00:00 18h21, l'interview politique sur Europe 1 avec nous, quelques heures seulement après l'attaque massive de l'Iran sur Israël, l'ambassadrice d'Israël en France.
00:08 Bonsoir Alona Fischer-Kamm.
00:09 Bonsoir.
00:10 Merci d'avoir choisi Europe 1 ce soir.
00:12 À l'instant, on apprend qu'une frappe israélienne a visé un bâtiment du Hezbollah dans l'Est du Liban, dans la plaine de la Béka.
00:19 C'est quelques heures seulement après l'attaque de l'Iran.
00:21 Qu'est-ce qui se passe ? Le conflit continue, c'est une riposte à la riposte de la riposte ?
00:26 Le conflit qui continue, le conflit n'a pas commencé avec l'attaque de l'Iran contre Israël hier.
00:33 Malheureusement, c'est un conflit qui dure depuis des décennies et que le Hezbollah joue un rôle très très négatif étant un proxy de l'Iran
00:46 et qui représente les intérêts de l'Iran sur les frontières avec Israël.
00:53 Mais quel est le but pour Israël ? C'est l'éradication du Hezbollah ?
00:56 Parce qu'il y a déjà un but de Benjamin Netanyahou, c'est d'éradiquer totalement le Hamas.
01:01 Est-ce qu'il y a aussi un but d'éradiquer totalement le Hezbollah ?
01:04 Non, pas du tout.
01:06 Je crois que c'est quelque chose de tout à fait différent.
01:10 Expliquez-nous.
01:11 Depuis le 7 octobre, nous avons eu des fractions en or entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
01:18 Au début, c'était contre l'armée, maintenant les attaques sont devenues de plus en plus contre les civils.
01:25 Il y a plus de 100 000 civils israéliens du nord d'Israël qui ont été déplacés depuis le 7 octobre
01:32 et qui ne peuvent pas retourner chez eux parce que le Hezbollah est là-bas.
01:37 Qu'est-ce que ça veut dire là-bas, sur la frontière avec Israël ?
01:40 Or, dans la résolution, suite à la résolution des Nations Unies concernant Hezbollah,
01:48 le Hezbollah aurait dû reculer, être au nord de la rivière de Litany.
01:55 Malheureusement, cette résolution n'a jamais été appliquée par le Hezbollah
02:00 et avec le temps, Hezbollah est revenu et se trouve aussi sur la frontière avec Israël.
02:05 Maintenant, cela veut dire qu'il y a des maisons qui se trouvent juste sur la frontière
02:10 et qui voient de leur fenêtre des gens de Hezbollah.
02:14 Donc jusqu'au 7 octobre, c'était dans la conscience,
02:17 mais bon, peut-être les gens ne se sentaient pas tellement menacés.
02:21 Mais après le 7 octobre, étant donnée la vulnérabilité de la société,
02:27 étant donnée la vulnérabilité de la population qui vit sur les frontières, tout a changé.
02:33 Donc maintenant, ce qu'on essaye de faire, c'est changer cette réalité.
02:38 Cela ne veut pas dire éradiquer le Hezbollah,
02:42 ça ne veut pas même dire avoir une escalade ou un conflit militaire,
02:46 parce qu'il y a une plateforme diplomatique,
02:48 il y a une résolution des Nations Unies qu'il faut tout d'abord appliquer.
02:52 Donc on va tout essayer, que ce soit à travers des négociations diplomatiques.
02:57 Or, nous laissons la porte ouverte et nous sommes prêts à tout scénario.
03:03 - On a vu que le cabinet de guerre israélien a pris place dans l'après-midi.
03:08 La difficulté, c'est de riposter sans régionaliser le conflit.
03:13 Vous avez parlé d'intérêt diplomatique à l'instant.
03:16 Et puis on a parlé avec Katara Boudiab et aussi Frédéric Ancel, à l'instant dans le journal,
03:22 du fait qu'il n'y aura sûrement pas de régionalisation,
03:25 parce que l'Iran n'a pas intérêt à faire ça.
03:27 Est-ce que c'est votre opinion également ?
