00:00Oui bien sûr, je fais tout à fait un lien. Moi je l'avais dit dans le Figaro en 2021, il y aura une génération de jeunes ou déprimés ou très violents.
00:08On a énormément de dépression, c'est la catégorie de la population qui va le plus mal, qui est le plus sous psychotrope même.
00:14Donc c'est quand même très préoccupant et évidemment énormément de violence.
00:18Alors je crois qu'il y a eu plusieurs moments dans notre société qui ont conduit à cela.
00:24Parce que c'est intéressant que le procureur rappelle qu'il n'a pas d'antécédents juridiques mais pas non plus de problèmes psychiatriques.
00:29C'est-à-dire que la catégorie du mal et la catégorie de la maladie mentale ne sont pas des catégories qui sont identiques et qui se superposent complètement.
00:37Le mal peut surgir sans qu'il y ait l'excuse de la maladie mentale et on aimerait bien se consoler avec de la psychiatrie mais ce n'est pas toujours possible.
00:43En revanche la société elle est de toute évidence malade.
00:45Et les enfants, vous savez que les enfants dans une famille dysfonctionnelle souvent c'est eux qui portent le symptôme.
00:50C'est-à-dire la famille va bien dans son délire et c'est l'enfant qui voudrait être sain qui développe un symptôme.
00:55Et bien je crois que notre société est comme une famille malade dont certains jeunes manifestent la symptomatologie.
01:01Alors il y a eu évidemment le Covid où on les a privés de tout ce dont ils avaient besoin pour devenir des adultes équilibrés au nom de ne pas tuer les personnes âgées etc.
01:11Donc on a enlevé les interdits structurants, la compétition sportive, les cours, la relation avec les pères, le développement des compétences sociales
01:19avec des choses très coercitives, très infantilisantes, très culpabilisantes, tu vas tuer papi et mamie etc.
01:25Donc ça c'était déjà terrible.
01:26Mais je crois aussi qu'il y avait eu un autre pas de franchie précédemment entre 2000 et 2010
01:34où on ne s'est pas rendu compte avec l'arrivée des technologies et de l'optimisme technologique
01:38de ce qu'on était en train de mettre dans les mains de nos enfants
01:42et à quel point ça allait gommer la frontière entre le bien et le mal, entre le virtuel et le réel, entre la vie et la mort.
01:49Et je crois que c'était ces deux étapes des conséquences d'un moment qui est là depuis les années 70
01:55où en fait on a fait sauter toute la colonne vertébrale de la société
01:58parce qu'on a horizontalisé complètement la relation entre les adultes et les enfants
02:03au nom du jouir sans entrave.
02:05Donc les enfants et les ados seraient des adultes comme les autres.
02:08Non ce n'est pas le cas et ils n'ont pas de discernement
02:10et ils ne peuvent pas anticiper les conséquences de leurs actes.
02:13On a fait sauter les interdits structurants, on a tué toutes les figures d'autorité,
02:16on s'est mis à mépriser la connaissance, l'idéologie est rentrée à l'école
02:20et donc de proche en proche on a tordu complètement notre anthropologie,
02:24on a mis en place une société où le paraître et l'avoir est beaucoup plus important
02:28que la pensée, l'imaginaire et les cadres symboliques.
02:31Si bien qu'on a des jeunes aujourd'hui, on le voit en thérapie,
02:34nous on est en difficulté parce qu'ils n'ont pas de vocabulaire.
02:37Donc quand ils vont mal, ils disent je vais mal mais je me sens vide.
02:40Et quand on leur dit il y a quoi dans ce vide, il n'y a pas de mot pour qualifier le vide.
02:44Ce qui veut dire que toutes leurs émotions négatives, toutes leurs pulsions,
02:47toutes leurs frustrations, ils sont obligés de les agir
02:50parce qu'on ne leur donne plus de support imaginaire et symbolique
02:53pour élaborer dans l'humour, élaborer dans le récit.
02:55Et c'est ça qui est très préoccupant, c'est que je crois qu'on est passé
02:57d'une société du langage et du récit à une société de l'algorithme
