
24:59de dire ça.
25:02Et apparemment,
25:05le père,
25:05ils ont posé la question
25:06au tribunal
25:07et lui,
25:09il a dit
25:09que c'était sa femme.
25:12Tout le monde s'accuse...
25:13Mais sa femme,
25:13elle n'est plus là.
25:16Elle est décédée là-bas.
25:19Elle a son âme.
25:20Mais,
25:21non,
25:23c'est facile.
25:25Mais non,
25:25on sait très bien
25:26que ça vient du père.
25:28Non, on le sait.
25:29Mais le papa n'a pas été jugé.
25:32Il n'a pas été...
25:33même pas auditionné.
25:35Rien.
25:35Alors que tout le reste
25:38de sa famille
25:38a quand même eu
25:39une condamnation.
25:41Oui.
25:42Oui.
25:43C'est très spécial.
25:45Ah bah oui,
25:46je trouve ça spécial
25:47parce que
25:48moi,
25:48je pense que le père aussi
25:49doit être...
25:50doit être condamné.
25:53Parce que c'est quand même
25:54très grave d'avoir fait ça.
25:56Ah bah oui,
25:56c'est sûr.
25:57Protéger un meurtrier,
25:58ok, d'accord,
25:59c'est son fils,
26:00il n'y a pas de problème.
26:02Tout le monde protège
26:03son enfant.
26:03mais pas en arriver
26:05à ce stade-là.
26:06Là,
26:07ils ont été trop loin.
26:09Alors,
26:10comment voulez-vous
26:11qu'après tout ça,
26:14je puisse moi
26:15le pardonner,
26:17faire un arrangement ?
26:19À ce moment-là,
26:20c'était...
26:22très récemment,
26:22en fait,
26:23c'était en 2024-2025
26:24qui vous propose ça.
26:26C'est ça.
26:26Donc, presque 15 ans
26:27après le meurtre
26:29de votre frère.
26:30Bah oui.
26:30pourquoi vous n'êtes pas
26:33venu au début ?
26:34Allez,
26:34vous aurez laissé passer
26:35quelques mois,
26:36venir voir mes parents,
26:39leur dire,
26:39voilà,
26:41il a fallu
26:42qu'ils soient interpellés,
26:43qu'ils soient en prison
26:44pour demander le pardon.
26:46Ce n'est pas possible.
26:47On ne pardonnera jamais.
26:50Ça,
26:50c'est sûr.
26:52Ni moi,
26:53ni ma famille.
26:54On ne pardonnera pas
26:55à ce qu'il a fait.
26:56Et on ne pardonnera
26:57ni à lui,
26:59ni à sa famille aussi.
27:01Le problème,
27:02c'est que,
27:03comment on veut dire,
27:06lui,
27:07il continuait,
27:08malgré que j'ai refusé,
27:11il continuait
27:11par tous les moyens.
27:14Il renvoie
27:14un de ses fils
27:15à Paris.
27:18Alors,
27:19il a été
27:19à la mosquée
27:21qui est en bas de chez ma mère
27:22pour demander
27:24au imam
27:24d'aller intervenir,
27:26d'aller voir ma maman
27:27en bas de chez ma mère,
27:30demander,
27:30voilà,
27:31de pardonner.
27:33Mais,
27:34il est culotté
27:35quand même.
27:37Et donc,
27:37on a,
27:39vraiment personnellement,
27:40j'étais vers lui-même,
27:41je lui dis,
27:41écoutez,
27:43ça ne vous regarde pas.
27:45Vous ne savez rien.
27:48On ne pardonnera jamais.
27:48vu que ce n'était pas possible.
27:53Et un jour,
27:56j'appelle mon avocat,
27:58Joseph Cohen-Saban,
28:00et je dis,
28:02bonjour,
28:02voilà,
28:03donc,
28:03je voulais lui donner
28:04la date de l'audience
28:05parce qu'il suit
28:06l'audience.
28:07comme,
28:08et il me dit,
28:10ah ben,
28:11c'est marrant
28:12parce que je viens
28:12de parler de toi
28:13il n'y a même pas
28:14deux,
28:14trois minutes.
28:15Ah bon,
28:16qu'est-ce qui se passe ?
28:18Alors,
28:18il me dit que le frère
28:19l'a appelé,
28:21s'est présenté,
28:23et il lui demande,
28:24est-ce que vous pouvez
28:25convaincre votre cliente
28:27de faire un arrangement.