03:30 - Vous savez, pendant des années, il y avait un concept en Israël
03:33 que le Hamas n'a pas l'intérêt d'embraser la région.
03:37 Or, nous avons vu ce qui s'est passé le 7 octobre.
03:41 Donc, quand t'es sur la bonne volonté de l'Iran,
03:45 je serais très méfiant, je ne le ferais pas.
03:48 - C'est très négatif, très pessimiste la Sud.
03:50 - Je ne le ferais pas.
03:50 Donc, il faut laisser la porte ouverte.
03:53 Et, côté l'Iran, ce qui est dangereux avec l'Iran,
03:58 c'est qu'il y a ici une combinaison, un mélange de capacités et de volonté.
04:04 Et ils l'ont dit, ils l'ont dit à maintes reprises.
04:07 Leur idée est de détruire l'État d'Israël.
04:09 Ils n'appellent pas Israël par son nom, ils l'appellent l'entité sioniste,
04:13 parce qu'ils ne reconnaissent pas l'existence d'Israël en tant qu'un État juif au Moyen-Orient.
04:19 Donc, tout d'abord, ce n'est même pas la stratégie de l'Iran, la destruction d'Israël.
04:23 C'est la raison d'être.
04:25 Je parle du régime, je ne parle pas de l'État, du régime.
04:29 C'est vraiment détruire l'État d'Israël.
04:33 Donc, ça, c'est le côté de volonté, disons.
04:36 Et puis, il y a le côté, bien sûr, des capacités de l'Iran.
04:39 Et ça, ce qu'on a vu hier, c'est un petit goût de ce qu'ils peuvent faire.
04:45 Ils ont une capacité d'énuisance qui est très, très importante.
04:52 Cela dit, il y a beaucoup de mesures qu'on peut prendre.
04:56 On peut réimposer des sanctions, par exemple.
04:58 Et on peut essayer de traiter un sujet qui n'a pas été traité jusqu'à maintenant.
05:03 Je parle de la communauté internationale, c'est la question des missiles.
05:07 Parce qu'on a parlé des sanctions sur la bombe atomique, sur la bombe nucléaire,
05:14 des capacités nucléaires,
05:16 mais on n'a jamais parlé des sanctions sur toute l'industrie, la production des missiles venant de l'Iran.
05:23 Donc, là aussi, c'est un danger.
05:26 Ce sont des missiles aussi utilisés par la Russie contre l'Ukraine.
05:30 Donc, on voit ici une sorte de capacité d'énuisance qui est très, très importante.
05:36 - Donc, vous souhaitez, au nom d'Israël, des sanctions contre l'Iran,
05:40 que ce soit sur son programme du nucléaire ou d'autres sanctions que vous énumérez.
05:46 Mais est-ce que ça empêche une riposte sur le terrain d'Israël ?
05:51 Puisque, encore une fois, le cabinet de guerre est réuni en ce moment autour de Benyamin Netanyahou.
05:55 Qu'est-ce qui va se passer dans les heures qui viennent ou dans les jours qui viennent ?
05:59 Est-ce qu'il va y avoir une riposte ?
06:01 Parce que, de la même façon qu'il y a eu l'attaque d'Iran,
06:05 on l'a compris, pour la légitimité du Guide suprême,
06:08 est-ce qu'il faut aussi avoir une riposte israélienne pour asseoir la légitimité israélienne ?
06:13 - Bon, vous avez vu que, jusqu'à maintenant, les dirigeants politiques et militaires d'Israël
06:18 n'ont rien dit sur cette question de possible riposte.
06:23 Oui, on a dit que l'Iran va payer le prix.
06:27 Oui, on a dit que celui qui fait mal, qui fera mal à Israël, Israël lui fera mal.
06:35 - Vous n'avez d'ailleurs pas revendiqué l'attaque de Damas du 1er avril.
06:38 - Oui, effectivement. - Ni confirmé, ni éradiqué.
06:41 - Ça a été attribué à Israël, mais Israël ne l'a jamais revendiqué.
06:45 - Pourquoi ?
06:46 - Ça, c'est toujours la politique israélienne, une politique d'ambiguïté,
06:49 mais j'aimerais bien faire une toute petite précision...