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  • 19/05/2025
Hausse des levées de fonds, croissance à deux chiffres, mais aussi exigences accrues et montée des crispations : les start-up à impact poursuivent leur développement, tout en affrontant de nouveaux défis. Quels secteurs tirent leur épingle du jeu ? Et comment concilier performance, inclusion et transition écologique dans un contexte économique plus tendu ? Jean Moreau, fondateur de Phenix et président du jury Impact 40, et Flora Depernet, directrice de cabinet du Mouvement Impact France nous répondent.

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Transcription
00:00Comment se portent les start-up à impact en France ?
00:08Voilà le thème de notre débat, j'accueille Jean Moreau, bonjour.
00:11Bonjour Thomas.
00:12Bienvenue, vous êtes le fondateur de Phoenix et président du jury Impact 40120.
00:16Flora Depernay, bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Bienvenue à vous aussi, vous êtes directrice de cabinet au mouvement Impact France.
00:23Vous avez été l'Oréal l'an dernier et vous êtes président cette année, c'est quoi ?
00:27C'est une sorte de passage de relais ?
00:29C'est un passage de relais, tout à fait déjà, je suis content que cet indice existe,
00:34c'était un peu une intuition et c'est moi qui étais à l'impulsion de la chose,
00:39donc je suis content de voir que ça rencontre un succès.
00:41Effectivement, les entreprises qu'on labellise doivent avoir moins de 10 ans,
00:44la mienne en l'occurrence en a 11, donc je suis disqualifié, je ne suis pas invité.
00:48On fait partie maintenant des dinosaures de l'Impact et donc on a basculé de l'autre côté,
00:52de candidats à jury et donc j'ai eu la chance de présider un magnifique jury
00:55avec des gens comme Brune Poisson, Elisabeth Moreno, Frédéric Mazzella,
00:59des beaux noms qui rassurent, qui inspirent et qui ont vu passer beaucoup de boîtes.
01:03C'est difficile de choisir ?
01:04De choisir, oui.
01:05En fait, il y a maintenant, Flora le dira, mais il y a presque plus de 1500 start-up Impact,
01:10donc quand on en sélectionne 120, ça fait un entonnoir qui commence à être assez sérieux.
01:15Donc oui, c'est une bonne nouvelle qu'il y ait pas mal de candidats.
01:17Pourquoi cet indice, il vous semble important ? Pourquoi il a fallu le créer, d'après vous ?
01:22Pour plein de raisons, mais la première, c'est évidemment qu'on connaît tous le CAC 40,
01:27qui a réuni les 40 plus grosses entreprises françaises.
01:30Il y a aussi le SBF 120, qui est un petit frère pour les entreprises un peu plus petites,
01:36les boîtes cotées.
01:38Et ensuite, l'écosystème de la tech, du digital, sous l'impulsion de la French Tech il y a quelques années,
01:44a créé en miroir un indice qui s'appelle le Next 40 et le French Tech 120,
01:48et qui a vocation, on va dire, dans les start-up digitales à Impact, les Doctolib, les BlaBlaCar,
01:53voilà les 40 qui, dans 10 ans, 15 ans, 20 ans, seront peut-être le futur CAC 40.
01:57Et nous, on s'est dit, il manque ça dans l'impact,
01:59et donc on veut identifier, suivre et faire grandir les 40 et 120 prochaines pépites
02:04de la Tech for Good, de la Climate Tech,
02:07et donc mettre en avant, valoriser et rendre crédibles ces start-up-là.
02:11Ça veut dire que Flora Depernet, qu'elle passait un petit peu sous les radars,
02:14notamment des financiers, des...
02:20On peut le voir un peu comme ça, effectivement.
02:22Nous, on est persuadés que ce qu'on ne compte pas, ne compte pas.
02:25Et donc, si à un moment donné, on n'a pas un indice de référence
02:28qui permet de crédibiliser à la fois la solidité économique de ces entreprises à impact
02:33et leur impact positif, parce qu'elle génère comme coût évité
02:38ou comme effet positif pour la société, ça ne permet pas de rendre visible
02:43l'importance de ces entreprises auprès des financeurs,
02:47effectivement des investisseurs, mais aussi de la puissance publique,
02:50parce que le mouvement Impact France, on est le premier mouvement
02:52qui réunit les entrepreneurs dirigeants qui pensent différemment
02:54et qui pensent notamment que la transition est un enjeu stratégique
02:57de résilience, de robustesse de nos économies.
