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Les violences contre les médecins en hausse
ici Occitanie
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27/11/2024
Le médecin toulousain Baptiste Beaulieu
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Personnes
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00:00
C'est d'ailleurs arrivé à votre invitée Jeanne-Marie.
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Bonjour Baptiste Beaulieu.
00:03
Bonjour Jeanne-Marie.
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Vous êtes médecin généraliste à Toulouse et écrivain et il y a quinze jours, le 12
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novembre dernier, vous avez raconté sur vos réseaux sociaux qu'un patient a menacé
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de vous frapper dans votre cabinet et qu'il vous a traité de sale pédé.
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Est-ce que c'était la première fois que ça arrive ?
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Alors de la part de ce patient, oui, c'était la première fois.
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De la part des patients en général, non, ce n'est pas la première fois.
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Je crois que malheureusement, on est nombreux dans la profession médicale à être confrontés
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tous les jours à cette violence qui monte et qui est peut-être aussi le résultat d'une
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forme de violence sociale ou d'un sentiment d'injustice sociale qui est vécue par les
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gens et qui rejaillit dans nos cabinets médicaux.
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Être agressé par quelqu'un que l'on soigne, ça fait d'autant plus mal ?
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Il y a un sentiment de trahison, il y a un sentiment de trahison qui est d'autant plus
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important que ce patient, je le suivais depuis de nombreuses années, que je ne me suis jamais
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caché auprès de mes patients de vivre avec un homme, d'avoir un enfant.
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Est-ce que c'était une agression homophobe Baptiste Beaulieu ?
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Je ne pense pas, ce qui est certain c'est que ça n'a jamais eu l'air de lui poser
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problème que son médecin vive avec un homme, jusqu'au jour où son médecin lui dit non
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parce qu'il veut passer devant tout le monde et qu'il y a des bébés dans la salle d'attente
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et qu'à priori il n'est pas prioritaire vis-à-vis des bébés.
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Et puis ce jour-là, ce jour où on lui dit non, la première insulte qui lui vient à
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l'esprit c'est celle-ci plutôt qu'une autre.
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Vous avez hésité à porter plainte ?
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J'ai hésité parce que c'est toujours le sentiment en tant que médecin qu'on est là
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pour accompagner les gens, pas pour les mettre dans la merde en gros et j'ai culpabilisé
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en me disant bon et en même temps il s'est mis dans cette merde tout seul et maintenant
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il faut qu'il assume, il est grand, il est majeur, on est tous responsables de nos actes.
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Vous avez écrit sur Instagram, ça devient de plus en plus dur de croire en ce métier,
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d'y trouver du sens.
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Un jour j'arrêterai car mieux vaut arrêter que de continuer en haïssant le monde entier.
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Vous le pensez toujours ça ?
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Je crois que ce métier, les gens nous consomment, ils consomment du soin, ils nous consument
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aussi.
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Je crois qu'un jour on peut se lever le matin et ne plus savoir pourquoi on se lève le
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matin, pourquoi on va au cabinet et je crois que c'est important tous les matins de se
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rappeler qu'on y va pour accompagner les gens, pour les écouter, pour les accompagner et
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juste remettre le sens de cette mission qui est celle de soigner la population.
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Mais vous pourriez arrêter un jour à cause de la violence ?
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Clairement oui, moi j'ai repris dès le lendemain parce que je savais que si je reprenais pas
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dès le lendemain, je reprenais pas du tout.
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Les actes de violence envers les médecins ont augmenté de 27% l'an dernier en France
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selon l'Observatoire de la Sécurité des médecins, quasiment deux fois plus de signalements
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l'an dernier en Haute-Garonne.
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Qu'est-ce qu'on peut faire pour que ça s'arrête ?
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Je ne sais pas, peut-être simplement essayer de comprendre d'où jaillit cette violence.
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Je ne l'excuse pas, j'essaye de la comprendre et c'est ça qui m'intéresse pour pas qu'elle
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ne se reproduise.
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Essayer de comprendre pourquoi les gens sont à crampes, pourquoi les gens ont recours
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comme ça à la violence plutôt qu'au dialogue et qu'est-ce qui rend cette violence possible
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chez eux.
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Et si vous êtes patient ou médecin, venez nous raconter la violence à laquelle vous
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êtes peut-être confronté.
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Votre dernier livre sorti le mois dernier, Baptiste Bollieux, s'intitule « Tous les
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silences ne font pas le même bruit ». Vous racontez à la deuxième personne du singulier
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où tu es et c'est étonnant et parfois troublant à quel point c'est difficile d'être LGBT
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encore aujourd'hui à Toulouse, dans la région en France.
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Vous l'avez écrit pour qui ce livre ?
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Ce livre, je l'ai écrit pour mon fils parce que j'ai l'espoir que la génération qui
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nous succède puisse grandir dans une société un peu plus apaisée vis-à-vis de ces sujets.
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Moi, je n'ai pas envie que mon enfant grandisse dans une cour d'école où péder, répéter
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15 fois par jour et se faire d'insultes principales.
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Il y a des études qui montrent qu'en général un lycéen l'entend jusqu'à 15 fois par jour.
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Comment vous voulez qu'on se construise, qu'on s'aime quand on a 13, 14, 15 ans, qu'on se
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pose des questions parce qu'on ne devient pas LGBT à 18 ans ? Ce n'est pas un brevet
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qui nous tombe du ciel le jour de notre majorité.