28:30Là,
28:31je rigole parce que
28:31faire un arrangement
28:33contre une récompense.
28:36Une récompense.
28:38Il voulait vraiment
28:39vous acheter ?
28:39Non mais attendez,
28:40c'est une insulte,
28:40une récompense.
28:42Pourquoi on a gagné
28:42une course,
28:43nous,
28:43pour une récompense ?
28:45Et il m'a dit
28:46qu'il l'avait appelé
28:47une semaine avant.
28:49Il m'a dit,
28:49il vient de me rappeler
28:49ce matin pour savoir,
28:51alors,
28:51est-ce que vous avez convaincu
28:52votre...
28:53Mais il ne m'a pas appelé
28:54parce qu'il connaissait
28:55déjà ma réponse.
28:57Il m'a dit,
28:59Ness,
29:00je ne voulais pas vous appeler
29:01parce que je connaissais
29:02déjà votre réponse
29:03et c'est ce que je lui ai dit.
29:04Je lui ai dit que
29:05ma cliente,
29:08elle a dit,
29:09c'est hors de question.
29:11Je lui ai dit,
29:11mais bien sûr que c'est
29:12hors de question.
29:14Et malgré ça,
29:14le père,
29:15il continuait,
29:15il continuait,
29:16il continuait.
29:17En fait,
29:19il harcelait mon avocat marocain
29:20pour lui proposer de l'argent.
29:24À lui directement,
29:25donc ?
29:26dire à votre cliente,
29:28madame Inès
29:29ou sa famille,
29:31on lui donne.
29:34Alors moi,
29:35j'ai dit,
29:36écoutez,
29:37maître,
29:38il peut me donner
29:39autant d'argent qu'il veut.
29:41Je ne veux rien d'eux.
29:43Je ne vends pas
29:44le sang de mon frère.
29:46C'est clair,
29:47net et précis.
29:49Je ne veux pas
29:50un centime d'eux.
29:51c'est de l'argent sale.
29:54Et je ne vendrai pas
29:55le sang de mon frère.
29:57Je me suis battue
29:57pour rendre justice
29:59à mon frère.
30:00Pas pour prendre
30:01de l'argent.
30:03Et voilà,
30:04et vu que je n'ai pas accepté,
30:05je n'ai pas,
30:07je n'accepterai jamais.
30:10Et comme je vous ai dit,
30:10je ne les pardonnerai jamais.
30:13Et bien,
30:13il y a eu le jugement.
30:14Ça a pu être un élément
30:16en plus,
30:17en votre faveur,
30:18j'imagine,
30:19le fait que...
30:20Alors,
30:20mon avocat
30:21l'a dit
30:22au procès.
30:24Ils n'ont pas trop aimé
30:25que mon avocat en parle.
30:27Mais il faut le dire.
30:28Il ne faut rien cacher,
30:29il faut le dire.
30:31Donc,
30:31pour eux,
30:33le père,
30:34il croit
30:34qu'il peut acheter
30:34tout le monde
30:35avec l'argent.
30:37Mais moi,
30:37c'est clair,
30:38je ne vends pas
30:39le sang de mon frère.
30:41Jamais.
30:43Et donc,
30:43au jour d'aujourd'hui,
30:44il a été condamné
30:45à 20 ans de prison.
30:48Et apparemment,
30:50d'après mon avocat marocain,
30:52il m'a dit
30:52qu'ils ont demandé
30:52la cassation.
30:55Ok.
30:56Mais il n'y a pas de problème.
30:58Ils veulent aller en cassation,
30:59venir en cassation.
31:00Ils avaient déjà fait appel
31:01au premier jugement,
31:02c'est ça ?
31:03Ils ont fait,
31:04oui,
31:04ils ont fait appel,
31:05ils ont remporté
31:06plusieurs fois.
31:08Et là,
31:10d'après mon avocat,
31:11ils ont demandé
31:11la cassation.
31:12D'accord.
31:12Écoutez,
31:14voilà,
31:14la cassation,
31:14voilà,
31:15la cassation.
31:16Je continuerai.
31:18Pour en revenir
31:18sur la cavale
31:19de Hassan,
31:20elle a duré 12 ans,
31:21cette cavale.
31:22C'est ça.
31:22C'est très,
31:23très long.