03:01Et pour ce faire, il y a besoin d'accompagner les pionniers.
03:04Donc, il y avait vraiment un enjeu, effectivement, de faire passer à l'échelle
03:09la manière dont on regarde ces entreprises.
03:10Comment ils sont sélectionnés, les lauréats, les lauréates de cette indice ?
03:14Est-ce qu'il y a une grille de lecture que vous avez imposée au jury ?
03:19C'est vrai qu'on a imposé au jury, effectivement, on a réfléchi.
03:22On a eu la chance de mettre autour de la table une belle coalition d'acteurs.
03:26D'abord, des experts, je dirais, de l'impact, des acteurs comme Ticket for Change,
03:30Make Sense, Pulse, enfin voilà, des acteurs qui, je dirais, ont été les premiers
03:35à identifier les outils, les critères de mesure d'impact, etc.
03:38Et puis, par ailleurs, France Digital, BPI, le Hub notamment,
03:42qui viennent aussi crédibiliser la dimension innovation,
03:45parce que c'est aussi ça au cœur des lauréats Impact 40,
03:48c'est l'innovation de rupture.
03:49Et on a ensemble choisi des critères de ce qu'on estimait être importants
03:54pour identifier ces startups.
03:54Donc, on a la solide, la croissance, la robustesse économique,
03:58le montant des levées, le chiffre d'affaires des entreprises.
04:02Et d'autre part, on regarde si l'entreprise répond bien à un ODD,
04:05répond bien à une problématique écologique ou sociale,
04:07et si elle permet des coûts évités.
04:09Comment elle se porte ?
04:10On en revient à la question centrale de notre débat,
04:12ces startups à impact.
04:13Elle se porte bien.
04:15En tout cas, il y a une tendance de fonds qui est...
04:17Il y a de plus en plus de talents qui rejoignent ces entreprises-là.
04:20Donc, ça, c'est quand même un atout.
04:21Parce que recruter les meilleurs, c'est ce qui compte à la fin.
04:24Donc, il y a de plus en plus de fonds d'investissement
04:26qui se dirigent vers ces entreprises-là.
04:28Après, comme tout le monde, les temps sont durs.
04:31L'environnement économique est dur pour les entreprises
04:34et pour les startups, et aussi pour les startups à impact.
04:36Est-ce qu'elles ont plus de mal à lever des fonds ?
04:38Parce que j'en reviens à la question.
04:40Ça s'est un peu calmé sur les levées de fonds.
04:42Est-ce que c'est vrai un peu plus ou un peu moins
04:45pour les startups à impact ?
04:46Je dirais plutôt un peu moins.
04:47Un peu moins.
04:49Notamment, on y vient après sur le mapping,
04:52mais ce qu'on constate, c'est qu'il y a plus de 8% de levées de fonds
04:56qu'en 2023 pour ces entreprises.
05:00Et qu'en total, elles ont levé près de 11 milliards depuis leur création.
05:03Donc, c'est une tendance qui est plutôt à la hausse
05:05comparée au reste de l'écosystème tech
05:07qui est plutôt en stagnation aujourd'hui.
05:09Il y a plus de femmes, il y a plus de jeunes ?
05:11Il y a plus de femmes, il y a plus de femmes.
05:12Ça, c'est une bonne nouvelle.
05:1353% des entreprises lauréates ont une femme
05:17parmi les cofondateurs, cofondatrices.
05:19Donc, ça, c'est quelque chose qui distingue aussi
05:21de la tech plus traditionnelle
05:23où il y a plutôt un univers assez masculin.
05:26Et après, les secteurs qu'on voit émerger sur l'impact,
05:30c'est la mobilité, l'énergie, l'économie circulaire,
05:34du classique.
05:35Mais je pense qu'il y a la grosse tendance de l'IA,
05:38l'intelligence artificielle qu'on voit bien venir.
05:40Et à côté de ça, il y a un deuxième pan d'avenir
05:42qui est réparer la planète,
05:44reconstruire du lien social.
05:45Et là-dessus, on a un boulevard
05:46parce que c'est le début d'une révolution.
05:48Quand vous avez créé Phoenix,
05:49vous auriez aimé avoir un...
05:50J'aurais aimé que ce soit...
05:52J'aurais aimé pas être...
05:53Un label comme celui-là
05:54et vous se sentir moins seul ou quoi, c'est ça ?
05:55Tout à fait.
05:56J'aurais aimé pas être trop en avance de phase
05:58et arriver avec du vent dans les voiles.
