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  • 26/05/2025
Vainqueur de Napoléon, Alexandre Ier a redessiné la carte de l'Europe avant de disparaître. Derrière l'image du souverain triomphant se cache un homme tourmenté, tiraillé entre mysticisme et pouvoir absolu. Et si l'empereur russe avait simulé sa propre mort pour vivre incognito une vie de moine ? Plongez dans l'énigme fascinante d'un souverain insaisissable.

Crédits : Lorànt Deutsch, Bruno Calvès.
Dans le podcast « Entrez dans l'Histoire », Lorànt Deutsch vous dresse le portrait d'une personnalité qui a marqué l'Histoire. Des récits captivants pour apprendre et enrichir sa culture générale.
Regardez Entrez dans l'Histoire avec Lorànt Deutsch du 26 mai 2025.

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Transcription
00:00Jusqu'à 15h30 sur RTL, Entrez dans l'Histoire avec Laurent Dutch.
00:05Bonjour les amis, c'est Laurent Dutch.
00:07L'homme dont nous allons faire la connaissance aujourd'hui est une énigme emboîtée dans un mystère.
00:12Un peu comme des poupées russes.
00:14Une énigme car rien en lui ne laissait présager qu'il serait un jour le vainqueur de Napoléon.
00:21Et un mystère car sa mort n'a cessé d'alimenter depuis deux siècles les rumeurs les plus folles.
00:26La vie du tsar Alexandre Ier est à l'image de son pays.
00:31C'est une histoire russe dans laquelle les hommes sont entraînés de façon implacable vers leur destin.
00:38Orfèvre dans l'art de la dissimulation, Alexandre a été à la fois tsar et homme de foi, général et ermite.
00:47De sa jeunesse marquée à jamais par le crime, il a fait une vie d'homme habité par la grandeur et le doute, la démesure et le dénuement.
00:55Alexandre est resté insaisissable pour ses contemporains.
00:59Napoléon lui-même, qui l'a côtoyé, n'a jamais pu percer le secret que le tsar Alexandre Ier a caché pendant toute sa vie.
01:07Une vie passée dans une lumière si éblouissante qu'il a, peu à peu, choisi d'entrer dans les ténèbres.
01:12Oui les amis, Alexandre, c'est l'homme aux deux existences.
01:17En tout cas, c'est ce que l'on chuchote depuis longtemps.
01:20Alors restez avec moi, car dans quelques instants, nous allons pénétrer dans la double vie d'Alexandre Ier sur RTL.
01:29A tout de suite.
01:31Laurent Deutsch sur RTL, entrée dans l'histoire.
01:35Laurent Deutsch sur RTL, entrée dans l'histoire du tsar Alexandre Ier.
01:40Nous sommes dans la nuit du 23 au 24 mars 1801.
01:46Le tsar Paul Ier est calfeutré dans sa chambre du château Michel,
01:51le palais qu'il s'est fait construire dans sa capitale de Saint-Pétersbourg.
01:55Un palais à bonne distance du palais d'hiver.
01:59Le palais d'hiver, c'est la résidence officielle de la famille impériale.
02:03Mais Paul Ier a toujours détesté ce lieu, en raison des intrigues qui s'y déroulent en permanence.
02:10Et les intrigues, le tsar en a horreur.
02:14Depuis qu'il a succédé à sa mère, la célèbre Catherine II de Russie, il y a cinq ans,
02:18il a peur d'être détrôné.
02:21Alors, il préfère passer la majeure partie de son temps un peu à l'écart,
02:26entouré de sa garde rapprochée.
02:28Cette nuit-là, malgré la sécurité qui veille,
02:33Palen, l'ancien gouverneur militaire de Saint-Pétersbourg,
02:36se dirige vers la chambre du tsar, accompagné de sept officiers.
02:40Il est minuit.
02:43Dans sa chambre, le tsar est soudainement alerté par le cliquetis des sabres et le bruit des bottes.
02:50Mis dans la confidence, le tsarevitch Alexandre
02:53attend fébrilement qu'on lui apporte la nouvelle de l'abdication forcée de son père.
