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  • 19/06/2025

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00:008 ans moins le quart, jamais au tour de maire, n'ont démissionné en France.
00:03Ce matin, le réseau ici vous révèle cette étude, c'est Vipov, depuis 2020, date des dernières élections municipales.
00:09Tous les mois, en France, 40 maires ont démissionné, c'est donc plus d'un par jour.
00:13Pour en parler, Simon Moncolbock, notre invité, est justement maire d'une petite commune de montagne.
00:17Bonjour Laurent Lègue.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes le maire d'Estavar, 500 habitants en Cerdagne.
00:22Alors vous, vous n'avez pas démissionné, vous allez même terminer votre deuxième mandat l'année prochaine,
00:26mais vous avez déjà annoncé que vous ne serez pas candidat aux élections municipales de 2026.
00:32En préparant cette interview, vous nous avez dit, je fais partie de ces maires qui sont cramés.
00:37Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:39Ça veut dire qu'au bout d'un moment, la pression est telle qu'on en ressort complètement épuisé, effectivement.
00:48Cramé aussi dans le sens de cramer par toutes les normes qu'il peut y avoir,
00:54par l'évolution de la fonction de maire, parce que je rappelle quand même à tout le monde que ce n'est pas un métier,
01:00c'est une fonction aussi, quelquefois les gens ont tendance à l'oublier.
01:04C'est-à-dire qu'on a souvent, soit on est retraité, soit on a un métier à côté.
01:09C'est déjà, c'est difficile quelquefois de concilier les deux.
01:14Ce qui est votre cas, vous, vous êtes enseignant à côté.
01:16Voilà, moi je suis enseignant au lycée de Fort-Romeu,
01:19et effectivement, quelquefois c'est compliqué, surtout à certaines périodes de l'année.
01:26Mais c'est par rapport à ce manque de disponibilité dû à la profession
01:32qui fait qu'il faut une organisation, une organisation bien sûr,
01:37qui est le soir, qui est le week-end, qui est H24.
01:40Et cette situation, c'est particulièrement pour un maire de moins de 1000 habitants,
01:46parce qu'on met tous les maires dans le même sac vulgairement,
01:50mais voilà, il y a des tranches de population qui font que vous avez plus ou moins de choses à faire,
01:58et plutôt seul quand il s'agit de communes de moins de 1000 habitants.
02:01Alors, ce sentiment de solitude, effectivement, qu'on retrouve dans beaucoup de petites communes chez les élus.
02:07Alors, ce qui est intéressant avec vous aussi, Laurent Lecq, c'est que vous avez été élu à deux reprises.
02:14L'année prochaine, ça fera 12 ans que vous êtes maire d'Estavar.
02:16Comment vous l'avez vu évoluer, cette fonction ?
02:19Vous dites que la fonction de maire, qui n'est pas d'un métier,
02:22donc la fonction a évolué et est devenue de plus en plus pressante.
02:26Ça veut dire quoi concrètement ?
02:27Qu'est-ce qui ne se passait pas il y a 10 ans et qui se passe maintenant pour vous à Estavar ?
02:32Tout à fait. Déjà, perso, j'ai 10 ans de plus, donc ça joue à un moment donné.
02:38Mais également, effectivement, à partir de 2020, 2021, à partir du Covid, les choses ont basculé.
02:45Entre d'un côté un État où il y a de plus en plus de normes,
02:48où on nous demande d'appliquer des choses sans nous demander notre avis,
02:52avec des transferts de conférences ou de charges qui ne sont pas faits,
02:58c'est-à-dire qu'on n'a pas l'argent pour faire ce qu'on nous oblige à faire.
03:03Donc, il faut puiser dans notre budget communal.
03:06Là, comme ça, je n'ai pas d'exemple réel directement,
03:10mais on nous demande de plus en plus de choses à faire
03:15qui étaient faites, par exemple, soit par la DGFIP, le Trésor public,
03:18soit par la préfecture, etc.
03:19Et donc, du coup, ça nous prend du temps.
03:21Vous savez, pour remplir un dossier de subvention,
03:24il faut quand même passer plusieurs après-midi, plusieurs matinées.
03:29C'est très, très compliqué.
03:30Quand on a les services avec des gens dédiés à cela, ça fonctionne.
03:35Quand on a un secrétariat avec une ou deux secrétaires, c'est très compliqué.
03:40Puisqu'elles aussi, elles doivent gérer de la porte qui coince dès l'école
03:45jusqu'aux demandes de subvention pour un gros projet à 400 ou 500 000 euros.