31:24Là,
31:25de ce que vous me dites,
31:25justement,
31:26de sa famille,
31:27est-ce que le père
31:29d'Hassan
31:29a pu,
31:30justement,
31:31peut-être acheter
31:31des personnes
31:33pour protéger Hassan
31:34pendant 12 ans ?
31:35Je ne sais pas.
31:36Je ne suis pas marocaine,
31:38je n'ai jamais été au Maroc.
31:39Je ne sais pas,
31:40je ne peux pas vous dire.
31:41Moi,
31:41je ne le connais pas,
31:42le père.
31:43J'ai entendu parler de lui.
31:46Je sais,
31:47il travaillait dans quoi.
31:51Après,
31:52je ne peux pas vous dire
31:52des choses que je ne sais pas.
31:54Sur ça,
31:55je ne sais pas.
31:56Après,
31:58mais il a été loin quand même,
31:59le père.
32:00Il a été très loin.
32:01Pour moi,
32:02personnellement,
32:03il a été très loin,
32:03comme pour tout le monde.
32:05Et Hassan,
32:08pendant sa cavale,
32:09il a fondé une petite famille.
32:11J'allais y venir,
32:12justement.
32:12Oui.
32:14Donc,
32:15il a eu des enfants.
32:19Il a vécu
32:19sa petite vie tranquille.
32:22Il travaillait
32:23dans une école privée
32:26qui appartenait
32:27à son oncle,
32:29apparemment.
32:31ça s'appelle
32:31l'Institut Ben Hamza,
32:33l'Institut privé.
32:34Donc,
32:35pour lui,
32:37et vous pensez que moi,
32:38je ne vais pas redonner.
32:39Mon frère avait 23 ans.
32:42Il avait encore la vie devant lui.
32:45Il était,
32:46il est enterré
32:47sous terre.
32:49Et lui,
32:49il continuait sa vie tranquillement.
32:51Il a fondé une petite famille.
32:54Il s'est marié.
32:55Il travaillait.
32:55il travaillait.
32:58Il avait la belle vie,
32:59quoi,
32:59pendant 12 ans.
33:01Comment vous voulez
33:02que nous,
33:02on soit ?
33:04Donc,
33:04pendant ces 12 ans-là,
33:06vous,
33:06donc,
33:06on l'a dit,
33:06vous êtes persuadés
33:07qu'Assane est vivant
33:09et vous vous battez
33:09pour pouvoir enquêter.
33:13Le reste de votre famille,
33:14comment ils sont
33:15pendant ces 12 ans ?
33:16Est-ce qu'eux aussi,
33:17ils veulent se battre
33:18et retrouver Assane ?
33:20Alors,
33:22oui,
33:23pareil,
33:23bien sûr.
33:23Ils pensent,
33:24eux aussi,
33:25qu'Assane est vivant ?
33:27Ah oui,
33:28oui.
33:28Ah oui,
33:29oui,
33:29oui.
33:31Je ne vais pas parler
33:31de ma mère.
33:33Ma mère,
33:34elle est un peu,
33:35après,
33:35vous savez ce que c'est
33:36de perdre un enfant.
33:37C'est un peu dur.
33:38C'est même très dur
33:39de perdre son enfant
33:41et puis après,
33:41perdre son mari.
33:43C'est très compliqué.
33:43Donc,
33:45on évite d'en parler devant elle,
33:47ce qui est normal.
33:48Après,
33:49j'en parle beaucoup
33:50avec un de mes frères
33:53qui m'a soutenue,
33:56qui a été là,
33:57qui...
33:59Ma petite sœur aussi,
34:03qui m'a soutenue aussi,
34:06qui était là.
34:08Sauf que,
34:09voilà,
34:09c'est plus moi
34:10qui va devant,
34:12c'est plus moi qui...
34:13Mais,
34:13ils sont au courant de tout,
34:15ils sont là.
34:17Quand il y a besoin
34:18de quelque chose,
34:18donc, pareil,
34:19ils sont là.
34:21Et,
34:21voilà,
34:23j'ai mon frère
34:26et ma sœur
34:27qui...
34:28Non,
34:28ils étaient là avec moi.
34:30Je me suis battue
34:31et ils étaient derrière,
34:32en fait.
34:33Ils ne sont pas faits...
34:35Mais ils étaient là.
