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L'édito de Jules Torres : «Gérald Darmanin-Bruno Retailleau : les tontons flingueurs»
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29/12/2024
Dans son édito du 29/12/2024, Jules Torres revient sur Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.
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Chose promis, chose due, c'est Jules Torres pour l'édito politique de 6h50.
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Mon cher Jules, on va donc parler de ce duo politique à la une aujourd'hui,
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à la une de l'actualité et à la une du JDD, du journal du dimanche.
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C'est Bruno Retailleau et Gérald Darmanin.
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Un tandem qui apparaît donc comme aligné, un tandem régalien et historique surtout.
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Oui. Est-ce que c'est une révolte ? Non, Cyr, c'est une révolution.
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Une révolution, enfin, que la droite attendait et qu'elle réclamait à corps et à cris
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depuis des années.
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Voilà le retour d'une politique de fermeté assumée, orchestrée par un duo inédit.
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Bruno Retailleau à l'intérieur, Gérald Darmanin à la justice.
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Un tandem régalien qui rappelle les grandes heures, vous savez, du binôme Charles Pasqua,
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Albin Chalandon.
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C'était en 1986, sous la cohabitation avec François Mitterrand.
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D'autant qu'il s'agit d'une surprise, Gérald Darmanin, qu'on annonçait plutôt
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du côté du Quai d'Orsay pour porter la voie de la France, se retrouve finalement
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place Vendôme.
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Après quatre ans à Beauvau et trois mois hors jeu, le revoilà dans un rôle tout neuf
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qui lui va, il faut le dire, comme un gant.
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Alors, qui a eu cette idée ? Est-ce que c'est Emmanuel Macron ? Certains le suggèrent.
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On sait également que Bruno Retailleau, c'est intéressant, il a suggéré le nom
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de Gérald Darmanin à François Bayrou pour porter la voie du garde des Sceaux, comme
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si ce duo, dès ses premiers pas, portait déjà en lui une inévitable concurrence.
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Avec Bruno Retailleau à Beauvau et Gérald Darmanin à Vendôme, le gouvernement de François
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Bayrou trace un cap clair, à droite toute, une droite assumée, ferme, qui entend agir
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vite et frapper fort.
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Les deux hommes n'ont d'ailleurs pas tardé à fixer leur premier rendez-vous, ce sera
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un déjeuner, il est prévu le 3 janvier.
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Alors, est-ce qu'ils vont véritablement réussir à s'entendre et à tracer une feuille
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de route commune ?
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Pour l'instant, sur le papier, les deux hommes sont globalement sur la même longueur d'onde,
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que ce soit sur l'immigration, la sécurité, la justice, on peut dire qu'ils appartiennent
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à la même chapelle.
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Mais il y a quand même des subtilités, prenons par exemple l'exemple de l'immigration.
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Il y a un an, lors des négociations du projet de loi Darmanin, Bruno Retailleau avait marqué
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son territoire, pas question pour lui de céder sur la régulisarisation des clandestins sur
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les métiers en tension, ils s'y étaient fermement opposés, c'était leur premier
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vrai face-à-face et avant ça, il y a eu évidemment des échanges musclés, on se souvient
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notamment de leurs échanges après le fiasco du Stade de France, de la finale de Ligue
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des Champions en 2022, c'est quelque chose qui continue de poursuivre Gérald Darmanin.
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Et en plus, jusqu'ici, les deux hommes marchaient chacun dans leur couloir, Bruno Retailleau,
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le Vendéen formé à l'école de Philippe de Villiers et Gérald Darmanin, le fils
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de Tourcoing, pur produit de la Sarkozy, deux trajectoires qui ne se croisaient pas, l'un
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roulait pour François Fillon, l'autre pour Nicolas Sarkozy, l'un a construit sa carrière
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dans les salons feutrés du Sénat et dans les paysages de Vendée, l'autre sur les
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bancs de l'Assemblée et au cœur du tissu industriel du Nord, donc deux styles pour
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deux mondes.
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Alors oui, leur union est tardive et elle est plutôt inattendue, mais elle a de quoi
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séduire l'électorat de droite, les deux hommes partagent une même obsession, dégainer
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et rétablir l'ordre.
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Bruno Retailleau, qui a souvent buté ces dernières semaines sur les réticences idéologiques
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au ministère de la Justice, il trouve enfin en Gérald Darmanin un partenaire de choc.
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C'est simple, tous les deux ensemble, ils incarnent quoi ? C'est simple, ils incarnent
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l'anti-Tobira.
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Cependant, on a quand même deux fortes têtes dans ces ministères, est-ce qu'on risque
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de les voir se livrer à une bataille d'égo au détriment des Français ?
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On peut le dire, dès maintenant, le temps de la rivalité, il viendra, mais pas tout
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de suite.
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Pour l'instant, l'heure, il est à l'action, que ce soit sur le terrain comme au Parlement.
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Bruno Retailleau, il n'a pas chômé depuis son arrivée à Beauvau, il a lancé de nombreux
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débats, référendum sur l'immigration, rétablissement de la double peine, révision
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de l'accord de 1968 avec l'Algérie, sa sortie sur l'État de droit qui avait beaucoup
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fait parler, ses attaques en règle contre le multiculturalisme, et avec l'arrivée
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de Gérald Darmanin à la justice, il tombe à point nommé lui aussi, il promet du lourd,
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des opérations placenettes dans les prisons, des applications strictes des courtes peines
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sur le modèle hollandais, une loi contre le narcotrafic qui avait été entamée par
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Didier Migaud et Bruno Retailleau, bref, ces deux-là, objectivement, sont des alliés
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de circonstance, mais ils restent quand même une grande inconnue, de combien de temps disposent-ils
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pour mener à bien leurs actions, car il y a la menace évidemment persistante de la
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motion de censure, donc le défi est immense, il s'agit de livrer en peu de temps des
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résultats concrets, rapides, et de réconcilier cet électorat de droite en manque d'autorité
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depuis des années.
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Bruno Retailleau doit asseoir sa crédibilité et sa notoriété, Gérald Darmanin pour lui
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doit monter en puissance pour incarner le successeur, l'héritier du macronisme.
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Et si le gouvernement perdure, il ne fait aucun doute que la rivalité finira par se
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dévoiler en tenue, et ce sera alors à François Bayrou de jouer les arbitres, car tôt ou
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tard, l'un des deux fera sienne cette réplique des tontons-flingueurs, tort ou pas tort,
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maintenant, c'est moi le patron.
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