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Renseignements, espionnage, désinformation… à l’heure Cyber [Alain Bauer]
Xerfi Canal
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14/06/2023
Xerfi Canal a reçu Alain Bauer, professeur de criminologie du Conservatoire National des Arts et métiers (CNAM), pour parler des renseignements, de l'espionnage et des conflits à l'heure du cyber. Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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Bonjour Alain Bauer.
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Bonjour.
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Alain Bauer, professeur au Conservatoire national des arts et métiers.
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Alain Bauer, au commencement était la guerre, édition Fayard, absolument passionnant.
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Je vous cite, page 367.
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"La cyberguerre a déjà commencé, sans instruments contondants, sans missiles ni
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chars, par la création d'un désœuvrement volontaire, d'un désarmement voulu, d'un
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asservissement programmé."
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Et vous évoquez notamment la tiktokisation du monde.
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Alain Bauer, si on traite renseignement, espionnage, conflit, aujourd'hui, à l'heure
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cyber, qu'est-ce que nous donnent tous ces mots ?
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Alors en fait, il y a un événement plutôt classique, l'espionnage.
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Tout moyen d'espionner quelqu'un est toujours utilisé par des services de renseignement.
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On ouvrait le courrier, on décachetait les envois, on devait probablement lire les papyrus
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et détourner les porteurs de plaquettes gravées dans le marbre.
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Donc on a toujours espionné le téléphone, les câbles, les liaisons de communication,
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etc.
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Et donc ce sujet était assez répandu et donc dès lors qu'on ouvre un nouveau moyen
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de communication, un nouveau média, qu'on interconnecte des tas d'outils dessus et
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que ça donne accès à à peu près tout et n'importe quoi, il n'y a aucune raison
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qu'on s'en prie.
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Ce qui est nouveau, c'est que désormais, il est plus facile de demander et de commander
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à un opérateur privé des éléments d'information que les services publics n'ont pas les moyens
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ni les capacités d'aller récupérer.
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C'est-à-dire que c'est plus facile de demander à Google, Facebook, TikTok et autres
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des données individuelles en respectant toutes les lois, puisqu'eux ne les respectent pas
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parce qu'ils n'ont pas l'obligation de les respecter et que nous n'en avons imposé
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aucune jusqu'au début de commencement de RGPD qui s'est installé poussivement dans
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la relation franco-américaine.
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En fait, la protection des données individuelles, la propriété de la donnée est un élément
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que nous avons totalement zappé, comme le reste d'ailleurs.
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Quand on construit des voitures qui font 300 km/h, on ne construit pas la limitation de
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vitesse tout de suite.
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On le fait tardivement.
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Nous sommes toujours en retard sur l'événement parce qu'on considère que la main invisible
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du marché va régler la question naturellement.
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On n'a pas besoin de policiers, on n'a pas besoin de feux rouges, on n'a pas besoin
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de ceintures de sécurité, on n'a pas besoin de passages piétons.
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Et en fait, on n'a pas de code de la route du cyber-monde qui n'est pas seulement de
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la sécurité informatique, la protection des données, mais c'est surtout la manière
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dont on gère la propriété de la donnée, l'identité numérique, sujet que nous n'avons
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toujours pas résolu, de la même manière que nous n'avons pas compris l'importance
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que les réseaux sociaux allaient avoir sur la construction de la vérité.
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Avant, la vérité, c'était facile.
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Elle était divine ou légale ou politique ou administrative.
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Elle était surtout scientifique.
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Depuis l'affaire du Covid, nos estimés collègues ont liquidé la question de la
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vérité scientifique en direct sur les chaînes de divertissement en continu que d'autres
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appels d'information en continu.
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On a eu l'occasion de faire une série d'émissions sur le sujet, je ne vais pas
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y revenir.
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Mais sur la question essentielle de la vérité, aujourd'hui, nous avons la vérité relative,
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la vérité alternative, la fake news, chacun décidant de la vérité qui lui plaît, non
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obstant l'existence éventuelle d'un espace commun qui s'appellerait la vérité tout
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court.
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Et cette question-là, elle a totalement bouleversé la manière dont le renseignement fonctionnait
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sur la question de manipulation.
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Ce n'est pas la première fois, la dépêche d'Aims ne date pas d'hier.
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Des tentatives de désinformation, ça fait partie des traditions dans tout conflit.
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Sauf que là, l'autoproduction du renseignement désinformatif est devenu un élément qui
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n'est même plus maîtrisé par les États.
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Ils le découvrent parfois de manière assez stupéfiante.
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Souvent, en ayant générant à leur propre sein un opérateur qui n'appartient pas
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à un service étranger mais qui a ses propres objectifs.
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Alors, on a eu M. Snowden qui, lui, était un lanceur d'alerte en disant que les Américains
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surveillaient tout et tout le monde, leurs alliés, leurs citoyens.
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Ils n'ont jamais demandé l'autorisation à personne.
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Et donc, au nom des valeurs de la démocratie américaine, je me réfugie ensuite à Moscou.
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Entre-temps, il a partagé beaucoup des équipements qui ont permis à la NSA de fabriquer son
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renseignement et d'espionner tout le monde.
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Et ça s'est répandu.
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Et aujourd'hui, vous avez toute une série d'opérateurs privés, de mercenaires, de
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demi-criminels, demi-hackers qui font leur miel de tout cela, parfois au nom d'États
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étrangers, parfois pour leurs propres intérêts.
