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Esther Senot, rescapée du camp d'Auschwitz
ici Roussillon
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27/01/2025
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News
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00:00
Il est 7h47, nous qu'aimons mourons aujourd'hui les 80 ans de la libération du camp nazi d'Auschwitz.
00:07
Simon Kolbock, nous sommes en ligne avec l'une des dernières témoins vivantes de l'horreur de la H.O.A.
00:13
Elle a passé 17 mois dans le camp d'Auschwitz, elle n'avait alors que 15 ans.
00:18
Bonjour Esther Senaud.
00:20
Bonjour.
00:21
Alors vous êtes effectivement une rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau.
00:25
Vous avez longtemps vécu dans les Pyrénées-Orientales
00:27
et vous êtes aussi au cœur d'un documentaire qui sera diffusé ce lundi soir au mémorial de Rivezalt.
00:33
Esther Senaud d'abord, vous avez 97 ans.
00:36
Qu'est-ce qui vous donne la force d'encore et toujours témoigner de l'horreur des camps nazis ?
00:42
Quand je suis arrivé au camp d'Auschwitz-Birkenau,
00:46
trois mois après mon arrivée,
00:49
dans les fameuses latrines où on faisait nos besoins,
00:53
j'ai vu arriver ma soeur.
00:55
Alors évidemment, c'est elle qui m'a reconnue, parce que moi ça faisait que trois mois que j'étais au camp.
01:00
Vous savez, tenir presque huit ou neuf mois dans le camp, c'était déjà un miracle.
01:05
Et c'est comme ça que j'ai trouvé ma soeur.
01:08
Alors tous les matins, cinq minutes entre toutes les corvées qu'on avait à faire,
01:13
j'allais la voir dans sa baraque où elle était.
01:16
Et puis un jour, évidemment, je ne l'ai pas trouvée, elle avait été envoyée à l'infirmerie.
01:20
Et malheureusement, l'infirmerie, c'était l'antichambre de la mort.
01:24
Alors j'ai fait la trouver, et là je l'ai trouvée allongée sur une paillasse.
01:28
Elle crachait du sang de partout, elle avait été morduée par un chien,
01:32
elle avait des plaies ouvertes, enfin c'était vraiment un squelette ambulant.
01:37
Et c'est là qu'elle se soulevait un petit peu, puis elle m'a dit,
01:39
écoute, toi t'es jeune, la guerre va bientôt finir.
01:42
Tu me promets que si t'as une chance de revenir,
01:45
tu me promets que tu raconteras tout ce qui nous est arrivé ici,
01:49
tout ce qu'on a pu supporter, tous les sévices.
01:53
Et finalement, elle m'a dit, tu promets, tiens le coup le plus longtemps possible.
01:58
Et puis finalement, elle est retombée sur sa paillasse.
02:03
Et puis dans l'après-midi, évidemment, tous ces gens qui ne voulaient pas la travailler,
02:07
il y avait des commandos sociaux qui venaient les emmener pour les mettre dans les chambres,
02:11
pour les mettre au crematoire.
02:13
– Vous promettez donc à votre sœur de parler de cet enfer des camps nazis.
02:19
Pourtant, vous commencez à témoigner seulement dans les années 80,
02:23
quand vous arrivez justement à Saint-Cyprien, dans les Pyrénées-Orientales.
02:26
Pourquoi un si long silence ?
02:29
– Alors écoutez, ça va être un peu long à vous expliquer,
02:32
parce que quand la guerre a été finie en 1944,
02:37
c'est le général de Gaulle qui a pris le pouvoir pour mettre la France en état.
02:42
Au bout de 4 ans d'occupation, de bombardements, il lui a fallu des fonctionnaires.
02:47
Il a pris ceux qui étaient en place.
02:49
Ceux qui étaient en place, c'était Papon, Touvier, Le Guet,
02:52
tous ces gens qui avaient fait les fiches pour déporter les Juifs de France.
02:56
Ce n'est pas avec ce genre de gouvernement qu'on aurait eu le droit à la parole.
02:59
Moi, j'ai voulu parler.
03:01
Et puis là, ils ont commencé à se résister en me disant
03:03
vous êtes devenus folles, vous racontez n'importe quoi, ça n'a pas pu exister.
03:06
Quelle idée de propager des histoires pareilles.
03:09
Et puis il y a un monsieur qui était dans ce petit groupe et qui me dit
03:13
on fait de vous être revenus si peu nombreux.
03:15
Qu'est-ce que vous avez fait, vous, pour revenir et pas les autres ?
03:19
Alors voyez, on a pratiquement été culpabilisés d'être revenus.
03:23
Mais ça, c'était un an après la guerre qu'on est revenus, nous.
03:26
Les trois quarts des personnes n'étaient même pas au courant de ce qui s'était passé dans les camps.
03:32
Et puis dans les années 80, vous commencez à témoigner dans les pyrénées orientales.
03:37
Pour quelle raison ? Qu'est-ce qui vous pousse à parler, à raconter ?
