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  • 08/04/2025
Avec Éric Heyer, économiste, directeur du département “Analyses et prévisions” de l’OFCE

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-04-08##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Nous sommes avec Éric Ayé, économiste et directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, l'Office français de conjoncture économique. Bonjour, Éric Ayé.
00:13— Bonjour. — Merci d'être avec nous. Donald Trump persiste et signe, puisque dans la nuit, il a dit qu'il ne céderait rien, qu'il ne reviendrait pas sur ses décisions.
00:25« Pas de pause », dit-il. Il a même menacé la Chine d'augmenter encore les droits de douane américains. Éric Ayé, les bourses asiatiques ont semblé...
00:38Enfin pas « ont semblé ». On reprit un peu du poil de la bête ce matin, sont remontées partiellement. Faisons le point. Où en est-on aujourd'hui sur les marchés financiers ?
00:51— Alors sur les marchés financiers, effectivement, il semblerait que ça se calme un tout petit peu. Mais il faut essayer de comprendre pourquoi ça avait fortement baissé.
00:59C'est pas une crise financière comme 2008 ou comme 1929. C'est pas lié à une bulle immobilière ou une bulle sur les dettes privées, etc. Non, c'était lié à ce que Keynes appelait
01:12« la fuite vers la qualité ». Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire qu'on est dans un moment d'incertitude complète. On n'a jamais connu un choc aussi violent qui est infligé par un gouvernement d'un grand pays.
01:26D'accord ? Et donc quand vous êtes face à cela, vous êtes dans une incertitude. Et quand il y a l'incertitude, les investisseurs retirent leur argent de tout ce qui est risqué
01:36et le placent dans ce qui n'est pas risqué. Et donc vous retirez votre argent des bourses et vous le placez ou ça dans de l'or ou dans de la monnaie comme le franc suisse ou alors dans de la dette publique.
01:50Et là, on voit les taux d'intérêt sur la dette publique baisser. Et donc ça, c'est bien le symptôme de... Allez, c'est pas une crise financière. C'est une fuite vers la qualité liée à une incertitude.
02:00Il suffit que l'incertitude se lève pour que les marchés reprennent un peu du poil de la bête. Alors pourquoi, là, les marchés reprennent un peu du poil de la bête ?
02:09C'est parce qu'en gros, même si Donald Trump, comme vous venez de le dire, reste ferme, il dit qu'il y a 50 pays qui ont ouvert des négociations. On va négocier.
02:19Donc on se dit que le point d'arrivée, on ne le connaît pas, mais il y aura un point d'arrivée qui devrait être normalement plus bas que ce point, le point actuel.
02:28— Bien. C'est très clair. Éric Ayer, c'est très très clair. Si j'ai bien compris, si on est en bourse, si on a des bitcoins et tout, c'est risqué en ce moment.
02:38Si on a de l'or, ça va. Bon. Si j'ai bien résumé, hein, Éric Ayer. Bon. Mais hier, les bourses se sont effondrées depuis 3, 4 jours.
02:50Si maintenant... Bon, on va voir quelles seront les réactions. Mais les conséquences sur l'inflation, sur la récession possibles, est-ce possible ?
03:03Et dernière chose, vous l'avez dit vous-même. Par exemple, la France va emprunter moins, moins cher que prévu, si j'ai bien compris. Si j'ai bien compris. Éric Ayer.
03:16— Alors disons sur les États-Unis. Bien entendu, l'idée de Donald Trump, c'est d'essayer d'avoir des recettes supplémentaires, parce qu'il a en tête
03:25d'abord de réduire assez franchement les impôts des Américains, alors que son déficit public est au-dessus du déficit français.
03:36Donc vous voyez, nous, on a déjà beaucoup de déficits. Mais eux, ils ont un déficit qui est à peu près à 2 000 %...
03:40— C'est-à-dire que les États-Unis sont encore plus endettés que la France.
03:43— Oui. Les États-Unis sont plus endettés que la France d'un point de vue du déficit, d'un point de vue de la dette. Et en plus, leur président leur a promis
03:50des réductions massives d'impôts. Donc comment vous financez cela ? Vous le financez par une autre recette, qui sont des droits de douane.
