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Faire des territoires des acteurs clés de la transition écologique et sociale : c’est l’objectif de l’association France Villes et Territoires Durables. Depuis 2019, elle accompagne les collectivités avec une méthodologie concrète, fondée sur la sobriété, la résilience, l’inclusion et la créativité. Son délégué général, Sébastien Maire, nous explique comment ce "do tank" aide les maires et les entreprises à transformer durablement nos territoires.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact c'est Sébastien Maire, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes délégué général de France Ville et Territoires Durables,
00:13association qui a été créée en 2019, avec quelle mission ?
00:18Avec la mission de repérer et de rediffuser le plus largement possible
00:22des méthodes, des outils et des solutions qui fonctionnent
00:26pour accélérer la transition écologique et énergétique des territoires.
00:30Et en même temps les faire monter en résilience.
00:32Et quand je parle de territoire, je parle d'un territoire avec tout ce qu'il contient,
00:35c'est-à-dire aussi bien les habitants que les collectivités et les entreprises
00:38et le tissu économique.
00:40Aujourd'hui on est assez en retard sur un nombre de sujets
00:43et pour protéger notamment nos entreprises et l'action économique,
00:48on a besoin de changer de certains paradigmes.
00:50Oui, je disais dans les titres que vous proposez un certain nombre d'éléments
00:54boîtes à outils, réseaux, aux élus locaux, mais aussi aux entreprises.
00:56C'est tout l'écosystème territorial qui peut bénéficier de votre action, c'est ça ?
01:01C'est exactement ça en partant du principe que personne n'a la solution tout seul.
01:05Et que dans la mise en œuvre des actions nécessaires, il faut le faire ensemble
01:10et qu'on a besoin de renforcer en amont les réflexions, le partage de vision
01:15entre ces différents acteurs publics et privés pour qu'ils se mettent d'accord.
01:18Mais est-ce que c'est si facile de les faire dialoguer ?
01:20J'imagine que maintenant, en six ans, vous avez pas mal d'expériences,
01:23mais au départ, c'est parfois des langages un peu différents,
01:27des états d'esprit un peu différents.
01:30Ça fait partie des obstacles qu'il a fallu contourner ?
01:34Oui, mais c'est à la fois un obstacle et une chance.
01:38Oui, c'est une richesse.
01:39Parce que c'est cette diversité d'approche, cette diversité de points de vue
01:42qui permet de trouver des solutions qui fonctionnent.
01:43Oui, mais avant, il se parlait pas forcément.
01:46Voilà, alors il se parle quand même.
01:47S'il y a quand même des instances, peut-être un peu trop officielles d'ailleurs,
01:51qui permettent ces rencontres entre les deux mondes,
01:53nous, on est beaucoup sur la logique territoriale, c'est-à-dire sur un territoire donné.
01:58Comment, avec les acteurs en place, on peut faire bifurquer les trajectoires ?
02:02Alors, si on prend quelques exemples, quels services, quelles actions vous avez menées
02:05depuis plus de cinq ans au sein de ces collectivités, de ces territoires ?
02:10Eh bien, nous organisons, par exemple, j'étais encore hier à Lille-sur-la-Sorgue,
02:13avec des maires, des élus et des entreprises de six départements,
02:18où nous montrons qu'il est possible de faire autrement,
02:22en faisant intervenir des acteurs, publics et privés, qui ont déjà fait.
02:26Ça fonctionne beaucoup mieux quand un maire ou une maire dit à un ou une autre maire
02:31« j'ai fait ça et ça marche », que quand des techniciens ou des experts comme moi
02:35vont le dire derrière un PowerPoint.
02:37Et donc, notre idée, c'est de mettre en contact les acteurs
02:39pour qu'ils puissent s'inspirer les uns et les autres,
02:42car aujourd'hui, on a toutes les solutions.
02:44Qu'est-ce que... Alors, si on reprend cet événement-là,
02:47est-ce qu'il vous vient en tête, comme ça, des exemples de...
02:49Puisque nous, c'est exactement ce qu'on essaye de faire, nous, ici,
02:53avec Spartan Park, c'est de partager les bonnes pratiques
02:56et de faire en sorte que ce qui marche se diffuse le mieux possible.
02:59Est-ce que vous avez, voilà, un bon exemple de ce qui a été évoqué hier
03:03et que vous pouvez partager avec nos téléspectateurs, nos téléspectatrices ?
