Elisabeth Lévy - "Prison de haute sécurité en Guyane : Le projet de Darmanin va dans le bon sens"

Sud Radio

19/05/2025

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h09, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Elisabeth Lévy est avec nous. Bonjour Elisabeth.

00:06Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:08Gérald Darmanin veut construire une prison de haute sécurité en Guyane.

00:11Enfin, il est prévu une cité judiciaire.

00:14À l'intérieur de cette cité judiciaire, une prison.

00:16Et à l'intérieur de la prison, un quartier de haute sécurité.

00:21Non, Elisabeth.

00:22Alors, à quoi ça sert que Lévy se décarcasse ?

00:25Oui, non mais, racontez-nous.

00:27C'est une image qu'on voit dans le JDD, parce qu'il a livré la confidence au JDD.

00:31Elle est réalisée par intelligence artificielle, bien sûr.

00:34Et elle est impressionnante.

00:36C'est une enceinte fortifiée qui entoure une quinzaine de bâtisses plantées au milieu de la jungle.

00:41On voit du verre à perte de vue.

00:43Moi, j'ai pensé, vous savez, à la forteresse du désert des Tartars.

00:48D'inobusati.

00:49Je ne sais pas si des envahisseurs arrivent.

00:51Magnifique.

00:52Mais, en tous les cas, voilà, en réalité, comme vous l'avez dit, le projet de ce projet de nouvelle prison de 500 places,

00:59dont la Guyane a d'ailleurs bien besoin avec tous ces narcotrafiquants à elle,

01:03ces orpailleurs qui sont entassés dans un seul établissement,

01:06eh bien, ce projet est dans les tuyaux depuis 2017.

01:09Et c'est évidemment pas Gérald Darmanin qui a décidé hier de construire une prison,

01:15puisque les travaux commencent d'ici la fin de l'année.

01:19La nouveauté, tout de même, il faut lui reconnaître quand même, il ne fait pas rien, je trouve,

01:25c'est ce projet de quartier de haute sécurité pour les profils les plus dangereux.

01:29Alors, d'après ce qu'il a dit au JDD, il y aurait 60 places pour les narcos et une quinzaine pour les djihadistes.

01:35Alors, les avantages sont évidents, dans les présents de droit commun,

01:39sauf à punir collectivement tous les détenus.

01:42C'est très difficile, en réalité, de tout contrôler, d'empêcher l'entrée de téléphones, de drogues, etc.

01:48Je suppose qu'il faudrait mille fois plus de personnel.

01:51Les petits et les grands caïds continuent à diriger leur trafic, à commanditer des exécutions.

01:56Vous savez, on l'avait vu à Marseille, là, avec ce jeune homme, ce gamin qui avait tué sur commande.

02:03Ils peuvent menacer et corrompre les surveillants dont les familles sont connues.

02:07Et c'est une profession vraiment sur laquelle pèse beaucoup aujourd'hui.

02:10Bref, l'éloignement, comme l'a dit le ministre, les couperait de leur réseau

02:13et minimiserait drastiquement le risque d'ébasion sanglante à la AMRA.

02:17Bref, bien sûr, Gérald Darmanin exagère un peu son rôle.

02:21Mais non, c'est pas de la com' parce que j'ai l'impression quand même que ça va voir le jour.

02:25Oui, mais est-ce que ce n'est pas fâcheux de réactiver l'imaginaire du bagne ?

02:29Bah, écoutez, c'est évidemment...

02:30Du bagne de Cayenne.

02:31C'est évidemment ce qu'expliquent les grandes consciences dans Libé, Mediapart,

02:35aussi les élus, d'ailleurs, Guyanais, qui fustigent ce projet qui serait évidemment colonialiste et raciste.

02:42Eh bien, je dois vous l'avouer, ce braillomètre progressiste

02:47me persuade que Gérald Darmanin va dans le bon sens.

02:52D'abord, la Guyane, c'est la France.

02:54Elle peut donc accueillir une prison aussi bien que la Sarthe, qui me semble-t-il accueille une prison de haute sécurité.

03:01Et la plupart des détenus, quand même, de ces 500 places, seront du cru.

03:05Deuxièmement, elle est devenue, la Guyane, une place tournante des trafics vers l'Europe.

03:10Donc il y a une logique aussi de lutter contre le narcos là-bas.

03:15Et ensuite, troisièmement, les détenus de haute sécurité seront évidemment infiniment mieux traités

03:22que les 70 000 hommes et femmes passaient par Cayenne entre 1852 et 1938,

03:28dont le capitaine Dreyfus, d'ailleurs.

03:30Bien sûr, ils auront des conditions climatiques difficiles,

03:32mais comme nos fonctionnaires, nos militaires, etc.,

03:35leur pire sanction, ce sera l'isolement.

03:37Mais tout de même, ce ne sera pas le bagne, pour vous répondre.

03:40Cependant, oui, ce projet convoque l'imaginaire du brabail,

03:44comme celui d'ailleurs de Donald Trump de rouvrir Alcatraz,

03:48eh bien, pour tout vous avouer, ça ne me dérange pas.

03:50Peut-être que c'est ce qu'il faut à des criminels endurcis et ultra-violents

03:55ou à des djihadistes qui veulent terroriser la France.

