Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Heureux Pinsoir.
00:0119h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et je le disais, cette affaire du meurtre de Philippine
00:08est malheureusement, tragiquement, terriblement un cas d'école
00:13pour ce qui se passe en matière de sécurité intérieure en France.
00:18Et on en revient parce que c'est lié à ce bras de fer qu'on connaît aujourd'hui
00:23entre Bruno Retailleau et Didier Mégault, le nouveau ministre de la Justice,
00:29Catherine Ney.
00:31Les observateurs font remarquer que de tout temps,
00:36qu'il y a eu Gaston Defer avec Robert Vadinter,
00:40qu'il y a eu Chevènement avec Madame Guigou...
00:43Madame Guigou, oui.
00:44Et Lionel Jospin donnait toujours raison à Madame Guigou, d'ailleurs.
00:47Val Stobira.
00:48Val Stobira.
00:49Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi c'est comme ça ?
00:51Pardonnez-moi cette question totalement candide, mais...
00:53Je sais pas, c'est...
00:54Comme disent les Anglais au what the fuck, quoi.
00:56Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:57Ce qu'il se passe, c'est une anomalie française, d'une certaine manière.
01:02C'est un peu un terme, un couple impossible,
01:05avec d'un côté, évidemment, deux exigences différentes.
01:08Un petit peu le ministre de l'Intérieur,
01:12mais c'est le ministre de la Police, c'est le ministre qui voit le terrain,
01:15c'est celui qui est le plus près de ce qu'il se passe.
01:17Et l'autre, c'est l'état de droit, le respect des libertés.
01:23Et puis ce côté à toujours vouloir excuser,
01:27ça c'est le droit français, c'est d'ailleurs depuis 1981,
01:30la législation est allée toujours dans ce sens,
01:34c'est que ceux qui commettaient des infractions, des crimes,
01:37c'était toujours plus ou moins la société qui les avait,
01:40leur maltraitance, et voilà.
01:42Et c'est vrai que lorsqu'il y a un crime,
01:45celui qui vient de le commettre est mieux traité,
01:48parce qu'il est accueilli, on lui donne à boire, à manger,
01:51pendant plusieurs jours, tandis que les victimes n'ont personne
01:54pour être reçues.
01:56Cette doxa de la justice, elle existe depuis combien de temps ?
01:59Parce qu'on nous parle souvent de la loi Perfit,
02:03qui a suscité beaucoup de polémiques à l'époque.
02:06Polémiques par la gauche, si vous voulez.
02:08Mais non, mais je pense qu'il y a de cette dérive-là
02:11depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir.
02:14Donc depuis 1981.
02:16Depuis 1981, avec quand même Robert Badinter,
02:19ce qui est un grand avocat qui a fait vraiment...
02:22La peine de mort a été vraiment...
02:24Bon, il faut le saluer.
02:26Mais quand même, il avait fait tout un discours
02:29pour dire que les délinquants les plus...
02:32Pour la société, c'était quand même les patrons.
02:35Il avait tout un... Bon, je veux dire...
02:38Et c'est là que ça a changé un peu de...
02:41C'est une philosophie qui est que les droits de l'homme,
02:44les victimes sont plutôt quelquefois
02:47ceux qui commettent des infractions et des crimes
02:50parce que la société les a maltraités.
02:52Mais si je peux me permettre, Catherine.
02:54Mais permettez-vous.
02:55Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981,
02:58la droite a elle aussi gouverné.
03:00A elle aussi été aux affaires.
03:02Et pas qu'un peu.
03:03Sur des séquences relativement longues.
03:08Et cette droite au pouvoir,
03:10j'ai souvenir de Nicolas Sarkozy à Beauvau.
03:14Certains lui ont dit même qu'il a tué le métier.
03:17Personne ne fera mieux que lui en la matière.
03:21N'a pas donné pour ce qui pourrait être un projet de droite
03:25une politique radicalement différente.
03:29Sinon, il y aurait eu des résultats.
03:32Je vais vous dire, il y avait une telle pression
03:35à la fois médiatique, politique.
03:38Il était le voyou de la République.
03:40Il a été le voyou de la République parce que
03:42après son discours de Grenoble,
03:45pour dire que ceux qui s'en prenaient à la force publique
03:50pouvaient être destitués de leur nationalité.
03:54Je ne sais pas s'il est allé trop loin ou pas.
03:57Mais je pense que ça l'a complètement bloqué après.
04:00C'est une avalanche de critiques.
04:04Et je pense que pour quelqu'un qui avait voulu faire l'ouverture,
04:09avoir des ministres de gauche,
04:12je pense que de ne pas être payé de retour,
04:16de ne pas se faire comprendre,
04:18ça fait que finalement, d'ailleurs il l'a dit,
04:21il y a une forme de pusillanimité devant la houle.
04:25Et c'est très difficile.
04:27Et puis avec les journaux, quand il y a Le Monde,
04:30la presse Libération,
04:32vous êtes un petit peu ensevelis par ces critiques.
04:37Et peut-être que le courage...
04:40Rares sont les tandems qui pensent pareil.
04:44Ministre de l'Intérieur, ministre de la Justice,
04:47je pense à quelqu'un que vous avez bien connu,
04:50je pense à Albain Chalandon.
04:51A l'époque, le ministre de l'Intérieur, je crois que c'est Charles Pasqua.
04:54Oui, mais ils ne s'entendaient pas trop mal.
04:57Ils s'entendaient bien, mais c'est une exception
05:00dans toute cette durée de la Ve République.
05:03Oui, parce qu'au moins, il y avait un accord pour dire
05:05que dans le système prénitentiaire, il fallait faire des prisons.