03:50Également, ça a bougé et ça a changé le rapport avec la population.
03:55Les gens sont de plus en plus exigeants, sont de moins en moins patients.
03:59Souvent, je dis, nous ne sommes pas chez Amazon ici.
04:02Ça n'arrivera pas le lendemain matin.
04:03Il y a une différence entre le temps administratif
04:05qui, lui, en plus, devient de plus en plus long,
04:08comme je le disais, à cause de ses normes, à cause des vérifications.
04:12On vit dans un monde de vérification, de peur,
04:16de regard si l'autre ne va pas porter plainte, etc.
04:19Et ça fait que ça alourdit encore plus tout ça.
04:23Et de notre côté, on a des citoyens, que l'on peut très bien comprendre,
04:26qui sont très pressés d'avoir des réponses à leurs attentes.
04:31Et donc, de temps en temps, il y a des petits conflits là-dessus.
04:34Et également, les citoyens qui sont de plus en plus,
04:37et ça, c'est depuis le Covid, axés sur eux-mêmes
04:39et non plus de vision globale collective.
04:45On parle des difficultés de nos mères aujourd'hui.
04:48Et certains démissionnent, d'ailleurs.
04:51C'est notre sujet, ce matin, avec Laurent Legg,
04:54qui est maire d'Estavarie, il est 7h50.
04:56Laurent Legg, est-ce que vous, vous avez déjà pensé à démissionner ?
05:01Oui, effectivement, j'ai déjà pensé à démissionner, plusieurs fois.
05:03Mais je ne l'ai pas fait pour plusieurs raisons.
05:07Premièrement, parce que quand je me suis engagé,
05:08je me suis engagé pour aller jusqu'au bout.
05:11Et puis, de temps en temps, effectivement,
05:12il faut prendre une petite pause, revoir, réfléchir.
05:17Et puis, on repart.
05:18Parce que si on a fait campagne, si on a été élu,
05:23c'est pour quelque chose.
05:24C'est aussi parce qu'on a envie de faire quelque chose.
05:27Donc, bien sûr, il y a toujours espoir de faire quelque chose.
05:30Mais, effectivement, oui, j'y ai pensé plusieurs fois.
05:32Ça veut dire que vous aviez même rédigé une lettre de démission ?
05:35Vous aviez été jusque-là ?
05:36Oui, oui, ma lettre de démission est dans mon ordinateur, effectivement.
05:39Elle peut être toujours sortie.
05:40Alors, il faudra chercher peut-être les motifs.
05:42Mais à un moment donné, oui, ça a été jusque-là.
05:46Mais après, heureusement qu'il faut que tous les maires
05:49soient très, très entourés au niveau familial,
05:52au niveau amical, avec souvent des gens
05:54qui ne doivent pas être dans le serail
05:56pour avoir justement un avis et un équilibre.
06:00Ça, c'est très, très, très important
06:02parce qu'on parlait de la solitude.
06:04Même s'il y a un conseil municipal,
06:07même s'il y a donc une équipe administrative autour du maire,
06:10le maire est seul lors de décisions,
06:12lors de prises de positions.
06:13On parle ce matin de cette étude de Sciences Po,
06:16le CEVIPOF, une démission de maire tous les jours en France depuis 2020.
06:22Et les maires racontent dans cette étude aussi
06:23pourquoi ils ont démissionné.
06:24Alors moi, personnellement, je m'attendais à ce qu'ils parlent
06:27de harcèlement sur les réseaux sociaux,
06:28d'insultes, parfois des coups.
06:30Le maire de Clara, dans le département,
06:32en a été victime.
06:34Mais la première, la première raison de démission,
06:37ce sont les turelles internes,
06:38les tensions au sein des conseils municipaux.
06:41Franchement, Laurent Legge,
06:42ce n'est pas l'ADN de la politique, ça,
06:43quand même, convaincre, négocier.
06:45Est-ce que certains élus
06:46ne sont pas tout simplement trop tendres pour la fonction ?
06:49C'est possible, c'est possible, effectivement.
06:53Mais les problèmes au sein des conseils municipaux
06:57peuvent miner totalement un maire
07:01parce qu'il va avoir de mauvaises relations
07:03avec son premier adjoint ou son deuxième adjoint.
