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Dans le quotidien de Malik, enfant placé et jeté à la rue à 18 ans
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22/05/2025
Malik a été placé à l’aide sociale à l’enfance dès sa naissance. Aujourd’hui, à 20 ans, il enchaîne les rendez-vous à la mission locale pour trouver du travail et a trouvé dans le chant une forme de thérapie pour surmonter les violences subies.
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00:00
Je me prenais des coups de martinet, mais comme je pense, je n'en ai jamais eu.
00:05
Elle prenait ma tête avec un autre enfant qui était avec moi et elle les entrechoquait comme ça.
00:08
Une fois, elle m'avait frappé tellement fort que je m'étais évanoui.
00:11
Là, tout ce que je me dis, c'est que je ne suis pas à la rue, donc c'est déjà ça.
00:15
Même si en fait, ça fait littéralement depuis que j'ai 10 ans que je me pose la question de savoir
00:20
qu'est-ce qui va se passer à 18 ans, et maintenant je le sais.
00:22
J'ai fait donc trois familles d'accueil et j'ai fait trois foyers.
00:25
J'en veux pas à mes parents, j'en veux à ceux qui étaient censés me protéger.
00:29
J'en veux à l'État, j'en veux au département de l'Aisne, j'en veux à l'aide sociale à l'enfance.
00:41
Ici, on est du coup chez moi, dans mon logement, un foyer jeune travailleur.
00:46
Je suis ici avec un colocataire.
00:48
Ici, on a la cuisine, partagée aussi également.
00:52
Donc, cuisine dans l'État, évidemment.
00:55
Et puis, mon petit endroit.
00:57
Ici, c'est ma chambre, du coup.
00:59
Donc, j'ai vraiment le 12 mètres carrés qu'à moi, et ça fait un an et demi que je vis ici.
01:03
Je passe le clair de mon temps à écrire.
01:06
Quand je suis seul, en tout cas, je réponds à pas mal de questions.
01:09
Et je profite, on va dire, de cette solitude, encore une fois,
01:13
pour extérioriser un petit peu tout ce qu'il y a en moi, quoi.
01:18
Donc, je suis né le 5 janvier 2005, à Saint-Quentin, ici même.
01:20
Dès le berceau, je suis arrivé dans une famille d'accueil.
01:23
Donc, j'ai été placé par l'aide sociale à l'enfance.
01:25
Puisque ma mère, étant schizophrène, n'est absolument pas en mesure de s'occuper des enfants.
01:30
Mon père n'était pas présent.
01:32
Il ne m'a pas reconnu.
01:33
Donc, j'étais vraiment déjà seul à partir de la naissance.
01:38
Dans le courant de ma vie, j'ai fait trois familles d'accueil.
01:40
Notamment une où je suis resté pendant 16 ans.
01:43
Je l'ai quitté d'ailleurs à partir de mes 16 ans.
01:45
Pour des faits de maltraitance aggravée, qui ont été condamnés par la justice en 2022.
01:51
Donc, à partir de mes 9 ans, je me levais à 6 heures du matin.
01:56
Une heure avant tout le monde.
01:57
Je devais nettoyer le sol, le balayer, laver le sol, faire la salle de bain.
02:02
Aller ramasser les crottes du chien dehors, dans le noir parfois, puisque l'hiver, il faisait nuit.
02:07
Faire à manger.
02:09
Je devais changer la petite, sa petite fille.
02:12
Matin et soir, en fait, je devais assurer les tâches ménagères.
02:15
Je me prenais des coups de martinet, mais comme je pense, je n'en ai jamais eu.
02:21
Elle prenait ma tête avec un autre enfant qui était avec moi et elle les entrechoquait comme ça.
02:26
Elle nous enfermait dans le couloir, donc tout nu, avec un bol de pâtes, parce que il fallait bien qu'on mange quand même.
02:32
Je me souviens même qu'une fois, elle m'avait frappé tellement fort que je m'étais évanoui dans le couloir.
02:37
Elle ne s'est pas plus posé de questions.
02:39
Elle a dit clairement que je faisais du cinéma.
02:43
J'étais contraint de faire tout ce pour quoi elle était famille d'accueil et j'étais l'esclave au final de la famille.