05:59Oui.
06:00Et typiquement, ce genre d'indice,
06:02c'est très important pour crédibiliser les entreprises.
06:05C'est un label de confiance
06:06quand on veut lever des fonds,
06:08quand on veut attirer des talents aussi.
06:10Avoir le petit badge,
06:11un pack 40, ça pèse.
06:12On se dit, bon, l'entreprise a été screenée
06:14par un jury de 15, 16 perdieux crédibles
06:18et acérés.
06:19Donc, c'est du solide.
06:21Je peux y aller, y travailler.
06:22La boîte va pas déposer le bilan dans les six mois.
06:24Ou je peux investir des fonds
06:25parce que c'est du costaud.
06:26Oui.
06:27Et donc, il y a ce mapping
06:28auquel vous faisiez allusion,
06:31Flora Devernay.
06:31C'est la cinquième édition du mapping
06:33des startups à impact.
06:34Alors déjà, j'ai une question assez générale
06:36et presque plus politique qu'économique.
06:39Mais enfin, les deux sont liés.
06:40Il y a ce climat de backlash un peu généralisé.
06:44Je force le trait.
06:45Mais enfin, bon, quand même,
06:46quand il y a l'économie américaine
06:47qui rentre dans le backlash,
06:48quand il y a le résultat
06:49des dernières élections européennes
06:51avec le coup de frein donné
06:53par la Commission,
06:55est-ce que ça se ressent aussi
06:57dans la santé générale
07:00des entreprises à impact ?
07:02C'est une très bonne question.
07:03Ce serait faux de dire
07:05qu'on ne le ressent pas du tout.
07:07De fait, on sent que les entreprises,
07:08mais en fait, l'ensemble des entreprises,
07:10on ne sait pas que les entreprises engagées
07:11ou à impact,
07:11l'ensemble des entreprises
07:12attendent une instabilité réglementaire.
07:15On voit les allers et retours
07:16autour de la CSRD au niveau européen.
07:18Donc en fait,
07:18cette instabilité-là globale,
07:20politique, économique, etc.,
07:22ne permet pas un climat serein
07:25pour la croissance de nos entreprises.
07:27Sur l'écosystème des entreprises engagées,
07:29je dirais qu'on a une vigilance.
07:31C'est de ne pas créer une prophétie autoréalisatrice.
07:34C'est-à-dire qu'on parle beaucoup de backlash.
07:35Aujourd'hui, on ne le ressent pas vraiment.
07:37Et à force de nourrir ce récit-là,
07:39il y a un risque qu'on fasse des choix
07:42et des choix stratégiques.
07:45Je me mets dans la tête d'un investisseur
07:46qui, à force d'entendre parler de backlash
07:48un peu partout, se dit
07:49« Non, je vais arrêter d'investir
07:50dans une entreprise à impact. »
07:51Exactement.
07:52Et ce qu'on constate à travers le mapping
07:53et les chiffres du mapping,
07:54c'est qu'aujourd'hui, en tout cas,
07:55par rapport à 2023,
07:56qui était la date de la dernière édition du mapping,
07:58en fait, il y a plutôt un écosystème
08:00qui, au-delà de se consolider,
08:01se renforce et même en croissance.
08:03Et on le voit sur, notamment,
08:05le niveau de maturité, on y reviendra,
08:06mais voilà, le niveau de maturité des start-up,
08:09sur aussi la capacité à générer de la confiance
08:12auprès des acteurs politiques.
08:14Les entreprises à impact, aujourd'hui,
08:15font vraiment partie de l'économie.
08:17Véronique Louvagy, la ministre des PME de l'Artisanat,
08:19était présente à la soirée
08:20de révélation des lauréats Impact 40.
08:23Donc, tout ça consolide, en fait,
08:26peut-être un choix stratégique
08:28qu'on a à faire au niveau français et européen,
08:29de se dire quelle place pour les entreprises engagées.
08:31Alors, je vais inverser la question.
08:33Allez-y.
08:33Non, mais il y a juste,
08:34il y a quand même des conséquences très directes.
08:35Pour être clair,
08:36j'ai un ancien chef Enix
08:37avec qui je discutais hier,
08:38qui est parti dans une start-up
08:40qui fait un outil de suivi
08:41du reporting CSRD,
08:42dont on parle justement,
08:44qui est en pleine levée de fonds
08:45et les offres ont été retirées
08:47et donc ça s'est traduit par un plan de départ.