07:06Et c'est en plus de toute la lourdeur
07:09que je viens de vous expliquer, administrative,
07:10de toutes les contraintes,
07:12si en plus, à ce niveau-là, ça ne fonctionne pas,
07:14ça ne fait qu'aggraver la chose.
07:16Si on doit mettre, je prends un exemple un peu trivial,
07:19mais si on doit mettre deux mois,
07:21à savoir la couleur de la peinture
07:23que l'on va mettre dans la salle polyvalente
07:25parce que je dis n'importe quoi,
07:26le premier adjoint le veut vert,
07:27l'autre le veut bleu,
07:29et ça se dispute parce que de suite,
07:31on est accusé de ne pas être démocrate
07:34au sein d'un conseil municipal.
07:36On ne s'en sort pas.
07:37C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
07:38c'est un petit peu ce que je disais tout à l'heure,
07:40c'est un rapport avec le collectif.
07:43À un moment donné, il faut parler collectif
07:44et non pas que la vie perso
07:47passe au-dessus de ce collectif-là.
07:49Il y a des indemnités quand on est élu maire.
07:52Évidemment, ces indemnités sont proportionnelles
07:53à la taille de la commune.
07:55À Estavar, on est à environ 800 euros.
07:58Évidemment, c'est loin d'être suffisant
07:59par rapport au nombre d'heures que vous faites
08:01chaque semaine, chaque mois.
08:02Alors, pas suffisant par rapport au nombre d'heures
08:04que l'on fait,
08:06mais surtout, ça ne permet pas
08:09de ne pas travailler
08:09et de se consacrer à 100%
08:13pour la fonction.
08:14Elle est là, la problématique.
08:16Mais moi, ce n'est pas tant
08:17une histoire d'indemnité.
08:18Ce n'est pas ça, la problématique.
08:19Pour les maires de petites communes,
08:21ce sont les services qui ont disparu,
08:24les compétences qui ont été données
08:27aux communautés de communes,
08:28entre guillemets, les plus intéressantes.
08:30Et il reste réellement,
08:32pour un maire de petites communes,
08:35un rôle qui, au départ,
08:38n'était peut-être pas celui
08:38auquel il s'attendait.
08:40On fait beaucoup de social,
08:42on fait beaucoup de conseils,
08:45on est sur tous les fronts,
08:47surtout en milieu rural,
08:48mais en montagne aussi, etc.
08:52Les vaches, les chiens,
08:54des querelles de voisinage,
08:56il y a de plus en plus
08:57de querelles de voisinage.
08:57Enfin, tout ça,
08:59ce qui pourrait être aussi
08:59réglé par une police municipale,
09:02nous n'avons pas de police municipale.
09:04D'un mot, d'un seul,
09:05parce qu'on est déjà en retard,
09:06Laurent Lègue,
09:06vous ne serez pas candidat
09:07l'année prochaine
09:08pour un nouveau mandat.
09:09Est-ce que vous savez
09:09si quelqu'un sera...
09:10sera candidat ?
09:11Est-ce qu'il y a déjà
09:11des gens qui se sont déclarés
09:12à Estavar ?
09:13Non, il n'y a pas de gens
09:14qui se sont déclarés officiellement,
09:15mais c'est un petit peu tôt.
09:16C'est une crainte, pour vous,
09:18qu'il n'y ait personne
09:19pour prendre la suite ?
09:20Il faudra que quelqu'un
09:21prenne la suite.
09:22Moi, en tout cas,
09:23ma décision est ferme.
09:24Je ne reviendrai pas
09:25sur ma décision
09:25pour tout ce que j'ai dit.
09:27Et puis, 12 ans,
09:28c'est déjà pas mal, je trouve.
09:29Il faut aussi du sang neuf
09:31pour essayer d'amener
09:32de la nouveauté.
09:33Merci, Laurent Lègue.
09:35Vous êtes le maire d'Estavar,
09:36500 habitants en Cerdagne.
09:38Excellente journée à vous.
09:40Merci de même.
09:40Ici Roussillon.
09:45Actu locale,
09:46musique et bonne humeur.
09:48Ici Matin.
09:50La météo,
09:50les messages Facebook
09:51avec Caroline Caz.
09:53Et ça se passe en montagne.
09:55Aujourd'hui,
09:56c'est en Cerdagne.
09:57Et puis, ce matin,
09:58François et Ketakaya
09:59avec 21 déjà au thermomètre.
10:02La météo, grâce à vous,
10:03avec Facebook
10:04et puis WhatsApp aussi
10:0504 68 35 5.

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