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00:007h 9h, Europe 1 matin. Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur général de l'association Contribuables Associés.
00:09Bonjour Benoît Perrin. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:13Bienvenue sur Europe 1. François Bayrou veut demander un effort à tous les Français, sans exception, pour redresser les finances publiques.
00:20Le Premier ministre dit préparer un plan de retour à l'équilibre des comptes dans les 3-4 ans à venir.
00:25Alors ça sera présenté début juillet. Retour à l'équilibre des finances publiques. Alors ça c'est quand même sacrément ambitieux.
00:33Alors c'est vrai que la dette est devenue un sujet d'inquiétude populaire, mais avant tout il y a cet effort que le Premier ministre veut demander aux Français, Benoît Perrin.
00:40Qu'est-ce que vous décodez ? Hausse d'impôts, moins d'État-providence, un petit mélange des deux ?
00:46Alors déjà ce qu'il faut préciser c'est que François Bayrou fait preuve de pédagogie utile, mais j'aurais tendance à dire que c'est de la pédagogie qui est un peu dépassée,
00:53puisque ça fait des années en fait que nos responsables politiques parlent de cette situation financière très préoccupante.
00:58Et le seul enjeu je crois qu'attendent les Français, c'est justement l'action.
01:01C'est-à-dire est-ce qu'on va avoir un Premier ministre qui va effectivement mettre en place des actions correctrices,
01:06ou alors il va simplement rester dans la parole ?
01:10Et comme vous le savez, pour établir des comptes publics, il n'y a pas qu'une solution.
01:12Soit vous augmentez les recettes via l'impôt, et on sait tous que la France est un pays dans lequel effectivement la taxation est très importante,
01:20soit vous baissez les dépenses publiques.
01:21Et très concrètement, on voit ce qui s'est passé en 2025 pour le projet de loi de finances,
01:26où en fait sur 25 milliards d'efforts, on a fait à peu près 90% d'augmentation d'impôts.
01:31Donc là on a quand même l'impression que le Premier ministre sent que la situation est vraiment très embêtante,
01:37et doit trouver des économies.
01:38Les économies c'est 40 milliards d'euros, et j'entends certains qui parlent de plan de rigueur,
01:42il faut rappeler que 40 milliards d'euros, ce n'est que seulement 2,5% de la dépense publique.
01:47Et on a déjà du mal, effectivement, à trouver ces 40 milliards.
01:51On attend avec impatience les pistes qui vont être évoquées.
01:54Pour l'instant, il n'y en a pas beaucoup.
01:55Et on va voir si effectivement le Premier ministre ose affronter un certain nombre de Français.
02:02Parce que ce qu'il faut bien comprendre, c'est que baisser la dépense publique,
02:05c'est en fait considérer que de l'argent qui allait dans la poche de Français ou d'entreprises ne doit plus y aller.
02:09Donc il faut faire de courage politique, et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
02:13Et sentez-vous, justement, les Français consentants ?
02:16On a vu spontanément les réactions autour de vous, Benoît Perrin, j'imagine que c'est un peu pareil.
02:20Moi, j'ai senti de la réticence, pour ne pas dire de l'hostilité,
02:25face à un Premier ministre exigeant des efforts.
02:27Et ce qui ressortait le plus souvent, c'est...
02:29Et les politiques, qu'est-ce qu'ils ont fait pendant toutes ces années ?
02:32On a beaucoup entendu ça hier.
02:34Alors je crois qu'il y a effectivement un problème de méthode.
02:36C'est-à-dire que, je crois que tant que les Français n'auront pas la conviction
02:39que, un, on lutte vraiment contre les fraudeurs,
02:43c'est-à-dire contre des gens, des entreprises qui, soit ne paient pas correctement leurs cotisations,
02:47soit contre des Français qui, effectivement, trichent avec le système, abusent avec le système...
02:51Oui, même si on surestime probablement l'ampleur de la fraude, quand même, il faut le dire.
02:56Mais j'aurais tendance à dire, vous avez raison, la fraude sociale, c'est à peu près 25 milliards.
03:00Mais en tout cas, tant que les Français, je crois, n'ont pas l'impression, n'ont pas le sentiment,
03:03même la conviction que les fraudeurs sont pourchassés,
03:06tant qu'ils n'ont pas l'impression, vous avez raison,
03:08que l'État et les collectivités locales font des efforts,
03:12y compris sur des choses assez symboliques.
03:14On parle souvent des comités théodiles, vous savez, des comités qui se réunissent ou pas.
03:18On ne sait pas exactement, en tout cas, dont l'activité n'est pas démontrée.
03:22Ça, ça coûte à peu près 30 millions.
03:23Donc vous voyez, ce n'est pas là-dessus qu'on fait des économies.