03:41
Quand j'ai retrouvé tous ces anciens brigadistes qui avaient fait la guerre d'Espagne.
03:47
Et eux, quand ils sont rentrés, ils ont voulu retourner évidemment en Espagne, dans leur pays.
03:52
Puis ils ont été bloqués à la frontière.
03:54
Quand ils ne sont pas rentrés, il y avait encore Franco.
03:57
Donc eux, ils ont commencé à former leur première association, si vous voulez.
04:01
Alors eux, ils avaient porte ouverte pour aller témoigner.
04:06
Puis un jour, ils m'ont dit pourquoi tu ne viendrais pas avec nous ?
04:09
Et depuis, vous n'arrêtez pas Esther Senot.
04:11
Énormément d'interventions dans les établissements scolaires, dans les médias aussi,
04:14
pour donc raconter votre histoire, celle de votre famille.
04:17
Vous avez parlé de votre soeur, votre famille qui est raflée en grande partie en 1942.
04:22
C'est la fameuse rafle du Veldiv.
04:24
Votre famille est à Drancy, déportée vers Auschwitz.
04:27
Vous, vous n'êtes pas présente lors de cette rafle, vous allez y échapper.
04:30
Mais vous serez arrêtée, déportée un an plus tard, en 1943.
04:35
Est-ce que vous pouvez nous raconter, Madame Senot, l'arrivée ensuite à Auschwitz ?
04:39
C'est-à-dire qu'on est descendus du train.
04:42
Les Allemands nous ont alignés à coups de matraque sur les quais.
04:46
Et puis là, il y a des camions qui attendaient.
04:49
Il y a un Allemand qui est arrivé avec un haut-parleur en disant,
04:52
les personnes âgées, fatiguées, le camp est à quelques kilomètres.
04:57
Vous pouvez monter dans les camions, ça vous facilitera l'arrivée au camp.
05:02
Alors, les camions sont partis.
05:04
Nous, on est partis à pied en direction du camp d'Auschwitz-Birkenau.
05:07
Et puis là, quand on est rentrés dans le camp, bien évidemment,
05:10
les portes se sont ouvertes et puis on a vu cette fumée qui partait de partout.
05:15
Comme on nous avait parlé du camp de travail, on a cru que c'était des usines.
05:19
Alors malheureusement, les camions qui arrivaient là,
05:22
ils allaient directement dans les douches,
05:24
ces fameuses douches qui étaient des chambres à gaz.
05:26
Ensuite, il y avait des commandos spéciaux qui les envoyaient,
05:29
qui ressortaient pour les emmener au crematoire.
05:33
Vous allez passer en tout 17 mois dans le camp d'Auschwitz.
05:36
17 mois.
05:37
À quel moment, justement, vous réalisez qu'il s'agit d'un camp d'extermination
05:41
et non pas d'un camp de travail ?
05:42
Est-ce qu'on peut s'en rendre compte rapidement ?
05:44
Le premier jour.
05:46
Le premier jour, quand on est rentrés dans le camp,
05:49
on est arrivés dans un bâtiment pour prendre une douche.
05:53
Alors, comme on était sélectionnés pour le travail, on a pris une douche.
05:55
Après, on est passés dans un autre bâtiment.
05:57
On nous a rasés.
05:58
On nous a tatoués un numéro sur le bras
06:00
en disant que maintenant, nous n'avons plus d'identité
06:02
et que, dès l'instant où on était interpellés dans le camp,
06:05
il fallait qu'on donne notre numéro en allemand.
06:07
Alors, on a commencé à poser des questions en disant
06:09
« Mais les gens qui sont dans les camions,
06:11
à quel moment on va les retrouver ? »
06:13
Alors, c'est là qu'on a eu l'explication de comment fonctionnait le camp.
06:16
Et puis, nous, ils nous ont dit « Vous faites pas d'illusion.
06:18
Ici, vous êtes rentrés par la porte, vous n'en sortirez pas la cheminée.
06:21
Dès l'instant où vous pourrez travailler, vous travaillerez.
06:24
Après, vous finirez comme les autres. »
06:26
Il est 7h54.
06:27
Vous écoutez ici Rui Sillon.
06:29
Il y a 80 ans, la libération des camps d'extermination nazi.
06:32
Notre invité, Esther Senot, survivante du camp d'Auschwitz.
06:35
Esther Senot, j'aimerais que vous nous racontiez maintenant
06:38
la libération des camps.
06:40
C'était donc il y a 80 ans, janvier 1945.
06:43
L'armée russe se rapproche d'Auschwitz.
06:46
Vous quittez donc avec les autres détenus.
06:48
À ce moment-là, le 17 janvier, on a eu un appel.
06:51
Les capos, ils sont venus nous dire « Prenez vos coups de pieds,
06:54
retirez vos affaires, on évacue le camp. »
06:57
C'est ce qu'on a appelé la marche de la mort.
07:00
Donc, on a marché pendant 3 ou 4 jours jusqu'à Gleiwitz.
07:04
Ça faisait à peu près une centaine de kilomètres.
07:06
Je ne vous raconte pas.
