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  • il y a 4 jours
Diodio, 44 ans, a été expulsé de son logement en mai dernier. Dans ce nouvel épisode de La vraie vie de, elle nous raconte le choc de se retrouver à la rue entre l'angoisse de dormir dehors, les files d'attente pour trouver un hébergement d'urgence et le stress de sa fille de quatre ans.

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Transcription
00:00Là, je vais coucher ma fille ici, là, à poser sa tête là.
00:05Et moi, si je trouve une petite place, là, ce sera très bien.
00:09Je n'ai pas de couette, je n'ai pas de couverture, je n'ai pas de sac de poussage.
00:12Depuis que j'ai été expulsée de mon logement, j'alterne entre Utopia et la rue.
00:16Là, il commence à faire froid, là.
00:18Il y a beaucoup de vent.
00:20Les enfants n'arrivent pas à dormir.
00:22Alors, tu peux, madame, là, pour le moment, on n'a toujours pas de solution d'hébergement.
00:26Pour un enfant de 4 ans, wow, c'est horrible.
00:30Attends, attends, arrête !
00:31C'est horrible de vivre ça.
00:32Ça, c'est quoi ça ?
00:33Ça, c'est un escalier.
00:35Un escalier, oui.
00:36C'est quelle couleur ?
00:37C'est quelle couleur ?
00:39Je m'appelle Jojo, j'ai 44 ans.
00:43Je suis à la rue, j'ai été expulsée de mon logement le 2 mai 2025.
00:50Et je suis avec ma fille de 4 ans.
00:53Nous sommes ici à Hôtel de Ville, à Paris.
00:56Et puis, je fais la queue pour espérer obtenir un hébergement pour ce soir avec l'association Utopia.
01:02Bonsoir.
01:03C'est quoi votre honneur ?
01:05Ndiaye, Ndiaye.
01:06Vous avez eu le 115 aujourd'hui ?
01:08J'ai essayé de téléphoner et ils ne répondent pas.
01:11Mais sinon, j'appelle tous les jours depuis un mois et à chaque fois, il n'y a pas de place.
01:16Merci.
01:16À partir de 20h, ils vont constituer une liste avec le nom de toutes les personnes qu'ils ont enregistrées.
01:21Donc, du coup, c'est hyper stressant.
01:22Quelquefois, on a une place, quelquefois, on n'en a pas.
01:25C'est comme en l'autor, en fait.
01:26Traoré, Maïmouna.
01:29Jojo, Jojo Ndiaye.
01:31Oui, 20h12, j'ai été appelée sur la liste.
01:36Donc, j'ai un hébergement pour ce soir.
01:37Un très grand soulagement, je suis très contente.
01:39Sinon, je serais allée tenter.
01:43Enfin, ils m'auraient prêté une tente pour aller tenter dans la rue
01:45ou je serais allée dormir aux urgences dans un hôpital pour être en sécurité avec ma fille.
01:49C'est parti.
01:53On y va.
01:56Tu as vu, il y a beaucoup d'escaliers en plus sur cette ligne-là.
01:58Et c'est la même cadence chaque jour, du lundi au dimanche, en fait, à 24h.
02:03Voilà.
02:04Mais c'est le prix à payer pour avoir un doigt ou dormir un minimum correct.
02:11Alors, ici, nous sommes arrivés au centre d'hébergement.
02:15Là, c'est ma tente.
02:17Ce soir, je dors dans la tente 40 avec ma fille.
02:20Alors, ici, nous avons des vrais matelas, des couettes, des couvertures.
02:23On peut les changer quand ils sont sales, il n'y a pas de souci.
02:25Le soir, il fait chaud dedans.
02:27Mais bon, ça va.
02:29C'est assez confortable pour une personne qui est à la rue, en tout cas.
02:32C'est mieux que la rue, on va dire.
02:33Nous, c'est de l'urgence.
02:34C'est vraiment de l'urgence.
02:35On en est très conscients.
02:36Et le lieu, il est à l'image de l'urgence.
02:38C'est-à-dire que c'est un lieu, il n'y a pas de chambre privée pour chaque famille.
02:43C'est des tentes dans un lieu fermé.
