« Skin in the Game » : ultra-cibler et en assumer le risque [Jean-Philippe Denis]

Xerfi Canal

24/01/2025

Dans une salle de réunion tendue, un directeur de PME résume l’urgence : « Nous devons tout miser sur ce que nous savons faire de mieux. » Cette déclaration reflète l’époque actuelle : avec l’irruption de l’intelligence artificielle (IA), seules les entreprises capables de se spécialiser et de s’engager totalement survivent. C’est là qu’intervient le concept de "skin in the game" de Nicholas Nassim Taleb : transformer le risque en levier stratégique. [...]

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00:00Dans une salle de réunion tendue, un directeur de PME résume l'urgence.

00:14« Nous devons tout miser sur ce que nous savons faire de mieux ! ». Une telle déclaration

00:23entendue récemment reflète l'époque actuelle.

00:27Avec l'irruption de l'intelligence artificielle générative, seules les entreprises capables

00:33de se spécialiser et de s'engager totalement survivront.

00:37C'est là qu'intervient le concept de « skin in the game » de Nicolas Nassim Taleb.

00:43Il faut transformer le risque en levier stratégique.

00:47L'intelligence artificielle ne fait pas que transformer des processus ou des process,

00:53elle bouleverse l'économie en industrialisant des solutions génériques.

00:58Les acteurs généralistes se trouvent dès lors submergés dans une compétition sans

01:03merci.

01:04Dans ce contexte, seule une spécialisation ultra-ciblée permet réellement de se différencier.

01:12Taleb décrit cet engagement comme un pari assumé sur ses compétences et sa capacité

01:18à prendre des risques, parce que cette qualité, les algorithmes ne pourront jamais limiter.

01:24À vouloir tout couvrir, les entreprises s'éparpillent et donc perdent leur avantage.

01:30L'ultra-ciblage leur offre un positionnement tout à la fois clair et distinctif.

01:37En se concentrant sur une niche, elles transforment leur succès en marqueurs identitaires.

01:44Cette approche leur permet de devenir des références, imposant une expertise unique

01:52et reconnue.

01:53Comme le montrent Frédéric Fréry et Philippe Silberzahn dans un entretien publié dans

01:58la revue Entreprendre et Innover dès 2013, les véritables bouleversements ne viennent

02:05pas toujours de technologies révolutionnaires, mais d'abord de la capacité à occuper

02:09des segments délaissés.

02:11C'est là que « skin in the game », jouer sa peau, prend tout son sens.

02:17Se positionner sur des niches inattendues avec un engagement complet, cela peut redéfinir

02:23les règles mêmes du marché.

02:24Investir pleinement dans une niche crée un écosystème robuste et rend de fait l'entreprise

02:33progressivement incontournable.

02:36Cette implication totale impose des barrières à l'entrée redoutables, dissuadant d'autant

02:41plus les concurrents que les capacités jugées nécessaires sont considérées par eux comme

02:47répulsives, comme l'a théorisé le même Frédéric Fréry.

02:52L'engagement n'est donc pas seulement une stratégie, c'est aussi une protection

02:57durable face à l'ultra-compétition.

03:02Dans l'économie numérique, l'ultra-ciblage est plus qu'une stratégie, c'est une

03:07condition de survie.

03:09Jouer façon « skin in the game », c'est voir le fait de risquer sa peau comme une

03:15opportunité et non comme une menace.

03:17En adoptant cette approche, les entreprises innovent, elles fidélisent leur réseau et

03:24donc elles construisent une résilience durable.

03:27Pour s'engager dans ce qu'il faut bien appeler une ultra-stratégie, il n'est finalement

03:33besoin que d'un seul préalable, tordre le cou à l'illusion dangereuse et toxique

03:42qu'on pourrait un jour avoir quelque chose à perdre.

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