02:59Une abdication et non un meurtre.
03:02Alexandre a été formel et les officiers conjurés
03:05se sont engagés à laisser la vie sauve au monarque.
03:09En tout cas, c'en sera fini de la folie de Paul Ier,
03:14ce tsar incapable et lunatique,
03:16tirant à ses heures et au nid de tous.
03:19Malheureusement, Paul Ier n'a pas du tout l'intention de se laisser faire.
03:25Devinant ce qui se prépare,
03:27il tente de s'échapper par une trappe secrète.
03:30Manque de peau, elle est verrouillée.
03:32Il ne lui reste plus qu'un double rideau pour se dissimuler,
03:36mais ses pieds dépassent.
03:37Et les officiers qui viennent de pénétrer dans la chambre
03:40ne tardent pas à trouver sa cachette.
03:42Ah bah tiens, regardez, il est là, il y a les pieds qui dépassent.
03:44Ah bah oui, fallait pas chausser du 43.
03:46Passablement éméché, il se dirige alors vers le monarque planqué.
03:52Parmi eux, Platon Zuboff, l'ancien favori de Catherine II,
03:57qui n'a pas digéré sa disgrâce après la mort de la tsarine.
04:01Platon tient enfin sa revanche.
04:04Il s'adresse au tsar d'une voix forte,
04:06en lui tendant une feuille de papier.
04:08« Tu n'es plus empereur, c'est Alexandre qui est notre maître. »
04:15Paul saisit alors le document qu'on lui demande de signer,
04:18mais il le froisse et le jette par terre.
04:21Puis il frappe l'un des conjurés qui a osé s'emparer de son épée.
04:26Tout cela commence à faire du bruit,
04:28et le vacarme réveille le palais.
04:30Et là, dans l'affolement,
04:32Nicolas, le frère de Platon,
04:35se saisit d'une tabatière en or massif
04:36et frappe le tsar à la tempe.
04:38Paul s'effondre lourdement.
04:43Les conjurés ne prennent même pas le temps de se concerter.
04:46Il faut aller très vite.
04:48Alors, l'un des hommes se saisit d'un foulard
04:50et tremble le tsar.
04:58Mais maintenant, il faut prévenir le jeune Alexandre.
05:01Palen, la mine grave,
05:05ébranlée par cette affaire qui a fini
05:06plus tragiquement que prévu,
05:08se présente devant la famille impériale
05:10et déclare « Le tsar est mort. »
05:13Alexandre, qui ne s'attendait pas du tout
05:15à cette issue fatale,
05:17éclate en sanglots.
05:20Palen se retourne alors vers lui
05:22et lui adresse brutalement
05:23« C'est assez de faire l'enfant.
05:26Venez régner. »
05:27Au petit matin, un peu à gare,
05:30Alexandre se présente à ses courtisans.
05:33Il doit cacher l'assassinat du tyran au peuple,
05:36mais aussi à la cour.
05:38L'avènement au trône d'Alexandre
05:40est ainsi proclamé.
05:43« Dieu a voulu abréger
05:44la vie de mon père bien-aimé
05:46Paul Petrovitch,
05:47mort subitement d'apoplexie
05:49dans la nuit du 23 au 24 courant. »
05:55Les apparences sont sauves.
05:57Mais ce meurtre n'a pas fini de hanter
06:00Alexandre.
06:07Celui qui va gagner le surnom
06:08de Sphinx de la Russie,
06:10Alexandre,
06:11voit le jour le 23 décembre 1777
06:14sous le règne de la grande Catherine.
06:20C'est sa grand-mère.
06:22Elle est d'origine allemande
06:23et toute jeune,
06:24elle a épousé le tsar Pierre III.
06:26À peine monté sur le trône,
06:28le couple formé par Catherine et Pierre
06:30s'est séparé de façon brutale
06:32puisque Catherine a tout simplement
06:34renversé son mari.
06:36Marie qui sera opportunément assassinée
06:39quelques mois plus tard.
06:40Voilà pour les grands-parents.
