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  • 14/12/2023
Dans son édito du 14/12/2023, Paul Sugy revient sur la place de la droite actuelle dans la politique française.

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Transcription
00:00 La politique avec vous, Paul Suzy. La droite et notamment les Républicains.
00:04 La droite est désormais en position de force pour négocier le contenu de la future loi sur l'immigration.
00:09 Mais plus généralement, vous avez le sentiment que c'est désormais elle qui dicte l'agenda politique du gouvernement.
00:15 Ça, c'est très intéressant, Paul.
00:16 Oui, alors effectivement, pour la loi immigration, c'est clair. Elle est en position de force pour négocier.
00:20 Et a priori, c'est le texte qui a été défini par le Sénat et donc par une majorité de sénateurs de droite
00:25 qui va servir de support pour la commission mixte paritaire.
00:28 Bruno Le Maire, dans les colonnes du Figaro, a appelé encore à choisir ce texte pour support des négociations.
00:33 Mais il ne s'agit pas seulement d'immigration.
00:35 Lorsque, par exemple, Gabriel Attal annonce une expérimentation sur l'uniforme scolaire à grande échelle à partir de la rentrée 2024,
00:41 il reprend une mesure que porte la droite, d'ailleurs aussi l'extrême droite, depuis des années.
00:45 Lorsque Bruno Le Maire annonce la semaine dernière de nouvelles mesures de simplification pour les entreprises,
00:50 il parle directement à la droite et il va piocher dans un thème qui est porté par la droite depuis là aussi encore des années.
00:56 On voit aussi dans la façon dont l'héritage même d'Emmanuel Macron se dispute.
01:00 Edouard Philippe, qui est le principal prétendant au titre, muscle son discours sur sa droite.
01:04 Il a encore franchi un tabou en parlant de racisme anti-blanc,
01:08 ce qui est un terme que la droite essaye d'installer dans le débat politique.
01:11 On voit bien donc désormais que c'est la droite qui dicte les idées,
01:14 mais finalement même peut-être la musique de fond qui anime la vie politique aujourd'hui.
01:18 Edouard Philippe qui veut lutter contre l'immigration du fait accompli également.
01:23 Donc la droite, elle est en meilleure forme qu'il n'y paraît.
01:25 Oui, et puis elle s'avoue aussi avec triomphe son moment,
01:29 parce qu'il faut bien dire qu'il y a encore quelques années, on ne l'aurait pas vu là dans l'avenir.
01:34 Les commentateurs politiques avaient enterré les Républicains, d'ailleurs tout comme les socialistes en 2017.
01:38 Et puis depuis, on ne peut pas dire que le parti ait fait preuve d'une forme olympique.
01:42 Il n'est passé en dessous des 10% aux élections européennes ainsi qu'aux dernières élections présidentielles et législatives.
01:48 Et il aurait été tentant de croire qu'il ne serait plus cantonné qu'à un rôle de figurant dans le théâtre politique.
01:53 Aujourd'hui, sa position de force d'appoint pour la majorité à l'Assemblée nationale avait jusqu'ici divisé le parti.
01:59 On l'a vu sur les retraites, c'était plutôt finalement un drame pour les Républicains.
02:02 Là, c'est leur force. Simplement, ça leur confère une responsabilité.
02:05 Ils sont au fond le dernier rempart qui permet de fixer aussi des limites aux différentes politiques d'Emmanuel Macron.
02:11 La droite est très ferme et très sûre d'elle sur le régalien.
02:15 Elle l'est beaucoup moins sur le projet de société d'ensemble.
02:17 On le voit avec par exemple les hésitations qu'elle a pour adouber François-Xavier Bellamy pour les élections européennes.
02:23 On le voit aussi avec sa réticence à se positionner sur le texte sur la fin de vie qui va arriver cet hiver.
02:27 Alors c'est aussi parce que la majorité est un peu en panne d'idées, il faut le dire.
02:31 Un peu oui. En fait, on peut voir le macronisme au fond comme une espèce de longue respiration
02:35 qui a été portée à ses origines par un puissant souffle initial.
02:38 C'est le projet de révolution d'Emmanuel Macron qui avait ce trait de génie là de dire
02:42 "Bon, on pioche les bonnes idées d'où qu'elles viennent, de droite, de gauche.
02:45 On se laisse inspirer très largement sans regarder leur provenance.
02:48 L'intérêt général doit l'emporter sur les clivages."
02:50 Mais le macronisme n'a pas pu reprendre son souffle depuis et la respiration s'est vite épuisée.
02:54 Alors il s'est installé comme une espèce de coalition, cette fois-ci, des bonnes volontés.
02:58 C'est-à-dire c'était le livre dont vous êtes le héros.
03:00 Les députés et les ministres écrivent les lois mais c'est à vous de suggérer les idées.
03:04 Sauf qu'on s'est rendu compte très vite que de grands débats en convention citoyenne,
03:07 de Beauvau de Cecy en Grenelle de cela, sans même parler du Conseil national de la refondation
03:11 ou encore récemment de cette grande initiative d'ampleur qui n'était ni grande ni d'ampleur à Saint-Denis,
03:15 l'idée a montré ses limites.
03:17 En France donc c'est au pouvoir exécutif de prendre l'initiative, de proposer une politique.
03:21 Sauf que la majorité, lorsqu'elle n'est soudée que par deux dénominateurs communs,
03:25 c'est-à-dire le rejet des extrêmes et le rejet des clivages,
03:28 eh bien ça ne suffit pas pour penser le destin d'un pays et l'appuyer sur une doctrine politique robuste.
03:34 Donc la politique des plateformes cesse à un moment d'être disruptive
03:37 et elle revient toute peinote demander au vieux parti politique qu'elle avait voulu enterrer
03:41 ce qu'il s'affaire le mieux, c'est-à-dire de penser l'avenir de la France.
03:44 [Musique]
03:48 [SILENCE]

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