03:57Parce que c'est une criminalité nouvelle, absolument sans limite,

04:01et face à l'imaginaire des droits de l'homme, des juges compatissants,

04:04des journées karting, n'a pas donné de si bon résultat.

04:08Peut-être que privé de leur famille, ce petit monde,

04:11pourra méditer sur les familles qu'ils ont brisées.

04:15Pardon pour le changement de sujet.

04:17Bon, il paraît que c'est mauvais pour leur réinsertion.

04:19Eh bien, j'ai l'impression que le peuple français,

04:23au nom duquel la justice est rendue, s'en remettra.

04:26Qu'en pensez-vous, messieurs ?

04:28Dans ce que dit Elisabeth Lévy, il y a, j'ai noté,

04:32dont la Guyane a bien besoin.

04:34Vous avez expliqué tout à l'heure, à l'instant.

04:37C'est vrai, vous êtes allé sur l'Oyapoc.

04:39Ah ben voilà, j'en ai parlé de l'Oyapoc.

04:41C'est ce fleuve qui sépare le Brésil de la Guyane.

04:44Le Brésil de la Guyane.

04:45Vous avez 400 kilomètres.

04:46Je croyais qu'on l'appelait le Maroni, moi.

04:48Ah non, non.

04:48C'est l'Oyapoc.

04:49Quand vous avez 400 kilomètres de frontières naturelles avec ce fleuve,

04:56c'est gigantesque.

04:57Quand vous y êtes, moi j'ai eu la chance,

04:59de faire de la pirogue sur l'Oyapoc.

05:00Un reportage de naviguer sur l'Oyapoc avec les forces de gendarmerie.

05:04Vous avez, je crois, les militaires du 3ème régiment étranger d'infanterie,

05:08les légionnaires qui s'associent aux gendarmes

05:10pour tenter de surveiller cette frontière gigantesque

05:14qui est une passoire, un gruyère.

05:15Nos forces militaires font ce qu'elles peuvent.

05:18Et là, il y a une réalité locale que soulignent les élus,

05:21quel que soit leur bord de Guyane.

05:24C'est une réalité.

05:25Il faut les aider, il faut tenter d'endiguer ce flux de trafic.

05:30Vous avez à la fois le trafic de drogue et les orpailleurs.

05:32Et donc, on peut s'échapper.

05:35Non, ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a déjà la nécessité,

05:37et c'était le projet initial, d'une prison.

05:40Oui, et puis vous avez le sujet, le sujet, Darmanin,

05:43qui veut y ajouter, y additionner peut-être un quartier de sécurité

05:46avec l'idée selon laquelle peut-être l'éloignement géographique,

05:50c'est vrai qu'envoyer des gens de l'autre côté de la planète,

05:53peut-être ça va les éloigner de leur tête de réseau.

05:55Nous verrons bien.

05:56Il y avait quand même la difficulté aussi d'empêcher les têtes de réseau en question,

06:00si vous les déplacez loin de la métropole,

06:04de voir si d'aventure ils seront coupés du réseau avec des téléphones ou pas.

06:07Eric ?

06:08C'est vrai que vous parliez du film tout à l'heure,

06:11moi c'est un petit parfum culturel quand même.

06:13Papillon !

06:14Non, oui, papillon, mais surtout Albert Londres, l'homme qui s'ébada du bagne,

06:19vous savez, c'est lui qui révèle la cause du bagne.

06:21Moi où je suis un peu dubitatif quand même, même si je trouve l'idée,

06:24oui, je suis d'accord avec Elisabeth,

06:26c'est que pour reparler de l'Oiopoque, c'est une frontière en fait qui n'est pas du tout contrôlée.

06:29Jean-François a été sur l'Oiopoque, j'ai été sur l'Oiopoque

06:33et en fait vous allez au Brésil avec la pirogue.

06:36Oui, vous traversez.

06:37Vous traversez, vous prenez une pirogue, vous allez de Guyane au Brésil,

06:41vous faites une photo devant un drapeau brésilien, puis vous revenez.

06:43Ce que je veux dire, c'est que...

06:44Moi je veux aussi aller sur l'Oiopoque !

06:46Non mais ce que je veux dire, c'est que...

06:49Est-ce que ça va apporter une solution, par exemple,

06:54au problème migratoire entre le Brésil et...

06:56Pas du tout ! Pas du tout !

06:58C'est-à-dire qu'en réalité...

06:59Et puis c'est pas à tout faire, cette région...

07:00Non, non, mais ce que je veux dire, c'est qu'au-delà de l'image de restaurer le bagne,

07:05qui moi ne me choque pas plus que ça...

07:07Oui, mais surtout...

07:07Non mais attendez, c'est le vrai sujet de cette région-là,

07:10Jean-François a raison, c'est la porosité de cette frontière entre les deux pays.

07:14Et là ça, vous faites l'aller-retour comme vous voulez, hein !

07:16Bon !

07:16Messieurs-dames !

07:18Non, je suis obligé Isabelle de vous parler parce qu'il est 8h22.

07:21Je vous en prie !

07:21Il est 8h22 déjà, ça passe vite !

07:24A tout de suite !

07:26Je vous en prie !

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