07:08
Dès l'instant où quelqu'un sortait du rang,
07:10
parce qu'il ne pouvait plus marcher, il y avait un SS qui venait
07:13
et qui lui mettait une balle dans la nuque.
07:15
Alors là, on est arrivé à Gleiwitz.
07:17
C'est une gare de triage.
07:19
On s'est monté de nouveau dans des wagons épicéaux
07:21
et on est arrivé à Bergen-Melsen.
07:23
Enfin là, de Bergen-Melsen, on y est resté très peu de temps.
07:27
On a été envoyé donc au camp de Mauthausen.
07:30
Et là, les gardiens nazis finissent par déserter.
07:32
Vous vous retrouvez libre après 16 mois d'enfer.
07:35
Comment ça se passe pour vous, cette libération ?
07:38
Ça s'est passé que les Allemands, le 5 mai,
07:43
on a vu le drapeau blanc sur la forteresse de Mauthausen.
07:46
On a vu descendre des prisonniers en courant
07:48
en disant ne restez pas là, les Allemands sont partis.
07:50
Ils vont venir, ils vont miner le camp
07:52
pour qu'ils laissent des survivants.
07:54
Et puis, eux, ils sont partis en courant.
07:57
Et puis, moi, j'étais avec mon ami Marie.
08:00
C'était une jeune femme que j'avais connue à Transsy.
08:03
On a dit qu'est-ce qu'on fait ?
08:05
Comme ils avaient ouvert les portes,
08:07
on est sortis avec Marie.
08:09
On a marché un petit peu sur un sentier.
08:11
Et puis là, on a fini par s'écrouler devant un bâtiment.
08:15
C'était un ancien couvent.
08:17
Et là, devant la porte de ce couvent,
08:19
il y avait des prisonniers de guerre français
08:20
qui travaillaient dans ce couvent.
08:22
Alors, ils nous ont fait rentrer dans leur baraque.
08:24
Et puis, les Allemands ont capitulé le 8 mai.
08:26
Et là, il y a un régiment,
08:28
une partie d'un régiment américain
08:30
qui se sont occupés de nous
08:31
parce qu'on avait attrapé le petit-fils.
08:33
Parce que dans le camp de Mauthausen,
08:34
les barraques dans lesquelles on était,
08:36
c'était l'ancienne infirmerie.
08:38
Alors, on est resté jusqu'à fin mai, début juin,
08:41
en Autriche, dans cet hôpital.
08:43
Et puis ensuite, on a été rapatriés à Villacoublay.
08:47
Et bien voilà, ça s'est terminé comme ça.
08:59
Non, je ne suis pas trop inquiète
09:01
parce que vous savez, depuis 1985,
09:03
je peux vous dire que j'ai rencontré
09:05
des milliers et des milliers de personnalités,
09:09
d'enseignants, de tas de choses.
09:11
Je reçois des lettres extraordinaires.
09:13
Vous savez, la relève,
09:15
quand je vois les réactions des jeunes qu'on rencontre,
09:20
vous savez, la relève est faite.
09:22
Moi, j'ai retrouvé, des années après,
09:24
des élèves que j'avais eus au lycée à Ago, à Perpignan.
09:29
Je les ai retrouvées, elles étaient adultes.
09:31
Et bien, elles étaient devenues professeurs d'histoire.
09:34
Elles m'ont dit, c'est grâce à vous
09:35
qu'on a trouvé notre vocation.
09:36
Alors, vous savez, là,
09:39
je suis absolument certaine que
09:41
dans tous les événements dans lesquels on est passé,
09:44
il y aura certainement une relève.
09:48
Et puis, après tout, ça sera encore dans l'histoire,
09:51
comme tous les événements qui se passent.
09:54
Merci beaucoup.
09:55
Et on rappelle qu'aujourd'hui,
09:56
il y a une journée spéciale au mémorial de Rivezalt,
09:59
à l'occasion, justement,
10:00
des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz.
10:02
Oui, je sais, parce qu'il y a Cyril Tricot là,
10:04
qui a fait un film.
10:05
Effectivement.
10:06
Aujourd'hui, il y a un documentaire
10:07
qui vous est consacré de 52 minutes
10:09
et qui sera diffusé ce soir en avant-première
10:11
à 20h.
10:13
Merci infiniment de votre témoignage,
10:15
Madame Feuneau.
10:16
Je vous en prie.
10:17
Simon Colbeck, il est 7h57.
10:20
Ici Roussillon.
10:21
Actus locales, musique et bonne humeur.
10:25
Ici Matin.
10:26
La météo avec déjà 19 degrés à Vinsa,
10:29
vous nous le dites.
10:30
C'est JFM qui nous a envoyé ce message
10:32
au 04 68 35 5000
10:34
sur le WhatsApp.
10:35
Ici Roussillon.
10:36
Et nous avons quasiment 7 degrés
10:39
en montagne à Matemalle
10:40
avec Martine et René
10:42
sur le Facebook.
10:43
Ici Roussillon.
10:44
On attend encore d'autres.
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