00:00Le château de Versailles qui s'apprête à accueillir l'événement Choose France en anglais.
00:05Ça veut dire « Choisissez la France », événement international de prestige instauré par Emmanuel Macron qui a lieu tous les ans.
00:11On accueille des patrons de très grands groupes étrangers pour qu'ils viennent investir en France.
00:17Cette année, on devrait battre un record. C'est ce qu'a dit le président de la République qui annonce plus de 20 milliards d'euros d'investissement.
00:24Est-ce que ce sommet, c'est de la communication ou est-ce qu'au contraire, c'est un atout majeur ?
00:28On en parle avec notre invité, François-Xavier Carayon. Bonjour.
00:32Bonjour, merci de recevoir.
00:33Bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes avocat et consultant en stratégie.
00:38Première question, 20 milliards d'euros d'investissement annoncés au terme de ce sommet par Emmanuel Macron.
00:45C'est des investissements qui se présentent concrètement. Comment, normalement ?
00:50Oui, quand on entend cette somme de 20 milliards d'euros, on peut naturellement se réjouir.
00:54Mais en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est une sélection d'investissements.
00:59Il y a de très nombreux investissements en France chaque année.
01:02Certains ont pour but de racheter, par exemple, des entreprises françaises.
01:05Ceux-là, naturellement, ne sont pas présentés à Toulouse-France puisqu'ils font plutôt le lit de notre désindustrialisation.
01:10Là, on a choisi, évidemment, de se concentrer sur les investissements qui pouvaient nous profiter,
01:14ceux qui vont nourrir des projets de développement dans nos entreprises.
01:18Donc ça, c'est des ouvertures d'usines, c'est des extensions d'usines, par exemple ?
01:21Alors oui et non. Il se trouve qu'en France, les investissements sont principalement dans la recherche et le développement.
01:29Si on compare l'impact en matière de création d'emplois entre les investissements étrangers en France
01:34et les investissements étrangers en Espagne, par exemple,
01:36les investissements étrangers en France créent quatre fois moins d'emplois.
01:39Donc on a des investisseurs étrangers qui se disent,
01:42« Tiens, je vais pouvoir monter un labo, un centre de R&D en France,
01:46utiliser d'une certaine façon la matière grise de nos ingénieurs et de nos managers. »
01:52Mais pas donner du travail à nos ouvriers, si je vous comprends bien, c'est ça ?
01:56Exactement, exactement.
01:58Alors, le bon signe, malgré tout, derrière tout ça,
02:00c'est que si ces investissements sont manifestement davantage tournés vers l'innovation,
02:05la recherche et le développement,
02:06c'est qu'on a un haut niveau, j'imagine, de compétences et de formation en France.
02:12Oui, tout à fait.
02:13Et à ce titre, quand on parle de Choose France,
02:16on a à la fois envie de se réjouir et de sourire.
02:19C'est-à-dire qu'on se dit, dans ce genre d'événement,
02:23le président Emmanuel Macron a tout l'air un peu d'un VRP.
02:25Il fait la promotion comme ça, de façon très marketing de nos talents.
02:30C'est l'office de tourisme, en quelque sorte.
02:33C'est l'office de tourisme.
02:34Alors, si on veut être optimiste, si on veut être positif,
02:36on se dit, c'est bien, parce que ça permet de montrer que la France est très active
02:40dans un certain nombre de marchés technologiques, en intelligence artificielle, etc.
02:43Donc, on peut se moquer, mais en même temps, ça a une forme d'efficacité,
02:47mais ça ne résout pas le problème fondamental qu'on mentionnait tout à l'heure,
02:50c'est-à-dire comment on nourrit l'économie réelle, la production, la réindustrialisation.
02:53Et là-dessus, les mesures ou les annonces, du moins, plutôt, sont assez décelantes.
02:58On n'arrive pas à rouvrir d'usines.
03:00Alors, question importante, malgré tout, parce que je le disais en ouverture de cette interview,
03:05est-ce que ce sommet, c'est de la com' ou est-ce qu'au contraire, c'est un atout majeur ?