34:36quand il fallait quelque chose
34:38ou quand j'avais un doute
34:40ou dès que je faisais quelque chose,
34:42en fait,
34:42je les appelais,
34:43je les tenais au courant
34:44et puis...
34:45Ah non,
34:46non,
34:46ils suivaient vraiment tout.
34:49Et c'est pareil,
34:49parce qu'ils veulent que
34:51justice soit faite,
34:52ce qui est normal.
34:53toute ma famille
34:56en a souffert.
34:58Mes frères,
34:59ma sœur,
35:00ma mère,
35:01mon père
35:02qui repose en paix,
35:03mes enfants,
35:05en ont beaucoup,
35:06beaucoup souffert.
35:07Surtout un de mes fils,
35:09mon deuxième,
35:11qui n'arrive toujours pas
35:12à faire son deuil
35:13jusqu'à aujourd'hui.
35:15C'était son oncle,
35:17c'était...
35:18Pour lui,
35:19c'était son grand frère.
35:21Ils ont détruit une famille.
35:24Et ils ne s'en ont pas rendu compte,
35:25en fait.
35:26Pendant que nous,
35:27on était détruits en souffrance,
35:29eux,
35:30ils avaient la belle vie.
35:32Mais par contre,
35:35grâce à la justice marocaine,
35:37dès qu'ils sont intervenus,
35:40croyez-moi qu'ils ont...
35:41Et franchement,
35:42je leur en remercie.
35:46Ils ont fait quelque chose
35:47d'extraordinaire.
35:50Ils nous ont
35:51rendu justice.
35:55Et ils ont été corrects.
35:57Ils ont...
35:58Vraiment,
35:58je ne suis pas marocaine,
36:01mais je le dis,
36:02je suis fière de la justice marocaine.
36:04Il faut dire la vérité.
36:06Ils ont fait un très bon travail.
36:09Et pour moi,
36:11je leur remercie.
36:13Franchement,
36:13je leur remercie beaucoup.
36:16Ils ont été vraiment
36:17à l'écoute.
36:19Ils ont fait un très bon travail.
36:22Et justice,
36:24ils nous ont rendu justice,
36:25en fait.
36:26Grâce au Maroc.
36:27Quand vous enquêtiez
36:31sur Hassan
36:33et que vous cherchiez
36:33des preuves
36:34qu'il était vivant,
36:36vous n'aviez pas peur
36:37d'éventuels représailles
36:38de la part de son père,
36:40justement,
36:41ou de sa famille ?
36:42Alors,
36:42non.
36:43Pourquoi ?
36:45Parce que
36:46si demain,
36:48il m'arrivait quelque chose,
36:50la justice française
36:51va savoir tout de suite
36:51d'où ça vient.
36:53C'est clair.
36:53Donc,
36:54je ne pense pas
36:54qu'ils auraient voulu
36:55faire quoi que ce soit.
36:57Puisque c'était
36:57mon seul combat.
36:59Et la moindre chose
37:00qui m'arrivait,
37:02tout de suite,
37:03ils vont faire le lien.
37:04Tout de suite.
37:06Non.
37:07Et puis,
37:07je n'avais pas peur d'eux.
37:09Ils ne me faisaient pas peur.
37:10Je n'avais peur
37:11ni des frères,
37:13ni du père.
37:14pour moi,
37:15ils ne sont rien.
37:17Pourquoi avoir peur ?
37:19Parce qu'on veut
37:20que justice soit faite,
37:22rendre justice à mon frère,
37:23je dois avoir peur.
37:25Ben non.
37:27Il a tué un être humain.
37:30Il y a une justice.
37:32Et ça m'a pris du temps.
37:35Ça va faire presque 15 ans,
37:36effectivement,
37:36vous avez raison.
37:38Mais je réussis.
37:40Et j'ai fait ça
37:41avec la justice,
37:42avec la loi.
37:46Mais j'ai réussi mon combat.
37:48Et je peux en être que
37:50fière,
37:51je suis...
37:53Ça ne me ramènera pas
37:54mon frère.
37:56Mais...
37:57Vous savez,
37:58je viens de me rappeler
37:58d'une chose,
37:59l'avocat marocain,
38:01à un moment,
38:02c'est un harcèlement
38:03pour l'argent.
38:05Alors un jour,
38:05je lui dis,
38:06bon, bah écoutez,
38:08ils veulent me donner
38:08de l'argent.
38:10D'accord.
