«L’Attachement» : Pio Marmaï et Valeria Bruni-Tedeschi sont les invités de Culture médias

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00:00Avec Thomas Hill et avec ce matin Valéria Bruni-Tedeschi et Pio Marmaille, tous les deux à l'affiche d'un film qu'on a beaucoup aimé avec Thomas,

00:08L'attachement de Karine Tardieu qui sort demain.

00:10Dans lequel vous jouez des voisins de palier aux vies très différentes.

00:14Vous Valéria, vous êtes une libraire célibataire, solitaire.

00:18Avec des lunettes, féministe.

00:21Et vous Pio, vous jouez un mari heureux avec sa femme qui a déjà un premier enfant, sa femme.

00:28Et comme elle s'apprête à accoucher, elle laisse en urgence son fils à sa voisine de palier.

00:59Il faut que je te dise quelque chose de très triste au sujet maman.

01:02Elle est morte.

01:05Ouais.

01:12Notre personnage Pio Marmaille perd sa femme pendant l'accouchement et se retrouve donc avec sa petite fille qui vient de naître

01:19et le premier enfant de sa femme dont il n'est pas le père.

01:22Et ce que l'on vient d'entendre c'est cette scène qui est tellement émouvante

01:25où vous devez annoncer à ce petit garçon que sa mère ne reviendra pas de la maternité.

01:29Et vous jouez ça en plus avec très très peu de mots.

01:33Comment vous vous êtes préparé pour cette scène ?

01:36Parce que c'est pas simple ça.

01:38Non, c'est pas simple mais je pense qu'il fallait garder beaucoup de pudeur et beaucoup de retenue.

01:43Je pense qu'en plus c'est assez rare qu'on propose aussi des personnages comme ça

01:47et des parcours aussi singuliers et tenus.

01:52Particulièrement pour cette scène, avec Karine elle m'avait proposé de me réveiller à heure régulière

01:58toutes les nuits pour travailler sur un état de fatigue assez avancé.

02:02J'ai eu comme tout le monde, j'ai traversé des moments de deuil aussi dans ma vie.

02:06C'est vrai que je me rappelle effectivement de cette sensation

02:09il y a 9h30, accrochez-vous bien.

02:11Cette sensation d'épuisement et de poids plus qu'un truc d'émotion.

02:16C'était plus quelque chose de l'ordre de la fatigue et ça m'a beaucoup aidé.

02:19Ne le faites pas, à chaque fois je le répète, ne le faites pas là maintenant.

02:22Ne le faites pas par exemple ni cette nuit.

02:24Quand ce n'est pas nécessaire, réservez-vous.

02:27Mais ça marche bien.

02:29Alors vous qui jouez la voisine Valéria Bruneté,

02:32est-ce qu'au départ quand il vous confie le petit garçon pour filer à la maternité,

02:36on l'a entendu, là vous n'êtes pas vraiment emballée par l'idée,

02:39en fait vous ne voulez pas être embêtée globalement dans votre vie ?

02:42Non, et puis je n'adore pas être avec des enfants.

02:45Oui, on ne sent pas une fibre maternelle.

02:48Non, pas du tout, je pense qu'il m'ennuie, il m'énerve.

02:51Je préfère les livres et je préfère les adultes.

02:54Et voilà, je n'ai pas envie.

02:56Et donc c'est comme une planète comme ça que je ne connais pas,

02:59que je n'ai pas trop envie de connaître.

03:01D'ailleurs vous lui parlez comme un adulte, c'est ça qui est marrant au début du film.

03:03Vous avez des interactions avec ce petit garçon qui a 5-6 ans

03:06et vous lui parlez comme un adulte.

03:07Exactement, par exemple je pensais un peu comme ça,

03:10adulto, comment elle parlait.

03:13J'essayais de trouver des mots qu'ils comprennent

03:17mais en même temps à son niveau.

03:19Et c'est grâce au fait que ce personnage ne se positionne pas en tant que mère

03:25qu'il peut venir aller vers elle sans avoir la sensation qu'il trahit sa maman.

03:31Et petit à petit, c'est vrai qu'elle va s'attacher à ce petit garçon,

03:34elle va s'attacher à cette famille aussi.

03:36D'où ce titre du film L'attachement,

03:39qui est adapté d'un roman qui s'appelle L'intimité d'Alice Ferney.

03:42Pourquoi d'ailleurs le film s'appelle L'attachement et pas L'intimité ?

03:45Est-ce qu'on voulait expliquer ça ?

03:46Je pense que L'attachement est presque la conséquence de l'intimité.

