- 05/06/2025
En février 2023, la ville de Budapest en Hongrie a été le théâtre de plusieurs affrontements violents entre militants néonazis et antifascistes. Depuis, le pouvoir hongrois traque les militants antifascistes dans toute l'Europe. C'est l'affaire de Budapest.
Une vidéo en partenariat avec Sphera Network.
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00:00C'est une affaire politique qui secoue l'Europe.
00:03Des milliers de néo-nazis qui défilent dans une capitale européenne.
00:08Des militants antifascistes qui les attaquent à coups de marteau.
00:15Le gouvernement hongrois de Viktor Orban qui lance une chasse à l'homme à travers l'Europe.
00:23Cette histoire, c'est l'affaire de Budapest et je vais vous la raconter.
00:27Je vais vous emmener avec moi en Hongrie pendant le plus grand événement néo-nazi d'Europe.
00:32Mais aussi à Strasbourg et à Paris où cette affaire a eu des répercussions.
00:36Je vais vous raconter comment une professeure de lycée italienne est passée des prisons hongroises au Parlement européen.
00:43Et comment un régime autoritaire tente d'utiliser la justice européenne pour traquer ses opposants.
00:48Avant d'entrer dans le détail de cette affaire, il faut que vous sachiez que cette enquête
00:56représente plusieurs mois de travail pour la rédaction de Street Press.
01:00Si on a pu aller jusqu'au bout, c'est notamment grâce à vos dons.
01:04Alors continuez à nous soutenir, je vous mets un lien dans la description.
01:07Là on est le 8 février, on est à Budapest, la capitale de la Hongrie.
01:16Vous voyez autour de moi, il y a énormément de policiers, des fligrants civils, d'autres
01:20avec des chiens.
01:21Voilà, il y a un gros gros dispositif.
01:24En fait, ce qui se passe, c'est que juste derrière moi, il y a une manifestation antifasciste
01:28qui va commencer.
01:29Donc là, il y a une centaine de militants qui sont arrivés avec des banderoles contre
01:33l'extrême droite.
01:34On entend pas mal de langues étrangères aussi, donc je pense qu'il y a des Allemands,
01:37des Autrichiens peut-être dans le lot et des Hongrois évidemment.
01:46Donc là, ça y est, la manifestation est partie et on va faire tout un circuit en Budapest.
01:51En fait, s'ils manifestent, ils sont là, c'est parce que ce week-end précis, dans d'autres
01:57endroits de la ville, des militants d'extrême droite organisent ce qu'on appelle le jour de
02:02l'honneur.
02:02En fait, c'est une célébration, c'est une commémoration de l'alliance entre des soldats
02:06nazis et des soldats hongrois pendant la Deuxième Guerre mondiale.
02:10A l'hiver 1945, à la toute fin de la guerre, une bataille oppose les armées allemandes
02:16et hongroises aux soviétiques.
02:18C'est le siège de Budapest, remporté par l'URSS.
02:22Chaque année en février, plusieurs milliers de néo-nazis se rassemblent lors d'un
02:26week-end à Budapest pour rendre hommage aux Allemands et aux Hongrois de cette bataille.
02:30Ils ont baptisé ça le jour de l'honneur.
02:33Au programme, des commémorations, des conférences et des concerts tenus dans des lieux privés.
02:39Car officiellement, le jour de l'honneur est interdit par les autorités hongroises
02:43depuis plusieurs années.
02:45Sauf qu'en réalité, c'est faux.
02:47La manif antifa s'est terminée.
02:49Du coup, on est monté au château de Budapest.
02:51Et là, changement total d'ambiance.
02:54En fait, on se retrouve au milieu de marcheurs.
02:56Beaucoup sont habillés en treillis.
03:00Certains ont des vieux uniformes à leur tête de l'armée hongroise.
03:04Et certains, on en a vu avec de l'armée de l'Allemagne nazie.
03:07Il y a aussi des marcheurs complètement normaux.
03:11Donc des gens avec des tenues, des petits leggings, etc.
03:13Qui se mêlent à ce flot de gens en tenue paramilitaire.
03:17Ouais, c'est un vrai délire quoi.
03:19Une grande randonnée a lieu tous les ans lors du jour de l'honneur.
03:23Chaque année, on y voit des uniformes SS et des croix gammées.
03:28Sur place, nous, on a même eu le droit à un salut hitlérien.
03:33Parmi les randonneurs, on retrouve des groupes d'extrême droite venus des quatre coins de l'Europe.
03:38Des allemands, des polonais, des scandinaves et des français.
03:41Les nationalistes, un groupe historique mené par Ivan Benedetti, étaient présents cette année.
03:46Ils ont raconté leur escapade hongroise dans un article
03:49où ils parlent d'une ambiance chaleureuse et d'un accueil convivial.
