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  • 15/05/2025
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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-05-15##

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News
Transcription
00:00...
00:02Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
00:04...
00:05Nous sommes en guerre.
00:06Mais il y avait des vaccins.
00:07Ah, je vais être obligé, là.
00:09On va parler d'Ursula von der Leyen,
00:10épinglée par la justice européenne.
00:12Quand l'Europe a acheté 1,8 milliard de vaccins.
00:16Et nous allons redoubler les efforts.
00:18Vous êtes vaccinés, vous ne risquez plus rien.
00:19Pourquoi elle en a acheté autant ?
00:2110 doses par personne.
00:23Je suis vacciné contre tout.
00:24On ne pourra battre la pandémie
00:25que si nous la battons partout, ça c'est sûr.
00:28Elle a menti, il faut qu'elle l'assume.
00:30Nous sommes en guerre.
00:31Nous sommes en guerre, oui.
00:33C'est le cri d'Emmanuel Macron.
00:36C'était il y a cinq ans, le Covid.
00:38Mais nous sommes en guerre, effectivement.
00:40Et nous sommes dans énormément de guerres.
00:43À bas bruit, à bruit fort,
00:47du sang, de la sueur et des larmes.
00:48Mais pas seulement.
00:50Et puis on va aborder,
00:51et d'ailleurs l'Assemblée nationale
00:53est en train de l'aborder,
00:54un problème très important, fondamental.
00:57Choisir sa vie, choisir sa mort,
00:59l'égalisation de l'euthanasie,
01:01soins palliatifs, où en est-on ?
01:03C'est un problème qui nous concerne tous, absolument,
01:06quel que soit notre âge, nos origines, etc.
01:09C'est très important d'en parler.
01:10On en parle avec le professeur Philippe Juvin,
01:12qui est à la fois député, donc législateur,
01:15et qui est surtout depuis 20 ans
01:16chef des urgences de l'hôpital Pompidou.
01:18Donc on va parler de tout cela et dire,
01:21au fond, est-ce qu'il y a une voix claire
01:24dans cette espèce de flou artistique
01:26qui entoure encore ces projets de loi ?
01:29Et puis, on va parler,
01:30et bien écoutez, ça y est, c'est fait,
01:33la justice européenne demande
01:38à la Commission européenne
01:40de donner le contenu des SMS
01:43échangés entre Albert Bourla,
01:45le PDG de Pfizer, et Ursula von der Leyen,
01:48présidente de la Commission européenne.
01:50Cela fait 4 ans
01:51qu'un certain nombre de gens
01:54combattent là-dessus,
01:56par le New York Times,
01:57par lobbyistes interposés.
01:58Et en tout cas, la question est posée.
02:01On va en parler avec Virginie Geron,
02:03qui est députée européenne,
02:05et où on en est.
02:06Puis voilà.
02:07Et puis, on va parler du festival de Cannes et autres.
02:10Et puis, en seconde partie,
02:11on va recevoir un écrivain
02:13qu'on aime beaucoup,
02:13et je suis sûr que vous aimez beaucoup,
02:15Alexandre...
02:16Jean-Christophe Ruffin, pardon.
02:18Pourquoi j'ai dit Alexandre ?
02:19Parce qu'il vient d'écrire un livre remarquable,
02:21très drôle,
02:22qui s'appelle
02:23« Un été avec Alexandre Dumas ».
02:25Et il raconte cette vie incroyable
02:28de l'auteur, évidemment,
02:29mythique, cultissime,
02:31des Trois Mousquetaires,
02:32du Comte de Monte-Cristo et autres.
02:34À tout de suite.
02:35Ici Sud Radio.
02:40Les Français parlent au français.
02:44Je n'aime pas la blanquette de veau.
02:46Je n'aime pas la blanquette de veau.
02:49Sud Radio-Bercov dans tous ses états.
02:52Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face.
02:57Mais la mort, comment la traite-t-on ?
02:59Choisir sa vie, choisir sa mort ?
03:03Actuellement, un débat occupe l'Assemblée nationale
03:06et bientôt le Sénat.
03:07Mais en fait, il nous occupe tous.
03:09On en parle tout de suite.
03:11Sud Radio-Bercov dans tous ses états.
03:14Le fait du jour.
03:15Alors ainsi soit-il,
03:18puisque j'ai fait mon choix.
03:21Qui m'aimes-tu ?
03:25Qui m'aimes-tu ?
03:28Très, très, très jolie chanson de Michel Sardou.
03:31Qui m'aimes-tu ?
03:33Eh bien, justement, est-ce qu'il s'agit d'amour
03:36dans cette histoire de mort ?
03:38Actuellement, deux textes de loi sont éduqués
03:41par les députés depuis lundi à l'Assemblée nationale.
03:43Deux propositions de loi sur la fin de vie.
03:45On en a parlé, l'une prévoit la création
03:47d'un droit opposable aux soins paléatifs.
03:49L'autre vise à instaurer un droit de l'aide à mourir.
03:52On sait qu'un certain nombre de pays
03:53ont déjà franchi le mont.
03:55On appelle ça le thalassie.
03:56Mais justement, vous allez découvrir
03:58que c'est plus compliqué que ça.
03:59Et nous sommes heureux d'accueillir Philippe Juvin.
04:02Bonjour Philippe Juvin.
04:03Bonjour.
04:03Vous êtes à la fois député à l'ère de Courbevoix,
04:06mais vous êtes, je ne dirais pas surtout,
04:08mais en tout cas depuis plus longtemps,
04:10chef des urgences de l'hôpital à l'hôpital Pompidou.
04:13Alors justement, vous êtes évidemment partie prenante
04:16dans ce débat qui a lieu en ce moment à l'Assemblée nationale.
04:19Et une chose m'avait dit avant qu'on commence l'émission,
04:22dans ce projet de loi sur...
04:26qui vise à instaurer un droit à l'aide à mourir.
04:29Vous dites que le mot euthanasie n'existe pas.
04:32Non, c'est un des problèmes de la loi,
04:33c'est qu'il ne dit pas les choses.
04:35Le mot euthanasie n'est pas dans le texte.
04:36Et le mot suicide assisté n'est pas dans le texte.
04:38Alors qu'en réalité, on ne parle que de ça.
04:41Et il est même prévu d'ailleurs
04:42qu'une fois qu'on vous aura administré,
04:44appelons-la comme ça l'euthanasie,
04:46sur le certificat de décès,
04:47il faudra cocher la case mort naturelle.
04:50Et pas autre chose.
04:50Et pas autre chose.
04:52Si vous voulez, moi je pense qu'au-delà de l'aspect technique,
04:55on va parler de la loi,
04:56il y a deux sujets de questions de principe qui se posent.
04:59La première, c'est en France,
05:00un Français sur deux qui a besoin de soins palliatifs
05:03n'y a pas accès parce qu'il n'y a pas de place.
