Jeudi 22 mai 2025, retrouvez Thierry Sibieude (Professeur titulaire de la Chaire Innovation et Entrepreneuriat social, ESSEC Business School) dans SOMMET DE LA MESURE D’IMPACT, une émission présentée par Antoine Morlighem etAlban Castres.
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, nous sommes sur Bsmart4Change et au sommet de la mesure d'impact,
00:14je reçois tout de suite Thierry Sibieux de professeur émérite d'entrepreneuriat social à l'ESSEC.
00:19Bonsoir.
00:19Bonsoir.
00:20Alors, tout d'abord, qu'est-ce que le slogan de cette année, refaire société, évoque pour vous ?
00:26En première impression, un impératif et une forme de nécessité.
00:33On voit bien qu'on est dans un monde qui est de plus en plus fracturé, c'est un lieu commun de le dire,
00:38avec des polarisations assez fortes sur l'échiquier politique.
00:44Et qui dit polarisation, dit simplification outrancière, dit posture.
00:49Et donc, finalement, une altération du lien de la qualité des échanges, de la richesse des productions communes.
00:59Donc, pour conclure, je dirais que c'est une forme d'urgence, même.
01:02Pour revenir sur ces fractures sociales, il y a des fractures sociales et des fractures environnementales.
01:07C'est des fractures politiques qui sont plus visibles que jamais.
01:09Qu'est-ce que, selon vous, est-ce qu'il faudrait faire pour au moins réduire la fracture, si ce n'est à guérir ?
01:14Ce qu'il faudrait faire, c'est très difficile. Ce que je peux vous dire, c'est ce qu'on fait, nous.
01:18Moi, je crois qu'il y a un premier vecteur, c'est l'enseignement, la formation.
01:21Vous ne serez pas surpris. Ça fait 30 ans que j'enseigne ces enjeux.
01:25C'est l'importance à accorder, y compris dans des démarches de business et dans des démarches économiques,
01:32l'importance à accorder aux enjeux sociétaux et environnementaux.
01:35Parce que, finalement, si on raisonne à long terme, il n'y a pas de bonne économie sans le souci de l'environnement et du social.
01:45C'est un facteur de pérennité.
01:48Au-delà de l'enseignement, il y a évidemment le levier financier.
01:50Il faut convaincre les principaux financeurs, les investisseurs, les banquiers, les promoteurs immobiliers,
01:58les grands constructeurs d'infrastructures, qu'au-delà de la rentabilité nécessaire,
02:06il y a aussi la nécessité de prendre en compte et de financer ces grands enjeux sociétaux.
02:15C'est donc que la rentabilité financière est nécessaire, mais loin d'être suffisante.
02:21Ça, c'est le deuxième acte.
02:22Le troisième acte, c'est l'engagement.
02:24L'engagement de chacun au quotidien, dans la vie associative, sur son territoire, en politique, pourquoi pas ?
02:32Si je vous donne mon avis en évitant les extrêmes qui n'amènent à rien
02:36et en s'efforçant de servir l'intérêt général, le bien commun.
02:43D'accord. Dernière question, le secteur privé est de plus en plus sollicité sur toutes ces questions sociales.
02:49Comment faire pour qu'ils réussissent à collaborer de manière efficace avec à la fois les acteurs publics,
02:54les acteurs associatifs, les acteurs de l'économie sociale et solidaire ?
02:57Comment faire discuter et travailler tout ce beau monde de manière efficace ?
03:01Alors, discuter, j'ai l'impression que ça, ils savent bien.
03:04Faire, c'est une autre paire de manches.
03:07Donc, on va dire que le fait que les uns et les autres échangent, discutent, produisent des grandes déclarations,
03:15c'est peut-être la première étape.
03:16Ça veut dire qu'il y a une prise de conscience, ça veut dire qu'il y a une forme peut-être de mise en route.
03:20Après, il me semble que la bonne façon de convaincre des acteurs de s'engager, c'est en fait la mesure.
03:27De la même façon qu'on mesure la rentabilité financière ou le taux de rendement d'un investissement,
03:32il faut être capable de mesurer l'impact, les bénéfices, les changements qu'un investissement ou qu'un projet a permis d'obtenir.
03:42Et là, c'est tout le travail que moi j'ai mené pendant 15 ans à l'ESSEC pour convaincre les différents acteurs
03:51C'est-à-dire que mesurer est une nécessité, c'est la seule façon de bien séparer ceux qui font des grands discours.
03:58Parce qu'aujourd'hui, tout le monde est à peu près capable de vous dire,
04:01oui, je fais du développement durable, oui, la sociale c'est important pour moi, oui, l'environnement c'est important pour moi.
04:07D'ailleurs, c'est impossible de dire le contraire.
04:09Maintenant, qu'est-ce que chacun fait concrètement ?
04:12Là, il n'y a pas suffisamment d'engagement, notamment en termes de financement.
04:15Ça, je le vois en tant que président de FAIR, le collectif de la finance à impact social et la finance solidaire.
04:25Mais ça, c'est la mauvaise nouvelle.
04:27Mais la bonne nouvelle, c'est que l'argent privé est disponible.
04:30Et on sait que les objectifs d'éveloppement durable seront financés à peu près à 40% par les fonds publics.
04:37Les 60 autres pourcents, il faut que ce soit la communauté financière qui les apporte.
04:41L'argent est disponible.
04:43Maintenant, il faut arriver à franchir le pas.
04:44Et les acteurs ne vont pas spontanément sur ces terrains-là ou ces domaines-là.
04:50D'accord.
04:51Écoutez, merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions.
04:53Je vous souhaite une bonne conférence parce que vous allez presque conclure cette longue journée.
04:58Très bonne fin d'après-midi à vous.
04:59Merci à vous.
05:00Merci.
05:01Merci.
05:02Merci.
05:03Merci.
05:04Merci.