Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, était l'invitée de France Inter ce mercredi, au lendemain de la mort d'une surveillante en Haute-Marne, poignardée par un élève.
Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50
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00:00Sonia De Villers, votre invitée, la ministre de l'éducation nationale.
00:03Qui s'est rendue hier en Haute-Marne suite à la mort de Mélanie, 31 ans,
00:07surveillante au collège, Françoise Dolto, tuée donc de plusieurs coups de couteau
00:11par un garçon de 14 ans. Bonjour Elisabeth Borne.
00:14Bonjour.
00:14La première question est évidemment sur la bouche de tout le monde.
00:18Madame la ministre, risque-t-on de mourir de son métier
00:20quand on travaille à l'éducation nationale ?
00:24Écoutez, ce qui s'est passé hier, c'est un drame épouvantable.
00:26Alain et moi, mes pensées vont d'abord à cette jeune assistante d'éducation
00:30qui a perdu la vie, à sa famille que j'ai rencontrée sur place,
00:35à son petit garçon.
00:37Et je veux aussi redire toute ma solidarité aux équipes éducatives du collège,
00:43aux élèves, à leurs parents que j'ai pu rencontrer.
00:47Mais je pense qu'au-delà, c'est vraiment toute la communauté éducative
00:50qui est sous le choc et la nation tout entière.
00:53C'est pour ça que moi, j'ai demandé qu'une minute de silence soit observée
00:57demain à midi dans tous les établissements.
01:00Évidemment, on doit protéger, et c'est une priorité absolue,
01:04on doit protéger l'école et protéger celles et ceux qui la font vivre.
01:09Et moi, je peux vous assurer que face à cette circulation des couteaux
01:12qui se répandent chez les jeunes, dès mon arrivée,
01:16j'ai souhaité qu'on organise des fouilles devant les établissements
01:20pour qu'aucune arme ne puisse rentrer dans ces établissements.
01:22Bah précisément, ce crime a eu lieu lors d'un contrôle des sacs à l'entrée du collège.
01:27C'était une opération organisée par la gendarmerie
01:29qui était programmée en amont,
01:31dans le cadre de la circulaire qui porte votre nom,
01:34c'est la circulaire Borne-Retailleau,
01:35et qui prévoit des contrôles aléatoires à l'entrée des établissements.
01:38Est-ce que vous pouvez nous expliquer concrètement
01:40comment est censé se passer un contrôle de ce type
01:44et comment on explique qu'ils puissent dégénérer
01:46au point qu'une surveillante perde la vie ?
01:49Ces contrôles, ils sont organisés sur réquisition du procureur
01:53par des forces de l'ordre, donc des policiers ou des gendarmes.
01:56En l'occurrence, hier, c'était des gendarmes
01:57qui étaient présents et nombreux.
02:00Et c'est vrai que le fait que ce jeune de 14 ans
02:03tue de sang-froid cette jeune femme
02:06devant les gendarmes, c'est effrayant.
02:09Et je pense que ça renvoie à d'autres sujets de santé mentale.
02:14Et là aussi, moi j'ai...
02:16On va y venir, Madame la Ministre, évidemment,
02:17mais vous entendez de nombreux syndicats dire
02:20une assistante d'éducation n'est pas un vigile.
02:23Elle n'avait pas à se retrouver en première ligne.
02:26Ce mot de première ligne,
02:28tous les personnels administratifs et tous les enseignants
02:31l'ont à la bouche, nous sommes en première ligne.
02:33Comment ça se trouve qu'elle se retrouvait en première ligne
02:35et pas protégée ?
02:36Bien sûr que, vous savez, moi j'entends parfois dire
02:38qu'il faudrait que les personnels de l'éducation nationale
02:41organisent des fouilles.
02:42C'est précisément pas ce qui est prévu.
02:44Ce sont bien des policiers, des gendarmes
02:46qui organisent ces fouilles
02:47pour ne pas exposer les personnels de l'éducation nationale.