05:05Et donc, quelle société voulons-nous construire ?
05:07Est-ce que nous voulons construire une société du soin
05:10avec des soins palliatifs ?
05:11Ou une société où la compassion se résumerait
05:14à l'administration d'une substance létale
05:16au nom de critères fixés par la loi
05:18qui d'ailleurs évolueront
05:20puisque déjà certains veulent faire évoluer.
05:22Et puis il y a peut-être un deuxième principe qu'il faut se poser
05:25qui est, est-ce que l'État peut être mêlé
05:29d'une manière ou d'une autre à la mort d'un tiers,
05:31y compris par la simple autorisation d'un dispositif ?
05:33Moi je ne le crois pas.
05:34Pourquoi ?
05:35Parce que donner la mort, c'est un principe absolu.
05:38Et comme vous le savez, si on commence à donner des exceptions,
05:41à accepter des exceptions, un principe absolu,
05:43il faut s'attendre à ce que dans l'avenir,
05:45d'autres trouvent d'autres exceptions.
05:47– Oui, vous dites en fait qu'à partir du moment où l'égifère là-dessus,
05:51enfin en disant, voilà, écoutez, qui a envie de mourir,
05:55eh bien, il peut être aidé, il doit être aidé,
05:59en tout cas si la loi passe, si ce projet de loi passe.
06:03Au fond, vous vous dites,
06:04et vous avez écrit une tribune un jour le dimanche là-dessus,
06:09vous dites oui, mais où s'arrête, enfin, où on met le curseur, c'est ça ?
06:13– Absolument, alors il faut regarder les choses.
06:18Dans tous les pays où on a légalisé l'euthanasie,
06:20il y a d'abord eu des critères très stricts,
06:22puis qui se sont ensuite amoindris.
06:24Ainsi, dans certains pays, les handicapés, les déficients mentaux,
06:28les mineurs se voient ouvrir le droit.
06:31Je crois, d'abord il faut que les gens sachent ce qui se passe aujourd'hui.
06:34Qu'est-ce qui se passe ?
06:35D'abord, si vous êtes en fin de vie,
06:37que vous avez des souffrances importantes,
06:40les médecins ont le droit de vous endormir.
06:42Alors, on ne vous tue pas, mais on vous endort.
06:45– Mais vous ne vous réveillez pas, soyons clairs.
06:46– Ça s'appelle une anesthésie générale, en fait.
06:48– C'est la sédation profonde, c'est ça ?
06:50– Et continue, c'est ce qu'on appelle la loi Léonetti,
06:52que nous pratiquons évidemment dans les unités de soins palliatifs,
06:55mais aussi dans tous les autres services.
06:57Moi, je suis responsable d'un service d'urgence,
06:58ils nous arrivent de faire des sédations profondes.
07:00Donc, moi, je suis comme tout le monde,
07:02je ne veux pas souffrir au moment de ma mort.
07:04Et donc, ça, aujourd'hui, nous essayons de l'assurer aux Français,
07:09et nous le faisons au maximum.
07:11Le problème de cette loi, contrairement à ce que les gens pensent,
07:15ce n'est pas une loi sur la fin de vie.
07:16C'est-à-dire que les critères sont ainsi définis
07:19que potentiellement des gens qui ont plusieurs années à vivre
07:22vont pouvoir demander à être suicidés ou anesthésiés.
07:26– Mais Philippe Juvin, quand même, une question se pose,
07:29si je suis dans des souffrances terribles,
07:31et vous savez, il y a des gens dans des souffrances terribles,
07:33si je suis réduit à l'état de légume, ou presque,
07:35si je suis paralysé, que je me dis que c'est sans rémission.
07:38Et si je me dis, écoutez, je n'ai pas envie de continuer comme ça,
07:40et vous savez mieux que moi, vous avez cité des cas,
07:44écoutez, est-ce que ces gens n'ont pas le droit et la liberté de dire,
07:48écoutez, moi, je veux en finir.
07:49Ce n'est pas un suicide, j'ai trop de souffrances,
07:53c'est trop dur, et voilà, je préfère arrêter.
07:55– Alors, il y a deux choses.
07:56D'abord, dans tout un tas de situations,
07:59la loi vous permet d'être endormi,
08:02et donc de ne plus souffrir, par définition, puisque vous dormez.
08:04La loi le permet, vous voyez, par exemple,
08:07quelqu'un qui aurait une maladie et qui le paralyse complètement,
08:10et qui n'arrive plus à respirer, sauf avec une machine,
08:12eh bien, on arrête la machine, s'il le souhaite, et on l'endort.
08:15Donc, il y a déjà beaucoup de cas qui sont réglés.
08:19Je vais vous donner un exemple.
08:20Quand les gens arrivent en soins palliatifs, le premier jour,
08:23quand ils mettent le pied dans l'unité de soins palliatifs,
08:253% demandent à mourir.
08:27Au bout de 7 jours, il n'y a plus que 0,3% des gens qui demandent à mourir.
08:32Qu'est-ce qui s'est passé en 7 jours ?
08:33Eh bien, en 7 jours, en fait, on leur a apporté des réponses
08:36à leur demande à eux ou aux demandes de l'entourage.
08:38C'est vrai, mais s'ils ne sont que 3%, ça veut dire qu'ils ont eu de l'espoir.
08:4170, 80, 97% viennent aux soins palliatifs avec espoir.
08:47Mais ceux qui l'ont pas, ils ont eu de l'espoir.
08:48Mais justement, mon chiffre est le suivant.
08:51Il y a 3% qui disent, moi, je veux mourir,
08:53et 7 jours plus tard, ils sont plus que 0,3%.
08:56Pourquoi ? Parce qu'on a apporté des réponses.
08:57En fait, l'expérience que j'ai, elle est ce qu'elle est.
09:01Non, mais elle est ce qu'elle est.
09:03C'est de vous dire que quand on sait répondre aux souffrances des gens,
09:06à leurs problèmes, et qui n'est pas d'ailleurs qu'une souffrance physique
09:08telle qu'on le croit, la solitude, les problèmes d'argent,
09:12eh bien, quand vous répondez...
09:13Le psycho-jugement, le désespoir.
09:15Bien sûr, la désir de mort et effluctuant.
09:18Quand vous répondez aux demandes,
09:20eh bien, la plupart des demandes d'euthanasie s'arrêtent.
09:22Et ce que nous reprochons à la loi, c'est que c'est très expéditif.
09:26Dans l'Oregon, qui est un état en Amérique du Nord,
09:29quand vous demandez le suicide assisté, les critères sont différents,
09:31mais enfin, peu importe, il faut bien comparer ce qui existe.
09:34Vous avez des obligations jusqu'à 90 jours de réflexion.