04:01Boulchou Ignadi est analyste politique et spécialiste de l'extrême droite en Hongrie.
04:06La Hongrie est dirigée depuis 2010 par le très autoritaire Viktor Orban.
04:30C'est un premier ministre nationaliste et anti-immigration qui a même repris dans ses discours la théorie du grand remplacement.
04:36Les autorités n'ont pas pris aucune action contre cette tour de hiking.
04:41Et en addition, l'organisateur de cette tour de hiking a reçu des fonds publics pour leurs activités.
04:47A Budapest, le temps d'un week-end, vous avez donc d'un côté des milliers de néo-nazis qui se rassemblent
04:54et de l'autre des militants antifascistes venus de toute l'Europe qui contre-manifestent.
04:59Forcément, il y a une grande tension et en 2023, c'est l'affrontement.
05:04Entre les 9 et 11 février, 5 attaques contre des militants d'extrême droite ont été documentées dans la ville.
05:10Grâce notamment aux articles de 444, un média indépendant hongrois dont Street Press est partenaire,
05:16mais aussi grâce aux éléments de la police hongroise, je vais vous raconter ce qui s'est passé ce week-end-là.
05:22Le jeudi 9 février, 3 Polonais sont agressés par un groupe.
05:27Ils sont battus avec divers outils et 2 d'entre eux subissent des fractures.
05:31Ils appartiennent à Rochnarodowi, un parti ultra-nationaliste polonais.
05:36Le même jour, un Hongrois échappe à une agression dans un train.
05:40Il s'agit d'un des leaders de Legio Hungaria, le groupe qui organise le jour de l'honneur.
05:46Le lendemain, le 10 février, un Hongrois est agressé sur le chemin du travail.
05:52La police a diffusé la vidéosurveillance de l'attaque.
05:55On y voit plusieurs personnes le tabasser à coups de pied et de matraques télescopiques.
06:00Les images sont très violentes, c'est pour ça qu'on a choisi de les flouter.
06:05Dans la soirée, un couple de Hongrois se fait attaquer en rentrant d'un concert.
06:10L'une des victimes est une figure de la scène rock néo-nazi locale.
06:14Il fait partie de Blood & Honor, un réseau de musique dont la branche française a été dissoute en 2019.
06:21On le voit ici dans le bus, juste avant l'attaque.
06:24Il porte une écharpe avec le logo de Blood & Honor.
06:27Plus tard dans la nuit, un couple d'Allemands est à son tour agressé.
06:32Sur son torse, l'une des victimes porte un tatouage d'un officier SS.
06:38Dans une interview donnée à un youtubeur allemand néo-nazi, il donne sa version de l'agression.
06:57A ce stade, neuf personnes ont été attaquées.
07:08Quatre sont gravement blessées et cinq légèrement.
07:11Toutes ces agressions se passent avant la contre-manifestation antifasciste qui a lieu le samedi 11 février 2023.
07:18Ce jour-là, c'est l'inverse.
07:19Ce sont les militants de gauche qui sont ciblés.
07:21Trois personnes sont attaquées par un groupe d'extrême droite.
07:25Sauf que les victimes ne participaient pas à la manif, elles allaient simplement déjeuner.
07:30On a rencontré deux militantes anarchistes hongroises qui étaient présentes cet après-midi-là.
07:36Elles ont accepté de nous parler sans montrer leur visage et en utilisant un pseudo.
07:51C'était vraiment drôle et tout le monde a commencé à couper.
07:55Elles étaient en partie de Bekjaer-Sherek, la militia de l'Hongrois.
08:00Après la contre-manifestation, c'est le grand flou pour les militants hongrois.
08:04Ils cherchent à savoir qui sont les responsables des attaques des jours précédents.
08:07A lot of people were just like annoyed at the foreigners who, again, not because punching Nazis is bad, but just there's the right place and the right time to do it and this is not it.
08:21In Hungary, the anti-fascist movement is small and we don't have a lot of mainstream support.
08:26Les autorités hongroises lancent ce qu'elles appellent une chasse à l'homme contre les militants antifa.
08:45La police communique à grand renfort d'images et diffuse les vidéos de l'interpellation de trois personnes à bord d'un taxi.
08:52Elles montrent avoir retrouvé sur eux un marteau, du gaz lacrymogène, une matraque télescopique et des gants.
08:59Deux des interpellés sont allemands.
09:01Ils sont suspectés d'être liés à une bande baptisée le Gang des Marteaux par la presse allemande.
09:06C'est un groupe qui a commis une série d'attaques contre des militants d'extrême droite en Allemagne.
09:12La troisième suspecte est une Italienne de 38 ans, Hilaria Salis.