02:52L'enquête permettra de préciser
02:53les circonstances qui font que cette jeune femme était là,
02:57mais elle n'était pas en train de participer
02:59à l'opération de fouilles.
03:01Et les gendarmes étaient là.
03:02Un gendarme a essayé de s'interposer.
03:05Malheureusement, ça n'a pas pu lui sauver la vie.
03:07Et est-ce que vous êtes pour une fouille systématique
03:09tous les jours de tous les élèves
03:11à l'entrée des établissements scolaires ?
03:13Je vous dis ça puisque la vice-présidente
03:15de l'Assemblée nationale,
03:16dans son rapport sur la circulation des armes blanches,
03:19précise bien qu'il n'y a pas de profil type
03:21d'élèves qui disposent d'un couteau.
03:23Vous êtes pour la fouille systématique ?
03:25Il s'agit d'organiser des fouilles
03:27par les forces de l'ordre.
03:29Malheureusement, on ne peut pas organiser des fouilles
03:31tous les jours devant tous les établissements.
03:33Et les portiques ?
03:34Les portiques de détection ?
03:35Les portiques, moi je suis ouverte
03:38à tout ce qui peut permettre
03:39d'éviter l'introduction d'armes dans les établissements.
03:43C'est un travail qu'on mène avec les collectivités
03:45qui sont responsables de la sécurisation
03:47des enceintes scolaires.
03:48C'est les départements pour les collèges,
03:50les régions pour les lycées.
03:52On peut, avec ceux qui le souhaitent,
03:54tester tous les dispositifs,
03:55les portiques, les tourniquets.
03:57Vous en pensez quoi des portiques ?
03:59Je pense que chacun sait que les portiques,
04:01ce n'est pas la réponse absolue,
04:02parce qu'on a aussi des couteaux en céramique
04:06qui ne seront pas détectés par les portiques.
04:08Mais je pense qu'on agisse ensemble
04:11avec les collectivités pour assurer au maximum
04:14la sécurité dans les enceintes scolaires,
04:17que ça reste des sanctuaires,
04:18comme chacun l'attend.
04:19C'est vraiment...
04:20Des sanctuaires ou des bunkers ?
04:21Je vous pose la question
04:22parce que c'est le porte-parole de l'APEP,
04:24qui est une fédération de parents d'élèves,
04:26qui dit évidemment qu'on ne doit pas mourir de son métier
04:29quand on travaille à l'éducation nationale,
04:30mais qu'un établissement scolaire
04:31ne doit pas devenir non plus un bunker.
04:33Donc je vous pose la question
04:34entre le sanctuaire et le bunker.
04:36Non mais bien sûr qu'il ne s'agit pas
04:37de faire des bunkers,
04:38il s'agit d'assurer la sécurité
04:39au sein des établissements.
04:42Ça passe notamment par des opérations
04:44de fouilles inopinées.
04:45Ça passe aussi par une très grande vigilance
04:48sur les problèmes psychologiques
04:50que peuvent rencontrer des élèves.
04:51Et c'est pour ça qu'il y a
04:52tout un volet santé mentale
04:54que moi j'ai annoncé
04:55avec la demande que j'ai faite
04:57à tous les établissements
04:59d'avoir d'ici la fin de l'année
05:00un protocole pour repérer
05:02et faire prendre en charge
05:03avec tous les partenaires de l'école
05:05les jeunes qui ont des difficultés psychologiques
05:07avec la mise en place
05:08de deux adultes repères
05:10qui sont formés pour détecter
05:12les signaux de malaise psychologique
05:14chez les jeunes
05:15avec un conseiller par département
05:17pour accompagner ces jeunes.
05:19Et puis on continue le travail
05:20avec le ministre de la Santé
05:22Yannick Noder
05:22pour qu'on puisse au mieux
05:24repérer les jeunes
05:25qui ont des difficultés psychologiques.
05:26Mais évidemment que ce protocole
05:27de santé mentale
05:28je vous entends
05:29doit être étendu
05:30à tous les établissements scolaires
05:32et que manifestement
05:32il y a urgence.