09:37Tout à fait. J'ai un cas personnel, je ne vais pas l'exposer ici,
09:40je vous en avais parlé, où effectivement, on a demandé à la personne,
09:43ma tante en l'occurrence, 3 mois et un peu plus de réflexion.
09:48Absolument. Et là, dans l'article 6, je vous lis l'article 6,
09:52je ne reviens pas.
09:52Du projet de loi, là.
09:53Du projet de loi. Après un délai de réflexion d'au moins 2 jours.
09:582 jours. La personne confirme au médecin qu'elle demande l'administration.
10:02Donc, on est sur une procédure très expéditive.
10:05Par exemple, ces 2 jours, ça ne prend pas en compte une notion
10:08que nous connaissons tous, et particulièrement les psychiatres, d'ailleurs.
10:11C'est que le désir de mort est fluctuant.
10:14Pourquoi ? Parce qu'il est souvent multifactoriel.
10:16Encore une fois, moi, je suis contre l'acharnement thérapeutique.
10:19J'aurais été favorable, et je l'ai dit à la tribune de l'Assemblée,
10:22à une loi qui permette, au fin du fin, quand on est au bout du bout,
10:27qu'on a mal, et qu'on n'entre pas encore dans les critères de la loi Leonetti
10:32de pouvoir vous endormir, éventuellement qu'on ait accepté une exception d'euthanasie.
10:37Mais que ce ne soit pas un système quasiment systémique
10:42qui est mis en place, avec des gens, et je le répète,
10:44M. Bercov, il faut bien l'entendre, c'est une loi,
10:47les critères sont ainsi rédigés, c'est voulu ou pas, mais en tout cas, c'est ça,
10:51les critères sont ainsi rédigés que, potentiellement,
10:54des gens qui ont plusieurs années à vivre peuvent être bénéficiés de cette loi.
10:59Vous savez, moi, je suis un homme simple, je lis les lois, je lis le texte,
11:03donc je n'invente pas ce qu'il y a dedans, et je le lis.
11:06– Non, mais là, on va être un peu philosophique, et vous l'êtes aussi, Philippe Juin, c'est vrai.
11:12Vous avez dit, là, la loi dit que les gens qui ont quelques années à vivre
11:17pourraient demander, effectivement, que cette vie soit atténuée.
11:20– Elle ne le dit pas comme ça, mais les critères sont ainsi faits
11:22que ça couvre des gens qui ont plusieurs années à vivre.
11:24– Je comprends, mais si, encore une fois, c'est vrai que c'est un problème philosophique
11:27qui n'est pas simple, et c'est le moins qu'on puisse dire,
11:30mais s'ils estiment que ces années à vivre, le prix est trop cher pour payer,
11:35voilà, qu'est-ce qu'on fait ?
11:36– Ah non, mais je vais vous dire que Romain Garry, Monterland, en fait, moi je n'ai pas…
11:41– Et Ernest Hemingway, mais même en prenant le but du PQ.
11:43– Je n'ai pas de problème avec le suicide, je ne reproche pas aux gens de se suicider,
11:45ils ont le droit de se suicider.
11:46Ce que je vous dis, simplement, c'est que si c'est l'État qui organise les choses…
11:50– En fait, ils ne font pas le droit au suicide, quelque part.
11:53– Si, il faut un droit au suicide, mais ce n'est pas à l'État de l'organiser.
11:56Une de mes craintes, c'est que d'abord, des gens vont demander le suicide assisté
12:00par défaut d'accès aux soins palliatifs,
12:02comme une personne sur deux n'a pas accès aux soins palliatifs, le risque…
12:05– La cause de quoi, c'est intéressant ?
12:06– Parce qu'on n'a pas le personnel, on n'a pas les gens formés, vous voyez,
12:10il y a des gens, une de mes craintes, c'est que ça soit une loi faite essentiellement
12:15par des gens riches qui ont très peur de la déchéance, et qui s'applique aux pauvres.
12:19Pourquoi ? Vous savez, quand vous êtes grabataire dans votre lit,
12:22que vous baignez toute la journée dans votre soeur,
12:25parfois, pardon d'être un peu cru dans votre urine et votre merde…
12:28– Oui, dans vos déjections.
12:29– Je suis un peu cru, mais c'est comme ça qu'on parle en médecine, en fait.
12:32Quand il y a une infirmière, 24-24, avec vous, parce que vous avez les moyens
12:36pour vous laver, vous nettoyer, une aide-soignante,
12:39c'est plus facile qu'il faut attendre que l'infirmière qui passe une fois par jour.
12:43Et donc, c'est vrai, M. Bercoff, la fin de vie est plus douloureuse et pénible
12:47quand on est pauvre que quand on est riche, que quand on est seul,
12:51que quand on est entouré.
12:52Et ma crainte, c'est que cette loi, ça soit une loi faite,
12:55imaginée par des gens riches et avec un tissu social qui ont peur de la déchéance,
13:00et je le comprends, moi aussi j'ai peur de la déchéance,
13:03mais qui s'appliquera d'abord à des gens pauvres et isolés.
13:05– Et aussi, il faut le dire plus cyniquement, hélas, pour certains,
13:09on va faire des économies, la fin de vie, on sait très bien que ça coûte très cher
13:12à la Sécurité Sociale et aux assurances.
13:15Est-ce qu'il pourrait y avoir, malheureusement,
13:17quelques réflexes un peu cyniques et féministes ?
13:21– D'abord, moi je ne suspecte personne et vraiment pas les ministres qui portent la loi
13:26ou le rapporteur Falorni, ils ne le font pas pour ça, j'en suis persuadé,
13:30je veux vraiment que les choses soient dites, il n'y a pas de procès d'intention.
13:32Ce qui est certain, c'est qu'au Canada, l'année dernière, ou il y a deux ans,
13:36le calcul a été fait, le système canadien a économisé de l'ordre de 80 millions de dollars.
13:40Pourquoi ?
13:41Tout simplement parce que ça coûte beaucoup plus cher de maintenir des gens avec des aides,
13:46etc. La fin de vie coûte cher au système de santé.
13:48Mais, encore une fois, je crois que personne, aujourd'hui, n'imagine faire une loi pour ça.
13:55En revanche, il y a la question des familles.
13:58Moi, une de mes craintes aussi, c'est qu'il y ait des abus de faiblesse.
14:02Et vous savez, il y a des héritages qui sont longs à venir,
14:06vous savez, il y a des familles qui ne sont pas aimantes.
14:10Tous les jours, il y a deux procès de condamnation en France pour abus de faiblesse,
14:15en particulier vis-à-vis de personnes non récupérées.
14:17Tous les jours.
14:18Deux en moyenne, je crois que c'est 600 ou 700 par jour,
14:21ou 800 par an, quelque chose comme ça.
14:23Donc c'est très important, ça existe.
