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00:00Alors avec Thomas Hille et vos invités ce matin Thomas.
00:02Oui je reçois ce matin Marie Portolano qui présente désormais la case documentaire infrarouge le mardi ou le mercredi, ça dépend des semaines, en deuxième partie de soirée.
00:12Et ce soir, enfin demain soir, vous diffusez Dernier Soin, un documentaire très touchant sur ces soignantes qui accompagnent les malades en fin de vie à domicile.
00:21Et nous sommes avec la réalisatrice de ce doc, Valérie Donnel. Et alors j'ai vu qu'à la fin de ce doc, vous l'avez dédié à vos soeurs Carole et Colette.
00:30Est-ce que ce sont elles qui vous ont donné envie de vous intéresser à ce sujet ?
00:35J'ai fait ce film entre la mort de ma plus jeune soeur Carole et celle de ma soeur aînée Colette.
00:42Alors ça me semblait un peu évident de leur dédier à toutes les deux.
00:44Et surtout, c'est l'accompagnement de fin de vie de Carole, de ma soeur, qui a initié le projet de ce film.
00:52Parce qu'en fait, c'est la structure dans laquelle je suis retournée filmer, qui a accompagné les derniers jours de ma soeur.
00:58Et c'est une image très forte, qui m'avait un peu scotché à l'époque, d'un très jeune soignant, hyper beau, un peu habillé comme un estivant.
01:10J'ai vu arriver à minuit un gars en short, avec un joli t-shirt coloré, au chevet de ma soeur, qui était vraiment dans les derniers jours de sa vie,
01:20qui disait « j'en peux plus, il faut que ça s'arrête ».
01:22Et cette rencontre était tellement incongrue entre quelqu'un qui est au bout d'une vie et quelqu'un qui la démarre.
01:30Le gars était lumineux, il était formidable.
01:33Alors ça veut dire qu'il y a donc des garçons ?
01:36Parce que dans votre documentaire, et j'imagine que ça vous a frappé aussi Marie Portolano, on ne voit que des femmes, il n'y a que des soignantes.
01:42Que des femmes, des aides-soignantes, des infirmières, de l'unité d'hospitalisation à domicile.
01:47Ça m'a frappé, non.
01:48Parce que j'ai été, moi, confrontée dans ma vie personnelle à des hospitalisations d'enfants,
01:55et il n'y avait que des femmes, tout le temps des femmes partout.
01:58Les femmes aident les bébés à s'en sortir, et les femmes aident les patients à mourir dans la dignité, chez eux, selon leurs derniers souhaits.
02:08Et voilà, les femmes sont au-dessus du lot, voilà, c'est tout.
02:11Et ces femmes sont stupéfiantes, vraiment, de courage, de sensibilité, d'abnégation.
02:18Elles sont là, on sent un dévouement absolument total.
02:20J'imagine qu'elles vous ont scotché, vous aussi, quand vous les avez filmé pendant ces deux ans.
02:25Mais il y a du dévouement, mais il y a aussi, moi, un truc qui me touche beaucoup, il y a une énorme franchise.
02:31Et ce n'est pas seulement de l'engagement et du dévouement, je trouve qu'elles sont dans la vérité.
02:36Elles disent des choses vraies à leurs patients.
02:38Elles ne mentent pas.
02:39Ce que les patients leur demandent, d'ailleurs.
02:41Ce que les patients leur demandent, et il faut un courage et une disponibilité dingue
02:45pour accueillir la parole des gens en fin de vie,
02:48et savoir leur répondre des trucs, pas tarte, pas mièvre, pas ça va aller.
02:54Non, ce n'est pas ça va aller, c'est ok.
02:56Vous n'en pouvez plus.
02:57Oui, vous allez mourir.
03:00Comment moi, je peux apaiser vos souffrances et votre anxiété ?
03:03Et moi, j'ai trouvé qu'à leur âge, elles avaient une maturité.
03:08Incroyable.
03:08Oui, incroyable.
03:09Et surtout, moi, j'étais admiratif du temps qu'elles prenaient.
03:12Parce qu'on a l'habitude de dire, et c'est peut-être le cas à l'hôpital,
03:15que c'est très rapide, que les soins sont un peu express,
03:19que malheureusement, il y a tellement de malades
03:21qui n'ont pas le temps de s'occuper de ces malades.
03:23Et là, on les voit prendre le temps parfois de passer une heure et demie avec un malade,
03:27de discuter.
03:28Et donc, il y a cette dimension de soins physiques,
03:30mais il y a aussi des soins psychologiques.
03:32Elles sont un peu psy, en fait, ces femmes.
03:34De fait, elles le deviennent.
03:36Elles sont très douées, je trouve.
03:37Alors, après, le film idéalise pas les situations,
03:41mais moi, je me suis focalisée sur ces moments de vrais échanges entre patients et soignants.
03:47Alors, c'est pas exactement ce qui se passe tout le temps au quotidien.
03:51En réalité, elles sautent dans leur voiture,
03:53elles ont des tournées, à mon sens, trop chargées.
03:56Elles ont parfois pas le temps de passer ce temps-là avec les patients,
04:00et elles en souffrent.