05:34Mais comment on fait
05:34avec des personnels de santé
05:36de l'éducation nationale
05:37qui sont totalement débordés ?
05:39Un infirmier pour 1600 élèves
05:40un psychologue pour 1500 élèves
05:42un médecin pour 13 000 élèves
05:44qui renvoient vers
05:45des personnels de santé
05:46et des centres médicaux psychologiques
05:48les CMP eux-mêmes
05:49complètement débordés ?
05:52Je ne dis pas que c'est simple
05:53je dis qu'on est tous mobilisés
05:55pour détecter
05:56les signes
05:57de détresse psychologique
05:58ou de fragilité psychologique
06:00chez les jeunes
06:01qu'on doit travailler
06:02avec tous les partenaires
06:03notamment
06:04comme vous l'avez dit
06:05les centres médicaux psychologiques
06:06pour lesquels
06:07avec le ministre de la Santé
06:08Vous à l'éducation nationale
06:10est-ce que vous allez débloquer ?
06:12J'ai annoncé qu'on allait
06:12renforcer les effectifs
06:14d'infirmiers et d'infirmières
06:16d'assistants de services sociaux
06:18de psychologues
06:19à l'éducation nationale
06:20qu'on doit renforcer
06:21les moyens
06:22Combien de postes ?
06:23Les discussions sont en cours
06:24mais je pense que chacun mesure
06:26la gravité de la situation
06:27et la nécessité
06:28d'avoir plus de moyens
06:29pour faire ce repérage
06:30et puis de s'appuyer aussi
06:32sur des adultes
06:34qui ne sont pas forcément
06:35des infirmiers
06:36des infirmières
06:36qui vont être formés
06:37et c'est le travail qu'on mène
06:39avec le ministre de la Santé
06:39Et cette interdiction
06:40des réseaux sociaux
06:41que prône Emmanuel Macron
06:43président de la République
06:44est-ce qu'elle vous semble
06:45souhaitable ?
06:46J'imagine que oui
06:47puisque vous-même
06:48vous êtes aux avant-postes
06:49de cette réflexion
06:50avant 15 ans
06:50mais est-ce qu'elle vous semble
06:52réalisable ?
06:53Moi je vais vous dire
06:54je pense que quand on a des jeunes
06:55qui passent 5 heures par jour
06:57sur les écrans
06:58qui consultent des sites
07:01des séries
07:02des jeux vidéo
07:03dont on n'a pas idée
07:04et qui ensuite
07:06ont une forme de
07:07perte de repère
07:08entre le réel
07:09et le virtuel
07:10avec une banalisation
07:12de la violence
07:12sur les réseaux sociaux
07:13oui je pense qu'il faut
07:14protéger nos jeunes
07:15de la surexposition
07:16aux écrans
07:17de la banalisation
07:17de la violence
07:18alors on peut nous dire
07:19c'est très compliqué
07:20on a face à nous
07:21on a face à nous
07:22des plateformes
07:23qui ont tous les moyens
07:23technologiques
07:24il y a des identifiants
07:26qui peuvent leur permettre
07:27de connaître l'âge des élèves
07:28c'est leur responsabilité
07:29aussi
07:30de nous aider
07:31à protéger nos jeunes
07:32de ces contenus violents
07:33mais est-ce qu'aujourd'hui
07:34les plateformes américaines
07:35et les plateformes chinoises
07:36vous paraissent
07:37comment dire
07:38enclines à la régulation ?
07:40écoutez c'est ma collègue
07:41Clara Chappas
07:42qui discute beaucoup
07:43avec eux
07:43je pense qu'ils sont
07:44quand même conscients
07:45que la société
07:46que ce soit en France
07:47en Europe
07:48ou ailleurs dans le monde
07:49ne peut pas accepter
07:50que ces réseaux sociaux
07:51puissent banaliser
07:52la violence
07:53puissent faire perdre
07:54leurs repères
07:55à notre jeunesse
07:56merci madame la ministre
07:57une minute de silence
07:58donc demain à midi
07:59merci