14:25Et à partir du moment où vous ouvrez une possibilité,
14:28qui n'a jamais entendu quelqu'un vous dire
14:31« Oh mais, qu'est-ce que je fais sur Terre ? Je vous coûte bien cher.
14:35Je vous cause bien des ennuis », me disait ma grand-mère.
14:38Eh bien, ça tombe bien.
14:39Là, il y aura une loi qui fait que ma grand-mère,
14:42elle peut décider qu'elle ne pose plus d'ennuis.
14:46En fait, l'abus de faiblesse, la pression sur les plus vulnérables,
14:50dans l'Oregon, quand vous demandez aux gens
14:53qu'est-ce qui les motive, il y a évidemment la douleur,
14:56mais pour 40% d'entre eux, ils citent le sentiment d'être un poids pour l'entourage.
15:01Et donc, vous aurez forcément dans le lot des gens
15:05qui iront parce que c'est plus difficile ?
15:07Alors, c'est tout le problème.
15:09On va en parler juste après.
15:10On va continuer à en parler avec Philippe Juvin
15:13après cette petite pause.
15:14Est-ce qu'il ne faudrait pas peut-être ajouter un certain nombre de choses ?
15:18Parce qu'encore une fois, la question de la liberté se pose.
15:21Mais vous avez raison, si la liberté est surveillée et contrainte,
15:24ce n'est plus une liberté.
15:26On en parle avec Philippe Juvin.
15:28Restez avec nous après cette petite pause.
15:37Euthanasie, soins palliatifs, choisir sa vie, choisir sa mort,
15:40on en parle depuis, et c'est passionnant,
15:42depuis le début de l'émission avec Philippe Juvin,
15:44qui, je le rappelle, est débuté à l'ère de Courbeauvoie
15:46et chef des urgences à l'hôpital Pompidou.
15:49Alors Philippe Juvin, est-ce qu'il n'y aurait pas,
15:51effectivement, parce que le problème qui est posé,
15:54c'est une loi qui est valable pour tout le monde.
15:57Est-ce que dans ce cas-là, ça veut dire quelque chose ?
15:59Et deuxièmement, qu'est-ce qu'on peut faire ?
16:01Est-ce qu'on arrête là où il y a des choses quand même à améliorer
16:04ou à préciser dans ce qu'il y a de traitement ?
16:07Et surtout, j'allais dire, est-ce que l'une des priorités
16:11n'est pas d'augmenter ?
16:12Alors vous allez me dire, où est-ce qu'on va trouver l'argent
16:14pour les unités de soins palliatifs ?
16:16Vous dites qu'un Français sur deux ne peut pas en bénéficier.
16:19D'abord, oui, vous avez raison, la priorité,
16:21c'est que d'abord, il faut qu'on se donne les moyens
16:23pour pouvoir soigner les gens.
16:25Et d'ailleurs, pas seulement les soins palliatifs,
16:27parce que quand vous êtes chez vous et qu'il y a quelqu'un
16:30qui vient vous laver deux fois par jour,
16:33c'est mieux qu'une fois par jour et ce n'est pas du soin palliatif.
16:35Donc il y a tout cet accompagnement.
16:37Et ma crainte, je le répète, c'est qu'il y a des gens
16:39qui choisissent le suicide assisté ou l'euthanasie
16:41par défaut d'accès aux soins.
16:43Deuxième point, vous me dites, vous me posez la question,
16:45au fond, quelle aurait été la bonne loi
16:48à part augmenter l'intensité des soins qui est fondamentale ?
16:52D'abord, je vous répète, la plupart des cas aujourd'hui sont couverts.
16:55On a le droit de vous endormir pour que vous ne souffriez pas.
16:58C'est vrai que j'aurais aimé,
17:01parce qu'on aurait légalisé une exception d'euthanasie.
17:06Disons-le comme ça, c'est le mot qu'avait utilisé
17:08le Conseil d'éthique il y a une dizaine d'années.
17:10Une exception d'euthanasie.
17:12C'est-à-dire des cas exceptionnels, c'est ça ?
17:14Des cas exceptionnels, à la fin du faim,
17:16quand le patient n'en peut plus, que le médecin voit que c'est fini.
17:18Voilà, pourquoi pas ?
17:20Mais vous voyez, le problème de la loi,
17:22c'est que du coup, elle englobe tout,
17:24elle est générale,
17:26et on le voit à la lecture du texte qui est là,
17:28c'est que du coup, ça va couvrir des tas de gens
17:30qui ont potentiellement des années à vivre.
17:32Et vous me dites alors,
17:34autre question, avec la loi actuelle,
17:36qu'est-ce qu'il faudrait faire pour l'amender ?
17:38Outre ce que je viens de vous dire.
17:40Moi, par exemple, j'aurais fait quelques propositions.
17:42J'avais dit qu'il faudrait une obligation de voir un psychiatre.
17:44Des délais plus longs.
17:46J'aurais souhaité exclure de principe
17:50certaines catégories de gens.
17:52Par exemple, un déficient mental.
17:54C'est-à-dire que son consentement
17:56est libré et éclairé.
17:58Quelqu'un qui est sous tutelle,
18:00qui n'a pas le droit de signer un chèque,
18:02la loi prévoit qu'il a le droit de demander l'euthanasie.
18:04Donc vous n'avez pas le droit de signer un chèque,
18:06mais vous pouvez demander l'euthanasie,
18:08convenez qu'il y ait une difficulté intellectuelle.
18:10Et globalement, toutes les maladies psychiatriques.
18:12Et là, je me fais le relais
18:14de mes confrères et mes collègues psychiatres
18:16qui sont très inquiets parce que face aux demandes de suicide,
18:18qui est notre quotidien, et qui est le quotidien des psychiatres...
18:20C'est un quotidien.
18:22C'est vraiment un quotidien.
18:24Quelle est la proportion des demandes de suicide ?
18:26Dans un service d'urgence lambda,
18:28vous avez tous les jours des gens
18:30qui viennent soit parce qu'ils veulent se suicider,
18:32soit parce qu'ils ont essayé de se suicider.
18:34C'est tous les jours,
18:36dans tous les services.
18:38Et face à ce risque, que font les psychiatres ?
18:40Ils développent des dispositifs
18:42destinés à améliorer la santé mentale.
18:44Le risque,
18:46c'est qu'avec cette proposition,
18:48on va troubler les repères.
18:50On va troubler les repères.
18:52On explique qu'il faut prévenir le suicide,
18:54mais on va potentiellement l'organiser.
18:56Mais on ouvre une porte.
18:58J'aurais aimé par exemple qu'on exclue toutes les maladies mentales.
19:00Les schizophrènes, les dépressifs.
19:02Est-ce que vous croyez
19:04que vous êtes libre quand vous êtes en dépression ?
19:06Les psychiatres savent que non.
19:08Donc la décision de mort que vous prenez,
19:10et qui n'est pas exclue,
19:12le syndrome dépressif,
19:14n'est pas exclu.