02:51
Alors du coup, après cette première famille d'accueil, l'enchaînement a été identique à ce que j'avais déjà vécu,
02:58
puisque l'enfer se répétait finalement, de famille d'accueil en famille d'accueil et de foyer en foyer.
03:02
J'ai fait donc trois familles d'accueil et j'ai fait trois foyers.
03:08
Alors le 5 janvier 2023, j'ai 18 ans, un jour que j'attendais beaucoup finalement, puisque pour moi c'était signe de liberté.
03:17
Je pouvais enfin prendre mon envol et je ne dépendais de personne.
03:20
Mais l'épisode a été tout autre finalement.
03:24
Je suis arrivé au bureau de mon foyer.
03:27
Donc on m'a regardé comme ça.
03:29
On m'a regardé vraiment comme ça, avec un magazine.
03:32
Donc elle était toute seule, la dame.
03:34
Et je lui dis, qu'est-ce qu'il va falloir que je fasse à ce moment-là ?
03:39
Bah t'appelles le 115, il ne te reste plus que ça comme solution.
03:42
J'ai 18 ans et je vais devoir me retrouver dehors, quoi.
03:47
Sans armes, je n'avais pas d'argent, je n'avais même pas de papier d'identité.
03:51
J'avais 62 euros précisément en poche.
03:53
Donc en premier lieu, j'appelle du coup la fonctionnaire territoriale qui me suivait.
03:57
Donc depuis que je suis pupille de l'État, elle tombe des nues.
04:00
Donc elle me trouve une place en 24 heures dans un centre d'hébergement.
04:05
C'est un petit peu la peur que je dirais tous les enfants placés ont, c'est de se retrouver dehors à 18 ans.
04:10
Là, tout ce que je me dis, c'est que je ne suis pas à la rue.
04:13
Donc c'est déjà ça.
04:14
Même si en fait, ça fait littéralement depuis que j'ai 10 ans que je me pose la question de savoir qu'est-ce qui va se passer à 18 ans.
04:20
Et maintenant, je le sais.
04:21
J'entame un service civique, bien sûr, je ne reste pas sans rien faire.
04:24
À partir du moment où je suis rentré en service civique, j'ai pu intégrer du coup le foyer jeune travailleur.
04:32
Ma vie de jeune de 20 ans aujourd'hui, elle n'est pas facile.
04:36
Aujourd'hui, je n'ai pas de formation.
04:37
J'ai cherché du travail pendant longtemps.
04:39
Ici, je n'ai pas été pris.
04:41
Ici non plus, je n'ai pas été pris.
04:43
Ici, je n'ai pas été pris non plus.
04:46
Malgré mes deux relances.
04:48
En comptant Saint-Quentin et Lille et Paris, j'ai dû déposer sans déconner 1300 candidatures.
04:54
Et il n'y en a pas une seule qui m'a été favorable.
04:56
Malheureusement, je m'en limite au brevet, au service civique et à mes deux mois d'intérim à Amazon.
05:00
Ce n'est pas suffisant aujourd'hui pour prétendre à un poste de vendeur en 35 heures CDI.
05:04
Ce qui les intéresse, c'est la casse compétence et la casse diplôme.
05:07
Donc, la casse diplôme que je n'ai pas, c'est un peu compliqué.
05:15
Je suis pris dans ce piège finalement de ne pas forcément avoir de ressources.
05:19
Je vis avec la mission locale.
05:21
Je vis d'une allocation de 550 euros par mois.
05:24
J'ai ma conseillère là-bas qui me suit depuis 2021,
05:27
qui a suivi tout mon parcours chaotique professionnel.
05:29
Bonjour, tu vas bien ?
05:32
Oui, ça va et toi ?
05:33
Ça va, merci.
05:36
La première fois que j'ai vu Malik,
05:37
je ne sais pas s'il est en accord avec ce mot-là,
05:39
mais je n'arrête pas de lui dire, c'était une diva.
05:41
Un rebelle, un peu apprendre les gens de haut.
05:45
Il fallait voir comment il venait.
05:46
Parce que Malik pensait que tout lui était dû.
05:49
Je pensais que simplement, après tout ce que j'avais vécu,
05:51
je me disais, mais pourquoi aujourd'hui,
05:52
on ne voudrait pas me donner ce que moi, je veux ?