03:58Donc c'est l'étranger qui va payer un peu plus. Bon. Mais en fait, ça, ça ne peut marcher que si vous avez des capacités de production, d'accord,
04:08qui permettraient de répondre au fait que le produit étranger coûte plus cher maintenant. Mais aujourd'hui, il est bien là, le problème aux États-Unis,
04:17dans la stratégie de Donald Trump. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les États-Unis tournent à plein régime. Ils n'ont pas de marge de capacité
04:23de production inutilisée. Ils ont un taux de chômage à 4,1. C'est-à-dire qu'ils ont des difficultés de recrutement qui sont 3 fois celles
04:31qu'on peut observer en Europe. En plus, ils ont une stratégie d'expulser des travailleurs sans papier. Donc qui pourrait produire la demande supplémentaire ?
04:43On ne sait pas. Et les entreprises disent « Nous aussi, on n'a pas les moyens ». Par ailleurs, on n'a pas les équipements pour produire plus.
04:50Donc si vous faites un choc sur les droits de douane dans ce contexte de tension des capacités productives, il ne peut y avoir que de l'inflation à court terme.
04:59Les droits de douane vont se répercuter sur les prix à la consommation. Et donc le citoyen américain va d'un côté gagner si on baisse les impôts,
05:11mais perdre parce que les prix à la consommation vont fortement augmenter. En gros, c'est très inégalitaire. Parce que les baisses d'impôts sur le revenu,
05:18c'est plutôt les ménages aisés qui vont en profiter. Tandis que la hausse des prix à la consommation, c'est une taxe qui est assez régressive.
05:25Ça pèse plus sur les ménages qui sont modestes que sur les ménages aisés. Donc c'est de l'inflation et donc un peu aussi de récession chez eux parce que globalement,
05:35le pouvoir d'achat ne va pas suivre. — Et chez nous, Éric Ayé, aujourd'hui ?
05:40— Oui. Alors aujourd'hui, on n'a pas encore complètement les mesures de représailles. Donc pour l'instant, chez nous, c'est pas du tout de l'inflation qui va arriver.
05:51Mais on peut perdre en pouvoir d'achat pour une autre raison. Donc c'est pas les prix qui vont augmenter, mais c'est les revenus qui vont baisser.
05:58J'essaie de m'expliquer. C'est-à-dire que globalement, aujourd'hui, la guerre la plus dure, c'est entre la Chine et les États-Unis.
06:07On est dans une escalade avec des droits de douane qui menacent d'être au-delà de 100%. Donc du coup, ça veut dire que la Chine et les autres pays asiatiques
06:18qui sont les plus touchés par les droits de douane et qui produisent énormément pour le marché américain vont voir ce marché un peu s'arrêter.
06:27Ils auront une surproduction. Et cette surproduction, il faudra bien qu'elle aille se loger quelque part. Et donc la grosse crainte, c'est qu'elle vienne se déverser chez nous.
06:36Et donc ça veut dire que le consommateur, dans un premier temps, pourrait être gagnant, puisqu'on va avoir des produits bradés et donc des produits beaucoup moins chers.
06:43Et donc ça ne sera pas une inflation qu'on va avoir, mais une déflation, enfin en tout cas une désinflation, une inflation beaucoup plus faible.
06:50Mais les producteurs, par contre, français et européens, vont être en concurrence avec des produits beaucoup moins chers et donc risquent de perdre des parts de marché.
07:01Et donc s'ils ont moins de carnets de commande, ils risquent d'ajuster finalement l'emploi à ce manque de carnets de commande.
07:09Et donc il y aura des destructions d'emplois, une hausse du chômage et donc une perte de revenus, parce que le chômage va repartir en partie dans ces pays-là.
07:19Donc attention, le choc du pouvoir d'achat aux États-Unis, c'est les prix qui vont augmenter. Chez nous, ce sont les revenus qui risquent de baisser.
07:26— Merci beaucoup, Éric Ayé. Merci. C'est très clair, ces explications.

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