19:16Ce qui est exclu, c'est quand la personne n'est pas libre
19:18et éclairée.
19:20Mais dans les discussions parlementaires,
19:22je vois très bien mes collègues qui considèrent que
19:24certains patients en dépression,
19:26certains schizophrènes, certains bipolaires,
19:28peuvent donner un consentement libre et éclairé.
19:30Moi, je pense que non.
19:32Je pense que quand on souffre d'une maladie psychiatrique,
19:34par définition,
19:36son consentement, en tout cas pour demander la mort,
19:38n'est pas libre et éclairé.
19:40Il faut exclure ces gens-là.
19:42Est-ce que le projet de loi de ceux qui
19:44défendent le thalassie,
19:46ne nomme pas, est-ce qu'il prévoit
19:48l'abus de faiblesse,
19:50voir ce qui peut se passer en cas d'abus de faiblesse ?
19:52Bien sûr que non. C'est un de nos combats.
19:54Ce n'est pas prévu, ça ?
19:56Ce n'est pas prévu.
19:58Ce qui est prévu, c'est qu'il y a
20:00un médecin qui va vous examiner,
20:02qui va étudier votre dossier,
20:04qui va prendre des avis,
20:06sans d'ailleurs que les gens qui donnent votre avis
20:08vous voient. Vous pourrez physiquement
20:10ne voir qu'un seul médecin.
20:12D'accord. Un seul.
20:14Vous pourrez peut-être en voir un deuxième
20:16si le deuxième veut vous voir.
20:18Mais s'il dit que le dossier suffit,
20:20vous n'aurez rencontré en tout et pour tout qu'une personne.
20:22C'est un sujet, ça.
20:24Et c'est à ce médecin-là de s'assurer
20:26qu'il n'y a pas d'abus de faiblesse.
20:28Mais quand vous êtes tout seul, quels sont les moyens
20:30de s'assurer que vous n'avez pas d'abus de faiblesse ?
20:32Est-ce que le médecin ne doit pas voir
20:34les proches, les gens ?
20:36Est-ce qu'il y a eu une enquête ?
20:38Non, le médecin
20:40recueille l'avis
20:42d'un second médecin qui n'est pas obligé de vous voir,
20:44d'un auxiliaire médical,
20:46d'un infirmier qui vous soigne éventuellement,
20:48qui n'est pas obligé de vous voir,
20:50et il peut demander aussi
20:52à un psychologue, à un psychiatre, sans que ceux-ci
20:54soient obligés de vous voir. Donc il faut bien comprendre
20:56que la procédure est ainsi faite
20:58qu'à la fin du fin, il y a des gens qui bénéficieront
21:00de l'euthanasie, mais qui n'auront rencontré
21:02que leur médecin.
21:04L'abus de faiblesse, c'est très important.
21:06Si nous étions frères tous les deux, nous sommes de la même famille,
21:08vous avez le droit, ou j'ai le droit
21:10de vous donner un rein si vous souffrez ou si je souffre
21:12d'insuffisance rénale. Ça s'appelle le don d'organe
21:14intrafamilial. Pour s'assurer
21:16que vous êtes d'accord et que je suis d'accord,
21:18que prévoit la loi ? Prévoit qu'un juge,
21:20un magistrat, soit saisi en urgence
21:22et dise oui, monsieur Bercoff,
21:24il a le droit de donner son rein à monsieur Juvin parce qu'il est d'accord.
21:26Tous les deux sont d'accord.
21:28Moi, je souhaitais qu'un juge
21:30puisse dire, bah oui, la procédure
21:32a été respectée. Et là, il n'y a pas
21:34de juge dans le circuit.
21:36Même pour quelqu'un qui est sous tutelle.
21:38Il n'y a aucun juge
21:40qui rentre dans le circuit. Il n'y a pas d'enquête
21:42sur la famille, les proches, etc.
21:44Pour vous mettre sous tutelle,
21:46il faut un juge. Et c'est normal.
21:48Eh bien, le même qui est sous tutelle,
21:50qui va bénéficier d'euthanasie,
21:52ne verra pas de juge. Vous trouvez ça normal ?
21:54Non, en fait, ma crainte, si vous voulez,
21:56c'est qu'on prétend
21:58qu'il y a des critères, mais ces critères ne sont pas stricts.
22:00C'est ça, notre inquiétude.
22:02Et c'est que du coup, ça soit ouvert
22:04à bientôt d'autres gens. Et des abus
22:06de faiblesse. Et comme disait l'autre, quand il y a du flou,
22:08il y a un loup. Absolument. Et là, on parle
22:10de mort. Alors, il y a une commission de contrôle
22:12qui va contrôler, mais a posteriori,
22:14quand vous serez mort.
22:16A posteriori ? Exactement.
22:18Donc, effectivement, si les critères
22:20n'ont pas été respectés, ça vous fera une belle jambe,
22:22si je puis me permettre cette expression un peu vulgaire.
22:24Donc, non, il nous faut
22:26des critères. Il faut exclure
22:28des catégories, en particulier les malades psychiatriques.
22:30Ça, c'est pas possible. On ne peut pas accepter
22:32qu'un schizophrène ou un déficient
22:34mental puisse demander l'euthanasie.
22:36Alors, on me répond, mais le médecin
22:38saura dire non.
22:40Sauf qu'il est tout seul. Peut-être qu'il y en a
22:42qui diront oui, quand même.
22:44Voilà. Non, mais pardon.
22:46Je reviens à ce que vous dites, moi,
22:48qui me scandalise,
22:50en tout cas, qui m'étonne.
22:52C'est que, par exemple, quelqu'un qui a demandé,
22:54qui demandera, selon le projet de loi...
22:56Il faut qu'il ait des critères, bien sûr. Il faut qu'il les souffre.
22:58Non, non, bien sûr. Mais est-ce que, par exemple,
23:00il n'y a pas le devoir de demander à ses proches,
23:02sa femme ou son mari,
23:04etc., est-ce qu'il y a,
23:06dans la procédure, le
23:08devoir, en tout cas, de consulter
23:10l'entourage, etc.,
23:12de faire une enquête ?
23:14Je vous lis le texte. Le médecin recueille
23:16l'avis écrit d'un médecin,
23:18d'un deuxième médecin,
23:20qui peut ne pas vous voir, d'un auxiliaire médical
23:22qui peut ne pas vous voir. Il peut
23:24pas obliger à recueillir l'avis d'autres professionnels de santé,
23:26en particulier psychologues.
23:28Et lorsque vous êtes sous tutelle,
23:30il informe,
23:32il informe la personne chargée,
23:34le tuteur, et tient compte de ses
23:36observations, tient compte, mais on ne sait pas comment,
23:38et enfin, il peut, à la demande de la
23:40personne, peut, pas obligé, recueillir
23:42l'avis de la
23:44personne de confiance.