08:49Oui, parce que l'Europe retarde
08:51l'entrée en vigueur du bilan extra-financier.
08:53Exactement.
08:54Et donc, le fond se dit,
08:54bon, c'est pas le bon time to market,
08:56comme on dit,
08:56c'est pas maintenant qu'il faut investir là-dedans.
08:58Mais si on essaye de positiver,
09:00parce que nous,
09:00c'est notre objectif ici aussi,
09:02vous vivez une tendance de fonds,
09:04malgré les difficultés,
09:05malgré etc.,
09:06ou vous dites quand même attention ?
09:09Non, non, non,
09:10ça va dans la bonne direction.
09:11Nous, on s'est lancé en 2014,
09:12donc il y a pas mal de temps.
09:14Tous ces sujets-là
09:14étaient ce qu'on appelle
09:15du nice to have en anglais,
09:17c'est-à-dire,
09:17c'est des sujets dont on s'occupera
09:18quand on aura un peu de temps
09:19des ressources
09:20et de la bande passante.
09:22Et aujourd'hui,
09:22on voit que ça remonte progressivement
09:23dans l'agenda stratégique,
09:24ça passe de nice to have
09:25à must have,
09:26en tout cas,
09:26on ne peut plus le traiter
09:27en bas de la pile
09:28ou sur le côté.
09:29Ça ne peut plus être relégué
09:30à une fondation
09:31ou une direction RSE,
09:32ça revient vraiment
09:32au centre de décision
09:34et chez les directeurs généraux,
09:36directrices générales.
09:36Il nous reste une minute trente,
09:37donc je termine avec
09:38cette maturité
09:39des entreprises à impact
09:40dont vous parliez.
09:43Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
09:44Quels sont les indicateurs
09:45à peu près de cette maturité ?
09:46Cette année,
09:47on a ajouté un critère,
09:48c'est celui de l'analyse
09:49justement de la maturité
09:51commerciale des entreprises
09:52et on constate
09:53qu'il y a 54%
09:54des startups à impact françaises
09:56qui sont vraiment
09:57à une phase
09:58de production standardisée.
09:59Donc on n'est pas du tout
10:00sur des entreprises
10:01qui sont à des stades
10:02de projets,
10:02d'innovation,
10:03mais sur des boîtes
10:03qui sont très matures.
10:04On a 18% de ces startups
10:06à impact en France
10:06qui sont à une phase
10:07d'internationalisation
10:08et donc ça,
10:09c'est hyper important
10:10et il y a besoin
10:11là maintenant
10:11de les accompagner,
10:12que la puissance publique
10:13les accompagne vraiment
10:13dans ces phases de croissance
10:14parce que c'est comme ça
10:16qu'on pourra montrer
10:16aussi un modèle
10:17à la française de l'impact.
10:19Peut-être un dernier
10:20signal faible
10:20qui m'intéresse,
10:21c'est que je constate
10:22qu'il y a de plus en plus
10:23d'entrepreneurs aguerris,
10:24ce qu'on appelle
10:24des repeat entrepreneurs
10:25qui après avoir créé
10:26une première entreprise
10:27dans la tech traditionnelle
10:28et avoir connu un succès
10:29à ce qu'on appelle un exit,
10:30lancent une deuxième boîte
10:31dans l'impact.
10:32Je pense à Aurélien Demeau
10:33qui est la tête d'Electra
10:34et qui avait fondé
10:34Cheers avant.
10:36Je pense à Marc Batli.
10:38Je prends des notes
10:38parce que je vais les inviter
10:39très vite.
10:39Marc Batli
10:40qui était chez Dataiku,
10:41un gros success story
10:43dans la data
10:44et qui maintenant lance
10:44quelque chose
10:45qui s'appelle
10:45Ferme en vie.
10:46C'est un très bon signal
10:47que des gens
10:48qui ont déjà vu,
10:48déjà fait,
10:49déjà vu le film
10:49viennent reproduire ça
10:51dans l'impact.
10:52J'en ai déjà reçu
10:53quelques-uns.
10:53Effectivement,
10:54il y a un mouvement
10:55qui est en train
10:55de s'amorcer
10:56dans ce sens-là.
10:57Merci beaucoup
10:58d'être venu
10:59sur le plateau
10:59de Smart Impact.
11:00A bientôt
11:01sur Be Smart for Change.
11:02On passe tout de suite
11:03à notre rubrique
11:03start-up justement,
11:04start-up innovation,
11:05start-up à impact,
11:06tout ça pour ça.

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