38:11À une seule condition.
38:12Il m'a dit,
38:13qu'est-ce que c'est
38:14votre condition ?
38:15Il me ramène mon frère.
38:17C'est pas possible,
38:18alors.
38:19C'est pas possible.
38:21C'est ma seule condition.
38:24Et de là,
38:24il me dit,
38:25bah écoutez,
38:26je lui ai dit,
38:27ça suffit.
38:28Ça suffit.
38:29Moi, c'est tout ce que je veux.
38:31S'ils ne sont pas capables
38:32de me ramener mon frère,
38:33bah écoutez,
38:34je leur ai dit,
38:35je ne veux rien avoir
38:36à faire avec eux.
38:38Et que le père,
38:39même,
38:40il avait demandé
38:40à mon avocat
38:41d'avoir mes coordonnées.
38:44Ça frôle le harcèlement,
38:45là, à ce stade.
38:47Et j'ai demandé
38:48à mon avocat,
38:49je lui ai dit,
38:49mais vous ne donnez pas
38:50mes coordonnées,
38:51je ne veux rien avoir
38:52à faire avec eux.
38:54Et une deuxième fois
38:55quand j'ai mon avocat,
38:56je lui ai posé
38:56par curiosité,
38:57je lui ai dit,
38:57mais pourquoi le père,
38:59il voulait mes coordonnées ?
39:00Qu'est-ce qu'il a à me dire ?
39:02Vous savez ce qu'il me dit ?
39:04Il me dit,
39:05il voulait vous prendre
39:06par les sentiments
39:07pour vous dire
39:07ce que c'est un père,
39:09pourquoi le père,
39:09il a fait ça
39:10et que le père,
39:11il en souffre.
39:13Je lui ai dit,
39:13non, mais attendez,
39:14maître,
39:14c'est une blague.
39:16Je lui ai dit,
39:16mais mon père,
39:17il est où ?
39:19C'est qu'en fait,
39:20moi, mon père,
39:20il est mort de chagrin.
39:21Il est parti rejoindre son fils
39:22et moi,
39:23je dois avoir de la peine
39:24pour le père du meurtrier
39:25de mon frère
39:26et avec tout ce qu'il a fait derrière.
39:28Je lui ai dit,
39:28mais ce n'est pas possible.
39:28Je lui ai dit,
39:29mais ils sont culottés quand même.
39:30Ils sont vraiment culottés.
39:32Je lui ai dit,
39:34je ne veux pas avoir à faire avec eux.
39:36Je ne veux pas qu'ils s'approchent de moi.
39:37Je ne veux pas qu'ils m'appellent.
39:39On est en train de faire les choses
39:40avec la justice.
39:42On continue.
39:43Et ça prendra le temps
39:44que ça prendra.
39:46C'est tout.
39:48Comment ça se passait
39:48pendant les procès ?
39:50Vous avez assisté, vous,
39:51aux deux procès au Maroc ?
39:53Non.
39:53Aucun des deux ?
39:55Ça s'est passé.
40:01Allez, on va dire presque.
40:03Les procès au Maroc,
40:06je ne sais pas si c'est
40:07entre 8 et 10 procès.
40:09Ah oui, d'accord.
40:10Ah oui, non, non, mais
40:11je peux vous dire que...
40:13Alors, moi, je n'ai pas été
40:14parce que je n'étais pas tranquille.
40:18Mais c'est mon mari qui a été.
40:20D'accord.
40:21Et il a été les 9 petits fois là-bas.
40:24Chaque procès
40:25qui partait la veille,
40:27l'assister au procès
40:28et rentrer le lendemain
40:29pour voir tout ce qui se passait,
40:31pour me raconter
40:32ce qu'il y avait.
40:35Et c'était bien parce que
40:36c'est ce qu'a dit le juge.
40:40C'est bien qu'au moins,
40:41il y a quelqu'un
40:42de la famille de Médie
40:43qui soit présent.
40:45Et il a été là
40:47depuis le premier jour du procès
40:49jusqu'au dernier jour.
40:52Et qu'est-ce qu'il a pu vous raconter
40:53sur l'attitude
40:54de la famille d'Assan
40:55justement pendant le procès,
40:56pendant les procès ?
40:58Alors, qu'est-ce qu'il m'a raconté ?
41:00Qu'est-ce qu'ils ont...
41:02Alors, non,
41:03ils ne parlaient pas avec lui.