23:46En fait, pas d'enquête.
23:48Nous avons une auditrice, nous avons
23:50Régine, qui nous appelle deux fois. Bonjour, Régine.
23:52Oui, bonjour.
23:54Bonjour à vous, André, à votre invité.
23:56Moi, je suis d'une
23:58famille où nous avons des Alzheimer
24:00dans la famille. Et les Alzheimer,
24:02justement, ne sont pas du tout concernés
24:04par cette
24:06loi, puisque
24:08une personne atteinte d'Alzheimer à un
24:10stade avancé, je dis Alzheimer et tous les problèmes
24:12de sénilité profonde,
24:14quand on est
24:16dans un stade avancé, bien sûr qu'on
24:18n'est plus maître de
24:20soi et de ses pensées,
24:22mais même si on demande
24:2410 ans avant, 20 ans avant, qu'au moment
24:26où, justement,
24:28on n'est plus capable de rien faire,
24:30on veut
24:32pouvoir bénéficier de ce...
24:36De cette aide à mourir.
24:38De cette aide à mourir, on ne puisse pas le faire.
24:40Absolument.
24:42Moi, ça, ça me pose problème.
24:44Je comprends, madame, mais c'est une question...
24:46Vous avez raison, c'est une question que nous nous sommes posées,
24:48mais il a été décidé,
24:50je crois que c'est bien,
24:52qu'on ne pourrait pas procéder à l'euthanasie
24:54à quelqu'un qui ne serait pas capable, au dernier moment,
24:56de vous dire non. Or, par définition,
24:58si vous avez dit que vous vouliez
25:00bénéficier de l'euthanasie il y a 10 ans,
25:02que vous devenez dément, je prends des mots
25:04un peu crus pour que tout le monde comprenne,
25:06et que, du coup, au moment de votre démence,
25:08vous n'avez plus votre libre arbitre,
25:10par définition, vous n'êtes plus capable de dire non,
25:12de confirmer, en fait, votre demande,
25:14eh bien, il ne faut pas le faire, parce que les demandes
25:16de mort, elles sont fluctuantes.
25:18Un jour, je veux mourir, un jour, je ne veux pas mourir.
25:20Et...
25:22Je...
25:24Je pense que ça serait très dangereux d'administrer la mort
25:26à quelqu'un qui n'est pas capable, au dernier moment, de vous dire stop.
25:28En fait, c'est très intéressant
25:30et très difficile, et encore plus difficile.
25:32Philippe Juvin, quand on entend régime,
25:34le vrai problème, et vous, vous posez en toute
25:36conscience et cohérence ce que vous dites,
25:38et ces familles-là, je ne dis pas qu'elles
25:40ont raison ou tort, ce n'est pas le problème, c'est que
25:42quand on vit ça au quotidien,
25:44c'est très difficile.
25:46Madame, en fait, j'ai vécu la même chose que vous,
25:48donc je sais exactement
25:50ce dont vous parlez.
25:52Et moi, je ne veux pas vivre comme ça, je sais ce que c'est.
25:54J'ai vu cette déchéance,
25:56c'est épouvantable.
25:58C'est un enfermement mental qu'ont ces personnes.
26:00Elles ne peuvent plus s'exprimer.
26:02Et vous vous dites, Régine, que si ça vous arrive,
26:04vous ne voudriez pas vivre ça.
26:06Moi, je ne veux pas vivre ça.
26:08Absolument pas.
26:10Il y avait un travail qui a été publié
26:12il y a quelques années,
26:14on prenait des jeunes qui avaient
26:16un accident de moto et qui devenaient paralysés des 4 membres.
26:18Et on leur demandait, le premier jour de leur accident,
26:20est-ce que votre vie vaut le coût d'être vécue ?
26:22Évidemment, la réponse était non.
26:24La veille, ils marchaient.
26:26Le lendemain, ils ne marchaient pas.
26:28Et puis, au fur et à mesure que les mois passaient,
26:30ils voulaient vivre un peu plus.
26:32Donc, la demande de mort
26:34elle varie aussi
26:36avec le temps.
26:38Mais là, ça ne peut plus varier.
26:40C'est passé de l'autre côté.
26:42Mais il y avait une deuxième chose,
26:44c'est qu'au même moment, on demandait aux soignants
26:46est-ce que sa vie vaut le coût d'être vécue ?
26:48À tous les moments, les soignants, c'est-à-dire les gens bien portants
26:50et l'entourage disaient non.
26:52Voyaient la vie pire
26:54que le patient lui-même.
26:56Madame, je comprends tout ce que vous dites
26:58sauf que je pense qu'on ne peut pas
27:00donner l'euthanasie à quelqu'un
27:02qui ne serait pas capable
27:04de dire non au dernier moment.
27:06C'est de la maltraitance mentale.
27:08Excusez-moi.
27:10C'est un débat compliqué.
27:12C'est un débat très compliqué, effectivement.
27:14Je crois qu'on ne va pas se mettre d'accord là-dessus.
27:16Et d'ailleurs, il n'est pas question de se mettre d'accord.
27:18Mais merci Philippe Juvin.
27:20En tout cas, vous avez exposé ce qui se passe
27:22et aujourd'hui, et à chacun
27:24de dire ce qu'il a à dire.
27:26Et c'est très très important, en tout cas,
27:28qu'on ait des témoins et des témoins aussi
27:30qui sont dans la pratique de la chose.
27:32A tout de suite.
27:36Ici Sud Radio.
27:40Les Français parlent au français.
27:44Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:46Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:52Un scoop. Non, non.
27:54Ce n'est pas du tout un scoop.
27:56C'est passé partout.
27:58Mais je ne résiste pas au plaisir
28:00de vous faire entendre le sonour.
28:02La présidente de la Commission européenne
28:04Ursula von der Leyen
28:06en train de se laver les mains
28:08et peut-être de s'en laver les mains.
28:10Écoutez.
28:14Tous ces états, ça balance pas mal
28:16sur Sud Radio.
28:30Et oui, l'hymne à la joie,
28:32l'hymne européen
28:34murmuré par Ursula von der Leyen
28:36en train de se laver les mains.
28:38C'est une belle image
28:40d'épinal, on peut le dire.
28:42Mais il se passe des choses.
28:44Et il s'est passé quelque chose de très important hier.
28:46Très important.
28:48Et on va retracer ça avec Virginie Joron.
28:50Débutée européenne patriote.
28:52Bonjour Virginie Joron.
28:54Bonjour.
28:56Virginie Joron, hier,
28:58le tribunal de l'Union européenne
29:00a estimé que la Commission européenne
29:02avait illégalement refusé
29:04de donner accès aux échanges
29:06entre Ursula von der Leyen,
29:08président de la Commission européenne, je le répète,
29:10et Albert Bourla,
29:12le PDG de Pfizer.