03:25Mais malgré tout, je crois que tant que les Français n'ont pas cette conviction-là,
03:28on va chercher les fraudeurs, et on fait des efforts à la fois symboliques et de fond
03:32sur l'État et les collectivités locales,
03:34je crois qu'effectivement, ce sera très difficile de demander des efforts aux Français,
03:38sachant que les Français font déjà des efforts.
03:41Ça a été dit ce matin, notamment sur le pouvoir d'achat,
03:43dont on voit qu'il décroît après année.
03:45Mais vous dirigez Contribuables Associés,
03:47donc Association, Benoît Perrin,
03:50on les entend, les Français se demandaient où va l'argent.
03:53Est-ce que selon vous, le consentement à l'impôt est menacé ?
03:56Alors je crois que le consentement à l'impôt est largement menacé,
04:00parce que j'aurais tendance à vous, c'est un peu un choix de société.
04:02C'est soit on accepte de payer beaucoup d'impôts,
04:05et dans ce cas-là, on a des services publics qui sont vraiment haut niveau.
04:09Et à ce moment-là, ce consentement n'est pas fragilisé.
04:11Mais là, on voit tous, dans nos vies respectives,
04:14que notre pouvoir d'achat baisse, d'une part,
04:16et que d'autre part, on n'a pas cette espèce de retour sur investissement.
04:20Il suffit d'aller dans un hôpital,
04:22il suffit d'aller dans un commissariat de police.
04:23On n'en a pas pour nos impôts !
04:25C'était le scandale de Gabriel Attal.
04:27Eh bien, exactement.
04:29Et quand on voit justement la cartographie de la dépense publique,
04:33on comprend mieux pourquoi on a du mal à réduire cette dépense publique.
04:38Pourquoi je vous dis ça ?
04:38Parce que quand on regarde cette cartographie,
04:40on voit que 50% de la dépense publique,
04:42c'est justement lié à la protection sociale.
04:45Donc c'est absolument énorme.
04:47Protection sociale, comme vous le savez,
04:48ce sont les retraites, la santé, le chômage, la famille,
04:50ou encore la lutte contre la pauvreté.
04:5220% c'est de la dépense des collectivités locales
04:55et 30% c'est de la dépense de l'État.
04:58Donc on voit bien que si on n'examine pas l'ensemble de ces dépenses,
05:03et notamment la dépense sociale,
05:04qui est une dépense qui est donc difficile à traiter,
05:06puisqu'il y a des Français derrière qui touchent de l'argent,
05:09eh bien il sera absolument impossible de rétablir les comptes publics.
05:12Ceci dit, quand François Bayrou dit que l'on dépense 10% de plus
05:15que ce qui rentre dans les caisses,
05:18il y a une véritable urgence,
05:20est-ce que finalement François Bayrou n'a pas intérêt à dépolitiser cette question ?
05:25Je pense en cela à Michel Barnier,
05:26qui avait coloré ses annonces,
05:29en disant qu'il faut redresser les finances publiques,
05:32mais il avait tout de suite parlé de justice fiscale,
05:34ce qui avait été considéré comme une gaffe politique à l'époque pour Michel Barnier.
05:39Alors souvent, effectivement,
05:40quand les responsables politiques parlent de justice fiscale,
05:43pour décoder, il faut entendre augmentation d'impôts.
05:46Donc le problème, c'est justement que nos responsables politiques
05:50ont trop eu souvent recours à l'augmentation d'impôts
05:53quand il s'est agi, justement, de rétablir les comptes publics.
05:58Vous avez parlé de 10%.
05:59L'État, c'est exactement...
06:01Enfin, déficit d'écart de 10% entre les dépenses et les recettes.
06:05Donc c'est exactement comme si l'État gagnait,
06:07ou un ménage gagnait 2 000 euros tous les mois,
06:09et tous les mois dépensait 2 200 euros,
06:12et ça fait à peu près 50 ans que ça dure,
06:13d'où une dette qui est aujourd'hui extrêmement importante.
06:16Ça ne peut plus durer, c'est presque du bon sens.
06:18C'est-à-dire que vous ne pouvez pas éternellement
06:20continuer à dépenser plus que ce que vous gagnez.
06:22Il y a un moment où la réalité vous rattrape.
06:24Alors la question, c'est quand est-ce que la réalité va nous rattraper ?
06:27Donc quand est-ce que, concrètement,
06:29les marchés financiers vont commencer à s'affoler ?
06:31Personne n'en sait rien.
06:32En tout cas, on est certain qu'il y a un mur en face de nous.
06:34On a du mal à évaluer à quelle distance on est du mur.
06:37Mais ce qui est certain, c'est que pour éviter de se taper le mur,
06:39il faut absolument trouver des moyens
06:41de rétablissement des finances publiques.
06:43Merci Benoît Perrin, directeur général de l'association Contribuables Associés.
06:47Merci d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne d'Europe.