06:43Quant aux parents d'Alexandre,
06:45ils forment un couple mal assorti.
06:47Son père, Paul,
06:48est l'héritier du trône,
06:50mais chacun redoute son caractère
06:51fantasque et brutal.
06:53Détaché très tôt de ses parents,
06:55Alexandre est confié au bon soin
06:57de sa grand-mère la tsarine.
06:59Une éducation à la dure,
07:00l'attend.
07:01Fini ta soupe !
07:02Oui, oui, oui,
07:03c'est mamie Catherine.
07:05Privé de l'affection des femmes
07:06de sa famille,
07:07le jeune prince n'entend parler
07:08que de politique toute la journée.
07:11Catherine II lui enseigne l'art
07:12d'être un prince libéral et moderne,
07:15en phase avec les idées des Lumières
07:17venues de la lointaine France.
07:18Dans le même temps,
07:20Alexandre voit bien que la Russie
07:22reste une puissance militaire arriérée,
07:24pétrie de religions orthodoxes
07:26et de superstitions en tout genre.
07:28Partagée entre la vénération
07:29pour la despote éclairée
07:31qu'est sa grand-mère,
07:32Fini ta soupe !
07:33et le respect dû à son père,
07:35Alexandre va développer
07:36un trait de caractère
07:37qui ne le quittera plus jamais,
07:39la dissimulation.
07:42Quand il grandit,
07:43Alexandre va devenir
07:44le chouchou de sa grand-mère.
07:46Au point qu'elle va décider
07:48d'en faire son successeur,
07:50mettant de côté Paul,
07:52le père d'Alexandre,
07:53le premier dans la liste de succession.
07:55Bah oui, c'était lui le fils.
07:57Mais là, Alexandre hésite.
07:59Sa grand-mère a beau avoir rédigé
08:00un testament qui contient
08:01noir sur blanc ses volontés,
08:03Alexandre ne veut pas prendre
08:05la place de son père.
08:08Et lorsque Catherine II meurt
08:09en 1796,
08:11l'indécision d'Alexandre
08:13place donc Paul Ier sur le trône.
08:15Les russes ne vont pas tarder
08:17à s'en mordre les doigts.
08:20Le nouveau tsar
08:21décide d'interdire la valse.
08:23Il devient très dangereux
08:25de prononcer devant lui
08:26le mot « club »
08:27ou le mot « révolution ».
08:29Et il donne l'ordre
08:30à son armée d'envahir
08:31les Indes.
08:32Oui, les Indes,
08:33rien que ça.
08:34Eh oui,
08:35il y en a qui rêvent
08:36de bâtir des châteaux
08:37en Espagne.
08:38Eh bien, le tsar
08:38de toutes les Russies, lui,
08:40rêve d'aller boire
08:41un thé au Taj Mahal.
08:42Et ainsi,
08:45pendant cinq ans,
08:46le règne lunaire
08:47et chaotique
08:48de Paul Ier
08:48va fragiliser
08:50un peu plus chaque jour
08:51le pays dont Catherine II
08:52avait fait une grande puissance.
08:55Alors,
08:55lorsque des officiers
08:56décident qu'il est temps
08:57de mettre un terme
08:58à la folie du pouvoir,
09:00Alexandre en est informé,
09:02comme je vous l'ai raconté
09:02au début de notre aventure.
09:05Sans véritablement accepter,
09:06Alexandre ne dénoncera pas
09:08ce complot.
09:09Et lorsqu'il découvre
09:10que les choses
09:11sont allées trop loin,
09:12il est trop tard
09:13pour s'en prendre
09:13aux assassins de son père.
09:15Alors,
09:16la mort dans l'âme,
09:17pétrie de remords,
09:19il décide d'endosser le crime
09:20et d'aller de l'avant.
09:24Alexandre doit maintenant régner.
09:27Et dans l'Europe
09:27de ce début du 19e siècle,
09:30c'est tout sauf une sinécure.
09:32Car depuis une bonne dizaine d'années,
09:34la France est en révolution.