41:04D'accord.
41:05Ils ne lui tournaient pas autour.
41:08Ils les voyaient passer
41:09tout simplement,
41:10mais de toute façon,
41:11ils n'avaient aucun droit
41:11de lui parler.
41:12Ils ne le connaissent pas.
41:13Ils n'ont pas dû parler.
41:14Il m'a simplement dit que...
41:19Parce que moi,
41:21je lui demandais
41:21si Assan était là.
41:23Donc, il me disait oui.
41:25Il était présent
41:25dans chaque audience.
41:28Et il y avait le papa.
41:31Il y avait toute sa famille.
41:33La salle était pleine
41:34que de sa famille.
41:35Les tantes,
41:36les oncles,
41:36les cousins.
41:38Mais ça ne change rien,
41:39en fait.
41:39et il m'a dit
41:43que franchement,
41:46que ce soit
41:46les juges
41:47ou les procureurs,
41:49il m'a dit franchement,
41:50il m'a dit
41:50la balle est dans ton camp.
41:53Il m'a dit
41:53ils ont été...
41:54Je pense qu'ils ont été
41:56touchés par cette histoire.
41:59Je pense,
41:59après, je ne sais pas.
42:00Mais il m'a dit
42:02ils ont vraiment fait
42:03les choses correctement.
42:05Il m'a dit
42:05ils ont fait leur travail.
42:08La famille,
42:09je crois qu'il n'y a que
42:11le père qui a été auditionné,
42:12qui a été demandé à la barre.
42:14Le père,
42:15apparemment,
42:16quand ils l'ont
42:17interrogé à la barre,
42:20il a dit...
42:22C'est là où il a dit
42:23qu'en fait,
42:25c'était sa femme
42:26qui avait fait
42:27tous ses papiers.
42:28C'est de là
42:29au moins il a entendu
42:30donc il m'a dit.
42:32C'est tout.
42:32Sinon, la plupart,
42:33c'était...
42:35Ils ont interrogé
42:36beaucoup le meurtrier.
42:37Et les avocats
42:40qu'ils ont parlé.
42:41Mais il nie encore.
42:42Vous savez que malgré
42:43qu'il a été jugé
42:44à 20 ans,
42:45apparemment,
42:46il nie encore les faits.
42:48Et qu'est-ce qu'il dit, lui ?
42:49Donc,
42:49votre frère l'a agressé
42:52pour l'histoire
42:52avec sa copine,
42:53c'est ça ?
42:54Ah oui, non,
42:54mais alors là,
42:55il a raconté aussi
42:55une autre version
42:56d'après ce que je sais,
42:58c'est qu'il dit
43:00que la veille du meurtre,
43:01le 26 mars 2011,
43:06quand il y a eu la bagarre,
43:08il y avait beaucoup de monde
43:09et il y a un des jeunes
43:11dont il ne sait pas
43:12qui c'est,
43:13avait un couteau
43:14et que les empreintes
43:16qu'on a trouvées,
43:17les ADN qu'on a trouvées
43:18dans le couteau,
43:18c'était qu'il a voulu
43:19prendre le couteau
43:23pour pas qu'on l'agresse,
43:25en fait.
43:25C'est pas possible.
43:29Le meurtre,
43:29il s'est passé le lendemain.
43:31Oui, c'est vrai.
43:33Ils disent qu'il n'y avait
43:33pas de témoins.
43:35Il s'est passé en face
43:38d'un restaurant asiatique,
43:40le dernier coup.
43:41C'était un dimanche,
43:42il y avait du monde
43:43et il y avait des gens
43:45qu'on ne connaît même pas,
43:46qui ne sont même pas de Paris,
43:49qui ont raconté
43:49tout ce qu'ils ont vu
43:50et les avocats,
43:52ils disent qu'il n'y avait
43:53pas de témoins.
43:54Donc ça,
43:55c'est pas des témoins.
43:56Et qu'est-ce que Hassan
43:57lui dit de sa relation
43:59avec votre frère ?
44:00Est-ce qu'il le connaissait ?
44:01Alors, au début,
44:03apparemment,
44:04au début,
44:06il dit qu'il ne le connaissait pas.
44:09Ensuite,
44:10une autre audience,
44:13je ne me rappelle plus,
44:13c'était laquelle,
44:15il dit qu'il avait des regrets
44:17et que c'était un ami
44:18et que...