29:14Ces fameux messages,
29:16ces fameux SMS dont on parle
29:18depuis 3-4 ans et dont vous vous êtes
29:20beaucoup occupés, notamment Virginie Joron.
29:22Alors, il y a eu effectivement
29:24la plainte déposée par l'agence du New York Times
29:26il y a 4 ans, qui demandait
29:28au nom du droit d'accès aux demandes publiques
29:30de pouvoir consulter ces SMS. Il y a eu aussi
29:32Frédéric Baldan,
29:34le lobbyiste belge, qui a déposé
29:36pourvoi sur pourvoi.
29:38Et puis, voilà, on parle de quoi ?
29:40On parle de quoi ? Parce que ça vous concerne tous.
29:42Les 400 millions d'européens en général
29:44et les 60 millions de
29:46français en particulier.
29:48L'un des contrats les plus importants passés avec le duo
29:50Pfizer-BioNTech et la
29:52Commission européenne, porté sur
29:54900 millions de doses,
29:56avec une option pour 900 millions de doses supplémentaires
29:58pour un montant total
30:00estimé à 35 milliards d'euros.
30:02Alors, Virginie Joron,
30:04est-ce qu'on va enfin savoir ce qui s'est
30:06passé entre Ursula von der Leyen
30:08et Albert Bourla ?
30:10Eh bien, j'espère. En tout cas,
30:12c'est une première victoire. Parce que
30:14c'est vrai que c'est un dossier qui est très long.
30:16Comme vous l'avez rappelé, c'est depuis
30:182021, depuis que l'on sait
30:20que finalement, il y a eu des négociations
30:22qui ont été faites par SMS.
30:24Et, comme vous l'avez dit, il y a eu plusieurs
30:26procès. Mais nous, nous avons appris
30:28tous qu'il y avait eu cette négociation
30:30par SMS. Nous avons demandé depuis
30:32l'accès à ces SMS.
30:34Il y a eu différentes auditions. Moi, je me souviens
30:36encore, quand on auditionnait
30:38Vera Jourova, qui était la commissaire
30:40à la transparence, on lui posait
30:42la question et elle nous répondait
30:44circulez, il n'y a rien à voir.
30:46Et ils ont protégé...
30:48Au nom de la transparence, bien sûr.
30:50Exactement. Au nom de la confidentialité
30:52et de l'urgence,
30:54ils ont protégé von der Leyen
30:56durant toutes ces années. Donc, moi,
30:58je salue cette
31:00décision. Parce que, finalement,
31:02ça va faire avancer le chemisbier
31:04que j'ai envie de dire. Et j'espère.
31:06Comment, techniquement,
31:08quel est ce
31:10tribunal européen et comment
31:12techniquement, c'est-à-dire
31:14quel pouvoir il a et quel poids
31:16il a pour dire à la Commission
31:18européenne, pour la première fois, effectivement,
31:20vous le dites, attendez,
31:22votre refus est illégal,
31:24votre refus de donner des échanges.
31:26Ce tribunal, c'est quoi
31:28exactement pour nos éditeurs ?
31:30Alors, la Cour de justice de l'Union européenne,
31:32comme dit, c'est une Cour de justice
31:34qui s'adresse aux institutions
31:36de l'Union européenne, parce que
31:38chaque citoyen
31:40qui est sous la coupole
31:42de ces institutions peut faire un recours.
31:44Et ces institutions relèvent de cette
31:46Cour de justice. Et donc,
31:48on regarde tous les traités que nous
31:50avons en place, et bien, on peut faire des recours.
31:52Et là, c'est ce qu'a fait
31:54le New York Times, qui a considéré que son
31:56droit à l'accès aux documents dits
31:58publics, qui relève de ce règlement
32:00le 10.49.2021, n'était
32:02pas, comment dire,
32:04appliqué par la Commission.
32:06Donc, comme il n'y a pas eu,
32:08comment dire, respect de ce règlement
32:10par la Commission, donc tout justiciable
32:12peut invoquer son droit
32:14au Luxembourg.
32:16Donc, près de cette Cour
32:18de justice. Et qu'il y a donc,
32:20dans un premier temps, parce que
32:22ça s'est déroulé en plusieurs étapes,
32:24la première étape, ça a été de demander auprès
32:26de la Commission l'accès aux SMS.
32:28La Commission a refusé
32:30l'accès, considérant que
32:32l'SMS
32:34ne relevait pas du cadre de ce règlement,
32:36considérait que le SMS n'était pas
32:38un document officiel. C'était les
32:40premières réponses. Et donc,
32:42le New York Times, via cette
32:44journaliste qui est basée à Vauxcelles,
32:46a fait un recours
32:48auprès du tribunal, auprès de la Cour,
32:50pour refus
32:52finalement à l'accès à ces documents.
32:54Et dans un premier temps, donc, il y a eu
32:56une demande d'annulation
32:58de la Commission,
33:00qui invoquait le fait
33:02qu'elle ne pouvait pas avoir accès
33:04à ces SMS, parce qu'ils n'existaient pas.
33:06C'était en fait...
33:08Carrément, ils disaient que ces SMS n'existaient pas.
33:10Pour eux, la Commission n'existait pas.
33:12Même si, dans plusieurs
33:14auditions, et je me rappelle l'audition
33:16de Pfizer avec Janine Small,
33:18qui avait dit, qui représentait
33:20Pfizer, parce que M. Bourlin ne voulait pas venir,
33:22avait dit, oui, dans l'urgence,
33:24nous avons négocié aussi par SMS.
33:26Donc, il y avait cette preuve. Je pense que l'audition
33:28était publique, donc ils ont dû, les avocats, récupérer
33:30cette audition, parce qu'il faut toujours trouver
33:32ce que l'on dit. Mais la Commission
33:34s'est quand même enterrée à toujours dire
33:36non, circulez, il n'y a rien à voir, non,
33:38il n'y a pas de SMS. Et puis, même s'il y avait SMS,
33:40de toute façon,
33:42aujourd'hui, on n'a plus accès
33:44à ces SMS, parce que...
33:46Oui, ils n'existaient pas, d'accord.
33:48Mme Van der Leyen a changé de téléphone,
33:50elle les a supprimés. C'était un peu la position de la Commission.
33:52Et la Cour de justice a dit
33:54non. Et pourquoi ? Parce qu'en fait,
33:56et c'est là qui est très intéressant,
33:58nous on va rebondir, j'ai déjà rebondi hier
34:00et aujourd'hui,
34:02on apprend par cette décision
34:04qu'il y a l'existence de ces SMS.
34:06Et c'est pour cette raison que, du coup,
34:08la Cour a annulé sa première
34:10décision qui demandait à la
34:12Commission de ne pas
34:14avoir accès aux documents. Donc, en fait,
34:16la Cour dit non, non, à la Commission
34:18européenne, vous n'avez pas
34:20appliqué ce droit parce que vous n'avez
34:22pas recherché la preuve de cet SMS.
