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  • 10/06/2025
À la veille du salon VivaTech à Paris, Aude Durand, la directrice générale déléguée d'Iliad, insiste : "Arrêtez nécessairement d'aller chercher des modèles américains".

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Transcription
00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, le président de la République Emmanuel Macron se rendra demain au salon VivaTech qui se tient porte de Versailles à Paris.
00:11Ce salon est une sorte de vitrine de la French Tech et vous y serez.
00:15Audrey Char, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Vous êtes la directrice générale déléguée d'Iliade, maison mère de Free, le groupe créé par Xavier Niel.
00:23Iliade, c'est 10 milliards de chiffres d'affaires l'an dernier.
00:26Free, c'est plus de 23,5 millions d'abonnés mobiles en France.
00:29Mais aussi du cloud avec Scalway, dont vous êtes d'ailleurs la présidente.
00:33Opcore, filiale spécialisée dans les data centers.
00:37De la recherche en intelligence artificielle générative également.
00:40Avec le laboratoire Qtai, vous couvrez toute la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle.
00:46Alors, l'invité d'honneur du salon, ce sera le patron de la plus grosse capitalisation boursière du monde.
00:51Jensen Yang, le patron de l'américain Nvidia, leader incontesté des puces électroniques.
00:57Est-ce que ça vous gêne, Aude Richard, que le président de la République, Emmanuel Macron, déroule ainsi le tapis rouge au patron d'Nvidia, qui est une entreprise américaine ?
01:06Par contre, moi c'est Aude Durand.
01:07Tout à fait.
01:08Mais non, je ne trouve pas ça ni gênant ni contradictoire avec l'idée de focaliser ce Vivatex sur la souveraineté technologique.
01:21En fait, quand on réfléchit à pousser l'écosystème d'intelligence artificielle français sur le devant de la scène, il faut quand même être pragmatique.
01:28Il faut donner accès aux meilleures technologies, à nos talents et il faut les pousser vers l'innovation avec les meilleures ressources.
01:35Donc, aujourd'hui, on reconnaît un avantage technologique majeur à Nvidia et c'est dans notre intérêt que Nvidia soutienne l'écosystème français.
01:44C'est d'ailleurs un très grand partenaire de Scaleway.
01:46J'allais vous poser la question, est-ce que vous, vous utilisez des puces Nvidia ?
01:49Bien sûr, oui. D'ailleurs, Scaleway offre aujourd'hui, en tant qu'acteur du cloud européen, la plus grande puissance de calcul dédiée à l'IA avec le plus grand nombre de puces Nvidia disponibles en Europe.
02:01Ça ne nous empêche pas, par ailleurs, de travailler avec d'autres constructeurs qui peuvent avoir des solutions complémentaires ou alternatives.
02:09Mais il faut reconnaître qu'aujourd'hui, même nos chercheurs plébiscitent Nvidia.
02:12Donc, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas d'alternative, qu'aujourd'hui, ce sont les meilleurs.
02:16Alors, effectivement, à ce niveau-là, il faut leur reconnaître une avancée technologique qu'ils ont développée sur les 20 dernières années.
02:24Et ça ne nous empêche pas, ça n'empêche pas l'écosystème de continuer à travailler sur des alternatives.
02:28Ce genre d'avance peut toujours changer.
02:31Alors, data center, cloud, j'ai commencé à le dire, vous maîtrisez toute la chaîne de valeur de l'IA.
02:36Est-ce que ça signifie que vous n'utilisez pas du tout de logiciels américains comme Microsoft ou Google ?
02:42Alors, effectivement, dans nos activités, même télécom, nous, on essaye au maximum d'avoir une internalisation de tout notre savoir-faire technologique,
02:54d'avoir une indépendance stratégique.
02:56Ça nous permet aussi de garantir nos données, de garantir notre statut d'opérateur d'importance vitale, OIV.
03:01Et en faisant ça, on a développé au fur et à mesure des années, depuis 25 ans d'existence d'Iliad, des savoir-faire sur la construction de data centers,
03:11sur la construction d'une plateforme cloud.
03:13Et donc, on en a fait des activités à part entière dédiées au B2B.
03:17Aujourd'hui, on a déjà 15 data centers en Europe.
03:20Et on va continuer, évidemment, à investir massivement plusieurs milliards d'euros.
03:242 milliards et demi, je crois, d'investissements que vous avez prévus ces 5 prochaines années.
03:27Oui, voilà, comme première enveloppe pour commencer à développer des data centers avec des puissances électriques beaucoup plus conséquentes que ce qui a été fait par le passé,
03:36parce qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle demande ce niveau d'investissement.
03:42Sur la partie cloud, on a également développé une suite logicielle complète, une plateforme cloud pour les entreprises,
03:51qui est donc développée sur des briques open source ou en propre part des développeurs d'Europe.
03:58Donc, c'est-à-dire concrètement que vous n'utilisez pas ?
04:00On n'utilise absolument aucun logiciel américain.
04:03Qu'est-ce que vous dites à vos clients, justement, qu'est-ce qu'ils risquent, en fait, s'ils utilisent des logiciels américains,
04:11sachant qu'on sait qu'il y a une règle d'extraterritorialité qui existe pour les États-Unis ?