09:36Une révolution libérale
09:38que ne réprouve pas
09:39notre jeune Alexandre
09:40qui a été formé
09:41par un précepteur suisse
09:42acquis aux idées nouvelles.
09:44Durant 11 années,
09:46la tsarine Catherine II
09:47a tenu à ce qu'Alexandre
09:48et son frère Constantin
09:49deviennent
09:50de parfaits gentils hommes
09:52des Lumières,
09:53éclairés par
09:54les philosophes des Lumières,
09:55les Français,
09:56Voltaire, Montesquieu,
09:57Rousseau.
09:58Catherine II l'a accueillie,
09:59d'ailleurs,
09:59Voltaire,
10:00elle parlait couramment le français.
10:01Alexandre est donc
10:03un jeune homme nourri
10:03aux idées de progrès.
10:05Lui aussi,
10:06il parle le français
10:07et surtout,
10:08il aime la France.
10:09Tout comme la Russie,
10:11incroyablement francophile
10:12à l'époque,
10:13surtout à Saint-Pétersbourg,
10:14tout le monde parle français.
10:16C'est super la mode.
10:17Mais malgré tout,
10:18ce qui se passe
10:19à l'ouest du continent
10:20l'inquiète un peu.
10:22Comme sa grand-mère avant lui,
10:23il a compris
10:24que les grandes idées généreuses,
10:26c'est bien sur le papier,
10:27mais appliqué à la Russie
10:29de son époque,
10:30ça va coller difficilement.
10:32Alors,
10:32malgré sa bonne volonté,
10:34il louvoie
10:35et remet ses réformes
10:37à plus tard.
10:37De toute façon,
10:38c'est la politique étrangère
10:40qui va l'accaparer.
10:41Car en France aussi,
10:42les grandes idées de progrès,
10:44les belles avancées généreuses
10:46et pleines de promesses
10:47du siècle des Lumières
10:48vont dégénérer.
10:50Et la Révolution française,
10:51la République française,
10:53va accoucher
10:53d'un régime conquérant
10:54et totalitaire,
10:56menaçant les souverains d'Europe.
10:57Le premier consul Bonaparte
10:59écrase tout à l'intérieur,
11:01puis à l'extérieur,
11:02où il impose partout
11:03des républiques
11:04qui chassent les souverains locaux
11:05de leur trône
11:06et certains
11:07sont apparentés à Alexandre.
11:10Ainsi,
11:11lorsqu'un détachement
11:12de militaires français
11:13arrête le jeune duc d'Anguin,
11:15soupçonné de comploter
11:16contre la France
11:17en plein pays de Bade,
11:18le sang du tsar
11:19ne fait qu'un tour.
11:23A l'époque,
11:24le pays de Bade,
11:24c'est un petit état allemand
11:26qui se trouve
11:27en face de l'Alsace,
11:28sur la rive droite du Rhin,
11:29un état indépendant
11:31dont la France
11:32vient de violer
11:33la souveraineté.
11:34Or,
11:35il se trouve que la tsarine
11:36appartient
11:37à la famille régnante
11:38de Bade,
11:39ce qui fâche définitivement
11:40le tsar
11:40avec Napoléon.
11:42Napoléon,
11:43qui va pourtant
11:44être le grand homme
11:45de sa vie.
11:46Alexandre
11:47fait l'expérience
11:48du génie
11:49de Napoléon Bonaparte
11:50le 2 décembre 1805
11:52dans la plaine
11:53d'Austerlitz.
11:54Contre l'avis
11:57de son général
11:58Kutuzov,
11:59le tsar
12:00choisit d'affronter
12:01l'empereur des Français.
12:02Mauvaise pioche,
12:03il prend une raclée
12:04monumentale
12:05avant de fuir
12:06le soir même
12:06pour ne pas devoir
12:07affronter le sourire
12:08satisfait
12:09de son vainqueur.
12:12Désormais,
12:13il n'aura plus
12:13qu'une obsession
12:14en tête,
12:15prendre sa revanche.