02:45Ce soir, par exemple, on héberge 135 personnes et on fait une cinquantaine d'enfants.
02:48Alors là, dès qu'on arrive, les enfants, dès qu'on presse un petit peu, ils se retrouvent en fait le soir.
02:53Ils jouent beaucoup.
02:54Pendant ce temps, moi, j'essaie de voir qu'est-ce qu'on va manger le soir, faire le lit, préparer le lendemain, les affaires du lendemain.
03:01Ce soir, on va se coucher pas trop tard.
03:03Parce que demain matin, elle va à l'école.
03:06Alors debout, 6h30 pour moi.
03:09Puis, allez, 6h45, 7h maximum pour elle.
03:17À la place du bain, en fait, ça va être une petite toilette avec des lagettes.
03:22Parce qu'il n'y a pas de douche ici.
03:23Quand je prends l'autre, c'est parce que ça pique, pique, pique, pique.
03:27Oui, oui, mais ce n'autre fruit, c'est là, il pique pas.
03:29C'est à la fraîche.
03:31Bravo, mamazelle.
03:33Je t'ai dit d'arrêter, tu n'as pas écouté.
03:39Peut-être que la situation la stresse quand même un petit peu.
03:42Alors, ce ne sera pas avec des mots concrets comme un adulte, mais ça va être par des caprices qu'elle va sortir, qu'elle va crier.
03:48Pour peut-être manifester son inquiétude.
03:51Mais ça l'affecte forcément.
03:52Un enfant, je veux dire, ça dort dans une maison, dans sa chambre.
03:55Donc calme.
03:57On va se coucher.
04:00Bonne nuit.
04:00Bonne nuit.
04:03Bonjour, bébé.
04:09Et voilà.
04:12Là, elle a vraiment bien fait sa petite question.
04:18Elle s'est réveillée plusieurs fois dans la nuit.
04:21Parce qu'il y avait pas mal de bébés qui pleuraient.
04:25Un peu frère le matin.
04:25Si tu as chaud, tu pourras demander à Caroline.
04:29Alors là, nous allons sur Anthony pour aller à l'école.
04:44Là, il y en a pour une heure, une heure et demie facilement.
04:46Merci beaucoup.
04:54Bonjour.
04:54Bonjour.
04:54Bonjour.
04:55On est en retard.
04:56Je vous ai appelé.
04:57Tu vas y aller avec Marius.
04:59Un bisou.
05:02Je t'aime.
05:03Ce soir.
05:07A tout à l'heure.
05:10Quand on a un enfant de 4 ans, je calcule la fatigue.
05:13Comment elle va le vivre.
05:15Il y a plein de choses qui se passent dans ma tête que je ne dis pas forcément.
05:19Mais je ne suis pas sereine en fait.
05:21Et là, le fait que je sais qu'elle est à l'école, ça va.
05:25Là, ça va mieux. La pression redescend un petit peu.
05:28Ça va beaucoup mieux. J'ai stressé.
05:31En plus, t'as vu, on était en retard quand même.
05:37Ce qui a fait que tout a basculé, c'est une période de chômage
05:40suite à une tendinite que j'avais chopée
05:42parce qu'après quatre ans d'intervention à la maison de retraite
05:44et à domicile de personnes lourdement handicapées,
05:47donc j'avais une tendinite qui ne me permettait plus d'exercer mon métier, mon travail correctement.
05:52Je me suis retrouvée avec une dette locative que j'avais eu du mal à épurer totalement
05:57malgré la mise en place d'un échéancier avec le bailleur.
06:02Du coup, ils avaient entamé une procédure d'expulsion.
06:07Et puis mon ex-compagnon aussi, accident de travail.
06:10Et puis suite à tout cela, une séparation.
06:12Oui, tout a basculé comme ça d'un coup. Je ne m'y attendais pas du tout.
06:17Moi, j'appelle ça des accidents de parcours de vie qui peuvent arriver à n'importe qui.
06:22Quand on se retrouve du jour au lendemain dans un appartement à la rue,
06:26mais d'un coup, oui, c'est un autre monde en fait.