34:24Donc, vous êtes fautif. Parce qu'en face,
34:26ils ont prouvé
34:28l'existence de ces SMS.
34:30Donc, ça, c'est le premier point. Donc, ces SMS
34:32existent, ils sont donc dans les mains
34:34de cette journaliste.
34:36Et le second point ?
34:38Oui, le second point, pardon.
34:40Et le second point, maintenant important,
34:42d'accord, donc, effectivement, l'accès
34:44aux documents, maintenant, c'est la Commission
34:46et vous l'avez vu dans son petit communiqué
34:48très rapide, dit, elle va étudier
34:50la décision. Donc, c'est-à-dire,
34:52soit elle fait un recours, elle peut faire appel,
34:54mais elle peut le faire que sous le regard du
34:56droit, c'est-à-dire
34:58en invoquant que le SMS
35:00n'est toujours pas un document officiel.
35:02Mais là, on a envie de dire
35:04en 2025, il faut arrêter de nous prendre pour des idiots.
35:06Les e-mails aussi, c'est un document
35:08éphémère, on peut le dire.
35:10Qu'est-ce que c'est éphémère ? Et puis, on voit bien que tout le monde
35:12travaille avec des SMS, tout le monde travaille avec WhatsApp,
35:14tout le monde travaille avec. Donc, à un moment donné,
35:16aujourd'hui, avec le télétravail, avec
35:18quand on nous dit qu'il faut rester à la maison
35:20pour des raisons de pandémie ou autre, donc,
35:22c'est devenu un outil de travail et quand
35:24ça concerne les intérêts financiers,
35:26ça devient
35:28des documents officiels. Donc, au regard
35:30du droit, ça me paraît difficile
35:32de combattre cet élément. Mais par contre,
35:34ce qui est intéressant, c'est parce que jusqu'à présent,
35:36on ne savait pas s'il existait ces SMS.
35:38Là, on a la preuve.
35:40Donc, moi, j'interroge
35:42maintenant le procureur européen, vous savez,
35:44qui avait dit en 2022 qu'il allait ouvrir une enquête.
35:46Et on n'a toujours pas ses conclusions.
35:48Le procureur européen,
35:50qui est censé protéger les intérêts financiers
35:52du budget de l'Union Européenne,
35:54qui a ouvert cette enquête au regard, comme on l'avait annoncé,
35:56c'est beaucoup de milliards d'euros.
35:58Ce n'est pas des millions, là. On parle de milliards.
36:00Je rappelle que tous les contrats...
36:0235 milliards d'euros.
36:04Et 35
36:06que vous devez rajouter d'autres
36:08doses. Parce que là,
36:10c'est une négociation qui a été faite
36:12pour 1,8 milliard de doses. Mais je rappelle qu'au final,
36:14Pfizer, c'est 2,4 milliards de doses
36:16sur 4,6.
36:18Sur un paquet total de 71
36:20milliards d'euros. Donc, ce n'est pas que 35
36:22milliards d'euros puisque...
36:24Il faut cumuler tout
36:26ce qu'a récolté Pfizer
36:28dans les négociations. Et puis, je rappelle aussi
36:30ce qui a été négocié, c'est que
36:32de l'irresponsabilité
36:34des laboratoires en cas d'effet secondaire.
36:36Ça aussi, c'est un scandale.
36:38Ce qui est important aujourd'hui, c'est
36:40l'existence de ces SMS.
36:42Moi, je demande au procureur européen
36:44de demander d'avoir accès à ces SMS.
36:46Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Qu'est-ce qui a été négocié ?
36:48Parce que si on regarde
36:50ce qu'il y a dedans et qu'il y a
36:52une régularité, qu'il y a un conflit d'intérêts,
36:54qu'il y a de la corruption, on n'en sait rien à ce stade.
36:56Oui, bien sûr.
36:58Et donc, je demande maintenant
37:00effectivement au procureur européen
37:02d'avoir accès à ces SMS
37:04pour pouvoir continuer l'enquête et
37:06sanctionner parce que là,
37:08c'est la commission, pas Mme van der Leyen.
37:10Oui, mais alors justement, Virginie Giron,
37:12est-ce que la commission peut encore demander
37:14appel ? Est-ce que ça peut encore traîner
37:16pendant des mois,
37:18voire des années, d'appel en appel
37:20ou pas, très franchement ?
37:22Alors là, déjà, effectivement,
37:24techniquement, ils peuvent faire appel. Ils ont deux mois
37:26et dix jours, je crois, pour faire appel.
37:28Ils peuvent jouer la montre.
37:30Et puis après, comme vous le savez, ça prend encore
37:3212 à 18 mois
37:34pour monter le dossier.
37:36Mais comme je l'ai dit, ils ne peuvent
37:38invoquer qu'une question de droit.
37:40Donc encore, comme ils ont toujours fait,
37:42c'est-à-dire de dire
37:44que ce n'est pas un document officiel.
37:46Même si, et là, je vais devoir ressortir
37:48toutes les auditions publiques,
37:50puisque nous avons posé toutes ces questions durant toutes ces années.
37:52Bien sûr, vous avez quatre ans, je m'appelle.
37:54Voilà, quatre ans.
37:56Et à chaque fois, dans ces auditions, on a eu des débuts
37:58de réponse. Même eux, la commission
38:00se posait la question, puisque le règlement
38:02invoqué date de 2001.
38:04On est en 2025. Il est un peu vieux.
38:06Effectivement, en 2001,
38:08on n'avait peut-être pas encore tous ces outils sous les mains.
38:10Ils ont peut-être réactualisé le dossier.
38:12Et ce que je suis en train de vous dire, la commission
38:14l'a dit. Oui, effectivement,
38:16se pose la question si on ne doit pas
38:18retoiletter ce règlement.
38:20Et donc, ces propos peuvent être
38:22récupérés par les avocats.
38:24Et donc, ça peut être un début, comment dire,
38:26de preuve comme quoi ils acceptent
38:28l'idée que c'est un document
38:30qui pourrait rentrer dans la catégorie
38:32des documents officiels de l'UE.
38:34En tout cas, Virginie Giron, ce que vous dites,
38:36c'est très très important. On a maintenant la preuve.
38:38En tout cas, même si on ne les a pas,
38:40on n'a pas le contenu, on a la preuve
38:42qu'ils sont là. Le fait qu'effectivement
38:44la Cour de justice
38:46européenne a estimé
38:48que la commission avait illégalement,
38:50je rappelle, refusé de donner accès aux échanges,
38:52le combat continue.
38:54On va vous suivre, bien sûr. Merci.
38:56Avec plaisir. À bientôt.
38:58André Bercoff,
39:00dans un instant, sur Sud Radio.
39:02La culture dans tous ses états.

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