05:55
Et je ne comprenais pas qu'il y avait encore du travail à faire.
05:58
On est parti de loin avec Malik.
06:00
Ça a été déjà un travail de longue haleine,
06:04
parce qu'il fallait apprendre à se faire connaître,
06:06
il fallait aussi qu'il ait confiance en moi.
06:09
En fait, Malik avait besoin d'être aimé, tout simplement.
06:12
Et le Malik d'aujourd'hui, je trouve, c'est quelqu'un d'apaisé,
06:16
qui a pris du recul, qui a pris en maturité,
06:19
et qui est agréable.
06:23
Je pense qu'il ira loin dans la vie.
06:25
Aujourd'hui, je suis extrêmement fatigué, en fait, émotionnellement,
06:31
parce que je l'ai toujours, en fait, cette peur de retomber, en fait,
06:34
de ne plus rien avoir, de partir de ce logement
06:36
et de terminer encore une fois dehors.
06:38
Si je tombe, il y aura certes ma meilleure amie,
06:42
les personnes qui m'entourent,
06:44
mais si je termine sans rien, je n'ai plus rien.
06:47
Voilà. Si je ne m'accroche pas, finalement, à cette...
06:52
Non, c'est vrai, parce qu'en fait, je réalise en même temps que c'est vrai, en fait.
06:58
Genre, je n'ai rien.
06:59
Là-bas, il y a l'une des méchanteuses préférées, là, juste ici, Amy Winehouse.
07:11
Et sur la porte, il y a mon guitariste préféré, du coup, Jimi Hendrix,
07:16
qui revient de loin aussi.
07:19
Ce qui a fait que j'ai toujours gardé la tête haute, en fait,
07:21
c'est que j'ai des rêves dans la vie.
07:22
À l'époque, quand j'étais petit, je n'avais pas le droit de parler.
07:24
Et très longtemps, je me voyais sur les plus grandes scènes.
07:27
Voilà, je voulais devenir une super star de la chanson.
07:30
Et c'était un petit peu le seul univers dans lequel je pouvais m'enfermer.
07:34
Je suis comme le grand frère qui te dit de pas d'enfer.
07:39
Quand tu doutes de toi, je te dis comment faire.
07:44
Pour garder pied sur terre, ne saute surtout pas dans l'enfer.
07:51
Après-midi, ensoleillé, j'ai un peu fait une petite mine.
07:54
Je me suis vraiment lancé dans l'écriture, notamment la musique,
07:57
à fond quand j'ai terminé dehors.
07:58
Quand je suis arrivé dans le centre d'hébergement, je n'avais que ça.
08:01
Donc je parle au nom de toutes ces personnes qui ont vécu dans le silence.
08:05
Habille aux amateurs des sens plus ternes,
08:06
la musique, c'est comme la personnalité, je vais l'alterne.
08:10
Je suis comme le grand frère qui te dit de pas d'enfer.
08:14
Quand tu doutes de toi...
08:15
Les sujets que j'aborde quand je chante, c'est principalement mon vécu.
08:19
J'essaie de donner espoir à travers mon écrit, à travers mes chansons.
08:23
Me donner espoir à moi déjà, parce que la personne ne faut me rappeler
08:26
que oui, il y a des jours meilleurs, il y a des jours plus tristes.
08:30
Et la musique, justement, c'est un bon moyen pour moi de...
08:32
disons, trancher tout ça et récupérer le positif, finalement.
08:49
Merci à vous d'avoir regardé cette vidéo
08:51
et merci à Malik d'avoir accepté de nous raconter son histoire.
08:54
J'ai pu échanger avec Isabelle Letriard,
08:55
la vice-présidente du Conseil départemental de l'Ain,
08:58
en charge de la protection de l'enfance.
08:59
D'après elle, un accompagnement a bien été proposé à Malik à ses 18 ans,
09:03
notamment un contrat jeune majeur qu'il aurait refusé.
09:05
Concernant Malik, il va reprendre ses études en septembre.
09:08
Son but est d'aller à l'université pour faire du droit
09:10
et défendre toutes les voix qui sont réduites au silence.
09:13
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