05:08Et depuis, il n'y en a pas eu, pratiquement,
05:14de construction de prison.
05:15Alors, le garde des Sceaux qui vient de partir
05:18a lancé une série de constructions de prison.
05:21Et là, il a envoyé le bilan de son action.
05:25Et lui, il dit que sur les 15 000 places
05:29qui étaient prévues pour 2030,
05:31à la fin de l'année 2024,
05:33il y en aura 50% qui sortiront de terre.
05:36Bon, on va voir si les prisons vont être construites.
05:39Mais c'est vrai que là aussi,
05:42on ne se donne pas les moyens de préserver la société.
05:46Je disais tout à l'heure dans le journal
05:48que sur la question des OQTF
05:51concernant la mort de Philippine,
05:54il y a une sorte d'unanimité dans la classe politique.
05:58Cela dit, c'est dit sur des tons, on va dire, différents.
06:01D'abord, François Hollande,
06:03et ensuite, David Lysnard.
06:05C'est le problème des OQTF,
06:07il faut que ça aille vite.
06:09À un moment où une personne sort de prison,
06:12doit être expulsée, reconduite à la frontière,
06:15même s'il faut attendre,
06:16parce que c'était ça dont il s'agissait,
06:17il fallait attendre l'autorisation du Maroc,
06:19le laisser passer consulaire,
06:21il faut que ça aille le plus vite possible.
06:23Parce que nous connaissons très bien
06:25l'université de Dauphine, le Bois de Boulogne,
06:27c'est à 500 mètres de la faculté
06:30où était cette jeune femme.
06:31Donc voilà, nous sommes tous horrifiés,
06:33et nous devons tous se dire,
06:35qu'est-ce qui s'est passé ?
06:37Ce qui se passe, c'est qu'on ne va pas assez vite
06:39dans des décisions qui sont prises.
06:41C'est Philippine aujourd'hui,
06:42c'était Éric Comines hier,
06:45c'était Lola avant-hier,
06:47c'est toujours le même cas de figure.
06:48Il a violé en 2019,
06:51il est en liberté en 2024.
06:54Est-ce qu'on se rend compte de l'absurdité de cette situation ?
06:57Il a pris 7 ans de prison.
06:58Ce n'est pas acceptable,
06:59ce n'est pas de l'extrémisme ce que je vous dis.
07:01C'est simplement,
07:02toute la journée nous on est confrontés à ça.
07:05On voit des multirécidivistes,
07:07des gens qui ont 34 condamnations.
07:09On les retrouve en bas de nos rues,
07:11en bas de nos immeubles.
07:12Bon, il y a consensus là-dessus.
07:15Oui, il y a consensus.
07:17François Hollande met le doigt sur quelque chose
07:19qu'on a rappelé tout à l'heure avec William Meulnier.
07:21C'est-à-dire que, là en l'occurrence,
07:23cet homme-là, cet individu,
07:25est en prison pendant 5 ans,
07:27et on prend la décision de faire une OQTF
07:302 jours avant qu'il sorte de prison.
07:33Dans ce fiascardivement,
07:35premier élément.
07:37Je crois qu'elle a été demandée le 24 juin.
07:39Oui, mais ça veut dire 2 jours avant
07:42la sortie de cet individu de prison.
07:45Il y en avait 5 ans pour le faire.
07:47Et la deuxième dimension,
07:50c'est après 3 demandes infructueuses d'OQTF
07:53auprès du Maroc,
07:54à la quatrième demande, le Maroc
07:56accepte donc de délivrer un laissé-passer consulaire,
08:00mais ce laissé-passer consulaire
08:03arrive 3 jours après la sortie du CRA.
08:08Pourquoi dans ce moment-là,
08:11il n'y a pas, j'ai envie de dire, un coup de téléphone
08:14d'un responsable administratif ou judiciaire ?
08:17Parce que le juge a pris sa décision.
08:19Tout simplement pour dire
08:22à l'interlocuteur marocain
08:24concernant notre demande,
08:26où ça en est ? Est-ce que c'est froid, tiède ou chaud ?
08:28Et là, très certainement qu'il y aurait eu un interlocuteur
08:30pour dire, oui, c'est en cours.
08:32L'idée, c'est que si on avait pris cette décision
08:34par en juin, mais peut-être 2 ans avant...
08:36Le système est totalement embolisé.
08:39Il y a plus de 130 000 OQTF par an
08:43et ne sont pas exécutés.
08:45Tout ça est un théâtre d'ombre.
08:47Il faut tout remettre à plat.
08:49Peut-être qu'il y aura, dans la déclaration
08:51de politique générale de mardi,
08:53des propositions précises
08:55venant du Premier ministre.
08:57Je vous rappelle que vous retrouvez
08:59Thomas Hill pour Culture Média,
09:01tous les jours de 9h30 à 11h sur Europe 1.
09:03Demain, les invités sont Sonia Mabrouk
09:05pour son livre « Et si demain tout s'inversait »
09:07aux éditions Fayard.
09:09Il y aura également Lucien Jean-Baptiste et Isabelle Nanty
09:11pour le film « On fait quoi ? »
09:13Maintenant, vous pouvez d'ailleurs participer
09:15à Culture Média par SMS
09:17et gagner des cadeaux.
09:197-39-21, vous pouvez gagner vos places
09:21pour le spectacle « Je vais t'aimer »
09:23les plus grands succès de Michel Sardou.
09:25Et nous, on se retrouve,
09:27parce qu'on s'aime aussi,
09:29avec Catherine Né et Olivier Dardigolle
09:31dans un instant sur Europe 1.