12:17Alexandre
12:17salit donc
12:18avec la Prusse,
12:19l'un des adversaires
12:20les plus coriaces
12:21de Napoléon.
12:22Hélas,
12:24à Hélo
12:24et à Friedland,
12:26il prend une nouvelle déculottée
12:27et cette fois,
12:29il ne peut pas
12:29se dérober.
12:30Il doit accepter
12:31de rencontrer
12:32Napoléon
12:33pour faire la paix.
12:36La rencontre
12:37va se passer
12:38sur le fleuve
12:38Niémen
12:39qui sert de frontière
12:40à l'Empire russe
12:41et qui sépare
12:42l'armée française
12:43de l'armée russe.
12:44Les deux souverains
12:45doivent se rencontrer
12:46sur un grand radeau
12:47installé à égale distance
12:48des deux rives.
12:50Sur le radeau,
12:51les sapeurs français
12:52construisent une maisonnette
12:53élégamment meublée,
12:55garnie de belles tentures
12:56ornées des initiales
12:57N et A.
12:59Puis,
13:00les deux souverains
13:01arrivent chacun
13:02avec leur barque.
13:03Parvenus sur le radeau,
13:04ils tombent dans les bras
13:05l'un de l'autre.
13:07Les voici frères.
13:08Sur les deux rives,
13:09les soldats
13:10poussent des acclamations
13:11frénétiques.
13:12Tout le monde est content.
13:14Napoléon
13:14écrira à Joséphine
13:16« Je viens de voir
13:17l'empereur, Alexandre.
13:18J'ai été fort content de lui.
13:20C'est un jeune empereur,
13:21beau et bon. »
13:23Pendant deux semaines,
13:24les deux empereurs
13:25se voient quotidiennement,
13:27festoient,
13:28passent leurs troupes
13:29en revue
13:29et finalisent
13:30le partage de l'Europe.
13:32À l'ouest,
13:33ce sera la France.
13:35À l'est,
13:35la Russie.
13:36Quant à la Grande-Bretagne,
13:38le poil a gratté
13:39éternel
13:40de la France
13:41et de Napoléon,
13:42un accord est trouvé
13:43qui fait dire au tsar
13:44« Je hais les Anglais
13:46autant que vous les haïssez
13:48et je serai votre second
13:49dans tout ce que vous entreprendrez
13:51contre l'Angleterre. »
13:53Bref,
13:53pour le moment,
13:54tout va pour le mieux
13:55dans le meilleur
13:56des mondes franco-russes possible.
13:58C'est un beau roman,
14:00c'est une belle histoire.
14:03Au point que Napoléon
14:04songera même à épouser,
14:05l'une des sœurs du tsar,
14:07pour avoir l'héritier
14:08que Joséphine
14:09n'a pas pu lui donner.
14:10Quant au roi de Prusse,
14:12l'allié de circonstance
14:13de la Russie,
14:14il se morfond dans son coin,
14:16abandonné de tous.
14:17De toute façon,
14:18comme le dira si bien Napoléon,
14:21« J'ai souvent couché à deux,
14:22jamais à trois. »
14:23Donc le prusco,
14:25il reste à la porte.
14:26Mais en fait,
14:27derrière toutes ces embrassades,
14:29le tsar,
14:30dont nous connaissons
14:31le caractère sombre
14:33et dissimulateur,
14:34n'a pas oublié du tout
14:35son désir de revanche.
14:37Mais en attendant
14:38de se refaire
14:39une santé militaire,
14:40il s'est quand même
14:41pris trois grosses dégelées,
14:43il fait donc bonne figure
14:44diplomatique
14:44pour le moment.
14:46Et pour le moment,
14:48ça marche.
14:49Et le jour où le tsar
14:50reprend contact
14:52avec les Britanniques,
14:53rompant ainsi
14:54son accord
14:54avec Napoléon,
14:56ce dernier riposte aussitôt
14:57en envahissant
14:58l'immense Russie
14:59avec sa grande armée.
15:02Nous sommes en 1812
15:03et on s'en souvient,
15:05même si Napoléon
15:06entre dans Moscou,
15:08c'est pour mieux
15:08en déguerpir,
15:09piégé par l'hiver russe
15:11qui anéantit ses troupes.