44:20Alors, une fois,
44:20il dit qu'il ne le connaît pas.
44:21Une fois, il dit qu'il le connaît,
44:22c'est un ami
44:23et qu'il a des regrets.
44:24Donc, en fait,
44:25il ne sait pas ce qu'il dit.
44:28Il ne sait pas ce qu'il dit.
44:30Mais moi, en fait,
44:31je m'en fous de ce qu'il dit.
44:34Justice a été faite.
44:38Et...
44:38les juges avaient tout le dossier.
44:41Donc, il pouvait dire ce qu'il veut.
44:42Après, il a le droit
44:43de dire ce qu'il veut.
44:45Voilà.
44:45Maintenant, après,
44:47ce qui...
44:49Enfin, je suis contente
44:50qu'il ait pris
44:5220 ans.
44:54Moi, j'aurais voulu plus.
44:55Je ne vais pas vous mentir.
44:58J'aurais voulu vraiment plus.
45:00Mais bon,
45:0020 ans,
45:01c'est mieux que rien.
45:01Donc, comment vous avez appris
45:03la condamnation ?
45:04C'est votre mari
45:05qui vous l'a annoncé,
45:06j'y ai dit ?
45:07Oui.
45:08Et en fait,
45:08on ne l'a pas eu tout de suite.
45:10On l'a eu dans la soirée.
45:13Et puis,
45:15je recevais des appels
45:18de partout entre...
45:19Je voyais mon avocat du Maroc
45:20qui m'appelle.
45:24Mon mari qui m'appelle.
45:26Puis, à un moment,
45:26je ne comprenais rien.
45:27Donc,
45:27j'ai rappelé.
45:29Et puis,
45:30on m'a dit...
45:31On m'a dit
45:32« Tu as gagné. »
45:34J'ai gagné.
45:36Annonce-moi la couleur.
45:37Ça y est,
45:38j'en peux plus.
45:39J'étais...
45:39Je tremblais de...
45:41Il a pris 20 ans.
45:42Ferme.
45:44Et là,
45:45j'étais contente.
45:46Et puis,
45:46de l'âge,
45:47j'ai appelé ma famille.
45:49Ils étaient contentes.
45:51Ma mère,
45:51elle était sous le choc.
45:54Mon frère,
45:55donc,
45:55il était avec moi.
45:58Ma sœur.
45:59Mais,
46:00alors,
46:01j'ai eu mon frère
46:02le lendemain
46:03qui me dit
46:04« Je n'ai pas dormi de la nuit.
46:06Je n'arrive pas à y croire. »
46:09Ma sœur,
46:09c'est pareil.
46:10Ma mère,
46:11c'est pareil.
46:13Toute la famille,
46:13quoi.
46:14Ma fille,
46:16mon fils,
46:18ils me disent enfin.
46:20C'est fini,
46:20quoi.
46:22Ça y est,
46:22on a rendu justice
46:23à midi.
46:25Et,
46:25je suis partie
46:27me recueillir
46:28à sa tombe.
46:30Et,
46:32je me suis soulagée.
46:35J'ai parlé.
46:36J'ai beaucoup pleuré.
46:38Mais ça m'a fini bien.
46:40Et,
46:40au jour d'aujourd'hui,
46:41j'espère que
46:41mon frère et mon père
46:43reposent en paix.
46:44Qu'ils soient apaisés,
46:45en fait.
46:46C'était mon but.
46:47Est-ce que vous,
46:49après ces 14 ans
46:51de combat,
46:51vous vous sentez
46:52apaisée
46:53d'avoir
46:53futur en justice ?
46:56On ne peut pas dire
46:57que je suis apaisée.
46:59Pas encore.
47:00Ça va me prendre
47:01du temps.
47:02Ça va me prendre
47:02énormément de temps
47:03parce que
47:04j'y crois,
47:06mais après
47:07presque 15 ans,
47:09c'est dur.
47:12Ça me ramènera pas
47:14à mon frère.
47:16Je ne ferai jamais
47:16mon deuil.
47:19Mais,
47:19j'espère que
47:21mon frère,
47:22de là où il est,
47:22il est fier.
47:24Et voilà.
47:25C'était,
47:26pour moi,
47:27c'était hors de question
47:28que
47:28je puisse continuer
47:30à vivre
47:30normalement
47:32comme s'il ne rien n'était
47:33en sachant que
47:34il a tué mon frère.