04:15Et ça, c'est important.
04:16Voilà. Effectivement, le risque qui est le plus connu, c'est le risque d'atteinte aux données que, finalement,
04:24notamment les États-Unis puissent aller regarder les données les plus stratégiques de nos entreprises,
04:28puisqu'elles sont stockées sur des logiciels d'entreprises américaines.
04:31Et donc, même s'ils sont stockés en France, si la suite logicielle est américaine,
04:35ces données peuvent être soumises à ce sujet d'extraterritorialité.
04:40Et c'est pour ça qu'il faut utiliser plutôt des logiciels en open source ?
04:42Alors, les logiciels open source vous permettent, du coup, d'héberger en France, en Europe,
04:48vos solutions, vos données, avec une suite logicielle qui n'est pas soumise à cette réglementation.
04:53Donc, c'est le cas de ce que propose la plateforme Scaleway.
04:56Ça permet quand même d'autres choses.
04:57Ça permet d'avoir aussi une résilience économique,
05:00puisque, du coup, vous n'êtes pas soumis à une politique tarifaire
05:04qui peut changer du jour au lendemain, pas forcément, d'ailleurs, du fait des entreprises,
05:08mais aussi d'un contexte politique qui peut évoluer.
05:10On l'a vu récemment.
05:11Donc, ça a de multiples intérêts pour les entreprises aujourd'hui,
05:15de commencer à avoir des stratégies multicloud,
05:18donc de, finalement, répartir leurs risques,
05:20et d'être en capacité d'aller chercher de nouveaux acteurs,
05:24et évidemment, plutôt souverains européens.
05:26Alors, souverains européens, est-ce qu'il y en a d'autres, à part vous ?
05:29Aujourd'hui...
05:30Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:31Aujourd'hui, sur les plateformes cloud publiques,
05:34qui sont vraiment équivalentes en fonctionnalités à AWS, à Google...
05:38AWS, Amazon.
05:39Amazon, pardon, oui, ou à Google, ou à Microsoft,
05:42on est les plus avancés sur la suite de produits cloud publics.
05:47Et comme je le disais tout à l'heure, on est numéro un sur la partie intelligence artificielle.
05:50Donc, on a aujourd'hui de plus en plus de partenariats avec des grandes entreprises privées,
05:55mais aussi des partenariats publics pour soutenir la recherche,
05:57pour fournir des solutions souveraines à tous ces acteurs qui innovent dans le lien.
06:01Et donc, ça veut dire que la prise de conscience existe,
06:04qu'on parle de plus en plus de souveraineté numérique,
06:08et qu'aujourd'hui, vous avez des clients privés et publics qui se tournent vers vous.
06:12Ça, vous voyez vraiment qu'il y a eu un déclenchement,
06:15qu'il y a quelque chose qui s'est passé ces derniers temps ?
06:17Il y a un basculement qui s'opère clairement ces derniers mois.
06:20Après, ce n'est pas forcément simple pour les plus grandes entreprises
06:23qui ont eu une stratégie un peu monobloc sur le cloud depuis plusieurs années
06:28de faire la bascule.
06:29Donc, on les accompagne pour venir progressivement passer leurs flux de données
06:34les plus stratégiques sur des plateformes comme la nôtre.
06:39Je pense que c'est une conversation qui existe de plus en plus
06:41au niveau des conseils d'administration aujourd'hui et qu'il faut favoriser.
06:44Et dernière question, on a beaucoup parlé de la construction
06:46d'une sorte d'Airbus européen dans le numérique.
06:50Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, il faut créer un leader européen
06:55dans le domaine du cloud notamment ou de l'intelligence artificielle plus largement ?
07:00Il faut qu'il y ait plusieurs leaders.
07:02De toute façon, l'écosystème de l'intelligence artificielle...
07:05Qu'est-ce qu'il manque pour le créer durant aujourd'hui ?
07:07Qu'est-ce qu'il manque ?
07:09En fait, étonnamment, je pense qu'il manque le fait d'y croire et un peu d'optimisme.
07:15C'est vrai qu'on a tous eu le réflexe depuis 20 ans de se dire
07:18sur une solution technologique, je vais aller chercher une solution américaine.
07:20C'est sûr qu'elle est meilleure.
07:21On l'a tous fait.
07:22On utilise tous plus Google que Quant.
07:24On utilise tous plus les suites au fisc.
07:26Je ne devrais pas...
07:27Bon, vous comme moi, donc tout va bien.
07:29Mais il manque de l'optimisme.
07:30Mais il manque de l'optimisme.
07:31Et aujourd'hui, sur l'IA, en Europe, on n'est pas en retard.
07:33C'est ça que j'essaie de passer comme message.
07:36Arrêtez d'utiliser Tchat GPT.
07:37Essayez Mistral.
07:39Arrêtez nécessairement d'aller chercher des modèles américains,
07:42utiliser des modèles open source sur du cloud français.
07:45Merci beaucoup, Aude Durand, directrice générale déléguée d'Iliade,
07:49maison mère de Free.
07:50On l'a compris, entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle.
07:53Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

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