Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 28 mai 2025.
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00:00RTL au cœur de l'actu
00:04Il est 6h15, soyez les bienvenus si vous nous rejoignez à l'instant.
00:08C'est l'un des titres à la une de ce mercredi.
00:10Le verdict attendu tout à l'heure au procès de Joël Lesquarnec,
00:14le chirurgien à la retraite jugé pour viol et agression sexuelle sur près de 300 victimes
00:19qui avaient en moyenne 11 ans au moment des faits.
00:21Que va changer ce procès de l'une des plus grandes affaires de pédocriminalité de notre histoire ?
00:26On accueille Manon Lemoyne. Bonjour.
00:29Bonjour.
00:29Merci d'être en direct avec nous ce matin.
00:31Vous êtes l'une des victimes de Joël Lesquarnec.
00:34Il vous a violé alors que vous aviez 11 ans.
00:37D'un point de vue personnel, est-ce que ces 13 semaines de procès vous ont soulagé, libéré, apaisé ?
00:46Non, parce que j'avais déjà travaillé ma reconstruction de mon côté.
00:51Ça m'a surtout permis de comprendre ce qui a pu se passer là où étaient les défaillances
00:55et ouvrir les yeux sur le fait qu'on n'est pas sur un pédocriminel mais un pervers.
00:58Certes, il a simplement abusé de la vulnérabilité des enfants puisque c'était plus facile de faire passer des actes perverses pour des actes médicals sur des enfants.
01:09Il vous est apparu comment, Joël Lesquarnec ? Vous l'avez vu tous les jours.
01:13Il vous est apparu changé ou encore dangereux ?
01:17Alors moi, c'est vraiment un avis personnel mais je l'ai trouvé toujours dangereux puisqu'on a vu tout au long de ce procès des actes de perversion ou des mots de perversion
01:28par des mes victimes où de toute façon vous aurez ou mes victimes auront toujours à cause d'une odeur, d'un souvenir, d'un geste,
01:38la marque que j'ai fait en eux et les réminiscences de ce que j'ai pu leur faire et les souffrances de ce que j'ai pu leur faire.
01:46Il a eu régulièrement ce genre de petits mots pour montrer qu'il avait encore le contrôle.
01:50Donc pour moi, c'est que la perversion est toujours ancrée en lui.
01:55Manon Lemoyne, vous avez vécu ces 13 semaines de procès.
01:58On vous a vu et entendu ces derniers jours protester contre le peu d'écho de cette affaire.
02:02Pourquoi vous avez dit ça ?
02:03Parce que nous, on s'était dit qu'on allait pouvoir vivre ce procès pleinement,
02:09pouvoir être dans une démarche soit de reconstruction quand on n'en était pas encore là,
02:14soit de compréhension et finalement, et que la société s'indignerait d'elle-même de ce procès,
02:20enfin pas le procès en lui-même, mais de l'affaire.
02:23Vous pensez que la société n'a pas été indignée par cette affaire Le Square Neck ?
02:28Vous passez sur Paris, Lyon, moi j'ai des amis à Paris ou à Lyon qui me disent qu'en fait,
02:34l'affaire n'a pas fait de bruit, les gens ne sont pas au courant.
02:37Donc oui, je reste persuadée qu'il n'y a pas eu le même soulèvement que pour Mazan par exemple.
02:44Il n'y a pas une concurrence victimaire qu'on veut mettre en avant,
02:49ce n'est pas nous qui voulons nous demander à avoir de la lumière,
02:55c'est plus de se dire que ce traitement différent, médiatique, sociétal,
03:00est un vrai défaut dans cette société et surtout pour une affaire où là il y a un laboratoire à défaillance systémique.
03:05Mais cette affaire a été médiatiquement pleinement traitée quand même, à la radio, à la télé.
03:10Non, vous ne trouvez pas.
03:11Mais qu'est-ce que vous dénoncez au fond, c'est le manque de réaction politique ?
03:15Ce qu'on dénonce, c'est qu'on est sur une affaire qui pourrait permettre de faire changer les choses.
03:21On a un laboratoire à défaillance systémique parce qu'il y a énormément de choses à retenir de cette affaire
03:27si on prend un chouïa de distance et un chouïa de hauteur pour se dire,
03:31OK, qu'est-ce qu'on peut en retenir quand on regarde l'horreur qui a été faite ?