09:22Depuis juin 2024, Hilaria Salis est députée européenne d'un parti de gauche italien.
09:41Elle partage sa vie entre Milan, Bruxelles et le Parlement européen de Strasbourg où on l'a rencontrée.
09:46En février 2023, Hilaria décide de faire le déplacement à Budapest pour manifester contre le jour de l'honneur.
10:06Son cauchemar commence avec son interpellation.
10:19Hilaria est accusée d'avoir participé aux violences et d'appartenir à une organisation criminelle.
10:25Elle est placée en détention provisoire dans une prison pour femmes de Budapest.
10:28Je pensais que je n'aurai pas survécu et j'étais plein d'espots, des bâtiments de Budapest.
10:37Nous avons des mères, pas dans la cellule, mais dans le jardin.
10:43Nous devions rester dans la cellule toute la journée.
10:48En janvier 2024, son nom et son visage font le tour des médias européens.
10:50En janvier 2024, son nom et son visage font le tour des médias européens.
10:53Lors du premier jour de son procès, Hilaria Salis entre dans la salle d'audience,
10:58enchaînée aux mains et aux pieds.
11:13En janvier 2024, son nom et son visage font le tour des médias européens.
11:18Lors du premier jour de son procès,
11:20Hilaria Salis entre dans la salle d'audience enchaînée aux mains et aux pieds.
11:24Elle est même tenue en laisse par une policière.
11:27En Italie, les images choquent
11:29et le ministre des Affaires étrangères convoque l'ambassadeur de Hongrie.
11:33Les deux alliés d'extrême droite, Georgia Meloni et Viktor Orban,
11:37s'entretiennent même sur le sujet.
11:39C'est ce dont j'ai parlé avec le premier ministre,
11:41c'est de garantir que à nos connaissons,
11:43c'est un trait de dignité, de respect, un giusto processus.
11:52Quand je vois moi dans les chaînes,
11:55je me sens toujours mal,
11:57c'est toujours humiliant et ça me fait souffrir maintenant,
12:03quand je vois ces photos.
12:06Quelle accusée de la procura unguerese,
12:08per cui rischia,
12:09fino à 24 ans,
12:10avrebbe aggredito un anno fa
12:12deux participantes à un raduno néo-nazista,
12:14à Budapest.
12:15Loro, guariti in pochi giorni,
12:17non hanno mai porto denuncia.
12:19Lo ricorda la difesa e ripete,
12:21nessuna prova.
12:22Nel video dell'attacco diffuso dall'accusa Salis
12:25non è riconoscibile.
12:26Ilaria appelait non coupable
12:29et elle dénonce un procès partial.
12:49Elle reçoit une vague de soutien
12:51et au printemps, un parti écologiste,
12:53l'Alliance des Verts et de la Gauche
12:55décide de la présenter en tête de liste
12:57aux élections européennes.
12:59Elle débute sa campagne depuis la prison.
13:02En fait, les médias italiens lui envoient des questions
13:04auxquelles elle répond par écrit.
13:06Et le 9 juin 2024,
13:08elle est élue députée européenne.
13:10Grâce à son immunité parlementaire,
13:12elle est libérée
13:13et peut enfin quitter la Hongrie.
13:15« Ciao, Ilaria, come stai?»
13:16«Quant à sa participation ou non aux attaques?»
13:17«Quant à sa participation ou non aux attaques?»
13:18«Quant à sa participation ou non aux attaques?»
13:20«Quant à sa participation ou non aux attaques?»
13:30Je suis allé à Budapest pour prendre part dans les démonstration anti-fascistes.
13:36Je ne veux pas en ce moment ajouter plus d'informations,
13:40parce qu'il y a quelque chose que je peux dire,
13:44je pense que les jurés angariens ou le gouvernement angariens
13:49pourraient décider de l'utiliser contre moi ou contre d'autres personnes.
13:53Cette affaire a même eu des répercussions en France.
14:02Regino Albazaj est un militant antifasciste né en Albanie,
14:06mais qui a grandi en Italie avant de s'installer en Finlande.
14:09Tout le monde l'appelle Gino.
14:11Après sa participation à la contre-manifestation du jour de l'honneur,
14:15il est placé sous le coup d'un mandat d'arrêt européen.
14:18Pour échapper à son extradition vers la Hongrie, Gino décide de fuir la Finlande
14:22et se retrouve en cavale en France.
14:24Et en novembre 2024, il est arrêté en plein Paris.
14:27Gino est incarcéré à la maison d'arrêt de Fred.
14:29Comme Ilaria Salis, Gino est accusé d'avoir participé à la police.
14:34contre les militants néo-nazis.
14:35La France doit décider ou non de le remettre à la Hongrie,
14:37où il risque jusqu'à 16 ans de temps.