15:12La campagne de Russie
15:13sera une défaite,
15:15un échec.
15:16Alors,
15:17le tsar
15:17va s'enhardir,
15:19prenant la tête
15:19de la sixième coalition
15:20contre la France
15:21pour obtenir
15:22l'abdication de Napoléon
15:24deux ans plus tard.
15:26Le timide,
15:26le renfermé,
15:28le taiseux,
15:29le dissimulateur
15:30Alexandre,
15:32entre dans Paris
15:32en vainqueur.
15:34Mais là,
15:35au lieu de prendre
15:36les Parisiens
15:37de haut,
15:38comme le font en général
15:39les soldats
15:40couverts de lauriers,
15:41Alexandre
15:42va se montrer
15:42charmant
15:43et charmeur.
15:45Il s'installe
15:45chez Talleyrand
15:46à l'entrée
15:47de la place
15:47de la Concorde,
15:48il visite
15:49les Invalides
15:50et il se rend
15:51à la Malmaison
15:52auprès de l'impératrice
15:53Joséphine
15:54qui l'accueille
15:55avec beaucoup
15:55de prévenance.
15:56Cette attitude
15:57plus que diplomatique
15:59va faire de lui
16:00le maître
16:00du congrès
16:01de Vienne,
16:02le congrès
16:02qui va réorganiser
16:03l'Europe
16:03pour les décennies
16:04à venir,
16:05après Napoléon.
16:07Là-bas,
16:08il établit
16:09un pacte
16:09baptisé
16:10la Sainte Alliance.
16:11C'est une entente
16:12de monarques
16:13pour créer
16:14une Europe
16:14chrétienne,
16:15conservatrice
16:16et pacifique.
16:17Dans son propre
16:22pays,
16:23Alexandre
16:24oublie ainsi
16:25les idées libérales
16:26de sa jeunesse.
16:27Il devient
16:27un homme réactionnaire
16:29dont la politique
16:30répressive
16:30s'appuie sur
16:31une religion
16:32orthodoxe
16:32omniprésente.
16:34Sur un plan
16:34personnel d'ailleurs,
16:36il sombre
16:36dans un mysticisme
16:37qui le coupe
16:38de son entourage.
16:40D'ailleurs,
16:40enfin psychologue,
16:42Napoléon
16:42aurait déclaré,
16:44même s'il n'a pas
16:44vu venir le coup,
16:45en fait Alexandre,
16:47il lui manque
16:47une pièce.
16:50En 1825,
16:51Alexandre
16:52part en visite
16:53dans le sud
16:54de son empire.
16:55Mais alors
16:55qu'il se trouve
16:56en Crimée,
16:57il prend subitement
16:58froid
16:58et doit s'aliter.
17:01Et c'est dans
17:01le petit port
17:02de Taganrog,
17:03sur la mer d'Azov,
17:04à la frontière
17:05entre la Russie
17:06d'aujourd'hui
17:06et l'Ukraine,
17:08qu'Alexandre
17:08meurt
17:09le 1er décembre.
17:11Son épouse,
17:13qui était à ses côtés,
17:14fait ramener son corps
17:15à Saint-Pétersbourg.
17:17Là,
17:18personne n'aura
17:18le droit
17:19de voir sa dépouille.
17:20Alexandre sera enterré
17:22dans la cathédrale
17:22Pierre et Paul,
17:23parmi ses ancêtres.
17:25Sauf que,
17:26quelques décennies
17:27plus tard,
17:28Alexandre III
17:29puis Staline
17:30feront ouvrir
17:31le tombeau
17:31qu'ils découvriront
17:32vide.
17:34Oui,
17:35vide.
17:36Pas de corps,
17:37pas d'Alexandre.
17:38En 1836,
17:40la police de la ville
17:41de Permes,
17:42dans l'Oural,
17:43contrôle un homme
17:44à la longue barbe blanche
17:45qui circule à cheval
17:46sans passeport intérieur.
