Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 17/05/2024

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 A 7h46, vous avez la parole et ce matin, Théo, on grimpe en montagne et souvent désormais, on n'est pas tout seul.
00:05 Oui, depuis le Covid notamment et puis avec la multiplication des canicules, la montagne est devenue un refuge
00:10 et ce n'est pas sans poser problème dans certains massifs fiséroirs.
00:14 On part d'abord dans le Vercors. Bonjour Jacques Adenau.
00:16 Bonjour.
00:18 Merci d'être avec nous ce matin en direct. Vous êtes président du parc naturel régional du Vercors.
00:23 Vous êtes aussi élu à Saint-Nizier-du-Moucherotte.
00:25 D'abord, je voulais vous demander comment se sont passés les mois de mai.
00:28 Est-ce que vous avez constaté une affluence importante ?
00:32 Alors, il y a de l'affluence, il y a même beaucoup d'affluence.
00:35 Évidemment, ça dépend si la période est humide ou pas humide, s'il pleut beaucoup ou pas.
00:39 Mais de toute façon, il y a du monde et ce sont souvent de courtes périodes chargées de monde,
00:44 en particulier sur certains sites. Mais bon, la vie est là.
00:48 Ça pose déjà des enjeux d'organisation, de réflexion sur certains sites ?
00:53 Oui, bien sûr. Mais peut-être juste avant de parler un peu des enjeux de réflexion et d'organisation,
00:59 de fait, on est en train de parler indirectement des transitions,
01:04 c'est-à-dire d'une situation nouvelle qui arrive et sur laquelle on doit être un peu clair sur ce qui se joue.
01:11 Depuis le Covid, la donne a changé depuis le Covid ?
01:13 Voilà, la donne a changé depuis le Covid et c'est bien naturel.
01:17 Il est bien normal que les gens aient envie de nature.
01:19 Mais en même temps, la première des transitions dans ce cas-là, c'est peut-être de se connaître,
01:24 de connaître et découvrir les côtes de la montagne.
01:27 Et pour cela, il me semble que la première des transitions serait peut-être d'apprendre à passer de la ville,
01:32 de l'agglomération, à la nature, à la montagne, aux grands espaces,
01:37 avec toute la délicatesse que chacun aime avoir.
01:40 On va développer tout ça, si vous voulez bien, Jacques Adenau.
01:43 On va développer tout ça dans un instant.
01:44 On va d'abord au standard de France Bleu Isère parce qu'on a quelqu'un qui nous appelle du "Vercors", justement.
01:48 En tout cas, pour parler du "Vercors", parce que c'est Catherine qui est à Grenoble.
01:51 Bonjour Catherine !
01:52 Oui, bonjour !
01:54 Alors justement, pour parler de cette surfréquentation, ça vous a touché ?
01:58 En tout cas, vous vous êtes concernée puisque...
02:00 Oui, voilà, parce que j'ai l'impression que mon pays devient de plus en plus surpeuplé.
02:05 Donc on subit ça déjà dans les mégapoles.
02:08 Et quand on veut s'y mettre, moi je vous dis tout de suite, je ne sors plus du tout le dimanche
02:12 parce qu'on se retrouve en file indienne là-bas.
02:14 On va à Saint-Pierre-de-Chartreuse où souvent, on n'y va plus.
02:18 Et le "Vercors", j'ai remarqué à Côte de Mille qui est un endroit magnifique avec le lac
02:25 où on peut voir le pas de la Balme d'en haut.
02:28 Enfin, c'est des émences.
02:29 Depuis le Covid, c'est devenu infernal, quoi.
02:32 Et vous renoncez maintenant carrément à y aller, Catherine ?
02:35 Depuis deux ans, je n'y vais plus.
02:37 Je suis tout, de toute façon, je suis tout ce qui est touristique
02:40 parce que bon, on souffre déjà, nous, en vivant en mégapole.
02:43 Donc, on veut s'échapper dans des endroits sauvages.
02:45 Bon, j'arrive à en trouver, je ne dirai pas où c'est.
02:47 Bon, il n'y a pas évidemment, il n'y a pas de commerce, il n'y a rien.
02:49 Gardez vos coins, Catherine, tout à fait.
02:51 Oui, oui, oui.
02:52 Mais du coup, Catherine, vous seriez pour qu'il y ait une organisation, une limitation ?
02:58 Écoutez, je ne sais pas. Les gens ne sont pas raisonnables, vous voyez bien.
03:01 Donc, le problème, si on a au moins arrêté de faire de la pub,
03:05 les réseaux sociaux s'en chargent déjà bien.
