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  • 11/06/2025

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00:00Et on continue à parler de cette tragédie dans ce collège de Haute-Marne
00:12et ses réponses apportées par ceux qui nous gouvernent, qui nous ont dérangés.
00:17Alors, nos politiques sont-ils déconnectés ?
00:19On va se poser la question.
00:20Et avant d'en débattre, je vous propose d'écouter Emmanuel Macron.
00:23Le président est revenu hier soir sur France 2 sur la polémique concernant ses propos,
00:27sur le brainwashing, vous savez, ce lavage de cerveau à propos des faits divers, l'insécurité.
00:32C'était sur France 2.
00:33Les gens qui regardent la télévision ou les réseaux sociaux sont dans une société de l'information
00:37qui passe d'un fait divers à l'autre.
00:40Qui brainwash ?
00:41Certains de vos collègues, il faut bien le dire, et certains des mouvements politiques
00:44qui considèrent que c'est bon pour eux d'être tout le temps là-dedans.
00:47Et qui disent au fond, vous ne faites jamais rien.
00:49Ils finissent par rendre les gens fous parce que les gens ont le sentiment de vivre dans un monde
00:53d'un fait divers à l'autre.
00:54Et en effet, on passe des punaises de l'île le matin à un drame qui s'est passé la journée.
00:58Donc c'est la faute des journalistes, c'est la faute des chaînes d'info ?
01:01Non, mais je dis tous qu'on devrait avoir une forme de discipline collective
01:05qui est évidemment de commenter l'actualité, mais aussi de parler, comme on le fait ce soir,
01:09des sujets de fond.
01:10On ne peut pas avoir un débat public et en particulier un débat politique
01:13qui devient en quelque sorte du suivisme de l'actualité.
01:16Mais d'ailleurs, ça a toujours été le cas.
01:17À chaque minute de la vie de la nation, il y a un drame.
01:21Simplement, il y a 20 ans, il n'y avait pas les réseaux sociaux,
01:23il n'y avait pas les chaînes permanentes, il n'y avait pas une forme justement de mouvement permanent.
01:27Bon voilà, c'est la faute des réseaux sociaux, c'est la faute des chaînes d'info.
01:30Plus que jamais déconnecté, il nous fait la leçon, Jules Torres ?
01:35Oui, il a un bilan quand même, Emmanuel Macron, il a un bilan sécuritaire
01:39qui est cataclysmique, catastrophique.
01:42Et c'est absolument ça qu'il veut aujourd'hui nous dénier de le pointer du doigt.
01:48Emmanuel Macron a beaucoup choqué quand il a utilisé ce terme de lavage de cerveau
01:54sur l'invasion du pays et les derniers faits divers.
01:57Mais il a été rattrapé par le réel.
01:58Et en fait, on connaissait le ministre du sentiment d'insécurité, Éric Dupond-Moretti.
02:02On a aujourd'hui le ministre du sentiment de fait divers, le président du sentiment de fait divers.
02:07C'est-à-dire qu'il y a 48 heures, il nous dit mais ça n'existe pas.
02:10De toute manière, tous ceux qui en parlent veulent agiter les haines, agiter les peurs.
02:14Et puis deux jours plus tard, c'est une déferlante de violences insensées.
02:19Bon, oui, Emmanuel Macron, il est responsable de toute cette situation.
02:23Et il ne peut pas pointer du doigt ceux qui parlent justement de ces drames.
02:26Moi, j'ai écouté hier matin...
02:27Est-ce que ce n'est pas le drame de trop pour le macronisme ?
02:29Honnêtement, ça commence à...
02:31La une du Parisien, le drame de trop, je l'ai vu au moins une trentaine de fois.
02:37Donc à un moment donné, je pense que ça suffit.
02:39Je pense que les Français, on aura le bol.
02:41Et ce n'est pas de la faute ni des médias, ni des oppositions politiques
02:44si les Français considèrent à 80% qu'Emmanuel Macron a tout raté sur la question sécuritaire.
02:50C'est-à-dire que dans ce pays, est-ce qu'on se sent plus en sécurité en 2017 ou en 2025 ?
02:55Je peux vous dire que tout le monde dit 2017.
02:57Donc c'est la responsabilité d'Emmanuel Macron.
02:59Je pense qu'il doit assumer.
03:01Et d'ailleurs, je trouve ça un petit peu, comment dire, curieux
03:04que celui qui nous dit arrêter de laver les cerveaux,
03:08eh bien ce soit son gouvernement, qu'il a donc nommé,
03:11qui sont dans une course à l'échalote sur les portiques,
03:15sur l'interdiction des réseaux sociaux.