03:06Par exemple, il y a quelque chose qui se développe beaucoup aujourd'hui,
03:09c'est dans le domaine de l'adaptation des villes,
03:11c'est-à-dire comment on prépare nos villes à supporter des canicules à 50 degrés pendant un mois.
03:15Elles ne sont pas du tout prêtes.
03:17Ça va arriver vite, plus vite que ce qui était prédit jusqu'ici.
03:21Et il existe des solutions qui sont peu coûteuses,
03:24qui mobilisent de la donnée et qui permettent d'avoir de multiples points de fraîcheur partout en ville.
03:29Par exemple, en utilisant des données, on peut voir à quels endroits il est beaucoup plus facile
03:35de déconnecter les tuyaux de gestion d'eau pluviale pour que l'eau s'infiltre dans le sol
03:40plutôt qu'elle soit considérée comme un déchet et qu'elle parte dans des tuyaux.
03:44Si elle s'infiltre dans le sol, on a la possibilité de planter des arbres qui vont durer,
03:49des espaces verts qui vont supporter les arrêtés d'interdiction d'arrosage pendant l'été
03:53qui vont devenir la norme.
03:54Et donc, autant d'îlots de fraîcheur partout disséminés dans la ville ou dans le territoire
03:59qui permettent de rafraîchir globalement la température.
04:02Ça ne coûte pas cher, c'est possible, mais ça va demander qu'on mobilise parfois un peu de foncier privé,
04:07parfois un peu de foncier public.
04:09Et donc, là encore, on a besoin de l'ensemble des acteurs.
04:11Vous vous présentez comme un doux-tang, cercle de réflexion et d'action.
04:15Les deux sont importants.
04:17Là, on parle pas mal d'action, de bonnes pratiques à partager.
04:19Sur la partie réflexion, il y a aussi des experts qui vous accompagnent, des chercheurs.
04:25Vous voyez ce que je veux dire ?
04:25Parce que pour nourrir des actions efficaces, souvent, quand on parle avec des chefs d'entreprise ici,
04:31ils disent « Ok, moi je veux faire des choses, mais je vais être sûr que je vais dans la bonne direction. »
04:35Vous voyez ce que je veux dire ?
04:36Exactement. C'est pour ça qu'on a un comité scientifique, en effet, qui accompagne tous nos travaux.
04:39On a même un doctorant in-house qui travaille sur les indicateurs territoriaux pour les entreprises
04:46et pour les collectivités, qui permettent de faire bifurquer les trajectoires pour garantir la résilience des territoires et des entreprises.
04:54Donc oui, le cadre logique est important.
04:57Et d'ailleurs, ce cadre logique sur la transition écologique, il évolue beaucoup en ce moment.
05:00Le développement durable a du plomb dans l'aile, par exemple, parce qu'il est un peu considéré comme un oxymore.
05:05Aujourd'hui, on parlerait plus d'équilibre durable que de développement durable en partant du principe que le développement infini est une idéologie
05:14à partir du moment où les ressources qui sont nécessaires sont-elles en quantité limitée.
05:18Donc il y a aussi une révolution culturelle à conduire chez les décideuses et les décideurs, privées comme publiques, et c'est une grande partie de notre action.
05:25Il y a un mot que vous utilisez souvent, nous aussi, le mot « smart city ».
05:29Qu'est-ce que ça signifie dans l'action d'une association comme la vôtre ?
05:33Ça a beaucoup évolué. C'est-à-dire qu'effectivement, au début, à sa création, l'association était très tournée vers les logiques de « smart city » technologiques.
05:41Et à l'instar de toute la société, on en est sortis, puisque la « smart city » telle qu'elle avait été pensée il y a 10-15 ans a montré que ça ne fonctionnait pas,
05:49que ça finissait par coûter plus cher et en coût de fonctionnement pour les collectivités et en impact environnementaux.
05:55Puisqu'aujourd'hui, l'explosion de l'utilisation du numérique est en train de mettre par terre les 20 ans d'efforts qu'on a réalisés sur les transports,
06:05sur l'isolation des logements, etc.
06:07En quelques années, on perd tout le gain et les efforts qui ont été faits en 20 ans parce qu'on explose le numérique sans discernement.
06:14Et donc, ça veut dire que c'est une façon différente de rendre les villes intelligentes et résilientes ?
06:19Tout à fait, parce que la donnée, elle est utile, on a besoin d'outils technologiques pour, par exemple, mieux décider.
06:26C'est-à-dire les outils d'aide à la décision, aujourd'hui, des outils numériques nous permettent, avec les jumeaux numériques par exemple,
06:33certains de nos adhérents les proposent, de mieux anticiper les impacts de telle ou telle solution avant la décision.