03:08 Et il faut arrêter de faire de la publicité.
03:10 Et bon, je sais bien, il y a des gens qui doivent vivre.
03:13 Enfin, si pour vivre, il faut qu'on pollue tout, ce n'est pas la peine.
03:16 Et je pense que plus on va tirer, plus ça va devenir infernal, quoi.
03:20 C'est infernal, qui s'éclate, le même genre de population qui vient.
03:24 Moi, j'ai vu des gens monter en poussette-câne, en tournonde, enfin, c'est n'importe quoi.
03:28 C'est forcément équipé.
03:29 C'est ce que disait Jacques Adenau au début.
03:31 Merci, Catherine.
03:32 Merci, Catherine. Merci d'avoir été avec nous ce matin.
03:34 Effectivement, c'est ce que disait Jacques Adenau au début.
03:36 Apprendre à vivre à la montagne.
03:38 Jacques Adenau, président du parc naturel régional du Vercors,
03:43 comment vous prenez le témoignage de Catherine qui, désormais, ne vient plus dans le Vercors ?
03:49 Eh bien, je pense qu'elle a pour partie raison.
03:52 Et en même temps, c'est un changement qui est profond.
03:55 Donc, ça veut dire qu'il va falloir que nous-mêmes, nous acceptions de nous y adapter,
03:58 mais avec une façon de faire qui fasse que, progressivement, on apprenne ces codes de la montagne.
04:04 La montagne, ça ne s'invente pas.
04:06 Et le respect de l'autre, ça se construit tous les matins,
04:10 entre autres, quand on est dans la montagne.
04:11 Je vous donne deux, trois petits exemples.
04:13 Quand je vois une fontaine, évidemment, il y a de l'eau fraîche, j'ai envie de boire.
04:17 Oui, mais l'eau est un bien précieux.
04:19 Alors, il ne faut pas trop la gaspiller, il ne faut pas la souiller.
04:22 Et en même temps, on va retrouver la même chose sur des tas d'autres sujets.
04:26 Quand on va dans les prairies, dans les forêts, etc.
04:30 Eh oui, mais les prairies et les forêts, c'est la propriété.
04:32 Elles ne gagnent pas d'un certain nombre de personnes, des agriculteurs, des forestiers.
04:36 Alors, il est important de ne pas se transformer en propriétaire
04:40 parce que ça ne nous appartient pas.
04:42 Et donc, il y a des codes et on ne peut pas abîmer ce qui fait la vie des autres.
04:46 Des enjeux éducatifs.
04:47 La nature est très fragile.
04:48 Des enjeux éducatifs, vous le dites.
04:51 C'est éducatif, c'est très éducatif.
04:53 Mais il ne faut pas en vouloir aux personnes qui sont, après Covid,
04:57 venues en montagne en particulier parce qu'elles ne savent pas.
05:01 Elles n'ont jamais appris.
05:03 Donc, c'est à nous, si on veut que les choses évoluent,
05:06 de leur transmettre la possibilité de comprendre
05:09 qu'on ne fait pas n'importe quoi dans la montagne.
05:11 On a un respect des autres, un mode de fonctionnement
05:14 qui fait qu'on garde le calme et la plaisibilité,
05:17 qu'on ne traverse pas avec des motos qui pétaradent
05:20 parce qu'il y a des falaises et que les rochers doublent, voire triplent le son via l'écho
05:25 et polluent donc tous les êtres vivants, dont les hommes qui y sont.
05:28 Et c'est excessivement difficile.
05:30 Et ça nécessite aussi d'adapter certains sites.
05:32 On va y revenir dans un instant, Jacques Adeno.
05:35 D'abord un petit détournement au standard.
05:38 On vous rappelle que vous pouvez nous passer un coup de fil.
05:39 Voilà, 04-76-46-45-45.
05:42 On a bien l'impression que ce sujet vous concerne.
05:44 Oui, visiblement.
05:45 Et on va pouvoir en…
05:46 Tant mieux d'ailleurs, c'est plutôt une bonne nouvelle.
05:48 On l'a bien choisi.
05:49 On va aller à Saint-Marcelin retrouver Florian.
05:51 Bonjour Florian.
05:53 Oui, bonjour.
05:54 Alors Florian, vous, adaptez avec des nouvelles choses,
05:57 vous n'êtes pas forcément pour.
05:59 Ah bah non, pas du tout.
06:00 Parce qu'en fait, on est toujours en train de parler de préservation des milieux naturels.
06:04 Et à côté de ça, en fait,
06:06 on veut qu'il y ait moins de personnes qui aillent "fréquenter" certains lieux.
