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  • 20/06/2023

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00:00 - Allons passer à l'invité du 6/9 de France Bleu Isère et on parle de tourisme ce matin Théo.
00:04 - Et parfois de surfréquentation touristique, en particulier dans les zones sensibles.
00:08 Alors faut-il limiter l'accès à certaines zones ?
00:10 Sommes-nous trop nombreux en montagne ?
00:12 Ou bien la communication, la prévention est-elle suffisante ?
00:16 Pour en parler ce matin, notre invité Pierre-Henri Perret, bonjour.
00:20 - Bonjour.
00:21 - Merci d'être avec nous. Vous êtes responsable du secteur isérois du Parc National des Écrins.
00:25 D'abord, faisons un petit état des lieux.
00:27 Vous constatez depuis la période Covid notamment une hausse de la fréquentation importante ?
00:33 - Oui tout à fait. Post-Covid, l'engouement des usagers et des visiteurs pour les sites,
00:40 disons dans un premier temps proches de ces lieux, des sites français, des sites de montagne,
00:46 notamment les sites de lac Alpin, frais, avec des beaux paysages.
00:51 - On pense au Lac du Lovittel par exemple ?
00:53 - Voilà, le Lac du Lovittel pour la région Goisan, on peut citer en effet ce lac-là,
00:57 on peut citer le plateau dans Paris ou encore le plateau des lacs du Taillefer.
01:01 - On est sur quel niveau de fréquentation et quelle augmentation depuis la période Covid ?
01:06 - Sur certains sites, globalement, c'est +20% de fréquentation.
01:11 Pour vous donner un ordre d'idée, le site du Lovittel était fréquenté en pics de pointe
01:16 par 200 personnes/jour et puis maintenant on atteint des pics à 1000 personnes/jour
01:22 entre 2019 et 2022.
01:25 Ça a eu x5 sur les périodes de pointe.
01:27 - Oui, important effectivement.
01:29 On va aller au standard, M. Perret,
01:31 retrouver Alain de Saint-Martin-du-Rillage.
01:33 Bonjour Alain.
01:34 - Bonjour.
01:35 - Votre question, votre avis ce matin ?
01:38 - À mon avis, en fait, depuis ce matin, vous avez parlé de 60 000 personnes au lac Hachard.
01:42 - 60 000 personnes l'an dernier ?
01:44 - Oui, donc ça fait en moyenne 65 personnes par jour,
01:47 donc c'est pas énorme énorme énorme.
01:49 Le lac Hachard, j'y passe souvent, il n'est pas trop mal pour l'instant.
01:53 La nature est assez bien entretenue.
01:55 Il faut savoir que dans les années 2000, on voulait mettre des remontées mécaniques.
01:58 À Saint-Augustin-en-Rousse, on voulait mettre des remontées mécaniques.
02:00 Donc à mon avis, ce qui impacte le plus la montagne, c'est pas les gens,
02:03 parce que les gens font partie de la nature, ils marchent avec des pieds.
02:06 Ce qui impacte le plus, c'est tout ce qui est pelleteuse et l'arc artificiel.
02:09 Et après, pour tout ce qui est des autres lacs, la montagne, depuis les années 80,
02:14 on trouve beaucoup moins de boîtes de conserve, elle est de plus en plus propre.
02:17 Après, c'est sûr que si on y va le 15 août ou en juillet,
02:20 là, il y a du monde, c'est sûr.
02:22 - Donc selon vous, pas forcément de surfréquentation,
02:24 mais peut-être malfréquentation des mauvais usages aussi,
02:27 c'est ce que vous constatez, Pierre-Henri Perret, dans le Parc National des écrins ?
02:33 - Oui, en effet, parler de surfréquentation en termes de quantité, c'est assez réducteur.
02:38 Certains sites peuvent, on va dire, supporter un certain nombre de personnes.
02:43 On n'est même pas très capable de dire, il faut le dire,
02:46 jusqu'à combien de personnes peut supporter un site.
02:48 Par exemple, en effet, les usages qui sont inadaptés, ça c'est un vrai problème.
02:53 Donc c'est la conjonction des deux, c'est l'augmentation de la fréquentation
02:57 et la diminution générale de la connaissance des usages.
03:00 Donc on a de plus en plus de monde, mais il y a une petite frange de ces personnes-là
03:04 qui n'ont pas les codes, qui n'ont pas les usages,
03:06 et qui laissent leurs déchets, qui allument de plus en plus de feux.