03:16C'est quand même curieux.
03:18Donc à un moment donné, il ne peut pas rejeter en permanence la faute sur les autres.
03:21Nathan Levers, sur cette déconnexion vraiment criante désormais du chef de l'État.
03:27Il a tort de dire les choses dans un ton polémique.
03:29Il a eu tort de parler de brainwashing, c'était pas la bonne expression.
03:33Il a tort de pointer du doigt les journalistes ou certains journalistes.
03:37En revanche, il pose une question, je pense, et c'est mon désaccord avec vous,
03:39qui est absolument centrale.
03:41Marguerite Duras, quand on lui demandait d'imaginer le XXIe siècle,
03:44elle disait que ce sera un siècle où l'individu sera gavé d'informations.
03:48Partout.
03:48Tout le temps.
03:49Tout le temps.
03:49Tout le temps.
03:50Tout le temps.
03:50Tout le temps.
03:50Des informations.
03:51Donc là, vous êtes d'accord avec lui quand il propose d'interdire les réseaux sociaux au moins 15 ans ?
03:53Non, c'est pas tellement interdire.
03:55La solution, c'est autre chose.
03:57Mais faire le diagnostic.
03:58Pour des raisons technologiques, d'accélération du temps de l'information,
04:02nous sommes aujourd'hui saturés de faits.
04:04De faits de toutes sortes.
04:05Ça peut être des drames, ça peut être des faits divers,
04:06ça peut être des histoires internationales, peu importe.
04:09Quand on est chef de l'État, on doit être au-dessus de la mêlée,
04:11on doit être capable de séparer, comme vous dites, le tout venant, des choses vraiment graves.
04:15Et là, pour le coup, ce qui se passe est vraiment grave.
04:17Oui, mais la question, au-delà de ça, c'est qu'une démocratie, ça tient par son débat public.
04:22Est-ce que le débat public doit être, si vous voulez, l'expression suivisme de l'actualité ?
04:27Je la trouve intéressante.
04:28Est-ce qu'il doit suivre la chronologie des faits ?
04:30Ou est-ce qu'il doit poser des questions de fond ?
04:31Mais il s'en sert des réseaux sociaux, le Président, quand il fait une vidéo pour parler à un chauffeur qui doit payer son péage ?
04:38Du Président, je veux dire, au sens où...
04:40C'est facile de taper sur les réseaux sociaux.
04:41Bien sûr, mais la question qu'il pose est une question absolument centrale.
04:45Vous savez, Rousseau, au début du second discours, quand il pense la politique, il a cette phrase, il dit
04:49« Commençons par écarter tous les faits ».
04:51C'est un contexte un peu différent, mais c'est assez profond.
04:53Il s'agit de dire que quand on pense la cité, si on a le regard, le nez dans le guidon des faits,
05:00et bien parfois, on ne voit pas les sujets de fond, on ne voit pas les grands enjeux.
05:04Et je crois que ça, il faut le dire sans stigmatiser personne, sans attaquer la presse, sans attaquer les oppositions,
05:08ce n'est pas le sujet, c'est la technologie qui est en cause.
05:11Les réseaux sociaux font qu'aujourd'hui, on vit dans un JT permanent.
05:15Tout le monde vit dans un JT permanent.
05:17Et ça, ça crée aussi beaucoup de dangers, beaucoup de liberté, beaucoup d'émancipation,
05:21mais aussi beaucoup de dangers.
05:22Et il faut avoir l'œil lucide sur les dangers d'une situation où nous sommes sans cesse saturés d'enfants.
05:26Non, mais de faire un constat, c'est un peu facile.
05:29Il y a des gens qui proposent des solutions, effectivement, et après...
05:33Je vais vous dire, le problème, ce n'est même pas ça.
05:35C'est qu'on ait laissé Emmanuel Macron pendant 3 ou 4 ans, quand il a été élu en 2017,
05:40agiter le pays, légiférer, réformer le pays.
05:44D'accord, ça, on lui laisse le temps.
05:45Le problème, c'est qu'on va arriver à 8 ans de quinquets,
05:49on est à 8 ans d'Emmanuel Macron au pouvoir,
05:53et qu'en fait, il y a des familles qui en ont marre d'enterrer leurs enfants.
05:56Moi, quand j'entends le témoignage de la mère d'Elias hier matin,
05:59chez nos confrères de BFM,
06:01je ne peux pas dire qu'elle lave les esprits.
06:04Non, elle est touchée en son cœur et en son âme.
06:07Quand j'entends le père de Benoît à Dax,
06:10je ne me dis pas qu'il est dans le suivisme de l'actualité.