06:40Parce qu'aujourd'hui, les enjeux sont tels que l'évaluation ex ante, c'est-à-dire avant de réaliser les actions,
06:46et bien plus importante que celle d'après, parce qu'à vrai dire, aujourd'hui, réaliser dans 15 ans qu'on s'est trompé ne nous servira pas à grand-chose.
06:52Est-ce que les assureurs sont vos partenaires ? Parce qu'il y a des débats de plus en plus importants avec des assureurs
06:58qui commencent à moins assurer les villes ou à mettre des primes tellement chères que, finalement, les élus disent
07:05« Non, on ne peut plus s'assurer ». Et à côté de ça, il y a aussi des outils développés par les assurances
07:12pour anticiper les crises, pour mieux les traiter. Donc comment vous travaillez avec les grands agents ?
07:17Pas assez. J'aimerais beaucoup travailler davantage avec les assureurs, notamment parce que,
07:21comme vous venez très justement de le dire, leurs données sont extrêmement fiables
07:26et bien plus pointues que celles qui sont utilisées par les acteurs publics
07:30quand ils font un plan local d'urbanisme, par exemple.
07:32Aujourd'hui, un assureur, il sait prédire à la parcelle cadastrale
07:36le risque d'inondation par ruissellement, le retrait gonflement d'argile, etc.
07:40à la parcelle. Alors que les élus résonnent encore
07:43ou les services des collectivités à l'échelle des quartiers, des grands quartiers dans leur zonage.
07:48À terme, les deux maisons, l'une à côté de l'autre,
07:52risquent de ne pas être assurées de la même manière ou à la même prime
07:54parce qu'une va être beaucoup plus sujette, par exemple, à l'inondation par ruissellement
07:57qui est en train d'exploser aujourd'hui et qui n'est pas prise en compte par la réglementation nationale des risques.
08:02La réglementation nationale des risques, elle tient compte de l'inondation par débordement
08:06mais pas par ruissellement. Et aujourd'hui, tous les dégâts dans les entreprises, dans les collectivités,
08:10c'est le ruissellement, beaucoup plus que le débordement.
08:12Les assureurs ont les données.
08:14Donc vous leur lancez en quelque sorte un appel ?
08:16Oui. On aimerait beaucoup travailler davantage avec les assureurs, on le fait déjà.
08:20Bien sûr.
08:21Notamment dans cet intérêt commun qu'on a à convaincre les élus locaux
08:27qu'il est possible de faire autrement et de mieux protéger les biens et les personnes face au monde qui vient.
08:32Il y a plusieurs piliers, la sobriété, la résilience, l'inclusion, la créativité avec lesquels vous travaillez.
08:39Je voudrais qu'on parle de l'inclusion.
08:42Je discutais récemment avec Marie-Amélie Le Fur, la présidente du comité paralympique et sportif français.
08:47C'est vrai que les Jeux Olympiques Paralympiques de Paris, ça a permis d'avancer dans pas mal de domaines.
08:52Mais il y a un petit côté, parenthèse enchantée, et encore beaucoup de travail à faire sur l'accessibilité,
08:57notamment dans les villes.
08:59Est-ce que c'est un domaine sur lequel vous travaillez particulièrement ?
09:03Oui, on y travaille aussi, mais c'est vrai qu'on a une vision large de l'inclusion.
09:08C'est-à-dire que ce n'est pas seulement les personnes en situation de handicap,
09:12ça peut être aussi de l'inclusion sociale, culturelle, économique, de toute numérique.
09:16Bien sûr, les questions d'accessibilité transport, par exemple, pour le transport en commun,
09:24pour les personnes en situation de handicap, sont loin d'avoir trouvé toutes leurs réponses.
09:30Néanmoins, là encore, des développements de nouvelles mobilités,
09:36qui sont faites par des entreprises françaises, qu'on appelle les véhicules légers et intermédiaires,
09:41certains peuvent tout à fait permettre le transport de personnes en situation de handicap,
09:46et ça coûtera beaucoup moins cher que de mettre aux normes des stations de métro.
09:49Donc peut-être que vu la raréfaction des crédits publics et privés qui seront disponibles pour ces actions,
09:56on a intérêt à être plus smart et à réfléchir autrement qu'on ne l'a fait au XXe siècle.
10:00Merci beaucoup Sébastien Maire et à bientôt sur Bsmart4Change.
10:04On passe à notre débat comment décarboner le secteur de l'édition.

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