03:09 On a beaucoup d'anecdotes là-dessus, assez hallucinantes,
03:12 d'abandon de campements, d'arbres qui sont coupés pour faire du feu sur place, etc.
03:18 Or ça c'est des usages qu'on n'avait pas il y a 4-5 ans, clairement.
03:21 - Et quelles sont les conséquences sur le milieu naturel, par exemple, de ces pratiques-là ?
03:26 - En fait, des gens qui sortent des sentiers vont faire des descentes
03:30 et des traces sauvages de plus en plus fréquentes.
03:33 Il va y avoir une dégradation des pelouses.
03:35 On a une perte de la biodiversité par des usages
03:38 comme la multiplication des drones sur les sites de montagne
03:41 qui vont effrayer beaucoup d'animaux et qui vont voir leur densité disparaître.
03:46 Petit à petit, comme ça, on a une érosion de la biodiversité, une érosion du milieu,
03:51 puis aussi, il faut bien le dire, puisqu'on parle de tourisme,
03:53 une érosion de l'expérience des gens.
03:56 Ils viennent pour voir un site magnifique, un site patrimonial,
03:59 et ils en reviennent un peu déçus parce qu'il y avait beaucoup de monde,
04:02 parce qu'ils ont été dérangés, parce qu'ils ne s'attendaient pas à trouver ça non plus.
04:06 Et il y a eu un décalage entre ce qu'on leur a vendu,
04:08 entre la promotion du site qu'il leur a fait et ce qu'ils ont réellement trouvé.
04:11 - La réalité sur le terrain.
04:12 On a aussi des commentaires sur notre page Facebook, Swayzik.
04:15 - Oui, tout à fait, sur la page Facebook de France Bleu Isère.
04:18 Certains de nos auditrices vont assez loin
04:21 et réclament carrément un quota de gens sur certains sites, sur des sites naturels.
04:28 Est-ce que c'est possible de mettre en place un quota de touristes
04:33 par jour, par été, sur certains sites ?
04:36 - Au Levitel, par exemple, Pierre-Henri Perret,
04:38 il y a une cabane à l'entrée des sentiers de randonnée qui monte au Levitel
04:42 pour en tout cas faire de la prévention.
04:44 Est-ce que là, on imagine qu'un jour, il puisse y avoir des quotas ?
04:48 - Alors clairement, on va dire, le franchissement du rubicon quota,
04:53 il a été fait par nos collègues du parc national des Calanques, par exemple,
04:56 qui réduisent à 400 personnes par jour pour certaines Calanques,
05:00 notamment celle de Tsujiton.
05:02 Pour nous, on n'a pas franchi encore ce cap-là
05:04 parce que déjà, on se heurte à deux grandes choses.
05:07 Déjà, à un principe qui est pour l'instant l'accès libre et gratuit à tous,
05:12 sans exception à un patrimoine commun,
05:14 qui est celui des parcs nationaux français et du patrimoine qui le représente.
05:17 Et puis deuxièmement, ça pose aussi des questions d'organisation et de financement.
05:21 Il n'y a pas qu'une seule entrée, par exemple, pour le lac Levitel, il y en a quatre.
05:26 Il n'y a pas que des gens qui viennent à la journée,
05:28 il y a aussi des gens qui sont dans l'itinérance, à la grande randonnée.
05:31 Pour l'instant, nous, on est axé sur beaucoup, beaucoup, beaucoup de sensibilisation,
05:35 beaucoup d'explications.
05:37 Et avec cette non-connaissance globale,
05:40 on s'est rendu compte qu'énormément de gens qui venaient, par exemple, au Levitel,
05:43 c'était depuis trois ans leur première expérience montagne.
05:46 Ils n'avaient jamais fait de montagne avant.
05:48 Si on prend les gens à la sensibilisation, c'est-à-dire au départ,
05:51 on évite pas mal de soucis en haut,
05:53 qui ne sont pas des soucis, on va dire, faits de manière consciente.
05:57 Ça peut être aussi inconscient,
05:59 parce qu'on a l'habitude de faire ça en ville, par exemple.
06:02 - Et puis on rappelle aussi que le tourisme fait vivre tous ces territoires.
06:05 On va d'ailleurs aller en chartreuse au Standard de...
06:08 Ah, elle nous a quitté, Dominique.
06:10 Elle n'est plus au Standard.
06:12 Mais c'était, voilà, je remets sa question dans ma voix.
