C’est sans mot dire, et derrière le masque facial imperturbable d’un homme qui en a vu passer des choses, sous son couvert capillaire clairsemé mais lisse, qui lui donne cette apparence de vieux moine ermite que, sans doute plus que personne autour de lui, Laurent Esso, Ministre camerounais en charge de la Justice, tend toute l’attention de ses oreilles, jour et nuit, en direction des délibérations qui se trament depuis quelques mois dans le silence des prétoires américains et anglais sur l’affaire GLENNCORE. Question de savoir si les jugements attendus pourraient finalement conduire à l’indexation formelle de Ferdinand NGOH NGOH, Secrétaire général de la Présidence, parmi les récipiendaires mafieux de ces pots-de-vins et conduire, de ce fait Paul BIYA, aux confins de son épuisement, à devoir éliminer cet âpre combattant du champ politique et surtout, de la féroce compétition pour l’accès au trône, malgré les chants de louange dans lesquels ce dernier s’est investi ces derniers temps, avec une rage d’exalté. Une cérémonie à laquelle Laurent ESSO ne s’est pas présenté, ce jour-là. Sans doute dégoûté à l’idée de devoir prendre place au plus près de son ennemi et faire ainsi affichage sur un projet d’accession à la Magistrature suprême présumément nourri par son adversaire, auquel – grand admirateur de Paul BIYA qu’il dit être – il entend si ce n’est catégoriquement s’opposer, à tout le moins, fortement perturber. Lui qui aime tant à rappeler qu’en dernier ressort, c’est Paul BIYA seul qui dira les normes et les procédures de sa succession; en d’autres termes, lui-même, Laurent ESSO, dans le secret et donc, la manœuvre. A tout déduire du propos du Ministre en charge de la Justice, Ferdinand NGOH NGOH est tout simplement cerné. Coincé à gauche par une décision de Paul BIYA qu’il ne contrôle que partiellement, bloqué à droite par un Ministre de la Justice pas vraiment disposé à l’idée de le laisser s’échapper notamment sur cette affaire GLENNCORE, condamné à cheminer entre les ronces et les lianes de cette forêt dangereuse, remplie d’autant de serpents que de scorpions.