04:00Et puis, par moments, elles le prennent, ce temps.
04:04Mais c'est souvent au détriment de la fin de leur journée de travail.
04:09Et alors, évidemment, ce documentaire, il s'inscrit dans le débat en cours
04:12autour de la fin de vie,
04:14qui va d'ailleurs, ça va passer en première lecture aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
04:18Mais là, Marie Portolano, on s'éloigne un peu des grands discours théoriques.
04:22On est vraiment dans le concret avec ce documentaire.
04:25Oui, moi, j'ai découvert ce que c'est,
04:28comme toutes les personnes qui vont regarder le documentaire.
04:31Il y a une séquence, moi, qui m'a particulièrement marquée,
04:35c'est la séquence du brushing de la dame.
04:39Voilà, c'est-à-dire que ce sont des infirmières,
04:41ce sont des aides-soignantes qui sont là pour apporter des soins,
04:43mais qui sont aussi là pour faire de la journée de la patiente en question,
04:49une journée agréable.
04:50Donc, elles lui lavent les cheveux,
04:51elles lui font un petit massage de tête,
04:53puis elles lui font un brushing.
04:54Et je me suis dit, en regardant cette séquence,
04:57j'ai trouvé qu'il y a cette humanité qui fait du bien en ce moment.
05:05Je trouve qu'on oublie un peu l'empathie, l'humanité aujourd'hui,
05:09dans la situation dans laquelle est le monde aujourd'hui.
05:11de regarder ce documentaire, c'est aussi ce souvenir qu'il y a d'humanité
05:16à tout instant et qu'on peut tous en avoir.
05:20Et puis, il y a des moments où, Valérie Denel,
05:22vous êtes obligée de poser votre caméra,
05:24parce qu'il y a des moments où arrive, évidemment, la mort.
05:30Et donc là, vous mettez votre caméra de côté,
05:32on n'a plus que le son, comme dans l'extrait qui arrive.
05:35Vous souhaitiez un décès à la maison ?
05:39Comment ?
05:39Vous souhaitiez un décès à la maison ?
05:42Mon mari voulait y rester.
05:43Il voulait ?
05:44Non, mais c'est pas facile.
05:46Non, c'est pas facile.
05:47Pour les personnes qui sont autour, c'est pas facile.
05:50C'était son souhait.
05:52Oui, mais vous, c'était son souhait à lui,
05:54mais est-ce que vous, madame, vous êtes prête ?
05:56Du coup, elle l'accompagnait à la maison.
05:58Je vais rester à côté.
06:00Je vais continuer.
06:01Oui, je pense qu'il le sent, qu'il est à la maison,
06:03qu'il est auprès de vous.
06:05Il sait qu'il y a autour.
06:07Oui, parce que je le caresse,
06:09c'est le psychophila.
06:11Oui, il est encore conscient.
06:14Il entend.
06:16J'imagine que ça devait être très émouvant pour vous,
06:19Valérie Donnel,
06:19parce que vous finissez par les connaître,
06:22ces patients et ces soignants,
06:24en les suivant pendant deux ans,
06:25comme ça, ce sont toujours les mêmes que vous revoyez.
06:27Alors, les soignants, oui.
06:29Les patients, malheureusement, non.
06:31Puisque, voilà, la plupart sont parties
06:34en cours de tournage.
06:35Oui, oui, voilà.
06:36J'allais les voir aussi souvent que possible.
06:39Je m'étais fixée une limite
06:40qui était qu'à partir du moment
06:42où les patients n'étaient plus conscients,
06:44je n'avais plus ma place.
06:45À partir du moment où je ne pouvais plus, moi,
06:47avoir un échange avec eux,
06:48au moment où on filmait, etc.
06:50Voilà.
06:51Mais je me souviens que dans cette famille en particulier,
06:54je crois que la femme a été un peu désolée
06:56que je ne reste pas jusqu'au bout.
06:58Et je lui disais,
06:58je crois que c'est à vous,
07:00c'est trop intime.
07:01Et puis moi, je n'ai pas le droit
07:03de filmer ces images-là.
07:05Mais je suis contente qu'il reste ce son.
07:09Parce qu'il y a aussi ça,
07:10il y a l'accompagnement des proches.
07:13Parce que les personnes en fin de vie,
07:15ce qui est terrible,
07:15c'est que donc elles vont mourir.
07:17mais une fois qu'elles meurent,
07:18ils restent les proches, la famille.
07:20Et donc c'est...
07:21Il faut être là pour eux aussi.
07:22Exactement.
07:23Et c'est cet accompagnement-là
07:25qui est précieux.
07:26Vous l'entendez d'ailleurs,
07:28elle dit,
07:28mais vous, qu'est-ce que vous vouliez ?
07:30Enfin, c'est vraiment
07:31un documentaire essentiel.
07:33Je vous garde encore un petit peu avec moi
07:35parce que dans un instant,
07:36il y a le journal des médias qui arrive
07:38et on va continuer à parler
07:39de ce documentaire Dernier Soins
07:40qui est à regarder demain soir,
07:4222h45 sur France 2.