14:38Il a été autorisé par la sous-direction antiterroriste.
14:40Ils m'ont guérée pour un moment et après, ils m'ont arrêté.
14:43Ils m'ont arrêté.
14:44Ils m'ont apporté à la police.
14:45Je suis en Gartavu pendant deux jours.
14:47Gino est incarcéré à la maison d'arrêt de Fred.
14:53Comme Ilaria Salis, Gino est accusé d'avoir participé aux violences contre les militants néo-nazis.
14:59La France doit décider ou non de le remettre à la Hongrie, où il risque jusqu'à 16 ans de prison.
15:04A l'extérieur, un comité de soutien se met en place avec l'appui du député insoumis Thomas Porte.
15:10Je crois qu'on ne peut pas accepter aujourd'hui qu'il y ait une collaboration avec Orban et avec un gouvernement d'extrême droite
15:15qui met à mal les libertés publiques, qui muselle la presse, qui muselle l'opposition politique.
15:20Si la France se rend complice de l'extradition, c'est-à-dire qu'elle tolère le fait qu'on ait un militant antifasciste
15:25qui soit aujourd'hui extradé en Hongrie et qui n'ait pas accès à ses droits fondamentaux, donc c'est absolument inacceptable.
15:30Sur Street Press, on a consacré plusieurs articles à l'histoire de Gino.
15:34Mes confrères Léa Gasquet et Noman Kanoré l'ont d'ailleurs rencontré à Fred dans sa cellule.
15:40En mars dernier, après cinq mois de détention, les juges décident de remettre Gino en liberté sous contrôle judiciaire.
15:59Le 9 avril dernier, Gino est libre quand il se présente à sa dernière audience.
16:04Le 9 avril dernier, Gino est libre quand il se présente à la France.
16:08Ça fait cinq mois qu'on se mobilise pour Gino.
16:10Donc on espère vraiment aujourd'hui que la justice continuera par rapport aux décisions qu'elles ont déjà prises.
16:15Voilà, je suis juste devant la cour d'appel de Paris.
16:17Il y a un rassemblement de plusieurs dizaines de militants antifascistes venus un peu partout en Europe.
16:23Parce que c'est aujourd'hui qu'on va avoir la décision dans l'affaire de Gino.
16:27Donc savoir si oui ou non la France accepte ou refuse l'extradition de Gino vers la Hongrie.
16:32Après seulement quelques minutes dans la salle d'audience, la décision tombe.
16:43Les juges refusent l'extradition.
16:45Ils estiment que si Gino était transféré en Hongrie,
16:48ils seraient susceptibles de subir de la torture et de ne pas avoir un procès équitable.
16:54C'est un véritable soulagement et c'est la victoire de semaine et de mois de mobilisation.
16:58Et ça dit encore que la justice française, elle peut avoir dans des moments des éclairs de lucidité.
17:02Où elle peut se positionner très clairement pour protéger un militant antifasciste.
17:06Refuser de le livrer au pouvoir hongrois, qui a encore une fois un pouvoir d'extrême droite autoritaire,
17:09qui détourne les mandats d'arrêt européens pour faire la chasse,
17:12pas simplement aux militants antifascistes, mais à tous ses opposants politiques.
17:15Ok, aujourd'hui, nous pouvons reposer.
17:19Nous avons gagné, bien sûr, mais ce n'est pas fini.
17:21Il y a encore les autres camarades italiennes et allemandes
17:26qui sont cherchés par le régime d'Europe.
17:31Le combat de Gino et d'Hilaria contre le pouvoir hongrois continue.
17:38Il réclame désormais la libération de Maya.
17:41C'est une militante antifasciste non-binaire allemande.
17:44Yel a été arrêtée à Berlin avant de se faire extrader en 2024 vers la Hongrie
17:50contre l'avis de la cour constitutionnelle allemande.
17:53Maya est aussi accusée d'avoir participé aux violences.
17:56Son procès a débuté en février dernier à Budapest.
18:00Comme Ilaria Salis, Maya est apparue enchaînée aux mains et aux pieds
18:05et dénonce ses conditions d'emprisonnement.
18:07Au moment où j'enregistre cette vidéo, son procès est toujours en cours.
18:11Au total, 18 militants ont été identifiés par la Hongrie.
18:15En Allemagne, 6 d'entre eux se sont rendus aux autorités
18:18et sont en attente d'audience.
18:20Tandis que l'Italie, comme la France, a refusé de livrer un militant à la Hongrie.
18:27Voilà, c'est la fin de cette vidéo.
18:29Sur Streetpress, on va continuer à suivre de près cette affaire.
18:32Si vous ne voulez pas manquer nos futures vidéos,
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