Aéroport de Roissy : un trafic de cocaïne impliquant des bagagistes démantelé, des cadres intermédiaires non connus de la justice interpellés. Regardez l'analyse du colonel Bruno Cayzac, ancien commandant de la section de recherche de Nancy.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 09 juin 2025.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 09 juin 2025.
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00:00RTL au coeur de l'actu
00:04Dans l'actualité ce matin, l'imagination semble-t-il illimitée des trafiquants de drogue qui ciblent de plus en plus les aéroports
00:12en même temps que les ports maritimes. A Roissy, un trafic de cocaïne en provenance du Brésil a été démantelé.
00:18L'autre jour, 8 personnes ont été arrêtées, dont 4 bagagistes qui faisaient sortir la drogue en échange d'argent jusqu'à 50 kilos de cocaïne par mois.
00:27Plus de 600 000 euros ont été saisis, mais aussi des voitures, une maison, des objets de luxe.
00:32Bonjour colonel Bruno Quezac.
00:34Bonjour monsieur.
00:35Ancien commandant de la section de recherche de Nancy, merci d'être avec nous en direct ce matin sur RTL.
00:41D'abord, pourquoi les aéroports ? Parce que ce sont quand même des quantités relativement modestes par rapport à ce qui passe dans les ports maritimes.
00:51Je pense qu'on doit y voir le fait que l'activité des services de l'État dans les ports s'est intensifiée face à la montée en puissance des narcotrafiquants.
01:06Les ports sont désormais extrêmement surveillés par l'ensemble des services, notamment la douane, la gendarmerie et la police judiciaire.
01:13Et donc, il me semble que de façon très logique, les narcotrafiquants ont recherché d'autres moyens de transport et de distribution que constituent les aéroports.
01:25Le deuxième aspect, c'est que les aéroports permettent une multiplicité des pourvoyeurs.
01:34Alors, on avait déjà une connaissance du système des gens qui ingéraient des gélules de stupéfiants, des mules, ce qu'on appelle couramment des mules.
01:45Et puis, désormais, on est passé à une dimension supérieure où là, on a un recours beaucoup plus fréquent au bagage, au bagage accompagné,
01:52et en sous-doyant les membres des services dans les structures aéroportuaires.
02:01Et la nouveauté avec l'affaire de Roissy, c'est que les organisations criminelles visent des employés sans passé judiciaire.
02:07Parce que pour être bagagiste, il faut faire l'objet d'une enquête administrative.
02:11Si on a un casier, on n'est pas bagagiste.
02:14Exactement. Pour intégrer, pour venir travailler dans une zone aéroportuaire soumise à accréditation,
02:22vous faites l'objet d'une enquête, notamment de la gendarmerie des transports aériens.
02:26Et donc, il est impossible de travailler dans ce qu'on appelle les aides-sars, les zones de sûreté à accès réservé,
02:34sans avoir une autorisation de travailler.
02:40Donc, vous trouvez forcément impliqués des gens qui n'ont pas de casier judiciaire.
02:44Mais alors, comment sont-ils approchés, ces employés ?
02:47Parce que, est-ce qu'ils sont suffisamment formés pour éviter les sirènes des narcotrafiquants ?
02:53C'est la question dans la question.
02:56Ben, écoutez, l'approche déjà.
03:02Malheureusement, les gens ont beaucoup moins de soucis de protéger leur vie privée que par le passé,
03:07ne serait-ce que par les réseaux sociaux.
03:09Et donc, il est assez aisé de trouver quelqu'un qui explique sur les réseaux sociaux son travail,
03:17met quelques photos.
03:18Donc, les cibles sont assez faciles à approcher, déjà par ce biais-là.
03:23Après, le deuxième biais, c'est tout simplement le réseau humain.
03:26Les gens parlent entre eux.
03:28Ou alors, on va envoyer quelqu'un en zone aéroportuaire, en zone d'aérogare,
03:34discuter avec le personnel de sûreté des sociétés prestataires.
03:39Et puis, petit à petit, on fait un travail d'approche et on va emporter les gens.
03:44Et compte tenu des sommes qui sont proposées à ces recrues, si j'ose dire,
03:50il ne faut pas s'étonner que parfois, les sirènes fonctionnent parfaitement.
03:54Et donc, derrière la formation, si vous voulez,
03:57il y a effectivement des sensibilisations qui sont faites,
04:01notamment par les services de l'État.
04:03Mais encore une fois, les sensibilisations s'effritent assez rapidement
04:08confrontées aux sommes qui leur sont proposées.
04:12Face aux trafiquants, Bruno Kézac,
04:14les autorités doivent en permanence s'adapter.
04:16Elles auront toujours un train de retard par rapport aux organisations criminelles ?
04:22Je ne sais pas si on peut dire qu'elles ont un train de retard,
04:25mais elles mettent en œuvre en permanence des techniques d'investigation
04:32de plus en plus sophistiquées pour répondre à toutes les ficelles
04:37qui sont utilisées par les trafiquants.
04:42On a aussi des moyens d'observation et d'anticipation dans les trois dimensions,
04:48en mer, sur terre et dans les airs qui sont efficaces.
04:52Mais il est évident que, si je devais être un petit peu synthétique,
05:01je dirais que les forces nationales, elles, respectent une procédure
05:06que les trafiquants ne respectent pas.
05:08Et donc, c'est là, si vous voulez, que le facteur temps est très différent.
05:12C'est-à-dire qu'eux ne se soucient pas du temps
05:14quand le temps s'impose dans le cadre d'une action de renseignement
05:17ou d'une action judiciaire.
05:18Merci beaucoup pour cet éclairage complet, colonel Bruno Kézac.
05:22Merci d'avoir été avec nous ce matin sur RTL,
05:24ancien commandant de la section de recherche de Nancy.