06:15 Dominique nous disait, il ne faut pas d'interdiction,
06:18 parce que ça fait vivre nos territoires.
06:20 Il faut effectivement y aller par étapes, peut-être limiter progressivement.
06:23 Ça, vous, au Levitel, vous avez pris effectivement un certain nombre de mesures,
06:27 Pierre-Henri Perret.
06:29 - Oui, elle a tout à fait raison.
06:31 Le territoire de Loisan, comme beaucoup de territoires de montagne,
06:34 comme le département de l'Isère, au moins sa partie sud,
06:37 on vit du tourisme.
06:39 Et qu'on soit un parc national, c'est-à-dire avec des missions de conservation,
06:42 on a aussi une mission de promotion et de valorisation du patrimoine.
06:45 Et on ne travaille pas tout seul.
06:47 Moi, je travaille au parc national, c'est sûr,
06:49 mais je travaille beaucoup avec Loisan Tourisme,
06:51 avec la communauté de communes de Loisan,
06:53 la communauté de communes de Matheysine,
06:55 on réfléchit à toute la chaîne de la conservation du milieu,
07:01 mais aussi à l'expérience des gens et aussi à ce qui fait venir les gens.
07:05 Donc on a aussi réfléchi en amont à la promotion qui est faite de ces sites,
07:08 de la manière dont on parle,
07:10 et à parler des usages aussi,
07:12 pour que les gens soient contents de leur expérience.
07:14 - On a retrouvé Dominique Austandard. Bonjour Dominique.
07:16 - Oui, bonjour.
07:18 - Bonjour. Votre question à notre invitée.
07:20 - Alors moi, je n'ai pas vraiment une question,
07:22 mais ce qui m'intéresse, si vous voulez,
07:24 sur l'entretien de ces sites touristiques,
07:26 c'est effectivement les quotas et la gestion du flux.
07:30 Moi, je suis habituée de la randonnée en chartreuse,
07:33 et si vous voulez, ce qui me gêne,
07:36 c'est qu'effectivement, il y a des périodes
07:38 qui sont très lourdes à gérer pendant quelques journées dans la saison d'été,
07:42 mais ce n'est quand même pas le quotidien.
07:44 Donc, avoir des restrictions trop dures,
07:47 je trouve ça dommage de priver les gens de la montagne.
07:50 - Rapidement, Pierre-Henri Perret,
07:52 vous avez effectivement embauché du monde, là pour cet été,
07:55 où vous allez le faire, pour faire de la préservation
07:58 durant ces journées particulièrement sensibles.
08:00 - Oui, tout à fait. En fait, il n'est pas question du tout
08:03 de priver qui que ce soit de la montagne,
08:05 mais d'avoir un usage adapté.
08:07 Quand on vit de la montagne,
08:09 quand on est un randonneur ou une randonneuse aguerri,
08:11 on a même du mal à se mettre à la place,
08:14 après des années et des années de pratique,
08:16 à quelqu'un qui découvre la montagne pour la première fois,
08:18 et nous, on est confronté à vraiment des gens
08:20 qui n'ont aucune connaissance, aucun usage.
08:22 Et c'est ça qui pose souci.
08:23 Quand ils laissent leurs déchets, très clairement,
08:25 il y en a qui pensent qu'il y a des gens qui sont là
08:27 pour les ramasser.
08:28 Quand ils allument le feu, ils pensent très clairement,
08:30 même en restriction sècheresse,
08:31 que ça peut être une très bonne chose.
08:33 Quand ils laissent des barrières ouvertes,
08:35 ils n'ont pas notion qu'il peut y avoir des troupeaux en montagne,
08:38 ou quand ils cherchent à faire des selfies avec des patous,
08:41 ils n'ont pas conscience que ce sont des chiens
08:43 qui travaillent sur les troupeaux.
08:45 C'est surtout ça, la sensibilisation.
08:47 On a expliqué aux gens qu'ils arrivent dans un milieu
08:50 qui n'est pas le milieu urbain,
08:51 ou qui n'est pas la piscine municipale
08:53 qu'ils peuvent connaître en zone urbaine, tout simplement.
08:55 - Merci beaucoup, Pierre-Henri Perret,
08:57 d'avoir été avec nous ce matin.
08:59 Je rappelle que vous êtes responsable du secteur Iserois,
09:01 du parc national des écrins Oiseaux-Valbonnay.
09:04 Je vous souhaite une belle journée,
09:06 et une belle saison d'été.
09:07 - Merci, bon été à vous.

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