06:12 Et à côté de ça,
06:13 on va rajouter des infrastructures qui vont dénaturer totalement la nature.
06:18 Et on va rajouter un afflux de population.
06:22 C'est le paradoxe qui vous énerve en fait là.
06:24 Ah bah oui, ce qui fait le charme de la montagne,
06:27 c'est aussi qu'elle est difficile d'accès.
06:28 Si on met des autoroutes pour aller sur chaque sommet
06:31 ou sur chaque point particulier de la montagne,
06:33 en fait ça perd tout son charme.
06:35 Et puis moi je rejoint totalement ce qui a été dit avant,
06:37 c'est que les réseaux sociaux, ça détruit tout.
06:39 Maintenant les personnes sont devenues faignantes,
06:41 elles veulent qu'on leur donne le point exact d'où c'est qu'on va à chaque fois.
06:45 Alors que ce qui fait aussi la beauté de la nature,
06:47 c'est de chercher des endroits,
06:49 on prend une carte, on regarde.
06:50 Moi je fais beaucoup de rando,
06:51 je fais des accompagnements d'un froid comme ça l'hiver.
06:55 Je sensibilise les personnes que j'accompagne sur ça,
06:59 sur la nature et les façons de la préserver.
07:01 - Et Florian, quand vous voyez des projets par exemple
07:03 au col de porte de télésièges pour relier le col de porte
07:06 et le charmançon qui vient dans le Vercors à la Molière,
07:09 on va en parler avec notre invité,
07:11 ces projets-là, ils servent aussi à ce qu'il y ait moins de voitures.
07:13 Est-ce qu'au fond il vaut mieux moins de voitures
07:15 ou est-ce qu'il faut des télésièges ou des installations ?
07:19 Qu'est-ce qui est le pire entre guillemets selon vous ?
07:22 - Là c'est un peu compliqué comme question
07:26 parce que dans les deux cas...
07:28 - C'est ce qu'on lui dit tout le temps.
07:30 - C'est compliqué dans les deux cas
07:32 parce que ça a fait trop de monde.
07:33 Puis après, c'est le paradoxe qu'il y a je trouve,
07:36 on veut préserver la nature mais à côté de ça
07:39 on va mettre des choses qui vont rapporter de l'argent
07:41 pour qu'il y ait toujours plus de personnes.
07:43 On dit que comme ça, ça va permettre de...
07:46 - De sauvegarder la nature alors qu'on l'abime encore plus.
07:49 - Il y a toujours un intérêt financier derrière.
07:51 C'est ça que je trouve dommage aujourd'hui,
07:53 c'est qu'on vit pour l'argent.
07:55 - Merci Florian d'être passé pour nous faire part de votre témoignage.
07:58 N'hésitez pas à faire compte, vous avez encore quelques minutes.
07:59 - Et cet équilibre à trouver, c'est le défi notamment
08:02 de notre invité ce matin, Jacques Adenau,
08:04 président du parc naturel régional du Vercors.
08:06 Florian posait la question des infrastructures,
08:09 je prends l'exemple de la Molière.
08:11 M. Adenau, la route a été fermée l'an dernier
08:13 avec des navettes pour limiter le nombre de voitures.
08:16 Ce sera la même chose cet été.
08:18 Et puis il y a la remise en route du télésiège aussi
08:21 pour limiter le nombre de voitures.
08:23 C'est le choix que vous avez fait ?
08:25 - Oui, c'est le choix que nous avons fait parce que
08:27 le nombre de voitures était beaucoup trop important
08:31 par rapport au site qui est un site à préserver.
08:33 Exactement ce que vient de dire la personne précédente
08:36 qui a passé un appel.
08:37 Ce trop de voitures sur la Molière, sur le Sornin,
08:40 on a du mal à accéder, à se garer.
08:43 Et en plus de ça, au niveau même sécurité,
08:45 même le pastoureau qui est là-haut,
08:48 il peut y avoir des besoins et que la sécurité soit présente.
08:54 Il y a trop de risques pour la nature, la biodiversité.
08:57 Alors qu'est-ce qu'on peut faire ?
08:58 Il a été fait le choix de fermer la route
09:01 et de donner un accès par un moyen de transport
09:04 de type bus pour monter et puis le télésiège surtout
09:08 qui permet de faire quelques pas, et c'est très bien,
09:11 sans avoir automatiquement en haut de l'ordre de 400 voitures
09:15 qui inondent complètement toute la zone.
09:18 C'est un lieu merveilleux qu'il faut préserver.