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Comment vous voulez qu'on se construise, qu'on arrive à s'aimer, ce qui est déjà
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tellement difficile quand on est ado, quand on entend cette insulte répéter 15 fois
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par jour ?
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Et la médecine, elle soigne mal les minorités, comme vous l'écrivez ?
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Elle ne s'y intéresse pas du tout, seulement cet angle mort, il est mortel pour les minorités.
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Je donne des stats très précis dans le livre, il y a 10 pages de bibliographie.
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Il faut qu'on se rende compte, par exemple, les femmes lesbiennes sont 4 fois moins vaccinées
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contre le papillomavirus que les femmes hétérosexuelles.
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Parce qu'on ne leur propose pas le vaccin, parce qu'on ne sait pas qu'on doit leur
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proposer.
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Est-ce que les médecins ont une idée très floue ou très stéréotypée de ce que peut
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être la sexualité des femmes lesbiennes et donc ils pensent qu'elles sont non pénétratives
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et ils n'ont jamais parlé à une lesbienne, en l'occurrence, mais que du coup elles n'ont
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pas besoin d'avoir ce vaccin ? Moi je dis ce chiffre-là, mais derrière il y a des visages,
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il y a des destinées.
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Ces femmes qui meurent à 40 ans d'un cancer du col de luteus, leur destin c'était pas
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de mourir aussi jeunes parce qu'elles sont lesbiennes et qu'elles n'intéressent pas
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la médecine.
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Et il y a beaucoup de LGBT qui ne vont pas se faire soigner de peur d'être jugées,
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ça c'est une réalité ?
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Pareil, c'est des stats qui montrent que 50% des personnes LGBT ont déjà reculé
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une consultation par peur d'être jugées par le médecin et alors tout ça, encore
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une fois c'est des chiffres, mais derrière il y a des visages, il y a des pertes de chances
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sanitaires avec des gens qui tombent malades et qui sont moins bien soignés, moins vite
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soignés.
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Il y a un moment qui m'a particulièrement marquée dans votre livre, page 235, vous
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racontez qu'un soir de garde au Samu, vous êtes appelé pour une femme qui a une douleur
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thoracique, vous partez sur place avec un médecin expérimenté, non, vous dites un
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médecin aux idées rances, dans l'appartement quand vous arrivez il y a deux femmes, celle
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qui est souffrante est allongée, l'autre lui tapote la main à côté, l'accompagnante
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veut monter dans l'ambulance, elle explique qu'elle est la compagne de cette femme depuis
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37 ans, que répond le chef du Samu à ce moment-là ?
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Il lui répond qu'on ne prend pas la famille, on ne prend pas la famille alors qu'elles
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sont ensemble depuis autant d'années, et puis il lui claque la porte au nez, donc ça
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ça devrait questionner aussi les rapports de force qui circulent au sein de notre société,
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ce qu'on accepte, ce qu'on n'accepte pas, et ce qu'on accepte par l'âcheté.
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Il claque la porte de l'ambulance au nez de la compagne, et il vous dit quoi Baptiste
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Beaulieu à ce moment-là ?
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Il nous dit je déteste les vieilles gouines, il le dit ouvertement, et nous on est étudiants
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on n'a aucun pouvoir à l'hôpital, vous savez quand on est externe, interne, d'autant
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plus que c'est lui qui remplit après nos appréciations de stage, donc on se tait,
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et puis on a honte de ce silence-là.
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Cette femme est décédée ? Dans l'ambulance ou à l'hôpital ?
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À l'hôpital probablement, oui, quand une tournage de sa pathologie a eu lieu, j'espère
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qu'elle n'a pas entendu cette dernière phrase avant de partir, bien sûr, et c'est
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révoltant, mais j'ai l'impression que dès qu'on parle de ça, on est tout de suite
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accusé d'un hoboquisme, je ne sais pas ce que c'est que le hoboquisme, moi ce que
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je sais c'est que je suis une personne qui vit sa vie et qui se fait insulter dans la
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rue parce qu'il est homosexuel, et que d'autres personnes me considèrent comme un sous-citoyen
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à cause de ça.
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Dans votre livre, vous expliquez à quel point nous sommes dans une société hétéronormative,
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ça veut dire que toute personne qui n'est pas hétérosexuelle va, d'une manière ou
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d'une autre, être confrontée à cette société-là qu'on a bâtie ?
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Je ne sais jamais définir ce terme d'hétéronormativité, tout ce que je sais c'est que quand je tenais
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la main d'une copine dans la rue, je n'ai jamais eu de problème, et qu'à partir du
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moment où je tiens la main d'un homme, des gens se sentent habilités à me cracher
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dessus, donc pour moi c'est ça l'hétéronormativité, c'est des mesures coercitives qui sont prises
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pour faire rentrer dans le rang toute minorité sexuelle dissidente.
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Et vous espérez que votre livre va faire un petit peu changer les choses ?
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Je l'espère pour la génération de demain, et pour qu'il y ait moins d'ados qui suicident,
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c'est 4 à 7 fois plus de suicides chez les ados.
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Merci beaucoup Baptiste Beaulieu, votre livre « Tous les silences ne font pas le même
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bruit » est au prix, il faut le dire, de 20,90€ dans toutes les librairies, ça peut
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être un cadeau de Noël, pourquoi pas mettre sous le sapin.
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Merci Baptiste.
07:10
Merci beaucoup.
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