47:37Et ça,
47:37je ne pouvais pas l'accepter.
47:38Ce n'était pas possible.
47:40Il devait payer
47:41comme n'importe quelle personne.
47:42Après,
47:44je ne sais pas si
47:45vous êtes d'accord
47:46avec moi.
47:47Mais moi,
47:48je pense que
47:49chaque sœur
47:51ou frère
47:52ou un parent
47:53aurait eu la force
47:55de faire la même chose
47:56que moi.
47:57Je suis sûre.
47:59Et je les encourage
48:00à faire la même chose
48:01que moi.
48:02De ne pas lâcher.
48:04Il faut.
48:04Il y a une justice.
48:05Et la justice,
48:06elle sera faite
48:06quoi qu'il arrive.
48:07Ça prendra peut-être
48:08un peu de temps,
48:10mais il ne faut pas
48:10baisser les bras.
48:11Il faut continuer
48:12son combat.
48:14Et ne vous inquiétez pas,
48:15la justice,
48:16elle sera toujours
48:16de notre côté
48:17et non pas contre nous.
48:20Donc,
48:20tant qu'on a la justice
48:21avec nous,
48:23il faut se battre.
48:25Donc,
48:25vous n'appréhendez pas
48:27un potentiel
48:28procès en cassation,
48:30un dernier procès,
48:31donc,
48:32en l'occurrence ?
48:33Écoutez-moi,
48:34d'après ce qu'on m'a expliqué
48:35au niveau de la cassation,
48:36on m'a dit
48:38que,
48:41en fait,
48:41je pense que c'est ça
48:42parce que je ne m'y connais pas,
48:43donc j'ai demandé un peu
48:44à mon avocat,
48:44il m'a dit
48:45qu'on casse la peine.
48:47Mais quand on casse la peine,
48:48en fait,
48:50déjà,
48:51ce n'est pas sûr
48:52qu'elle soit acceptée,
48:53il faut qu'on attende
48:53de voir si elle est acceptée
48:55ou pas.
48:56Et aussi,
48:57elle est acceptée,
48:57donc,
48:59après ce qu'on m'a dit,
48:59après je ne sais pas
49:00ce que c'est une cassation,
49:01on m'a dit
49:02qu'on casse la peine
49:06et la plupart,
49:11en cassation,
49:12on n'a jamais moins
49:14de la peine
49:14qu'on lui donne.
49:15C'est ça,
49:16si je ne me trompe pas,
49:17c'est en cassation,
49:18on ne juge plus
49:19les faits en tant que tels,
49:21mais la manière
49:21dont ça a été jugé.
49:23Voilà,
49:23voilà,
49:24c'est ce qu'on m'a dit.
49:25Mais je ne comprends pas.
49:27Il n'y a pas d'erreur.
49:29Il n'y a pas d'erreur.
49:31Pour moi,
49:32ils perdent leur temps.
49:34Mais moi,
49:34il n'y a pas de problème.
49:36Il veut aller dans la cassation,
49:37on va dans la cassation,
49:37tout simplement.
49:39Ça ne me dérange pas.
49:42Moi,
49:42pour moi,
49:42j'espère qu'ils ne l'accepteront pas.
49:45Après,
49:45s'ils acceptent,
49:46de toute façon,
49:47d'après ce qu'on m'a expliqué,
49:48c'est que soit
49:49il restera sur les 20 ans,
49:50comme il peut peut-être
49:51prendre plus.
49:53C'est ce qu'on m'a expliqué.
49:53Après,
49:54je ne sais pas.
49:55Je ne me connais pas trop.
49:56Moi non plus.
49:57D'après ce que m'a dit
49:58mon avocat,
49:59mais il m'a dit
49:59normalement,
50:02sauf s'il y a eu une erreur
50:03et que là,
50:04on peut lui
50:05enlever sa peine.
50:07Mais moi,
50:08je sais qu'il n'y a pas d'erreur
50:09parce qu'on a tout fait en règle.
50:12On a tout fait avec la loi.
50:14On a tout fait en jeu.
50:16Merci beaucoup,
50:17Inès.
50:17Merci à vous
50:18d'avoir suivi cette interview
50:19et de nous avoir écoutés
50:21en podcast.
50:22Et on se retrouve prochainement
50:24pour une nouvelle interview.
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