09:20 Cette fermeture de la route, ces navettes,
09:23 c'est à partir de quand ?
09:24 Est-ce que c'est uniquement l'été ?
09:25 Est-ce que c'est aussi pour des week-ends prolongés comme en mai ?
09:28 Voilà, ce ne sera pas toute la période d'été
09:31 parce que ce serait impossible.
09:33 Et puis économiquement, on est incapable de pouvoir couvrir
09:35 des charges pareilles.
09:37 Mais par contre, dans les périodes qui sont chargées de monde
09:40 et qui sont de courtes périodes,
09:42 effectivement on introduit ce genre de navettes,
09:46 ce genre d'accès limité.
09:48 Mais la limitation a un intérêt, c'est qu'on ne verra plus monter
09:52 des gens qui viennent simplement pour poser leur voiture,
09:55 fumer une cigarette, laisser leurs immondices et repartir.
09:58 On aura des personnes qui viendront pour voir le site,
10:01 voir la vue, parce que du haut de la Molière par exemple,
10:04 on a une vue sur à peu près 14 massifs.
10:08 C'est une vue extraordinaire.
10:10 On n'en trouve pas 36 comme celle-là.
10:12 Mais par contre, il faut préserver et éviter
10:14 que l'on ait à la fois trop de monde
10:16 et surtout des gens qui abîment, qui dégradent
10:19 ou qui ne se rendent pas compte du tout
10:21 que ce n'est pas un lieu qui doit être ouvert à tous les vents,
10:26 mais ouvert aux personnes qui veuillent bien accepter
10:28 de le préserver aussi.
10:30 - Organiser la fréquentation touristique plutôt que la subir,
10:33 vous dites que vous avez proposé d'ailleurs une charte
10:35 aux communes du parc naturel du Vercors.
10:37 En quoi elle consiste cette charte ?
10:39 Elle définit notamment le Vercors comme un territoire en transition.
10:42 Ça veut dire quoi ?
10:44 - Alors en fait, on a écrit une charte pour les 15 ans à venir
10:48 qui est la nouvelle charte qui est en fait
10:50 le projet de territoire pour l'ensemble du Vercors.
10:53 Et dans ce cadre-là, on a un certain nombre de points
10:56 qui sont majeurs et que l'on met en avant
10:58 pour dire finalement cette charte,
11:00 qu'est-ce qu'elle a d'important en elle ?
11:03 Le premier axe, c'est d'abord que c'est un territoire
11:05 dans lequel on accède par des routes qui sont sublimes.
11:08 C'est un espace de liberté, de jeu, de découverte,
11:12 de détente, de ressourcement qui est à préserver par tous les moyens.
11:16 C'est un massif qui est à taille humaine,
11:18 qui a un relief extraordinaire avec des paysages
11:21 véritablement époustouflants.
11:23 - Et concrètement, M. Adonwal, elle enseigne quoi cette charte ?
11:25 - Elle définit un peu des axes et des actions
11:30 que l'on doit mener, que l'on mène à l'échelle du territoire
11:33 dans lequel les communes, les communautés de communes,
11:36 les habitants, les associations, etc.
11:39 s'engagent à mener un certain nombre de choses
11:41 de manière à garder ce territoire qui est un territoire à vivre.
11:46 C'est-à-dire le premier axe de la charte, c'est conserver,
11:48 faire en sorte que ce territoire à vivre soit effectivement à vivre
11:53 et non pas un lieu qui soit envahi ou bien mal géré ou mal suivi.
11:58 Donc on définit un certain nombre d'axes.
12:00 Et puis le deuxième, c'est qu'on a des choses qui changent.
12:04 - On n'a plus beaucoup de temps très rapidement ?
12:06 - Oui, et on a des choses qui changent et donc il est important
12:09 d'avoir un territoire qui soit en transition,
12:12 qui accepte aussi de changer,
12:14 dans lequel il y a des transitions qui sont nécessaires,
12:17 en particulier préservation de l'eau,
12:20 les problèmes d'énergie, etc.
12:22 Je ne vais pas développer.
12:23 Et enfin le troisième axe, c'est un axe de partage
12:26 dans lequel tous les acteurs sont là.
12:27 - Et vous appelez aussi pour cela à l'éducation,
12:29 on l'a entendu, et au respect, le message est passé
12:31 avant ce week-end pour vous ranger.
12:33 - Et tout est occasion de le faire.
12:35 - Effectivement. Merci beaucoup Jacques Adenneau,
12:36 président du parc naturel régional du Vercors,
12:38 Merci d'avoir été notre invité ce matin.

Recommandations