17:48Il dit s'appeler
17:48Féodore Kuzmich,
17:51mais il refuse
17:52d'en dire plus sur lui.
17:54La sanction tombe,
17:5520 coups de fouet.
17:58Puis,
17:59Féodore
17:59est expédié
18:00à Tomsk,
18:01en Sibérie,
18:02où il se fait remarquer
18:03par sa culture,
18:05sa connaissance
18:06du français
18:06et de la politique.
18:08C'est pas un paysan,
18:10c'est pas un mougique,
18:11c'est un homme éduqué.
18:12En clair,
18:13il vient de la haute.
18:15Il cache quelque chose,
18:16celui-là.
18:18Les rumeurs
18:18ne tardent pas
18:20à courir.
18:21En plus,
18:21regardez,
18:22Féodore,
18:23c'est un homme grand,
18:24aux yeux bleus,
18:25aux manières polissées.
18:27C'est sûr,
18:29Féodore,
18:30c'est le Tsar Alexandre.
18:32Un Tsar
18:33qui aurait donc choisi
18:34de disparaître
18:35pour mieux poursuivre
18:36une vie de dénouement
18:37et de prière,
18:39faisant le bien
18:39autour de lui
18:40au point de devenir
18:41un Staret,
18:43c'est-à-dire
18:43un maître spirituel.
18:51Féodore,
18:52l'ermite de Tomsk,
18:54mourra le 20 juin 1864
18:56dans une modeste maison en bois
18:58de la banlieue,
18:59entouré
19:00et vénéré comme un saint.
19:01Il sera enterré
19:03dans le cimetière
19:04du monastère
19:04qu'il a dirigé.
19:07Mais le lendemain,
19:09un de ses amis proches
19:10découvrira dans son habitation
19:12un dessous de verre.
19:14Un dessous de verre
19:15illustré d'une icône
19:17ornée d'un A
19:18surmonté d'une couronne.
19:20Le chiffre d'Alexandre.
19:22Voilà la preuve.
19:23Le tsar fantôme
19:26a survécu 39 ans
19:27à une mort officielle
19:29entourée d'incohérences.
19:31Du moins,
19:32c'était le point de vue
19:32du grand écrivain
19:33Léon Tolstoy
19:34et de tant d'autres historiens
19:36après lui.
19:38Aujourd'hui,
19:39la tombe de Féodore Kuzmitch,
19:41malmenée à l'époque soviétique,
19:43reste un lieu
19:43de pèlerinage important.
19:45Et si le corps
19:46qui s'y trouve
19:46est bien celui du tsar,
19:48une analyse ADN
19:49permettrait facilement
19:50de résoudre l'énigme
19:52de sa disparition
19:53en 1825.
20:00Malheureusement,
20:01encore aujourd'hui,
20:02le gouvernement russe
20:03s'y oppose.
20:05Pourquoi Alexandre
20:06aurait-il voulu quitter
20:07le monde
20:08dont il avait été le maître
20:09pour s'engager
20:10dans une vie de privation ?
20:12La mort de son père,
20:14dont il a été
20:14le complice muet,
20:16explique peut-être
20:17bien des regrets
20:17et des tourments
20:18chez Alexandre Ier,
20:20le tsar
20:21définitivement
20:22le plus énigmatique
20:23de l'histoire russe.
20:25Des tourments
20:25pour une faute impériale
20:27que le moine Kuzmitch
20:28n'aurait cessé
20:29d'expier
20:30dans la cellule
20:31dépouillée
20:31d'un monastère.
20:36Et ben voilà les amis,
20:37entrer dans l'histoire,
20:38c'est fini pour aujourd'hui,
20:40mais je vous retrouve demain
20:41avec le plus grand magicien
20:43de toute l'histoire,
20:44le maître de l'évasion,
20:46j'ai nommé
20:46Harry Houdini.
20:48Mais dans un instant,
20:49vous avez rendez-vous
20:50avec Laurent Ruquier
20:51et ses grosses têtes.
20:52Bon après-midi sur RTL.

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