03:35Et finalement, on s'est arrêté à l'horreur et on n'est pas passé sur cette étape-là,
03:39que ce soit médiatiquement, que ce soit sociétalement.
03:41Et c'est ça que nous, on dénonce.
03:43Et c'est pour ça que depuis le 22 avril, on a commencé à se mobiliser avec un collectif de victimes
03:47pour pouvoir justement dénoncer ça et permettre qu'il y ait un avant et un après
03:52et qu'on ne passe pas à côté de ce procès et que justement, politiquement, peut-être dans nos lois,
03:56on puisse faire changer quelque chose, chose au pluriel, pour qu'il n'y ait plus jamais ça
04:03et qu'il n'y ait pas d'autres actes pervers ou d'autres actes de pédocriminalité auprès de personnes vulnérables.
04:10Mais la pédophilie aujourd'hui déjà est un crime.
04:12Qu'est-ce que vous demandez de plus ? Pardon pour ma question, j'essaie de comprendre jusqu'au bout votre raisonnement.
04:18Déjà qu'on puisse croire les enfants ou peut-être qu'on puisse détecter et avoir des systèmes d'enquête
04:22qui permettent de détecter les hommes qui sont dans des actes de pédocriminalité
04:28qui ne sont pas loin peut-être de passer à l'acte ou qui ne sont déjà passés à l'acte.
04:31Quand un enfant dénonce un papa, un oncle, un entraîneur, un médecin, généralement on ne le croit pas.
04:39Et ce serait l'occasion lors d'une rencontre ou avec des méthodes d'enquête,
04:44peut-être avec du profiling, qu'on puisse identifier si cet homme, oui, est passé à l'acte ou va passer à l'acte.
04:50C'est des choses qui, sincèrement, quand on entend nos avocats qui sont spécialisés sur ces domaines-là,
04:55ils nous expliquent que les profils sont toujours les mêmes.
04:57Et donc, ce serait tout simplement avec des méthodes d'enquête adaptées qu'on pourrait avoir ça.
05:01Ou, je vais rajouter, mais l'accompagnement des victimes, parce que là, on a sincèrement,
05:05et M. Darmanin, hier, dans l'hémicycle, s'est félicité de la manière dont les victimes avaient été accompagnées
05:10avant, pendant, après ce procès.
05:13Ce qui est une hérésie, puisque sincèrement, quand on voit dans quel état certaines victimes sont encore aujourd'hui
05:17et dans quel état on était à la sortie des annonces en 2019 et on n'a été strictement pas accompagnés,
05:24c'est complètement faux.
05:26Il n'y a rien dans le système français qui fait qu'aujourd'hui, on accompagne les victimes.
05:29Et encore aujourd'hui, on le voit.
05:31On ne peut pas dire qu'il y a eu un changement entre 2019 et aujourd'hui.
05:34Donc, il y a beaucoup de choses à faire, en fait.
05:36Manon Lemoyne, qu'est-ce que vous espérez comme peine aujourd'hui pour Joël Lesquarnac ?
05:40Je ne suis pas sûre que la peine sera forcément à la hauteur des attentes de l'ensemble des victimes,
05:45vu le nombre qu'on a et vu l'horreur et l'impact qu'il y a.
05:49Mais une peine juste, c'est-à-dire la peine maximale.
05:5220 ans, il ne laissera jamais faire, mais au moins qu'il ait 20 ans.
05:54Il y a 74 ans.
05:55Et surtout, la rétention de sûreté.
05:57On n'en parle pas assez médiatiquement, mais cette rétention de sûreté donne une garantie
06:02que si jamais il n'y a pas eu d'effondrement de la structure perverse,
06:05il sera dans un centre spécialisé, il y en a un en France,
06:09pour l'enfermer et donner, et avec un centre de suie.
06:14Et toutes les années ou tous les deux ans, il pourra être revu par des experts
06:18pour permettre de lui sortir si jamais il y a eu une évolution de la personnalité.
06:23Merci beaucoup Manon Lemoyne, l'une des 299 victimes de Joël Lesquarnac.
06:28Merci d'avoir pris la parole.