06:13Quand j'entends la mère de Lola,
06:15qui est brisée par la perte de son ex-mari et de sa fille,
06:20elle n'est pas dans le suivisme de l'actualité.
06:23Et des drames comme ça, on pourrait en citer des dizaines et des dizaines.
06:26Et ça, ce n'est pas parce qu'on a trop de faits divers,
06:29qu'il y a les réseaux sociaux,
06:30parce qu'il y a des journalistes qui mettent cette actualité-là sur le devant de la scène.
06:35Non, c'est parce qu'il y a des drames, il y a des familles, il y a des victimes,
06:38et que ces familles, elles en ont marre de constater,
06:41semaine après semaine, qu'il y a des morts et que l'État ne fait rien.
06:44Car il est là le sujet.
06:46Si l'État était parfait, si l'État légiférait,
06:48si l'État empêchait qu'il y ait ces violences,
06:51personne ne dira rien, à commencer par les journalistes.
06:54Donc nous, on est là, on fait notre métier, on dit,
06:56là, il y a des familles qui se plaignent,
06:57il y a des familles qui considèrent que leur enfant,
06:59eh bien, devrait être toujours sur notre territoire,
07:01et devrait toujours être vivant.
07:03Ça, excusez-moi, le président de la République,
07:05il ne peut pas le balayer d'un verre de main.
07:06Et au-delà de ce discours, de cette posture,
07:09Nathan Levers, le président n'a jamais semblé
07:11autant dans le creux de la vague, en ce moment.
07:14Bah oui, il s'en fout de ses sujets.
07:16Il n'a plus de majorité,
07:18il ne peut plus vraiment avoir d'influence directe,
07:20comme il en a eu jusqu'aux dernières législatives.
07:22Mais lui, personnellement, je veux dire, au-delà de ça,
07:24voilà, il n'a plus la dynamique qu'il avait au début,
07:27la même énergie...
07:29Parce que je crois qu'il y a eu une erreur totale
07:33sur le début du deuxième quinquennat,
07:35c'est-à-dire qu'il est réélu dans un contexte de barrage républicain,
07:38ce n'est pas un vote d'adhésion pleine,
07:41et ce qu'il fait, c'est mettre en œuvre tout de suite
07:44une réforme extrêmement impopulaire,
07:47et c'est à peu près le seul grand projet du début de ce quinquennat.
07:49Je pense que c'était un loupé de calendrier, une erreur,
07:52à la limite, il aurait pu faire la réforme des retraites,
07:54mais avec d'autres choses,
07:55et là, c'est vrai que ça a pris,
07:56et que ce décollage du deuxième quinquennat n'a pas marché.
07:58Il y a une forme de rejet aujourd'hui, il n'est plus audible,
08:00on ne l'écoute plus, la preuve, l'audience catastrophique,
08:02on en a parlé,
08:03il a désacralisé la parole présidentielle.
08:06Moi, je ne dirais pas forcément ça.
08:08Je pense qu'il a un enjeu qui peut être intéressant,
08:11c'est que là, il peut se recentrer
08:13sur les questions qui sont les prérogatives du président de la République.
08:15On vit dans un moment où je crois que les questions internationales,
08:17et moi, c'est mon désaccord avec Jules,
08:19je pense que les questions internationales aujourd'hui
08:20sont peut-être plus importantes que les questions de politique intérieure,
08:22et que le président a des choses à faire,
08:24parce que la France a une voie à porter.
08:25Et s'il le fait, il peut rebondir,
08:27et il peut...
08:27En quelques secondes, justement, je suis complètement désaccord
08:30avec les éditorialistes, les chroniqueurs
08:33qui nous disent qu'Emmanuel Macron, sur l'aspect international,
08:35tout ce qu'il fait est super,
08:36bon, déjà, il y aurait un sujet là-dessus,
08:38mais quand on a tant de drames en France,
08:40quand on a tant de sujets
08:43où c'est compliqué, où l'école ne va pas,
08:45où notre système de santé est catastrophique,
08:47qu'on a une submersion migratoire
08:48et qu'il y a de la violence dans la rue,
08:50un président qui s'occupe d'abord du national
08:52avant de l'international,
08:53ça ne me paraît pas incongru.
08:56Jules Torres, merci beaucoup.
08:58Non, moi non plus, ça ne me paraît pas incongru.
08:59Merci beaucoup.
09:00Nathan Devers, on se retrouve évidemment demain
09:02pour de nouvelles aventures.
09:03Merci à vous deux pour ce décryptage toujours précieux.
09:05Merci Géraldine.

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