06:30Ne pas pouvoir se doucher et ne pas avoir ses affaires pour se changer.
06:34Ce fut tellement un choc que je me suis retrouvée aux urgences en fait à me faire perfuser.
06:38C'est très choquant.
06:39C'est assez déstabilisant pour la petite par moments.
06:45Elle me demande quand même de rentrer à la maison.
06:48Quand nous sommes au campement, par exemple, la bagnolette,
06:51elle pense que nous sommes en vacances puisqu'on dort dans une tente.
06:54Je ne sais pas trop quoi lui dire en fait.
06:56Parce qu'un enfant de 4 ans n'est pas en mesure de comprendre
06:58ce que c'est que toute cette situation, tous ces problèmes,
07:01une expulsion, un hébergement, tout ça.
07:05Elle ne comprend pas vraiment ce qui se passe.
07:07Quand on est maman, quand on est parent en général,
07:09on est censé mettre nos enfants à l'abri,
07:11leur apporter quand même un confort, un cadre de vie relativement normal.
07:18Donc là, ce n'est pas le cas.
07:20Alors oui, c'est un coup dur pour moi
07:21de ne pas pouvoir actuellement lui offrir cette stabilité et sécurité.
07:28Des centaines de familles sans-abri s'installent devant la mairie du 11e arrondissement à Paris
07:35pour demander un logement.
07:36L'initiative a été lancée par l'association d'aide aux migrants Utopia 54.
07:39Nous n'avons pas le choix parce que Utopia n'a plus les moyens d'accueillir
07:45toutes les personnes à la rue qui se présentent à l'hôtel de ville pour les inscriptions.
07:49Donc au bout d'un moment, il faut que l'on agisse tous ensemble.
07:52Nous sommes tous inquiets.
07:53Nous ne savons pas où on va en fait.
07:55Ça peut durer un jour, deux jours, trois jours, une semaine, un mois.
07:58On ne sait pas du tout.
07:59Ça fait quatre heures de temps que nous sommes ici.
08:14Là, il commence à faire froid.
08:17Il y a beaucoup de vent.
08:18Les enfants n'arrivent pas à dormir.
08:23Ils ne comprennent pas trop ce qui se passe.
08:25Il n'y a personne qui s'est déplacé.
08:26C'est comme si nous n'étions pas là en fait.
08:28Là, je peux lire sur les comportements, les visages des personnes.
08:32Il y a une certaine déception dans l'air.
08:35Voilà, qui est due à l'ignorance de la mairie, de la ville, de tous pour l'instant.
08:42Ils doivent se dire, bon, voilà, ils vont faire leur cinéma.
08:45Ils vont être fatigués.
08:47Après, ils vont partir peut-être.
08:48Je ne sais pas, mais pour l'instant, c'est dur.
08:56Là, je vais coucher ma fille ici, là, à poser sa tête là.
09:08Et moi, si je trouve une petite place là, ce sera très bien.
09:12Je n'ai pas de couette, je n'ai pas de couverture, je n'ai pas de sacs de poussage.
09:17Moi, là, je m'inquiète, je me dis, mais comment je vais faire avec ma fille demain matin ?
09:20Pour un enfant de 4 ans, wow, c'est horrible.
09:25C'est horrible de vivre ça.
09:27On ne se rend pas compte parce qu'ils jouent, ils discutent et tout, mais c'est très difficile.
09:30Moi, là, ma fille, elle pleure, elle fait des crises.
09:32C'est des non-non, c'est des caprices.
09:35Elle n'en peut plus, en fait.
09:36Elle est très fatiguée, elle est épuisée.
09:39Voilà.
09:39Merci à vous d'avoir regardé ce témoignage jusqu'au bout et merci à Jojo d'avoir eu le courage de témoigner.
09:49À la suite de l'action d'Utopia, Jojo et les familles ont dormi deux nuits à la rue avant d'être mis à l'abri dans un gymnase.
09:55Aujourd'hui, Jojo est dans l'attente d'une proposition de logement plus stable.
09:58Pour que l'on continue de parler de ces sujets importants de précarité, on a besoin de vous.
10:02Alors soutenez Street Press financièrement et abonnez-vous.

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