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Et puis, vous avez eu le Snowden II, jeune homme de 20 ans, qui est en fait un joueur,
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un gamer, recruté sur le site des gamers et qui avait les compétences techniques et
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technologiques qui devaient effarer un bon vieux général à 13 étoiles incapable d'utiliser
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son ordinateur et qui en a donné accès à l'intégralité des synthèses des secrets
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américains.
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Alors, ce n'est pas l'intégralité des secrets, c'est les synthèses.
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Mais dans les synthèses, il y a beaucoup de choses, car le renseignement, c'est fait
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de source.
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Et quand on protège sa source, on est flou.
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Plus on est précis, plus on la met en danger.
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Or, les 300 documents qui ont été diffusés depuis des semaines, avant que les Américains
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s'en rendent compte, montrent une capacité d'abord à la diffusion de secrets qui est
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invraisemblable.
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En France, on a encore un dispositif où, pour accéder à un secret, il faut avoir
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besoin d'en connaître.
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Il faut dire « pour telle raison, j'ai besoin de voir ce truc ». Là, c'est libre-service,
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supermarché, tu as accès à tout.
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Et donc, le gamin a commencé par recopier les trucs pour se faire mousser auprès de
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ses potes.
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Il le dit lui-même, depuis le début.
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Les copies des échanges sur le groupe Discord sont impressionnants de naïveté.
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C'est un ado qui joue.
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Il a sa Game Boy, son joystick, et il pense que c'est un jeu.
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Il est entré dans un univers virtuel.
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Et la grande révolution du renseignement, c'est la virtualisation.
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C'est-à-dire le fait que plus personne n'est dans le monde réel, dans les jeunes
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opérateurs.
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Ils ne comprennent pas ni ce qu'ils font, ni l'importance de ce qu'ils font, ni
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le danger de ce qu'ils font.
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Et en fait, ils sont catégorisés comme aux États-Unis.
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Tu aimes les armes, tu es pro-républicain ou pro-Trump.
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Tu es donc un vrai nationaliste qui défend le pays.
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Dans tous les autres cas, tu es un woke dangereux et gauchiste et antifa.
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Et donc, cette classification a intégré y compris la culture américaine, la culture
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des armées.
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Et donc, de ce point de vue-là, comme il était très rouge, couleur des républicains,
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et pas très bleu, couleur des démocrates, on lui faisait plus confiance qu'aux autres
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qui, eux, avaient sans doute un agenda caché de wokisation des valeurs de l'Amérique.
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Et ceci, à lui tout seul, a permis à un gamin qui avait envie de se faire mousser
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chez ses copains de diffuser des centaines de documents jusqu'au jour où l'un des
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copains a décidé de se faire mousser chez d'autres et a commencé à les diffuser.
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Et tout d'un coup, le gouvernement américain a découvert l'ampleur des fuites qui révèlent
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quoi ? D'abord, ce qu'on sait, l'état de la guerre chaque jour.
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Il suffit des organismes publics ou de recherches qui font ça très bien.
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Ensuite, ce qu'on sait moins, le niveau d'information des Américains sur ce qui
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se passe chez l'adversaire qui met en danger les sources américaines.
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Mais surtout, le niveau d'information, de renseignement et d'espionnage des Américains
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sur leurs propres alliés, pour de bonnes raisons.
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Ceux à qui ils ne font pas confiance, y compris des pays un peu surprenants qui disent en
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même temps qu'ils vont fournir des munitions aux Russes, mais il ne faut pas le dire aux
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Américains, qui laissent des traces de leurs activités un peu partout.
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Et puis, du fait que le renseignement aujourd'hui, c'est des centaines de milliers d'éléments
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de sources qui sont gérés par des opérateurs privés auxquels les grandes agences publiques
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achètent des éléments qui leur permettent de compléter, de diversifier, d'identifier,
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de resserrer ou d'élargir leur capacité de renseignement.
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Et ceci bouleverse le monde du renseignement avec un élément nouveau, l'OSINT, l'Open
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Source Intelligence, qu'aucun service de renseignement ne voulait prendre en considération
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parce que, non, pas nous, jusqu'au moment où un groupe comme Bellingcat, un groupe
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anglais, a montré qu'on pouvait identifier des agents étrangers, remonter à des tentatives
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d'enlèvement, d'empoisonnement ou d'assassinat montées par les services russes, d'identifier
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les responsables d'une batterie qui abat un avion civil par erreur, bref, de découvrir
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toute une série d'éléments dont les services eux-mêmes ne se rendaient pas compte de ce
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qu'ils pouvaient obtenir par les sources ouvertes.
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Et ceci est le troisième grand bouleversement, je crois, du moment.
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Donc tout est à repenser en matière de renseignement et notamment la gestion du flux, car en fait
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nous sommes submergés par les informations et nous n'avons plus les moyens d'analyse
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nécessaires.
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Heureusement, il paraît que ChatGPT est arrivé et peut-être que ce sera la nouvelle source
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du renseignement, le renseignement sans agent.
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Ces crypto-monnaies que vous qualifiez d'immenses montagnes de ponzi où les profits ont été
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totalement privatisés et où on essaye de mutualiser un peu les pertes.
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Quand il y en a.
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Comme ça vient d'avoir lieu dans la quasi-crise qui a secoué la Silicon Valley.
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D'ailleurs, ce n'est pas par hasard.
09:39
Merci Alain Bauer.
09:40
Merci.
09:40
Merci.
09:41
Merci.
09:42
Merci.
09:43
Merci.
09:43
[Musique]
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