03:52Ce sont des personnages qui rentrent en intimité malgré eux,

03:56les uns avec les autres.

03:58Et la conséquence de ça,

04:01quand on rentre en intimité avec un autre être humain,

04:05c'est parfois qu'on s'y attache.

04:09Et L'attachement c'est aussi celui de votre personnage Pio Marmaille

04:13qui s'attache à sa voisine,

04:15un peu comme on se raccroche à une bouée de sauvetage.

04:17On sent que tout se mélange un petit peu dans sa tête,

04:19entre le deuil, l'attachement, l'amour, il ne sait plus du tout où il en est.

04:23Je pense que quand on traverse un événement aussi dur,

04:26on essaie simplement de survivre dans un premier temps

04:30et après créer quelque chose d'un peu heureux,

04:33d'essayer de retrouver une espèce d'endroit d'accroche.

04:36C'est ça aussi qui est beau dans le film,

04:38c'est qu'on raconte ça,

04:39on part d'un moment de deuil assez dur,

04:42et c'est un film qui tend vers un truc humain et vivant,

04:45un peu solaire, je dirais.

04:46C'est vrai que c'est très beau à voir,

04:48et vous, on ne vous avait jamais vu dans un rôle comme ça,

04:50je n'en ai pas le souvenir en tout cas.

04:52Ecoutez, je ne me rappelle pas grand-chose de mon existence d'une manière générale.

04:55Je vous remercie, c'est assez approvivant.

04:58C'est merci.

05:00D'autant que vous êtes dans la vie en plus des personnes,

05:02mais tous les deux d'ailleurs,

05:03vous êtes des personnes plutôt expansives,

05:05plutôt chaleureuses,

05:07et là vous jouez des gens qui sont complètement à l'opposé

05:09de ce que vous êtes dans la vie.

05:11C'est ça aussi qui est intéressant pour vous,

05:13qui est agréable à jouer.

05:15Complètement, c'est agréable et désagréable,

05:18c'est les deux.

05:19C'est-à-dire qu'à la fois c'est agréable pour un acteur

05:21d'aller dans un endroit nouveau,

05:23ça veut dire qu'on ne s'ennuie pas,

05:25parce que quand même, le diable c'est l'ennui,

05:27comme c'est le titre d'un livre de Peter Brook.

05:29Donc, de plus en plus,

05:31on essaye d'aller dans des endroits

05:33qui nous surprennent, où on se surprend,

05:35et en même temps, après quand on y est,

05:37comme des idiots, on s'énerve,

05:39parce qu'on n'est pas habitués,

05:41donc je m'énervais un peu avec Karine,

05:43la réalisatrice, parce que je ne pouvais pas faire

05:45ce que j'avais, le clown,

05:47ou vivre mes émotions,

05:51et tout ça.

05:53Après, comme si je n'avais pas signé un contrat

05:55pour un rôle, donc c'est totalement idiot.

05:57Donc un jour, je lui ai demandé pourquoi

05:59elle m'avait choisie moi,

06:01elle n'avait pas choisi une actrice qui ressemblait

06:03plus au personnage,

06:05d'emblée, naturellement.

06:07Et là, elle m'a dit, non, je voulais toi,

06:09et te contraindre, et te frustrer,

06:11et cette frustration,

06:13c'est ça qui m'intéressait.

06:15Et du coup, j'étais contente,

06:17parce que je me suis sentie aimée.

06:19Et puis vous allez vers la lumière, en plus,

06:21vous allez vers cette piétrée,

06:23vous allez vers votre naturel.

06:25C'est quand même un personnage assez froid, introverti,

06:27mais qui a une carapace,

06:29parce que je pense qu'elle ne veut pas

06:31souffrir,

06:33et que ce qui était intéressant, c'était que

06:35de voir comment cette carapace se fissurait

06:37peu à peu, pour un acteur,

06:39c'est très passionnant, ce travail-là.

06:41Ça s'appelle l'attachement

06:43de Karine Tardieu, avec aussi

06:45Vimalapons,

06:47c'était super,

06:49franchement, c'était super.

06:51Avec Raphaël Kenard aussi, on ne l'a pas dit, mais qui est également

06:53dans ce film. Et Vimalapons aussi,

06:55ils sont excellents. C'est à voir en salle,

06:57dès demain, on va continuer à en parler.

06:59Et puis, on va parler d'un autre film aussi, qui est sacré

07:01au BAFTA,

07:03donc on va parler d'un autre film vraiment joyeux,

07:05on va parler de La Shoah.

07:07Génial !

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